Les zapotèques
Publié le 25 Avril 2013
Les zapotèques et Monte Alban
Etat d'Oaxaca
C’est pendant la période classique que s’est développée la civilisation zapotèque en marge des civilisations dominantes ( Maya et Teotihuacan) dans la vallée d’Oaxaca.
La civilisation zapotèque est une civilisation amérindienne précolombienne basée sur une structure matriarcale qui remonterait à au moins 2500 ans, influencée par la culture olmèque attestée par le style des dalles gravées du fameux peuple des Danzantes.
Jusqu’à l’invasion espagnole au 16e siècle, le groupe zapotèque est le plus important dans la vallée d’Oaxaca ( environ 300.000 à un million d’habitants à cette période)
De nombreux aspects de la culture mésoaméricaine ont été crée par les zapotèques : la cité-état, le calcul en base 20, les rébus, le système de calendrier.
Monte Alban a été l’une des premières grandes villes d’Amérique centrale de l’état zapotèque qui a dominé une grande partie de ce qui est devenu l’état d’Oaxaca.
Les zapotèques de nos jours
Géographie
La vallée d’Oaxaca, le berceau de la civilisation zapotèque, est une grande vallée de la partie nord-est de l'état d'Oaxaca située à environ 200 km au sud de Mexico. Les montagnes entourent la vallée avec la Sierra madre orientale au nord et les montagnes de la Tlacolula au sud-est. L’environnement de la région est bien adapté à l'agriculture, en particulier la culture du maïs, ce qui en fait un endroit recherché par les colons. Le fond de la vallée est plat avec de vastes étendues de terres arables. Au moment de l'émergence de la civilisation zapotèque, le sol de la vallée n'avait pas subi d'érosion puisque la forêt de chênes et de pins qui entourait la vallée était intacte. Le climat tempéré est idéal pour la culture du maïs et il est possible d’obtenir plusieurs récoltes par an. Il gèle rarement comme cela se produit dans la région à des altitudes plus élevées. Le fort potentiel agricole de la vallée d'Oaxaca a certainement contribué à faire de ce territoire le lieu des premières sociétés complexes de la région.
En plus du climat et de la qualité du sol, l'accès à l'eau est également crucial pour l'agriculture, plus encore dans la vallée d'Oaxaca, où le sol est pauvre en humus et autres nutriments. La vallée est traversée du nord au sud par la rivière Atoyac qui fournit de l'eau sur une petite bande de terre bordant la rivière, à l’occasion d’inondations périodiques. Pour apporter de l'eau aux cultures situées ailleurs dans la vallée plus loin de la rivière, par exemple à Monte Albán, les Zapotèques ont utilisé des canaux d'irrigation. Par l'irrigation à partir de petits cours d'eau les Zapotèques ont pu amener l'eau à Monte Albán, situé à 400 mètres au-dessus du fond de la vallée, loin de la rivière Atoyac. Les archéologues ont trouvé dans la montagne des vestiges d'un petit système d'irrigation composé d'un barrage et d’un canal de deux kilomètres sur le flanc sud-est des montagnes. Il n'aurait pas été suffisant pour approvisionner tous les habitants de Monte Albán et on suppose donc qu’il s’agissait juste de l’un des nombreux systèmes d'irrigation. En raison de la croissance rapide de la population au cours de la première période de Monte Albán les cultures de la vallée ne suffisaient plus à approvisionner la population de Monte Albán. Par conséquent, les cultures ont été installées sur les piémonts où le sol est moins fertile et où l'irrigation artificielle est nécessaire, cette stratégie a été appelée la "stratégie du Piémont". La civilisation zapotèque se caractérise notamment par la culture du maïs.
La civilisation zapotèque est distinguée par les archéologues en plusieurs périodes :
- Période I : de 500 avant JC à 200 avant JC : travaux de terrassements .
- Période II : de 200 avant JC à 250 après JC : les travaux de terrassements s’intensifient ( plus de ressources), céramiques influencées par les mayas, culte des morts.
- Période III : de 250 après JC à 700 après JC : âge d’or de la civilisation zapotèque: construction de monuments, dynastie des Zaachila avec comme capitale Teozpotlan, société théocratique, dieu de la pluie Pitao, révéré.
- période IV : de 700 après JC à 1000 après JC : site Monte Alban abandonné à cause certainement de la rareté du bois et l’épuisement des terres.
