Ethiopie : Les suri ou surma

Publié le 30 Avril 2013

Ethiopie : Les suri ou surma

Peuple du sud de l’Ethiopie qui vit dans la vallée de l’Omo.

Population : 20.000 habitants (1994)

Langue : surma

Ils sont divisés en deux sous-groupes les chai et les tirma

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Mode de vie

La vie du village

Les villages sont composés s’une trentaine de huttes aux toits de chaume. Ils sont protégés par des tours de guet qui sont autour des habitations et des champs de céréales. Des gardes armés veillent sur ses tours.

Dans chaque village existe une place au centre qui sert aux palabres et aux fêtes.

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Le partage des tâches

Les hommes s’occupent des taches du foyer, de la défense du territoire, s’occupent des troupeaux qui sont parqués dans des enceintes proches des villages, chassent les petits et les grands animaux.

Les femmes cultivent les champs, s’occupent des taches ménagères, font le travail du cuir, des poteries en terre cuite à usage domestique dont le surplus est vendu ou échangé contre des denrées de première nécessité. Avec les graines récoltées qu’elles pilent au mortier, elles font une farine. Les graines fermentées feront une boisson alcoolisée, épaisse en bouche ressemblant à une sorte de bière. Elle est consommée par tous chaque jour.

Les enfants avant les récoltes ont pour tache de chasser les oiseaux et les insectes des récoltes.

Les jeunes avant le passage à l’âge adulte surveillent les troupeaux.

Agriculture de subsistance / élevage

Ce peuple est un peuple de pasteur comme nous l’avons vu mais suite à une épidémie de charbon dans les années 70 qui anéantit leurs troupeaux, ils ont été réduits à la misère et durent commencer à cultiver le sorgho et le maïs pour assurer leur survie. Pour autant le bétail est toujours une source de richesse, de noblesse et valorisante pour le statut social.

Ne pas avoir de vaches est très invalidant. Chaque suri possède en moyenne entre 30 à 50 vaches, certains beaucoup plus. Pour se marier l’homme doit s’acquitter d’un paiement de 60 vaches environ pour trouver sa promise.

Alimentation

Comme les maasai et d’autres peuples pasteurs de l’est africain, leur régime est adapté aux rudes conditions locales. Il se compose de lait et de sang frais qui sont les seules ressources de protéines animales. Le bétail est trop précieux pour être tué aussi ils se contentent de lui prélever du sang environ une fois par mois pour chaque bête. En décochant une flèche directement dans la veine jugulaire, le sang jaillit d’un coup dans le récipient et il est consommé de suite.

Parfois ils tuent une chèvre pour un évènement particulier. C’est l’occasion pour le devin de lire l’avenir dans les entrailles de la chèvre qui représentent une sorte de carte.

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Peintures corporelles

Les suri privilégient les ressources végétales pour leurs extravagantes peintures empruntées à la nature. On trouve à l’origine de cette pratique un geste fonctionnel, celui par exemple de se protéger du soleil. Ensuite l’objet qui au départ joue un rôle utilitaire sera détourné, agrémenté, enjolivé, assemblé composant un tableau de la mère-nature. C’est un véritable défilé de mode africaine de nature éphémère.

Tout élément est utile pour composer les chefs-d’œuvre : une motte de terre glaise fichée de plumes, du cuir de zébu gainant les tibias comme des guêtres, des coquilles d’escargots assemblées en collier, des coques de noix, des calebasses, des fleurs, des herbes tressées. Parfois, il y a des entorses à la nature quand sont utilisés des douilles de fusil ou bien des capuchons de stylos bic.

Le corps est abordé comme une sorte de territoire qui fait penser à un relent du nomadisme ancestral.

Ce qui à nos yeux d’occidentaux relève d’un véritable effort intellectuel et créatif est réalisé par les indigènes de façons spontanée, précise et juste.

Les pigments de la rift valley laissent entrevoir des strates rouges, ocres, jaunes, blanches de toutes les nuances. Ce sont des pigments très purs et concentrés qui selon leur dilution permettront d’obtenir une peinture plus ou moins foncée.

