Les guaranis
Publié le 22 Mai 2013
Les Guaranis appartiennent à la famille linguistique TUPI constituée de différentes ethnies réparties au BRESIL, en ARGENTINE, au PARAGUAY , en URUGUAY et en BOLIVIE.
Population et groupes
- Bolivie : 80.000 Groupe chiriguano
- Paraguay : 53.500 (groupes pãi-tavytera, ava katu, mbya, aché, guarani occidentais, ñandeva
- Brésil : 50.000 (groupes pãi-tavytera, mbya, ñandeva chiripa)
- Argentine : 42.000 (groupes mbya et ava guarani)
- Uruguay
Leurs terres d’origines au Brésil étaient de 8 millions d’hectares.
Dans l'histoire : Les indiens Guaranis occupaient jusqu'au 17e siècle le sud de la côte Brésilienne et s'étendaient vers l'intérieur jusqu'au fleuve Paraguay. La conquête espagnole mis un terme à leur expansion géographique et démographique. Ce peuple est l'un des premiers peuples indiens qui est entré en contact avec les occidentaux il y a plus de 500 ans.
Ou guerre des 7 réductions *
C’est le nom qui a été donné au conflit qui oppose les troupes espagnoles et portugaises aux indiens guaranis à la suite du traité de Madrid de 1750 dont une des clauses expropriait ces derniers de leurs territoires de manière unilatérale.
En 1604, le roi Philippe III d’Espagne donne l’administration du territoire guarani comprenant le Paraguay et le sud du Brésil aux jésuites. Ils transforment alors la région en république chrétienne et les indiens y vivront protégés de la traites des esclaves pratiquée par les colons espagnols et portugais.
Ils divisent la région attribuée en une trentaine de réductions, villages autonomes administrés par un conseil élu composé d’indiens. Le territoire est contrôlé administré par les jésuites mais les espagnols et les portugais se sentent vite lésés et font pression auprès des gouvernements pour supprimer cet état de fait.
Au moment de la signature du traité de Madrid en 1750, le roi d’Espagne fait évacuer les 7 réductions situées à l’est du rio Uruguay et donne ce territoire aux portugais. Le fleuve devient la frontière entre les deux colonies, les 7 réductions replacées vers l’ouest et les guaranis expulsés de leu territoire. Ces derniers refusent ce déplacement et avec une partie des jésuites ils entreprennent une guérilla de résistance.
Début 1753, les missionnaires guaranis annoncent leur décision de ne pas quitter le territoire, empêchent les travaux de délimitation des frontières.
Les autorités espagnoles et portugaises ripostent et envoient des contingents pour mater la rébellion.
En 1754, les espagnols attaquent par le sud et alors que l’armée lusitano-brésilienne entre au Paraguay par le rio Jucui, les deux armées se rejoignent réunissant 3000 hommes à la frontière paraguayenne.
Les troupes coloniales attaquent le front des guaranis dont le principal leader est le capitaine Sepé Tiaraju, ils sont rapidement écrasés. Des milliers d’indiens sont massacrés, les survivants s’enfuient dans la forêt, les jésuites seront expulsés d’Amérique du sud suite aux pressions hispano-portugaises sur les autorités papales, et les réductions seront abolies.
- Les Réductions (espagnol : Reducciones) sont les missions catholiques construites et gérées par des missionnaires, en particulier des membres de la Compagnie de Jésus, en Amérique latine entre le début du XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle. Leur but était avant tout de regrouper les populations indigènes pour mieux les intégrer au système politico-économique, et dans la partie amazonienne, de les protéger des razzias de chasseurs d'esclaves, puis de les évangéliser et de les « civiliser ».
image amauri
Leurs habitudes ancestrales : Ils vivaient de la pêche, de la chasse, de la cueillette et de l'horticulture. Leurs armes s'appelaient massue, arc et flèches. Leur habitat était constitué de huttes couvertes de chaume entourant une place. Ils dormaient dans des hamacs en filet tissés sur des métiers. Il pratiquaient également l'artisanat : poteries, vannerie et tissage. Le temps utilisé dans ce récit est le passé malheureusement et la suite vous apprendra pourquoi !
La référence de leur culture est donnée à leur tekoha (territoire) considéré comme l’endroit où ils pouvaient réaliser leur manière d’être. Le peuple guarani ne se considère pas comme le propriétaire de cette terre mais comme l’usufruitier. Jusque dans les années 70, la cohabitation entre propriétaires et guarani kaiowa ne pose pas de problème. Les indiens pouvaient avoir accès à leurs zones de refuges en bordures des propriétés et en bordure de forêt et pouvaient chasser et collecter pour leur subsistance.
