Brésil : Le peuple Cinta Larga
Publié le 7 Mai 2013
Peuple autochtone de chasseurs cueilleurs du sud ouest de l’Amazonie au Brésil.
Leur territoire est situé aux frontières des états de Rondônia et Mato Grosso.
Les terres démarquées sont d’une superficie totale de 2.7 millions d’hectares portent les noms suivant :
Terres indigènes
- T.I Aripuanã - 1.603.250 hectares, 394 personnes, réserve homologuée dans les états du Rondônia et du Mato Grosso. Villes : Juína, Vilhena. 2 peuples y vivent : Cinta Larga (langue mondé) et isolés du rio Tenente Marques.
- T.I Aripuanã - 750.649 hectares, 352 personnes. Réserve homologuée dans l'état du Mato Grosso. Ville : Juína. 2 peuples y vivent : Cinta Larga (langue mondé) et isolés de la T.I Aripuanã.
- T.I Roosevelt - 230.826 hectares, réserve homologuée dans les états du Rondônia et du Mato Grosso. Villes : Espigão d'Oeste, Pimenta Bueno, Rondôlandia. 2 peuples y vivent : Apurinã (langue arawak maipure) et Cinta Larga (langue mondé).
- T.I Serra Morena - 147.836 hectares, 131 personnes. Réserve homologuée dans le Mato Grosso. Ville : Juína.
Population : 1954 personnes (2014)
(En 1969 : 2500 personnes, en 1981 : 500 personnes, en 2001 : 1302 puis en 2003 : 1300)
Langue : mondé de la famille des langues tupi
Leur nom cinta larga ou cinturão largo veut dire ceinture large.
Cette désignation générique a été inventée par la population régionale et adoptées par la fondation des indiens Funai en référence à l’utilisation par le groupe de larges ceintures autour de la taille fabriquées à partir d’écorce.
On ne trouve pas de termes d’auto désignation de ce peuple en dehors de ce terme qu’ils ont fini par adopter. Ils disent de façon catégorique « Nous ne donnons pas de nom, ceux qui donnent les noms sont les autres ».
La population est répartie en trois grands groupes :
- Tenente marques (alentours et rivière Eugénie) village de « Paabiey » (ceux d’en haut ou « Obiey » (à partir de l’amont)
- Près de la jonction de la Capitão Cardoso et rivière Roosevelt : village « Pabirey » (ceux du milieu)
- Au nord des rivières Vermelho, Amarelo et Branco : village « Pepiey » (ceux d’en bas)
La répartition actuelle de la population cinta larga, outre les codes géographiques et écologiques offrent les conditions permettant d’identifier les groupements et dont il faut considérer les relations entre les groupes et la société nationale avec l’intervention de l’état brésilien qui ont consolidées un référentiel précis.
Les informations sur ce peuple ne remontent qu’au cours du 20e siècle.
Néanmoins une information au cours de l’année 1727 avait été donnée de la part de l’explorateur Antonio Pires de Campos qui en franchissant la frontière occidentale de ce qu’il appela « Le royaume de la Parecis » était tombé sur une nation « cavihis » qui pourrait être liée aux actuels cinta larga.
En janvier 1914 commence avec Theodore Roosevelt l'expédition scientifique Roosevelt-Rondon, dont l'objectif est d'explorer la rivière du Doute. L'expédition commence à Tapiripuã et atteint la rivière le 27 février 1914. L'expédition souffre beaucoup avant d'atteindre fin avril la source du fleuve. Pendant l'expédition, la rivière est rebaptisée Rio Roosevelt.
La commission Rondon qui explore la rivière Ananaz en 1915 traverse la zone de l’actuel par Aripuaña et fait référence également à ces indiens dont le groupe subi par ailleurs des attaques qui tuent le chef de l’expédition et un canotier.
Au cours du XXe siècle, en 1928 : massacre d’un village d’indiens par un groupe de récolteurs de latex dirigé par Julio Torres (aux ordres du péruvien Dom Alejandro Lopes le patron du caoutchouc qui a dominé la rivière Aripuaña)
Depuis les années 50, les cinta larga qui avaient leurs villages dans la région du Rio Branco et Guariba étaient en guerre contre les cueilleurs de caoutchouc.
Avec l’inauguration de la route BR364 en 1960, le conflit s’intensifie car les indiens représentent un obstacle à l’expansion des entreprises le long du rio Juruena et ses affluents.