- Période V : de 1000 après JC à 1500 après JC : les tombes du site serviront de cimetière aux mixtèques. Mariage royal entre les 2 peuples, zapotèque et mixtèque qui scelle l’alliance contre les aztèques. Le dernier roi zapotèque Cocijo-pij fut témoin de la conquête espagnole, il meurt en 1563.
jaguar assis, culture zapotèque american museum of natural history new york
L’étymologie du nom zapotèque
C’est un exonyme donné par les aztèques qui provient du nahuatl «tzapotēcah « (habitants de la sapote)
Eux se dénomment »Be’ena’a » ou « Ben »zoa » ou « binizza » : peuple des nuages .
Sur la langue
La langue zapotèque regroupe 9 langues différentes qui appartiennent à la famille linguistique oto-mangue.
La zapotèque est une langue à tons, ce qui veut dire que le sens d’un mot est souvent déterminé par la hauteur de la voix.
L’écriture chez les zapotèques
Ils ont mis au point un système logo syllabique utilisant un glyphe( représentation graphique) séparé pour représenter chacune des syllabes de la langue. C’est certainement l’un des premiers systèmes d’écriture de Mésoamérique et le prédécesseur su système d’écriture développée par les civilisations maya, aztèque et mixtèque.
Le plus ancien monument connu porteur d’une écriture zapotèque est une pierre « danzante » connue sous le nom de « monument 3 » trouvée à San José Mogote dans l’état d’Oaxaca et daté de 500/600 avant notre ère.
Ils ont également élaboré un calendrier solaire.
Religion
Comme de nombreux systèmes mésoaméricains, la religion zapotèque était polythéiste.
Les deux divinités principales sont :
COCIJO, dieu de la pluie et
COQUIHANI, dieu de la lumière
Représentation de Cocijo datée du classique ancien (200-500) et trouvée à Monte Albán (MNA, Mexico).
On pense que les zapotèques ont parfois pratiqué des sacrifices humains lors de rituels.
Ils vénéraient les ancêtres, croyant à l’existence d’un paradis souterrain, d’où l’importance du culte des morts.
Ils pensaient que leurs ancêtres étaient issus de la terre, des grottes ou bien qu’ils étaient des arbres ou des jaguars transformés en hommes.
Les zapotèques préfèrent les divinités associées à la fécondité et l’agriculture, représentations à la fois d’hommes et de femmes, les hommes portant des manteaux ou des capes et les femmes des jupes.
Guerres
La dernière bataille entre les aztèques et les zapotèques a eu lieu entre 1497 et 1502 sous le règne du roi aztèque Ahuitzol.
Société matrilinéaire
A Juchitan de Zaragoza, une ville de la vallée d’Oaxaca au bord de l’isthme de Tehuantepec, seules les femmes parlent encore la langue des anciens zapotèques, une langue vieille de près de 2000 ans.
Cette langue leur a permis de développer la solidarité féminine qui est à la base de leur société matrilinéaire.
Dans cette forme de société, la mère et tout ce qui a trait à la maternité tient une place très importante. Tout passe par la mère : le nom, la maison, l’héritage.
A l’âge de 15 ans, la jeune fille est intronisée à la suite d’une cérémonie initiatique à laquelle elle est la « reine du jour ». Après le mariage, le mari va vivre dans la maison de sa femme : mariage matrilocal.
Les femmes sont les maitresses de l 'économie et du commerce basé sur les échanges avec les autres ethnies de la région. Les hommes sont occupés aux travaux agricoles, la pêche, l’artisanat et en tant que journaliers.
Tolérance à l’homosexualité
C’est l’une des rares villes du Mexique où les homosexuels trouvent leur place et certains viennent y vivre exprès pour éviter la discrimination importante qui a lieu au Mexique. La position particulière des femmes dans la société matriarcale leur donne la tolérance nécessaire vis-à-vis des hommes « au cœur de femme ». Ces « muches »(muxhe) sont très bien acceptés et ils partagent même les activités des femmes.
Mode de vie
L'agriculture
La vie communautaire du peuple binniza a cours le long des territoires avoisinant la lagune de l’isthme de Tehuantepec. Les communautés ont engendré une région bio culturelle à travers la transformation respectueuse et harmonieuse de la nature réalisée grâce aux savoirs ancestraux et historiques de l’exploitation des ressources naturelles.
Les fermes binniza constituent ce paysage dans la région avec la pratique de la culture utilisant le système de la milpa dans laquelle est semé le xubahuini, un maïs de la variété zapolote chico, petit, blanc et résistant aux vents violents qui mûri en 4 mois à peine et qui est adapté et sélectionné depuis des milliers d’années par les paysans indigènes.