Mais l’arrivée de la culture intensive de soja et de la canne à sucre perturbe grandement l’équilibre fragile, les kaiowa doivent abandonner leurs terres peu à peu et perdent leur moyen de subsistance. Ils doivent travailler dans les grandes propriétés dans des conditions souvent indignes, les conflits alors se développent avec un rapport de force inégal.
Les terres au Brésil ne sont toujours pas démarquées et ils doivent vivre sur des territoires extrêmement restreints qui ne permettent pas s’assurer de quoi survivre.
Par exemple dans la commune de Dourados, environ 1100 indiens vivent sur moins de 3500 hectares.
Le manque de repères, le confinement, l’éloignement provoquent une recrudescence d’actes de violences intra-communautaires, des homicides, des problèmes d’alcoolisme et de drogues. La violence est exacerbée par la présence des pistoleiros (gardes armés des grands propriétaires) qui n’hésitent pas à utiliser leurs armes pour éliminer les leaders indiens. La malnutrition tue les enfants, l’aide alimentaire versée par l’état brésilien à 90% des guarani kaiowa n’est pas suffisante pour compenser le perte de leurs territoires qui les faisaient vivre en autosuffisance.
Avec leurs terres envahies, les Guaranis du continent entier voient les fermiers et les multinationales tirer profit de l'exploitation des ressources naturelles de leurs territoires à travers des récoltes de sojas, de canne à sucre et de cellulose valant des milliards, en extrayant des minerais et en privatisant la nature au profit de l'industrie touristique pendant qu'eux vivent dans une situation qualifiée de génocide par des organismes internationaux.
Malgré le fait qu'ils soient la plus grande population d'un peuple indigène au Brésil, ce sont aussi ceux dont les droits sont les moins reconnus par l'État, principalement le droit à la terre avec en moyenne moins d'un demi-hectare par Guarani. Il reste encore 95% des terres à reconnaître dans tout le Brésil.
Sans terre à cultiver ni moyen d'assurer leur alimentation, le peuple Guarani a vu 183 enfants de moins de 5 ans mourir de malnutrition entre 2003 et 2005, le taux le plus important parmi les peuples indigènes du Brésil.
Culte : Ce peuple est spiritualiste, sa religion place la terre au dessus de tout. Ces tribus migraient régulièrement sur le continent sud-américain à la recherche de la "terre sans mal" , la terre où seront bannis tous les maux de la vie, où reposeront les âmes après la mort . Les Guaranis dépossédés de leurs terres considèrent cela comme une offense à leur religion, un anéantissement de leur mode de vie, ils sont privés de leur mode d'existence qui les conduit à une précarisation et à l'exploitation de la part des propriétaires. EXISTE T-ELLE ? Cette terre qu'ils vénèrent et qui est leur bien le plus précieux leur est arrachée : " Ici, nous chassions, avant, des tatous, des émeux, des fourmiliers, des tapirs, des sangliers. Ils abondaient dans la savane. Dans cette rivière, il y avait beaucoup de poissons ". Ils sont dépossédés peu à peu de leurs terres par les "haciendados" ( propriétaires terriens) qui pratiquent l"élevage extensif et la culture du soja entre autre. Ils vivent entassés sur de petites parcelles sur les fermes d'élevage et les plantations ne pouvant pas vivre de leurs ressources naturelles . Les haciendados leur offrent l'aumône en compensation de la journée de travail : 15 pesos bolivien ( =1.3 euro/jour) pour un homme, la moitié pour la femme qui est sensée fournir la moitié du travail.