Ils décidèrent alors de « nettoyer la zone » et des expéditions eurent lieu en 1958, 1959 ; 1960 et 1962 avec l’évènement le plus largement diffusé qui fut appelé » massacre du 11e parallèle » qui sera dénoncé comme génocide.
En 1963, aux environs de la source de la rivière Aripuaña, l’entreprise Arruda Junqueira and co, récoltant de caoutchouc affréta un avion duquel furent largués des bâtons de dynamite sur les villages. Après le massacre, certains des meurtriers se rendirent sur les lieux du crime pour exterminer les survivants. Ils y trouvèrent une mère allaitant son enfant, assénèrent alors des coups sur la tête du nourrisson et pendirent la mère par les pieds et la découpèrent en deux.
Crédit : © Survival
En 1975, l’un des auteurs du crime fut condamné à dix ans d’emprisonnement mais fut gracié plus tard dans l’année.
Il déclara durant le procès : « Il est bon de tuer les indiens, ils sont paresseux et traitres » !!
En juin 1974, ce sont les cinta larga qui décident eux-mêmes de la pacification devant les besoins avérés d’outils , ils viennent au devant des blancs ce qui changea complètement les relations
Brésil - Peuple Cinta Larga - Historique du contact - coco Magnanville
Cinta Larga de Aripuanã Ce n'est qu'au XXe siècle que des informations précises sur ceux que l'on appelle le "Cinta Larga" sont apparues. Deux siècles plus tôt, nous avons cependant des nouvel...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/07/bresil-peuple-cinta-larga-historique-du-contact.html
La famille est l’élément le plus important dans l’organisation sociale cinta larga : elle est autosuffisante et libre de se déplacer d’un village à un autre.
Chaque village possède une ou deux maisons dans lesquelles habite la famille élargie.
Un homme prestigieux est au centre de l’organisation de la société : le zabiway (le propriétaire de la maison), il prend les initiatives telle la construction d’une nouvelle maison, organise les fêtes, les mariages, les rituels.
Tant que les conditions politiques et écologiques le permettent, le village demeure, sinon, il se déplace pour environ 5 ans.
La société est patrilinéaire, patrilocale, les enfants vivent avec leurs parents et seulement à la mort du père partent pour s’installer dans leur propre village qui reste malgré tout proche géographiquement.
image .photo: Possidonio Bastos, 1970.
Ils fabriquent leurs objets utilitaires et rituels :
Paniers, arcs et flèches, colliers de noix de tucum (palmier), bracelets de tucum et de dents de signe, ornements de plumes pour la tête et les bras, hamacs, flûtes, mortiers, outils de filature, de piercing, parures de résine pour la lèvre.
Les peintures de guerre sont réalisées avec le genipapo( genipa americana ou wésoa) avec des motifs végétaux ou animaux.
A l’origine ils portaient des couronnes de plumes d’aigle (katpè), des colliers de coquillages épais (bak’ri) autour du cou et croisés sur la poitrine des bandes typiques (zalapiap) fabriquées à partir de l’arbre tavari (wébép, couratari oblongifolia), ils s’enroulaient des ornements en paille (sébay) sur les bras et les jambes.
Les arcs (matpé) sont de forme ovale et mesurent deux mètres de long. Ils sont fabriqués à partir de jauens arbres pupunta (jobat). Les flèches (JAP) mesurent 1.80 mètres, elles sont confectionnées dans un arbre nommé taquara, la pointe est en forme de couteau, à l’extrémité inférieure se trouvent des plumes d’aigle.
Les arcs sont très résistants et demandent une formation d’archer ainsi qu’une grande force physique.
Il existe des flèches différentes pour la chasse aux oiseaux, aux singes, aux animaux de grande taille, pour les poissons. Elles sont toujours confectionnées avec soin.
Le « tacape » est une épée courte d’un mètre de long, fabriqué à partir de la moelle d’un bois très dur noir ou rouge, son manche est orné de plumes rouges et jaunes. De nos jours le tacape est remplacé par la machette qui sert lors d’attaques soudaines.
Ils utilisent aussi plusieurs sortes de poisons pour jeter aux yeux de l’ennemi l’aveuglant temporairement.
Certains poisons sont ajoutés dans la nourriture des adversaires mais c’est bien sûr à condition de partager leurs repas.