La milpa est un système agricole mexician millénaire qui est basé sur la culture combinée sur la même parcelle de maïs, haricots, courges et parfois d’autres plantes comestibles qui tirent toutes des avantages de cette unité végétale.
Les milpas binniza importantes sont situées à Santa Maria Xadani, Guixhiro, Santa Rosa de Lima, San Blas Atempa et sur les terres ejidales Charis et Zapata. Elles produisent du maïs, des haricots secs, des tomates de variétés locales, du sésame, des cacahuètes, du piment dit xigundu et des fleurs de campasuchil(guié biguà en binniza).
Ils cultivent également des arbres pour la production de bois ou simplement pour l’ombre qu’ils apportent :
Guanacaste (oreille cafre), lambimbo (cabrillet à feuilles de laurier-tin), amandier, pochota (ceiba ou fromager), gulabere(espèce locale de cordia), papause.
Des arbres fruitiers :
Tamarinier, bananier, manguier, cerisier, papayer, corossolier, sapotillier, citronnier, avocatier, palmier, goyavier
Des arbres à fleurs de valeur :
Guiechachi (frangipanier)
Guiexhuba (jasmin de l’isthme)
Alimentation
Elle est variée grâce à l’agriculture et la pêche et on peut trouver toutes sortes de plats traditionnels bien représentés sur les marchés locaux :
Tortillas de différentes épaisseurs, textures et tailles :
- Guetabiguis ou totopos : biscuits de maïs parsemés de trous
- Guetabicuni ou memelitas : galettes épaisses de maïs
- Tamales : farine de maïs fourrée et cuite à la vapeur (guetabadxizé ou guetazé)
Autres plats :
- Guetabingui de crevettes et poisson assaisonné à l’axiote (graines de roucou)
- Bouillons pimentés de crevettes et poisson agrémentés de boulettes de farine de maïs et feuilles de zapote
- Tamales de purée de haricots
- Fromages marinés au piment
- Jus de tamarin
- Bananes frites
- Eau de coco
- Vin de palmier de coyol (bupu)
Le huipil
Les femmes portent de beaux huipils lors des cérémonies ou lors du saa guidxi, une fête communale.
Ces huipils sont brodés aux motifs de tulipes, de fleurs de frangipanier, de fleurs d’arums et de rose. Les dessins sont bordés suivant un motif symétrique symbolisant le cosmos, les fleurs représentent les étoiles et des directions cosmiques.
L’art chez les zapotèques
Il est fortement influencé par la civilisation olmèque et s’exprime principalement sur le site de Monte Alban et Mitla qui est détaillée dans l’article concernant la ville d’Oaxaca.
Ils ont été maitres dans l’art de confectionner des urnes funéraires en céramique au décor très riche et détaillé qui pourrait être qualifié de style baroque précolombien.
Urne funéraire en forme de "dieu chauve-souris"ou de jaguar, provenant d'Oaxaca et datée de 300 à 650 de notre ère. Taille: 23 cm
SOCIETE
Entre les périodes de Monte Alban I et II, il s’est produit une expansion démographique considérable dans la vallée d'Oaxaca. En même temps que la population, il semble que se soit également accru le degré de différenciation sociale, la centralisation du pouvoir politique, et l'activité cérémonielle. Au cours de Monte Alban I-II, il semble que la vallée se soit fragmentée en plusieurs Etats indépendants, rattachés à plusieurs centres régionaux de pouvoir.
Selon les Espagnols, la société zapotèque comportait des castes. Les dirigeants politiques, le clergé et le peuple vivaient séparément. Ils ne pouvaient se marier entre eux, portaient des vêtements différents et ne mangeaient pas les mêmes aliments. Les paysans payaient un tribut et les dirigeants organisaient la vie politique, culturelle et religieuse de la cité.
MONTE ALBAN, « capitale » de la civilisation zapotèque
Monte Alban est la cité la plus importante de la culture zapotèque, capitale religieuse créée après la réunion des 3 anciennes tribus qui peuplaient la région sur les trois sommets montagneux appelés Monte Alban, El gallo et Bonete .
La surface de la montagne a été arasée artificiellement pour pouvoir y implanter le site qui est situé à 10 kilomètres d’Oaxaca, le site est perché à 2000 mètres d'altitude.
Monte Alban est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis le 11 décembre 1987 et il est déclaré zone de monuments archéologiques protégés au sein d’un parc de 2078 hectares le 7 décembre 1993 par décret présidentiel.