Récolte de la canne à sucre, esclavage moderne pour une bouchée de pain. image survival
- Guaranis kaiowa (peuple de la forêt)
Autres noms pãi tavytera, tembekwara
Population : Brésil, 31.000, dans l’état du Mato grosso do sul
Au Paraguay, 12.964 (2002)
Argentine : 5500 (province de Missiones)
Brasil 7000 ( états de Parana, Santa Catarina, Rio grande do sul, São Paulo, Rio de Janeiro, Espirito santo, Para, Tocantins)
Paraguay 27.000
Uruguay à proximité de Montevideo
image survival
Autres noms : chiripa-ava, ava-guarani, xiripa, tupi-guarani
Argentine : 1000
Brésil : 13.000 (états de Mato grosso do sul, Parana, Santa Catarina, São Paulo, Rio grande do sul)
Paraguay : 15.229 (2002)
Le cas de l'entreprise dreyfus: Louis Dreyfus est une multinationale détenue et contrôlée par la louis dreyfus SAS, société de droit français basée à Paris. Activités principales : négoce international, transformation et commercialisation de matières premières agricoles et énergétiques. C'est le numéro 2 du sucre et de l'éthanol au Brésil. Il est bien implanté dans ce pays avec sa filiale LD commodities, spécialisée dans le soja, le coton, le jus d'orange, le transport et l'exportation de denrées. Le groupe a racheté en 2007 les actvités ethanol et sucre du groupe TAVARES de melo dans le Mato Grosso del sul. En 2009, dreyfus possède 9 sites industriels. Les conditions de vie des Guaranis sont directement liées aux activités de dreyfus. Les terres occupées à présent par cette société étaient les terres des Guaranis Kaiowas de Mato Grosso Del Sul, la production de biocombustible ( éthanol) étant en expansion n'arrange pas la situation. Selon un ex procureur de la république ' Au Mato Grosso Do Sul, une vache a plus d'espace qu'un indien!". Pourtant le Brésil a signé et ratifié le "pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels" qui pourrait permettre aux indiens Guaranis s'il était mis en application, le droit de se protéger et d'obtenir de quoi survivre. En savoir +
L’assassinat du leader guarani Marcos Veron en 2003 fut un exemple tragique mais caractéristique de la violence à laquelle son peuple est confronté.
Marcos Veron, âgé de 70 ans, était le leader de la communauté guarani-kaiowá de Takuára. Durant 50 ans, sa communauté a tenté de récupérer une petite partie de son territoire ancestral après qu’un riche Brésilien l’ait transformé en une immense ferme d’élevage. La majorité de la forêt qui recouvrait autrefois ce territoire a aujourd’hui disparu.
En avril 1997, désespéré d’avoir vainement fait pression sur le gouvernement pendant des années, Marcos décida de retourner avec sa communauté sur les terres du ranch. Ils commencèrent à y reconstruire des maisons et à y planter des jardins.
Mais le fermier qui avait occupé leurs terres porta plainte et un juge ordonna l’expulsion des Indiens.
En octobre 2001, plus d’une centaine de policiers armés et de militaires expulsèrent à nouveau les Indiens qui finirent par s’installer sous des bâches en plastique le long d’une route.
Alors qu’il était encore à Takuára, Marcos avait déclaré « Là est toute ma vie, là se trouve mon âme. Si vous me privez de cette terre, vous me prenez ma vie ».
Ses mots furent prophétiques car en 2003, alors qu’il tentait pacifiquement de retourner sur sa terre, il fut sauvagement frappé par les hommes de main du fermier. Il mourut quelques heures plus tard.
Suite à une audience qui s’est tenue début 2011, les trois hommes jugés pour son assassinat ont été acquittés d’homicide, mais reconnus coupables de crimes mineurs liés à l’attaque.
De nombreux suicides : Ce peuple profondément spiritualiste a très mal réagit à la dépossession de ces terres ce qui c'est traduit par une vague de suicides unique en Amérique du sud. Depuis 1986, plus de 517 Guaranis se sont donné la mort, le plus jeune n'ayant que 9 ans. Les taux de suicide est de 145 pour 100.000, l'un des plus élevé au monde. Les causes sont liées au manque d'appartenance ( aussi bien dans le monde des blancs, que dans celui des indiens), à un apartheid social , ils ne peuvent exercer leurs droits.
D’après la FUNASA, 410 cas de suicides ont été notifiés de 2000 à 2008 et au cours du premier trimestre 2011, 15 cas ont été recensés. La méthode la plus fréquemment utilisée est la pendaison et ce sont les hommes qui sont les plus nombreux même si les femmes les suivent de près et qu’ l’on constate également des suicides d’enfants.
Le groupe affronte des problèmes qui sont la conséquence de disputes liées à la propriété des terres et des questions en lien avec la démarcation des territoires indigènes par le gouvernement. La justice a du mal à définir la propriété de ces terres qui appartiennent, depuis parfois plus de deux générations, à des familles qui en possèdent les titres légaux. Mais ces terres sont également revendiquées par des Indiens qui possèdent des preuves de vestiges trouvés lors de fouilles réalisées sur celles-ci.