Contrairement aux autres indiens du tronc tupi, ils n’utilisent pas le tabac dans leur culture. Le chaman utilise alors l’imposition des mains et le souffle pour guérir. Les rituels consistent entre autre à la réclusion des femmes et le perçage de la lèvre inférieure des enfants. Ce sont des célébrations mineures par rapport à la fête de bébé-AKA.
C’est un peuple qui a un tabou : la consommation de viande par les parents biologiques dont les enfants sont en bas âge. Cette restriction touche surtout les mères. L’aliment de la mère les premiers jours de vie du nourrisson doivent être d’origine végétale ainsi que la consommation de miel qui est permise et la viande d’alligator ou les poissons.
Ensuite elle pourra consommer des viandes au cours du développement de l’enfant jusqu’à les abandonner enfin.
Si les restrictions aux tabous alimentaires ne sont pas respectées, ils pensent que cela peut provoquer des maladies ou des convulsions à l’enfant. Le pécari ne peut pas être consommé par le père tant que l’enfant ne marche pas, c’est le dernier aliment réintroduit.
Viande
Coata (basay), singe gros ventre (xakat), singe guariba (péko), pécari (bébékot), cerf (ITI), macaco-prego, singe (basaykip)
Oiseaux : jacu, jacamin, ara
Poissons : piranha (INEN), mandi, surubim
Viande
Paraguaçu (parapxip), paresseux (alia), jaguar (neko), tayra (awarap), sanglier (bébé), tapir (wasa), tatou géant (malola), coati (xoyip)
Oiseaux : jacutinga, mambu, gaviao-réel
Poissons : tous les autres
La vie économique des cinta larga est organisée autour de trois dimensions : la division sexuelle du travail, l’opposition entre le village et la forêt et l’alternance des saisons.
Les hommes sont de très bons chasseurs, les femmes de bonnes cuisinières. Parfois les tâches peuvent se faire conjointement mais jamais un homme ne tissera ni ne cuisinera la chicha, jamais une femme n’ira à la chasse.
Par exemple le travail des hommes : la chasse, la coupe des arbres, la préparation du sol pour les plantations, la fabrication des arcs, des flèches, des flûtes, des ornements en plumes, l’extraction du caoutchouc, la pêche, la construction des maisons, le nettoyage des sentiers dans la forêt.
Pour les femmes : toutes les tâches ménagères, le tissage, la fabrication des hamacs et des céramiques, le jardinage, la fabrication des colliers et bracelets.
A la période des pluies, les activités sont concentrées dans le village, à la saison sèche elles sont dispersées.
Les activités économiques sont organisées autour d’un cycle annuel nommé GAO :
- La saison des pluies : zoy (pluies) de janvier à avril
- La saison sèche : GAO de juillet à octobre
- Le temps du jardin : mãgabika ( mai juin)
- La fin de la saison sèche ou fin de l’année : gao weriba
surubim
Elle a lieu entre novembre et janvier lorsque l’eau des rivières est haute et les poissons remontent en surface.
Ils utilisent le timbo qui est un poison végétal trouvé dans une liane. Attachée en fagots, les lianes sont plongées dans un endroit sélectionné de la rivière, les poissons qui sont drogués sont attrapés alors à la main ou avec l’arc et les flèches spéciales.
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Dans l'article un exemple de pêche à la nivrée (timbo)
C’est l’activité favorite des hommes, celle à laquelle ils passent beaucoup de temps, entre autre pour confectionner arcs et flèches qui sont récupérées chaque fois que c’est possible.
La chasse a lieu toute l’année, elle concerne tous les animaux avec une préférence pour les oiseaux, les singes, les tapirs et les pécaris. Les chasseurs exploitent une région proche du village dans un rayon de 15 kilomètres maximum, ils connaissent bien leur territoire de chasse.
A la saison des pluies, ils traquent le paca et le tatou dans leurs trous en y mettant de la fumée.
Ils sont experts dans la réalisation de cachettes dans lesquelles ils appellent les animaux en imitant leur cri à la perfection.
A la saison sèche, ils recherchent l’alligator et le tirent hors de sa tanière
Lorsque le chasseur revient de la chasse, par jeu ou tradition, il jette le PASAPE (panier improvisé en feuilles de palmier) dans le milieu de la maison ou le laisse à l’entrée de la piste pour que sa femme aille le chercher. Il a déjà nettoyé et découpé le gibier en gros morceaux et sa femme déballe le paquet et affine les morceaux pour les cuisiner.