Les archéologues classent l’évolution du site sur 3 périodes ci-dessous :
- Période I : de 500 à 200 avant JC:
De nombreuses pierres connues sous le nom de "danzantes"( littéralement « procession des danseurs ») furent gravées représentant des hommes nus en position de contorsion, qui peuvent être selon les interprétations différentes , soit des prisonniers morts sacrifiés, soit des handicapés ( autisme ou trisomie) considérés comme des êtres magiques ou chamans. L’édifice des dansantes est le plus anciens du site, les pierres observées sont situées sur la côté et à l’arrière du bâtiment.
On trouve aussi des glyphes et des dates ( usage d’un calendrier et de l’écriture) d’une forte influence de la culture olmèque. Grande ampleur des travaux entrepris pour araser le sommet de la montagne.
Les danzantes
- Période II : de 100 avant JC à 200 après JC:
Le développement de Monte Alban s’accélère, le bâtiment le plus représentatif est le monument J. Création de céramique se poursuivant avec des caractères plus marqués comme les urnes funéraires.
- Période III : de 200 à 600 après JC :
La cité atteint son développement urbain et démographique maximal : environ 40.000 habitants répartis sur une superficie de 20 km2.
Monte Alban est le centre urbain le plus important des vallées d’Oaxaca.
Le cœur de la cité est représenté par un espace mesurant 300 mètres de long et 150 mètres de large nommé la Gran plaza. Cette dernière est à présent contournée des ruines des pyramides à degrés et des tumulus non restaurés. Trois pyramides occupent le centre de la place ( édifices I, H et G) accompagnés d’un mystérieux monument J.
Le bâtiment J est le plus bel exemple de l’époque zapotèque. Plusieurs hypothèses sont émises en raison de sa forme et de son orientation : observatoire astronomique ? Monument commémoratif ?
Le gran plaza
La civilisation zapotèque perd peu à peu à cette période de sa puissance et elle est abandonnée vers le milieu du 7e siècle pour des raisons controversées ( rareté du bois, appauvrissement des terres…)
Au XIIe siècle : période mixtèque
Par un retournement de l’histoire, les mixtèques s’emparent de la ville abandonnée de Monte Alban d’où venaient leurs ancêtres et la font revivre afin d’y célébrer de nombreux cultes. Ils y restent jusqu’à l’arrivée des espagnols au 16e siècle.
En outre , Monte Alban comporte de nombreuses pyramides à degrés, des temples , des tombes de dignitaires et un terrain de jeu de balle .
Le jeu de balle était un rituel sacré mal connu dont l’issue prenait souvent la forme de sacrifices humains ( non prouvés sur le site de Monte Alban).
Le monument jeu de balles au nord
La civilisation zapotèque perd peu à peu à cette période de sa puissance et elle est abandonnée vers le milieu du 7e siècle pour des raisons controversées ( rareté du bois, appauvrissement des terres…)
El palacio
La plate forme nord
C'est la plus grande structure de Monte Alban, une énorme construction rectangulaire faite en pierre et en terre.
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Les problèmes qu’ils rencontrent de nos jours avec le couloir éolien de l’isthme de Tehuantepec
Je vous indique les articles concernant les luttes :
Agressions contre la lutte anti éoliennes à Juchitan
bataille contre les éoliennes au Mexique
Sources :
- wikipédia,
- sur le net
- et quelques photos du site :
http://sabyplanete.over-blog.com/article-mexique-jour-3-monte-alban-51785342.html
- mouvement matricien
- Sofía Olhovich Filonova,
Supplément mensuel Ojarasca n°197 du quotidien La Jornada, septembre 2013
Mexique : Le corridor éolien de l'isthme de Tehuantepec, le business vert et les zapotèques
Accapareurs, pilleurs, pollueurs et cie........ Le vent souffle dans les voiles de la colère zapotèque !! Un embrouillamini difficile à démêler et que je vous offre brut de décoffrage CEMEX C...
http://cocomagnanville.over-blog.com/article-mexique-le-corridor-eolien-de-l-isthme-d-97942880.html
Le vent de la colère - Poème en soutien aux pêcheurs de l'Oaxaca contre le corridor éolien
Nous n’avons que le vent comme couverture protégeant de son souffle nos terres sèches et arides, un isthme dont les rafales renommées et puissantes ont fait le tour du ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/article-le-vent-de-la-colere-poeme-en-soutien-au-115876419.html
Un poème signé caro