Carte postale de Bourgogne : Tonnerre

Publié le 22 Septembre 2013

Capitale de ce pays de bois, de pierre et d’eau, Tonnerre porte un nom qui fascine par sa sonorité. On s’attend à trouver, au creux d’un vallon gardé sur ses hauteurs par les deux églises, Saint Pierre et Notre-Dame, cette petite ville agitée du seul grondement sourd de l’eau bouillonnante, bleutée, mystérieuse qui s’échappe de l’antique fosse Dionne, la « fos divonna », source divine gallo-romaine.

La ville restera longtemps composée d’une ville haute (Tornodorum à l’origine) et d’une ville basse. Elle ne descendit que progressivement sur les rives de l’Armançon qui la traverse et l’anime au même titre que le canal de Bourgogne.

L’église Saint Pierre

A l’origine elle était une dépendance de St Aignan (une chapelle romane détruite en 1288 pour édifier de nouvelles fortifications dans la ville).

En 1556 une partie de l’église brûle, il en reste des vestiges :

Du XIIe s : le portail roman sur le mur ouest
Du XIIIe s : le chœur (abside à 7 pans)
Du XVe s : la tour et la sacristie latérale
Du XVIe s : la façade d’influence italienne, les gargouilles qui ajoutent une note médiévale dans cette architecture classique.

L’hôtel-Dieu

Du passé médiéval de Tonnerre subsiste l’énorme vaisseau de l’hôtel-Dieu, épave disproportionnée au cœur de la ville. Marguerite de Bourgogne, belle-sœur de St Louis, veuve du roi de Naples et de Sicile, comtesse de Tonnerre fonda cet hôpital en 1293 « par compassion pour les pauvres » et pour que l’on y exerce les 7 œuvres de la miséricorde. Bâtie telle une église-halle, cette immense nef a une longueur de 90 mètres, une largeur de 18 mètres et une hauteur de 27 mètres.

La toiture de 4500 m2 est recouverte de tuiles de Bourgogne qui ont la particularité d’avoir une couleur rose-orangée.

De cet ensemble qui fut en partie détruit à la révolution puis remanié au fil des siècles il subsiste une immense chambre des malades, superbe nef terminée par une église à trois chapelles de style gothique. La grande chambre abritait une quarantaine de lits pour accueillir et protéger les personnes dans le besoin jusqu’à leur rétablissement et d’où ils repartaient vêtus et avec un peu d’argent pour poursuivre leur route.

L’église Notre Dame

Elle est fondée en 1164 et elle était aussi une dépendance de St Aignan. Elle porte sur sa façade les stigmates du bombardement de la dernière guerre mondiale. Elle avait déjà été brûlée par les anglais en 1359, par les bourguignons en 1414 puis incendiée en 1556. La reconstruction est de style gothique.

L’hôtel d’Uzès

C’est un hôtel particulier de style renaissance du XVIe siècle qui semble avoir été édifié par un riche bourgeois après 1556. La date de 1533 a été gravée lors de la restauration en 1888. Cette maison doit son nom à Louise de Clermont qui épousa en secondes noces Antoine de Crussol duc d’Uzès. Le chevalier d’Eon, le célèbre espion y naquit le 5 octobre 1728.

L’édifice est acheté par la caisse d’épargne en 1879. Le bâtiment est inscrit sur la liste des monuments historiques en 1926

La Fosse Dionne

De « divonna » qui peut avoir un rapport avec la nymphe Dioné, océanide de la mythologie grecque

Elle est classée aux monuments historiques en 1920

Personne n’a encore pu découvrir les origines de cette source dont l’eau bleuâtre jaillit impétueusement dans un vieux lavoir au toit de tuiles. Elle surgit d’une galerie souterraine profondément enfoncée sous la ville comme une veine mystérieuse et inquiétante.

Il s’agit d’une source exsurgente ou vauclusienne alimentée par les infiltrations des précipitations dans le plateau calcaire avoisinant.

Son débit est de 300 litres/seconde et son réseau hydrologique s’étend jusqu’à plus de 40 km.

Autour d’elle s’est édifiée la ville qui se situait auparavant sur le plateau des « vieux châteaux ».

Le lavoir

En 1758, Louis d’Eon, le père du chevalier fait aménager la source en lavoir. La toiture semi-circulaire, sa double enceinte et ses quatre cheminées datent aussi de 1758. Le bassin d’un diamètre de 14 mètres et son lavoir doté d’appentis offrent un spectacle hors du commun de par la coloration bleu turquoise des eaux et l’inquiétant gouffre au trou noir béant qui nous attire.

Le lavoir a été utilisé jusque dans les années 60.

Les plongées

Elles ont commencé dès la fin du XIXe siècle à l’aide de scaphandriers pour continuer par la suite avec du matériel plus sophistiqué.

En 1979 un plongeur Eric Leguen arrive à explorer et établir des relevés topographiques dans la galerie jusqu’à 360 mètres de distance de l’entrée et 61 mètres de profondeur.

La Fosse Dionne est une des sources les plus difficiles à explorer de France pour plusieurs raisons :

Les étroitures qui sont nombreuses et difficiles à franchir
L’argile en suspension dans l’eau qui diminue la visibilité
La force du courant
Et surtout la profondeur qui oblige à des paliers de décompression de plus en plus longs et nécessite l’utilisation de techniques spéciales de plongée avec des mélanges gazeux spécifiques.

Les explorations de source commencée à la fin du siècle dernier ont été émaillées d’incidents parfois mortels (2 morts en 1962, un autre en 1996) qui pourraient accréditer qui sait les légendes qui ne manquent pas à son sujet :