Goutte de ciel
Publié le 15 Juillet 2013
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La toile blanche tendue de la voie lactée,
suspendue au-dessus de la tête des hommes,
attend de trouver sa couleur.
La vie est triste sans elle.
La nature semble incomplète,
elle ne respire que par les ouïes
de ses gargouilles cristallines.
Une petite goutte est déposée,
accrochée telle une étoile dans le ciel.
Elle guette le signal.
Les oiseaux de leurs plumes majestueuses
étalent cette dernière de la plus jolie des façons,
ils s’en imprègnent les ailes,
dessinent une palette de tous les tons.
Le geai le premier se découvrit le talent
de la peinture à ciel ouvert.
D’autres décrivirent des nuances de gris
et sur les hommes le ciel alors s’assombrit.
Pour certains, l’azur se couvrit d’une tonalité
époustouflante de clarté,
un indigo sans aucune trace de nuage
éclairait un avenir sans ombre.
L’inégalité régnait sur le ciel
comme sur la terre dont elle emprunta le ton.
Une goutte de ciel
tomba
goutte après goutte
dans une grotte secrète.
Elle s’enfuit au cœur des strates,
s’imbibant d’oxyde de fer,
se roulant dans l’oxyde de titane,
descendant encore et toujours
jusqu’à trouver un nid
bien ferme de roche-mère granitique,
là-bas au cœur de la Birmanie.
Un jour les hommes trouvèrent le cocon
où dormait l’azur de pierre.
Ils l’arrachèrent au forceps,
le taillèrent et le mirent dans les mains
du lapidaire,
le lustrèrent pour qu’il brille
de mille feux,
et sur le cou de leurs femmes
ces derniers étincelèrent
tels des lacs reflétant un ciel pur,
et sur les tiares des hommes
il imprima l’immortalité,
la fidélité, la fortune et l’amour.
Mais ceci n’était pas juste
car les hommes ne méritaient pas ces valeurs.
Seuls les oiseaux de la terre :
mésange bleue, ibis, geai, ara
et leurs compères,
avaient droit à cet honneur.
Car les oiseaux-peintres
surent dessiner la galaxie
qui se mire dans les lacs,
leur donnent leurs couleurs,
surent imprimer son tampon dans la roche,
stockant son riche héritage
pour la nuit des temps,
et ils ne gardèrent pour toute parure
que des plumes bleuissantes.
Carole Radureau (12/07/2013)
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