Le mouvement brésilien "Libre Passage" s'inspire des zapatistes

Publié le 22 Juillet 2013

 
   
Tatiana Farah
 
Traduit par  Michèle Mialane
 

 

Le mouvement autonome qui était à la pointe de la contestation au Brésil, est directement inspiré du modèle horizontal des communautés zapatistes mexicaines.

 Zapatista recebe bandeira de militante o MPL de Brasília no México, em 2007Foto: Terceiro / Divulgação

Un zapatiste mexicain reçoit un drapeau du mouvement Libre Passage de Brasilia (2007). Photo Terceiro / Divulgação

 
„Abajo a la izquierde está el corazón“ « Le cœur est en bas à gauche». Cette phrase du sous-commandant Marcos de l’Armée nationale de libération zapatiste (EZLN) à Mexico a été reprise dans le discours inaugural du Mouvement Libre Passage (Movimento Passe Livre, MPL ), détonateur des manifestations à travers tout le Brésil qui ont réussi à obtenir à une baisse du tarif des transports publics. « En bas » : ce sont les groupes marginalisés et les minorités, que le MPL a baptisées « ceux d'en bas » et «à gauche » signifie anti-capitaliste. Créé par les étudiants de l’Université de São Paulo (UDP) et des travailleurs de banlieue, le mouvement se dit anticapitaliste, non lié à un parti, pacifique, autonome et horizontal.
 
Quelques militants du MPL, comme Luiza Calagian , de São Paulo, 19 ans, ont traversé le continent pour rencontrer les communautés zapatistes du Chiapas, qui ont conquis une célébrité planétaire lorsque les zapatistes ont déposé les armes en 1994 pour négocier les droits des indigènes avec le gouvernement mexicain. Ils ont bientôt fait école parmi les nouveaux mouvements sociaux qui se formaient en riposte aux conséquences de la mondialisation. Comme les zapatistes, le MPL se distingue des partis politiques traditionnels par la structure horizontale de son organisation, au sein de laquelle toutes les décisions sont prises collectivement. Il n’y a ni instances ni chefs. Tous parlent au nom du mouvement. Dans les rues, on ne les entend pas faire de la réclame à la radio pour leurs meetings électoraux, parce qu’ils veulent éviter d’imposer leur position a à ceux « d’en bas.»
 
«À San Francisco Marcos est un gay, en Afrique du Sud un Noir, à San Isidro un chicano, un anarchiste en Espagne... » Dans les années 90 le sous-commandant Marcos, cet intellectuel de l’Université autonome de Mexico qui s’est immergé dans la jungle du Chiapas pour combattre aux côtés des communautés indigènes est devenu une légende vivante. Quand on leur demande qui est le sous-commandant - « sous » parce que les véritables leaders sont les peuples indigènes - les zapatistes au visage dissimulé sous un passe-montagne répondent « Nous sommes tous Marcos. »
 
Au Brésil, le MPL tente de suivre le même chemin. « Nous pourrions être n’importe lequel d’entre vous », dit Mayara Vvian, 23 ans, membre du mouvement. Les militants évitent de parler de leur vie personnelle, travail ou études. Au cours des deux dernières semaines, une grande partie des contestataires était constituée d’étudiants en sciences humaines à l’USP ; ils avaient entre 19 et 23 ans. Marcelo Hotimsky, 19 ans, étudiant en philosophie, déclare : « Les zapatistes ont exercé une influence sur le mouvement antimondialiste. Ils sont un élément d’un processus historique et nous en sommes les fruits. »
  
Le jeudi sur l’Avenida Paulista, ceux du MPL, bien qu’ils aient été pratiquement expulsés de la manifestation elle-même - à laquelle ils avaient appelé et dans laquelle ils apportaient leur soutien aux bannières des partis de gauche et des mouvement sociaux - continuent à se dire hors des partis. Les partis traditionnels et les mouvements sociaux collaborent avec le MPL sur des points précis, mais les militants du mouvement ne font aucune concession en cas de conflit. Le maire Fernando Haddad, du Parti des Travailleurs (PT), a été vertement critiqué par les jeunes, même après avoir baissé les tarifs. Ceux-ci déclarent en outre ne pas être responsables des mobilisations de rue. « La population est capable de s’organiser elle-même », dit Mayara.
 
L’EZLN est née en 1983 et jusqu’en 1994 elle a œuvré dans la clandestinité dans la jungle lacandone, au Sud-Est du Mexique. Après 12 jours d’une guerre sanglante contre l’armée nationale, les zapatistes ont conservé leurs armes. Depuis, on entend en permanence les discours de Marcos dans le cyberespace ; ils ont éveillé une attention planétaire et déclenché une vague de mouvements antimondialistes. Entre-temps le combat au Chiapas continue.


 



Merci à Tlaxcala
Source: http://oglobo.globo.com/pais/movimento-passe-livre-se-inspira-em-zapatistas-do-mexico-8787902
Date de parution de l'article original: 23/06/2013
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=10008

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil

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