Ce sont essentiellement les adolescents qui se consacrent à cet art. Les motifs sont réalisés à la main, les motifs plus grossiers avec le doigt, les détails sont appliqués à l’aide d’un morceau de roseau. Sectionné entre deux pierres, le tronçon de roseau en son extrémité fait office de tampon, ses fibres éclatées dessinent une étoile ou une empreinte d’oiseau

En savoir plus

Regards éloignés

Hans Sylvester

Hans Sylvester

Ethiopie : Les suri ou surma
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Les scarifications

La douleur pour les suri n’existe pas et elle ne peut s’exprimer car aucun mot de leur vocabulaire n’existe pour se faire. Avoir mal est un signe de faiblesse voire de lâcheté. La maîtrise de la souffrance doit développer la force mentale et ce sont les anciens qui sont chargés de léguer cet héritage au travers des apprentissages aux plus jeunes.

Des femmes plus âgées initient les adolescentes en leur infligeant les scarifications à l’aide d’objets tranchants parfois rouillés qui incisent les chairs et laissent des marques permanentes. Plus la femme à de scarifications sur le corps plus elle est sensée être belle et alors trouver plus facilement un mari. Les lames dessinent des motifs par exemple sur les seins, sans provoquer le moindre cri, la moindre grimace de douleur, et ensuite on passe des plantes aux propriétés cicatrisantes sur les plaies ensanglantées qui seront exhibées comme une œuvre d’art aux hommes par la suite.

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Accessoires féminins

Les colliers de verroterie, les bracelets métalliques, le labret sont indispensables pour être séduisantes.

Les femmes fabriquent elles-mêmes leur labret dans du bois ou de l’argile. Le plateau est rond ou trapézoïdal, il peut atteindre de grandes dimensions. La largeur du labret est en fonction de la dot que l’homme doit payer pour obtenir son épouse. Par exemple pour un grand labret, l’homme devra s’acquitter de 60 vaches pour pouvoir se marier.

Cette pratique pourrait avoir vu le jour pour décourager les marchands d’esclaves d’enlever les femmes suri, mais on ne sait pas vraiment qu’elle est leur origine. Les labrets sont fragiles et demandent d’être renouvelés souvent.

Pour appliquer le labret, à l’âge où la jeune fille peut se marier, il faut qu’auparavant elle est eu la lèvre percée et que ses dents de la mâchoire inférieure ait été extraites. La lèvre doit être distendue petit à petit en y insérant des labrets de taille croissante.

Lorsque les jeunes filles se font inciser, souvent toutes celles de la même classe d’âge en même temps ; cela donne l’occasion d’une fête, le zigroo, où l’on y boit le bordray, une boisson faite à base de farine de sorgho fermentée et de maïs blanc.

Les femmes ont également les oreilles percées pour y mettre toute sorte d’ornements.

Les femmes portent les cheveux courts ou rasés comme les hommes.

La liberté et l’absence de règles morales permettent aux couples d’avoir des relations avant mariage, les femmes sont préparées aux choses de la sexualité par les anciennes et elles connaissent les moyens de contraception les plus efficaces. La beauté physique est très importante chez les suri. L’excision n’y est pas pratiquée

Ornements des hommes

Les crânes sont rasés avec des lames de rasoir et laissent des lignes décorées.

Les hommes se scarifient aussi sur le torse, le ventre, les bras pour démontrer un éloge à leur bravoure. Les cicatrices acquises lors des conflits ou des combats sont autant d’ornements prouvant leur valeur.

Cosmologie

Ni l’islam, ni le christianisme n’ont prise sur la vision pragmatique des suri. Le dieu suprême est Tumu, de lui dépendent les pluies, sources de toute vie. On ne peut le connaître qu’après la mort, cela ne sert à rien de le vénérer car il est bien trop loin. Les premiers contacts blancs ont été ceux des colons italiens en 1935. Ces peuples n’ont connu aucune évangélisation ni aucun esclavage.

