Goodyear, le gouvernement se dégonfle

Publié le 4 Juin 2013

Les ministres du Redressement productif et du Travail ont acté mardi la mort de Goodyear Amiens. Pourtant la CGT veut encore croire aux projets qu'elle porte tels que la Scop.

François Hollande en octobre 2011 s'était montré plus mesuré que Montebourg mais les promesses étaient là. (Photo F.DOUCHET)

 

​LES FAITS
- Mardi Goodyear Dunlop Tires France annonce lors du comité central d’entreprise qu’aucun repreneur n’est intéressé par Amiens suite à l’étude de l’Agence française des investissements internationaux (AFII).
- La CGT écrit au ministre du Redressement, Arnaud Montebourg, et au ministre du Travail, Michel Sapin, pour enquêter sur les actifs du groupe, les transferts vers des filiales ou non, les importations en France, et en Europe, etc.
- Le ministère dit avoir rempli sa tâche en sollicitant l’AFII et, froidement, n’annonce aucune autre action.
 
 
 

Nous sommes loin de la campagne des primaires socialistes. En 2011, sur le parking de l'usine Goodyear, Arnaud Montebourg vendait sa « démondialisation », dénonçant les entreprises qui licencient alors qu'elles font du profit.

Sa seconde visite en 2012, avec sa casquette de soutien au candidat du Parti socialiste François Hollande, annonçait, en cas de victoire de la gauche, des lois contre les licenciements, à grands renforts d'empathie avec les salariés en lutte...

Hier, un simple communiqué a définitivement « grillé » les beaux discours déjà bien abîmés de celui qui est pourtant aujourd'hui ministre du Redressement productif.

De façon cinglante, et presque du tac au tac, le gouvernement répondait ainsi à l'appel au secours des représentants des salariés, qui réclamaient un contrôle des manœuvres du groupe Goodyear.

Bref, que les services fiscaux fouillent et aident la CGT à prouver que Goodyear Dunlop Tires France use de tous les moyens pour en finir avec son usine d'Amiens-nord.

Apparemment, le gouvernement a déjà tourné la page. Pis, dans son communiqué, il « salue le travail de l'AFII » (agence française des investissements internationaux), expliquant que huit entreprises se sont déclarées intéressées, cinq ont signé un accord de confidentialité, deux offres non engageantes ont été présentées. « Après examen attentif du dossier par les candidats potentiels, en lien étroit avec l'AFII, le cabinet du ministre du Redressement productif et les équipes de Goodyear, aucun des candidats n'a été en situation de présenter une offre engageante ». Point barre pour Amiens.

Suivent trois petits paragraphes qui sonnent comme les derniers coups de pelle d'un enterrement. D'abord celui faisant constat que les potentiels repreneurs ont reculé face au faible niveau d'investissement réalisé sur le site, donc de l'état de l'outil de production, et la perte de marchés induite.

Ensuite, « la direction va poursuivre la procédure d'information et de consultation sur son projet ». Comprendre : de fermeture. « Nous avons demandé à l'entreprise de proposer des mesures exemplaires d'accompagnement visant à permettre aux salariés qui seraient licenciés de retrouver au plus vite un emploi ».

Enfin, le dernier sonne comme une rengaine souvent entendue : « l'État s'engage à être présent aux côtés des territoires et des salariés en appui aux projets de réindustrialisation qu'ils initieront pour la sauvegarde du plus grand nombre d'emplois ».

On est loin, très loin des promesses entendues sur le parking il y a un an.

La CGT repart donc seule au front. Vendredi, le syndicat organise une réunion des salariés. Il évoquera toutes les pistes possibles, comme la création d'une Scop, dont ne veut pas la direction de Goodyear, et les procédures judiciaires engagées.

Le syndicat laisse aussi la porte ouverte aux négociations sur le plan de départs volontaires proposé l'an dernier par Goodyear. Mais entre deux, la donne a changé.

DAVID VANDEVOORDE

Rédigé par caroleone

Publié dans #Travailleurs en lutte

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