La danse, la musique et la langue des garifuna

Publié le 4 Octobre 2013

La danse, la musique et la langue des garifuna

Je continue les articles destinés à vous faire découvrir les cultures des peuples qui sont classées au patrimoine culturel et immatériel de l’UNESCO (ou qui devraient l'être très bientôt).

En donnant la priorité aux peuples qui habitent ce blog bien entendu et après le pèlerinage à Wirikuta des indigènes huichols nous voici partis vers la musique et la langue des garifuna d’Amérique centrale.

Dans mon article généraliste sur ce peuple d’afro-descendants j’avais abordé succinctement les danses et la musique, alors, je complète légèrement cet article en le détachant pour que vous en sachiez plus.

Je n’ai pas eu grand mal pour une fois pour faire des recherches sur ce peuple qui est bien référencé et j’ai eu la chance de trouver deux articles très bien ficelés dont vous trouverez les liens en bas d’article.

Bonne découverte en rythme !!

Caroleone

La danse, la musique et la langue des garifuna

Les garifuna sont connus jusqu’à la seconde moitié du XXe siècle en tant que caribes ou caraïbes noirs. Ils sont issus du processus de métissage entre des africains issus de la traite des esclaves et des indiens caraïbes et arawak dans l’île de St Vincent à l’époque coloniale.

Les garifuna pour autant ne furent jamais soumis à l’esclavage.

A partir de 1797, ils sont déportés en masse en Amérique centrale par les anglais et ils vont peupler les côtes caraïbes : Honduras, Belize, Guatemala, Nicaragua.

Avec les déplacements ils emportent avec eux leurs symboles ethno-raciaux riches et complexes teintés de la contrainte de l’esclavage de leurs ancêtres. Puis ensuite le métissage afro-indien lors de l’installation dans les petites Antilles enrichit le tout jusqu’à acquérir une notoriété significative dans le cadre de la reconnaissance de la diversité culturelle et du multiculturalisme institutionnaliste. Ils jouent un rôle moteur dans les dynamiques politiques mises en place pour rendre visibles les peuples d’origine africaine et pour œuvrer à la reconnaissance officielle en tant que groupe ethnique et l’aboutissement e ces démarches semble en effet l’inscription de leur culture au patrimoine culturel et immatériel de l’unesco en 2008.

La danse, la musique et la langue des garifuna
La langue

C’est une langue de base arawak. Les langues arawak en général sont potentiellement en danger d’extinction.

Cette langue intègre des mots d’origine yoruba, français, anglais et espagnol.

Il ne resterait que 116.000 locuteurs de la langue garifuna (chiffre unesco).

Les africains à leur arrivée sur le continent américain, sous l’effet du métissage assimilèrent la langue des indiens caraïbes, l’arawak avec ses caractéristiques particulières dont une assez étonnante qui consiste à distinguer au niveau lexical un parler des hommes et un parler des femmes avec une base grammaticalement commune. La langue a fortement évolué comparée à l’ancien caraïbe. Les eux lexiques caribe et arawak opposant les usages des hommes à ceux des femmes ont fait place à un lexique commun et le contact avec les français est à l’origine d’une ouverture massive du garifuna au français.

Cette langue est riche en récits (uraga) racontés dans le passé lors des veillées ou des grands rassemblements.

L’absence de la langue garifuna dans le système scolaire, la transmission de celle-ci se perdant au gré des migrations économiques, la discrimination contribuent à la disparition de la langue. Elle n’est enseignée que dans un seul village de nos jours.

Les danses

Les musiques Garifuna sont le reflet d’un métissage culturel unique, où les héritages africains, amérindiens et européens s’entremêlent. Si les tambours et les chants responsoriaux viennent d’Afrique, le jeu des Maracas, de la Conque Marine et les chants sacrés a capella sont Amérindiens. Enfin, la guitare des colons espagnols, et même le « quadrille » dansé en France au XVIIe siècle font partie de la culture Garifuna.

La punta

La punta célèbre la vie des ancêtres en lien direct avec la mère Afrique. Elle est jouée lors des rites funéraires et entretient le lien naturel avec la mort. Elle permet d’accompagner le défunt dans son voyage dans l’autre monde. Cette tradition est liée aux rites africains yoruba (Bénin et Nigéria).

Pour célébrer la vie, l’homme et la femme exécutent la danse de la fertilité devant le tambour et sans jamais se toucher, l’homme doit se placer au plus près de la femme : dépasser la mort en donnant la vie.

Le tambour primera improvise et te tambour segunda maintient le rythme et la cadence. Les maracas et la conque marine donnent le souffle amérindien.

La danse, la musique et la langue des garifuna

image Alice Raulo (Honduras, 03/2010)

Le mascaro

C’est la danse la plus colorée et la plus surprenante des garifuna, une vision fantastique de la réalité.

Le mascaro, masque en espagnol est aussi la plus ancienne des danses garifuna. Commémorant les expolits des guerriers qui se déguisaient en femmes pour attirer les soldats ennemis et les attaquaient avec des lances cachées sous leurs robes. Ils apprécient cette danse avec une grande fierté car elle célèbre la victoire de la stratégie et celle sur les colons.

La parure est riche : robes fleuries, genouillères « chin chin » en coquillages qui sonnent quand le danseur fait des bonds, chapeau coloré et décoré de plumes puis le masque peinte qui représente une femme blanche.

La mascaro (lancunnu ou wanaragua) est dansé pour noël et le jour de l’an. Les danseurs vont de maison en maison pour offrir leur dance contre des étrennes. Le tambour soliste primera doit suivre les pas du danseur et le tambour segunda assure la cadence.