Organisation sociale

C’est une organisation clanique basée sur les classes d’âge. Les membres d’une lignée ne sont pas obligés de vivre au même endroit et peuvent se déplacer et choisir leur lieu de résidence. La solidarité entre les clans est toujours forte.

Leur système politique peut être qualifié de société acéphale dans le sens ou aucun chef ni pouvoir central décisionnaire ne régit le groupe. La famille est la base de l’unité de leur organisation. Les anciens ont la sagesse et leurs avis sont respectés.

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Image Hans Sylvester

Tournois de donga (duels aux bâtons)

Organisés l’été les combats de bâtons revêtent une importance majeure dans la vie de ce peuple dont la violence fait partie du quotidien. Le donga que l’on peut comparer à un art martial peut s’avérer dangereux, mutiler ou parfois même tuer. Les règles pour autant sont précises et un arbitre veille à ce que les hommes à terre ne soient pas frappés et au bon fonctionnement du duel. Les jeunes hommes qui s’y soumettent de bon cœur vont alors pouvoir acquérir les rudiments nécessaires à la survie de leur communauté confrontée régulièrement à des conflits entre ethnies.

Mais surtout ces combats sont l’occasion pour les jeunes hommes de montrer leurs valeurs, leurs muscles et leur habileté et en cela courtiser les jeunes filles présentes. Les joutes ont lieu entre villages, à la fin des duels, les vainqueurs sont portés sur les branchages sur les épaules de leurs camarades.

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Les AK 47 entrent en jeu

Les fusils font partie de la culture des suri. Ce sont d’ailleurs les seuls éléments de la société occidentale qui est entrée dans les villages.

Les suri ont pour peuple voisin ennemis les boumés qui ont pu obtenir des armes lors de la guerre civile au Soudan voisin. Ces derniers s’en sont servi à leur aise sur les suri et les conflits sont fréquents entre les deux groupes.

Les armes à feu ont perturbé l’équilibre de ce qui était une société stable et équilibrée. L’AK 47 est devenu incontournable pour les jeunes générations qui échappent de plus en plus au contrôle de la sagesse des anciens.

Ethiopie : Les suri ou surma

Les suri comme d'autres peuples sont concernés par le barrage gilgel gibe III qui est construit sur la rivière Omo.

Leur mode de vie traditionnel serait fortement compromis si des déplacement étaient prévus.

Pour en savoir plus, lire cet article sur cocomagnanville, puis bien sûr, il est conseillé de suivre le déroulement des évènements sur le site de l'association survival.

La vallée de l'Omo et la projet GIBBE III

caroleone

Sources : Toi qui viens d’Ethiopie, regards éloignés pour les dessins corporels

Rédigé par caroleone

Publié dans #indigènes et indiens

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Commenter cet article
B
exceptionnel
D
Merci pour nous avoir fait profiter de cette rencontre avec ce groupe d'amis. Cela m'a rappeler le peuple Afar de la forêt du Day au mode de vie partiellement similaire.
C
Merci à vous, j'espère dans un temps proche écrire un article également sur le peuple Afar.
O
J ai aime l emission "Retour des terres inconnues" que j ai suivi sur France2 qui relatait la vie des Suri avec Kev Adams.<br /> J ai vraiment aime le message et je souhaite avoir plus amples informations sur ce peuple.<br /> Bien amicalement
C
Il me semble qu'au moment où j'ai écris cet article j'ai regroupé les infos qui me semblaient les plus intéressantes sur ce peuple comme je le fais pour les autres peuples. Il convient de chercher et retourner le net pour arriver à trouver des sources, si j'en crois le grand nombre de visites que j'ai eu sur cet article depuis plusieurs jours, je pense qu'il y en a toujours peu en français. En tout cas l'émission a plu, il faudrait que je vois si on peut encore la regarder. Bon courage à vous, je vous encourage à partir à la découverte des peuples originaires ainsi que vous le faites.