La viande est bouillie très longuement car ils ne veulent pas consommer de restes de sang et évitent le contact entre le sang et la nourriture.
Ce ne sont pas des agriculteurs dans le vrai sens du terme, l’agriculture est de subsistance et une activité secondaire comparée à la chasse. Les abattis sont soupés et brûlés par les hommes et la plantation se fait à l’aide des femmes. Mais comme les jardins ne sont pas nettoyés ni désherbés, les taches s’avèrent difficiles.
Ils plantent le maïs (MEK) en premier, puis diverses sortes de manioc (xiboy), l’igname (mona), les patates douces (makap) puis un légume féculent sui se nomme marãjia et qui se mange cru et dont les graines ressemblent à de gros haricots. De nos jours, ils plantent du riz, des haricots, des papayes et des bananes.
Leur aliment principal qui se nomme chicha est fait d’une bouillie à base des aliments cités qui a une haute valeur nutritive.
Cocomagnanville a été créé en hommage à Pierre Kerhervé, mon grand-père coco qui m'a permis de devenir l'adulte que je suis.Communisme,internationalisme , humanisme, luttes pour les droits ...
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Les fruits de la forêt sont appréciés, cacao (akoba) , pama (abia), jatoba (madea), pequi (bixãma), mais ce sont les noix castanha (noix du Brésil, ou mãngap)) et la récolte de miel (IWIT) qui sont leurs aliments préférés. La récolte se fait en famille, c’est un heureux moment de convivialité. Avant la cueillette, les sentiers sont nettoyés à la machette, les arbres abattus et lorsque la ruche est fendue en deux à la hache, les gros morceaux sont équitablement séparés entre les membres. Ils récoltent également des feuilles et des racines pour les remèdes, de l’açaï, du babassu, de la paille de tucum pour les paniers, du tucum et d’autres fibres pour les chaînes et les cordes, des noix pour les colliers, des roseaux pour les flûtes, du bois pour les flèches et d’autres objets.
Elles sont lieu durant la saison sèche et elles peuvent prendre parfois un an de préparations et durer un mois. Le propriétaire de la maison, ou l’hôte (iiway) doit auparavant avoir planté un jardin avec soit du maïs, du manioc ou de l’igname pour fabriquer la chicha. C’est l’invité d’honneur qui décide de l’aliment à planter pour cette boisson.
Il doit capturer un animal jeune pour le sacrifice, de préférence un sanglier, un pécari, un singe, un ara…..
L’animal capturé reçoit un nom se sera élevé par la femme ou la fille de l’hôte.
La fête ne porte pas de nom particulier, ils disent selon les évènements IWA (boire de la chicha), IBARA (danser) ou bébéaka (pour tuer les porcs)
Cela représente le programme rituel : boire la chicha, danser et tuer le porc.
Les évènements guerriers étaient avant l’occasion des fêtes entre alliés, pour commémorer les exploits guerriers.
Elles sont très riches en détails et évènements divers et variés, coutumiers.
Rio Roosevelt
A la naissance l’enfant reçoit son prénom de son oncle maternel (koko) ou de sa grand-mère paternelle (kina) si c’est un garçon. Si c’est une fille de sa grand-mère maternelle ou de son grand-père maternel (zobey)
Les noms traduisent une caractéristique ou une distinction personnelle, physique, comportementale.
Pour les garçons :
- Oy paiay : propriétaire du poison
- Oy perea tiri : l’homme qui est un bon chasseur
Pour les filles
- Zêgina : fertile
- Pãgopakoba : qui apprend à parler
Pendant l’enfance, le père ou le zabiway du village pourront donner une 2e ou un 3e prénom à l’enfant selon des circonstances bien précises.
Les liens sont souvent consanguins ou germains (relation entre frères du même père et de la mère)
La fertilité de leur point de vue n’est pas une qualité innée des femmes mais elle est due à l’action de la divinité Gora.
Caroleone
Notes
*Tucum : Quand je parle de fibres de tucum ou tucum tout court il s’agit d’un palmier fort usité en Amazonie brésilienne surtout par les peuples indigènes dont le nom latin est astrocayrum vulgare
* babaçu : à l 'identique, il s’agit d’un palmier dont le nom latin est attalea speciosa
Sources : socioambiantal, survival
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