D’une manière générale, nous pouvons résumer ainsi les facteurs importants qui contribuent à la problématique indigène. La proximité de la société capitaliste et la délimitation territoriale des réserves ont impliqué l’abandon de la vie nomade ou ont empêché la délocalisation des groupes, entraînant, par conséquent, la pollution de l’environnement où ils se trouvent, provoquant ainsi des maladies qui peuvent les conduire à la mort. Une autre question importante est celle de l’imposition de nouvelles religions, qui leur fait perdre leurs références en désorganisant leur structure sociale et culturelle au point même de les conduire à des conflits - dans les deux sociétés - et de les pousser à s’adonner à l’alcoolisme et la prostitution. D’autre part, l’imposition d’une autre culture, étrangère à la leur, que ce soit dans la manière de s’habiller et de se comporter, ou bien même à travers une nouvelle conception du travail (même si l’objectif poursuivi est leur éducation), leur fait courir le risque d’une dégradation (Ribeiro, 1996).
En savoir plus sur l’étude des suicides ICI
Programme alimentaire : En 2004, un programme alimentaire a été mis en place au Brésil pour aider les familles les plus démunies suite au décès de 21 enfants de malnutrition aigüe. Un avenir pour les Guaranis
Image Levi Strauss
Une communauté guarani du Brésil célèbre la reconnaissance officielle de son territoire pour son usage exclusif.
Les 170 membres de la communauté de Pyelito Kuê/M’barakay, entassés dans un petit îlot cerné par une rivière et une plantation de soja, peuvent désormais réoccuper une partie de leur territoire ancestral jusqu’à l’aboutissement du processus de démarcation.
http://www.survivalfrance.org/actu/9090
Caroleone
Sources : wikipédia, survival, socioambiantal
Bolivie Paraguay Karai et Ch'amakani : Un parallèle entre les spécialistes des rituels boliviens et paraguayens
Macarena Perusset
Dans cet article, nous proposons d'établir un parallélisme entre les spécialistes des rituels de l'actuel altiplano bolivien, d'une part, et leurs homologues guaranis au Paraguay à l'époque coloniale, d'autre part. A cette occasion, nous traiterons du choix et de l'initiation de l'aspirant chaman, ainsi que de certaines procédures rituelles. Nous aborderons l'étude des chamans guaranis à travers la documentation historique qui comprend des lettres et des chroniques de voyageurs et de religieux produites au cours des XVIe et XVIIe siècles, ainsi que la documentation ethnographique produite au début et au milieu du XXe siècle, afin de rendre compte de la continuité de ces personnages et de certaines croyances guaranis.
https://scielo.conicyt.cl/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0718-23762009000200008
Si une traduction en français de cet article vous intéresse, merci de me contacter.
Abya Yala Le bien vivre s'apprend
http://www.scielo.org.mx/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S1665-109X2015000200010
Bartomeu Melià
Jésuite, linguiste et anthropologue espagnol.
TERRITOIRE GUARANI
PROGRAMME DE L'ATELIER II
3 AU 5 JUIN 2015, POSADAS, MISIONES, ARGENTINE
Le territoire guarani, qui est en fait un espace culturel, peut être représenté par cinq mots, qui, concaténés, signifient le bien vivre : apyka, ava pire, teko, tekoha, teko porã. Le chemin vers cet espace, qui le prédit et l'exprime, est le ñe'ẽ -le mot- et le ñembo'e -devenir un mot-.
Cette formulation semble d'autant plus étrange qu'elle est, je crois, plus authentiquement guarani. Et nous ne sommes pas des Guarani par la culture et la langue. Le territoire guarani n'est pas une portion de la surface de la terre ; le territoire est une culture et la culture est un territoire. Le territoire guarani n'est pas une chose antérieure aux Guaranis ; c'est leur création. Ainsi, le territoire guarani n'est ni occupé ni conquis, mais pensé, dit et vécu. Pour utiliser une barbarie, il faudrait dire que c'est une cultura-torio.
Si une traduction en français de cet article vous intéresse, merci de me contacter.
Toutes les traductions pour le peuple Guaraní :
Paraguay : Un documentaire montre la beauté de cinq rituels indigènes
Réduction jésuites dans le río Paraná
Sites Guaranís – La pierre gravée d’Ingá. Le Monument
Sites Guaranís – Pierre d’Inga, hypothèses astronomiques
Sites Guaranís : Gnomon de Cruz Machado
Sites Guaranís : Boa Esperança del Iguaçu
L’origine de Vénus et des Pléiades
La légende de la lagune de l’Iberá
Comment le Tamanduá a enseigné aux Guaraní comment danser
Maino’ i, oiseau sacré des Mbya Guaranis
Légende guarani des Isondúes ou lucioles
Astronomie Guaraníe : La Croix du Sud
Constellations d’Ema et Tinguaçu
Cosmovision Guaraní Ñandevá – Les Oporaiva, spécialistes religieux