Les chœurs des femmes

Les femmes tiennent une place importante dans la société garifuna. Elles jouent un rôle clé lors du départ des hommes en mer ou à l’étranger aussi sont-elles soudées et elles aiment se réunir pour chanter leurs joies et leurs douleurs.

Los menudos : les mères et grand-mères détentrices de la tradition chantée, gardiennes de la mémoire collective créent des textes dans lesquels se mêlent la mélancolie, la joie et l’histoire du peuple garifuna.

La danse, la musique et la langue des garifuna
La paranda

C’est leur musique à eux, une musique rapide, rythmée, joyeuse, interprétée par de petites formations à base de percussions et de cordes pincées (tambours, calebasses, guitare, basse, güiro, claves).

Les paroles simples racontent la vie quotidienne des gens, les amours, les problèmes de voisinage, les relations de famille…

Ils sont des chanteurs ambulants se déplaçant et improvisant sur les places ou devant les bistrots en plein air.

Parfois la paranda devient mélancolique alors on dirait une sorte de blues garifuna.

Dans la paranda, le groupe Labouchun beidigu chante pour transmettre l’histoire et dénoncer les problèmes que rencontre leur peuple

, contre le racisme, l’exil des jeunes aux EU et pour que perdure la langue.

L’un d’entre eux dit : « quand on perd sa langue on perd aussi ses racines ».

La danse, la musique et la langue des garifuna
Les instruments de musique

Les instruments de musique sont plus que de simples objets. Ils sont le fruit du travail de générations de musiciens et d’artisans, qui ont sélectionné des matériaux et développé des techniques complexes pour créer le son qui leur ressemble.

Les instruments traditionnels Garifunas sont réalisés uniquement avec des matériaux naturels, trouvés dans la mer et dans la forêt, et reflètent les héritages africains et amérindiens.

La danse, la musique et la langue des garifuna

Photographies: Alice Raulo (Honduras, 03/2010)

La Conque marine "Caracol" est rapportée par les pêcheurs. A l’origine, elle était utilisée pour transmettre des informations dans le village. Aujourd’hui, elle est jouée dans les musiques traditionelles comme la Punta.

La Carapace de tortue donne la base rythmique, de même que la « clave » dans la musique cubaine. La chasse de la tortue étant aujourd’hui interdite, les artisans construisent des équivalents en bois.

Les Maracas sont d’origine amérindienne. Elles sont construites grâce à un fruit séché rempli de graines.

Tambours garawon primero et segundo, conque marine, carapace de tortue, et sisiras (maracas) (photo d’Andrea Romay

Les Tambours sont des instruments très particuliers, qui rappellent l’héritage africain. Dans les cérémonies rituelles « Dügü », ils résonnent pendant des jours et nuits, et permettent d’appeler les ancêtres. Le tambourinaire doit alors être particulièrement résistant, car il doit maintenir la cadence afin que les esprits puissent rejoindre les vivants.

On compte cinq tambours différents chez les Garifunas. La « Primera » (soliste), la « Segunda » (base rythmique), le « Baqueteo », le « Requinto », et enfin le plus grand, utilisé pour les cérémonies des ancêtres, nommé « el Mundo », le Monde.

Le fût est construit en bois de cèdre, d’avocatier, ou d’acajou. Avec une liane épaisse, on y fixe une peau de chevreuil, de chèvre, ou de veau. Des cordes de métal ou de soie sont tendues sur la peau des tambours « Primera » et « Segunda », détail qui donne une résonnance unique aux tambours Garifunas.

La danse, la musique et la langue des garifuna

Les claves sont des instruments de musique de percussion idiophone très anciens joués dans la musique aborigène d'Australie, sous d'autres noms. Les claves proprement dites, apparaissent à Cuba vers le XVIe siècle, sur les docks du port de La Havane. Entrechoquées au rythme du travail, elles deviennent au XVIIe siècle un instrument de percussion, les « claves » (mélange des mots « clavar » et « llaves »).

La clave tenue dans la main droite par l'une des extrémités (macho = mâle) vient percuter en cadence l'autre placée dans la main gauche (hembra = femelle). Le son est très sec et très fort.

La pression exercée par les doigts, la façon d'arrondir la paume, et bien sûr la force du choc, influencent le timbre et la puissance du son obtenu. On peut aussi apposer la hembra contre la joue et se servir de la bouche comme résonateur.

Le rythme joué avec les claves s'appelle la clave. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Claves).

La danse, la musique et la langue des garifuna

Le güiro est un instrument de musique de percussion de la famille des idiophones, fréquent à Cuba et Porto Rico, constitué d'un racloir percé de trous dans lesquels on passe le pouce et le majeur pour le tenir.

Cet instrument fait partie des musique afro-caribéennes et provient très certainement de la culture bantoue. Pourtant des instruments similaires existent chez les amérindiens aussi bien des Caraïbes avant leur disparition que chez les quechua et les mestizos.

Il faut tenir l'instrument avec la main gauche et avec la main droite gratter les rainures à l'aide d'une baguette en bois dans un mouvement d'aller et retour pour produire le son.

les mouvements lents émettent des sont dans les graves et les mouvements rapides émettent des sons plus aigus.

Lien pour la langue (source)

Les verbes empruntés au français par le garifuna :des verbes d’état ?

Sybille de PURY

Lien pour la musique et les danses (source)

Musiques afro caraibes

Sources complémentaires : wikipédia, cocomagnanville

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