Brésil : Le peuple Arara du Pará
Publié le 9 Mai 2013
Peuple autochtone du Brésil vivant dans l’état du Pará et qui était considéré comme éteint dans les années 1940. Ils réapparaissent sur les lieux de l'autoroute transamazonienne dans les années 1970. Le processus d'attraction mis en place dans les années 1980 prendra une décennie de contacts frustrés avant de pouvoir contacté tous les sous-groupes.
Leur territoire traditionnel se situe sur les bords du rio l’Iriri, un affluent du Rio Xingu
Autre nom : arara
Leur nom veut dire ara (perroquet)
Langue : karib
Leur auto-désignation : wogarangma, ukaragma
Population : 377 personnes (2014)
Agriculteurs, chasseurs
Terres indigènes
- T.I Arara - 274.010 hectares, 298 personnes, réserve homologuée. Villes : Altamira, Brasil Novo, Medicilândia, Uruará.
- T.I Cachoiera Seca - 733.688 hectares, 88 personnes, réserve homologuée. Villes : Altamira, Placas, Uruará.
Photo Carlos Namba 1981
Brésil - Peuple Arara du Pará - Histoire et origines - coco Magnanville
Por Autor: Biard, Auguste François, 1798-1882Colaborador: Riou, Edouard, 1833-1900 (il.) - Biblioteca Brasiliana Guita e José Mindlin http://www.brasiliana.usp.br/handle/1918/002856-147 ...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/07/bresil-peuple-arara-du-para-histoire-et-origines.html
Aujourd’hui tous les indiens contactés entre 1981 et 1983 a fini par être installés dans des villages au sud de la route dans deux villages différents puis plus tard en un seul village. Ce village construit par la FUNAI est au sein de l’arara II à proximité de la crique Laranjal.
Un sous-groupe est plus éloigné et reste isolé des autres, il vit sur le territoire de la Cachoeira seca II, sur le cours supérieur du rio Iriri.
- 1853 : premières connaissances du groupe
- 1860 : contacts épisodiques avec la population néo brésilienne jusqu’en 1970
- Entre 1889 et 1894 : persécutions par les récolteurs de caoutchouc dans la région de partage des eaux entre l’Amazone et le Xingu/Iriri.
- 1896 : Coudreau rencontre une seule femme arara, mais recueille des informations sur leur caractère pacifique, la célèbre beauté des femmes, le métissage avec d’autres peuples autochtones, l’existence d’arar « sauvages ».
- 1961 : attaque par la police d’altamira qui harcèle les indiens pour se venger de la mort d’un animal de compagnie appartenant à un colon vivant à la périphérie de la ville.
- 1964/1965 : gros mouvement d’un groupe kayapo dans la même région qui donne naissance au plus grand conflit avec les arara.
- 1970/1971 : construction de la route transamazonienne, arrivée du front d’expansion de la société brésilienne : situation dramatique qui dure 10 ans et abouti à la « pacification » par la funai de la majorité des arara en 1981 et en 1984 pour une groupe situé au nord de la transamazonienne. Victimes d’un véritable ethnocide, les arara n’ont eu aucunes ressources durant cette décennie que de fuir et lutter armes à la main.
- La construction de la transamazonienne qui coupe le territoire traditionnel des arara à modifié considérablement leur mode de vie et affecté le modèle de dispersion spatiale et l’articulation politique, la possibilité d’exploration intensive des différents écotypes.
Foto: Moreira Mariz, Década de 80
Le groupe local se structure autour d’un homme âgé tenant le rôle de leader, les familles du groupe gardant une large autonomie.
Ils étaient divisés en plusieurs groupes composés de plusieurs familles conjugales avec une tendance à l’uxorilocalité *. Les groupes locaux étaient liés par un réseau de prestations mutuelles qui se réalisaient lors de visites rituelles de la saison sèche.
genipa americana
L’exploitation familiale des jardins nommés tuktwam situés à la périphérie du village est le domaine des femmes. Elles y plantent selon les saisons le manioc amer, le maïs, l’igname, la patate douce, différentes variétés de bananes et d’ananas, le génipapo (genipa americana). Les hommes ne participent qu’au transport et à la torréfaction de la farine de manioc.
" La terre est mère de toutes choses, elle partage la vie. La mère est terre, elle nourrit les humains qu'elle met au monde. La femme défriche, sème, cueille, pêche. Elle donne à la terre les...
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articles complémentaires
cebus apella
C’est une activité secondaire après la production agricole. C’est le domaine en exclusivité des hommes adultes. La forêt est un lieu de prédation aussi bien des hommes sur les espèces animales que des êtres tsarupangma (êtres malfaisants qui est le principal danger des chasseurs avec les voloptem, indiens « sauvages » et le jaguar immortel, okoro) sur les hommes.
Ils apprécient pas mal d’espèces animales, dont le sapajou tawe(cebus apella), le hocco pawi (crax.sp), le singe hurleur arun (alouatta seniculus).
Les restrictions alimentaires sont dues par les hommes lors de la naissance d’un enfant ou la mort d’un ennemi.
Les arcs et les flèches sont les armes employées pour la chasse.
La pêche est aussi une activité secondaire traditionnellement car c’est un peuple qui vit à l’intérieur des terres.
Les arara mettent l’accent par l’intermédiaire d’une vie rituelle sur l’échange gibier/ bière.
Ce rapport entre la viande rapportée par les chasseurs et la bière mastiquée par les femmes recouvre plusieurs plans de relation : chasse/agriculture, forêt/jardins, hommes/femmes, groupe résidentiel des chasseurs/groupe résidentiel resté au village
Foto: Bita Carneiro 1981
Les chasseurs apportent la viande boucanée, le groupe resté au village leur offre la bière pito.
La boisson pito revêt une très grande importance pendant la saison sèche. Elle est faite à partir de farine de manioc doux fermenté grâce à la mastication des femmes. Le degré d’alcool est faible (2/3°), alors des bassines entières sont bues par les hommes, c’est un élément nécessaire à la sociabilité masculine dans le code rituel comme dans la vie quotidienne.
Les arara n’enterrent pas leurs morts mais réservent une plateforme dans la forêt pour eux dans une maison funéraire construite spécialement à chaque occasion. Elevé au-dessus de la terre, le défunt doit progressivement se dessécher afin de perdre tout ce qui restait de substances vitales dans son corps pour nourrir les éléments qui auparavant ont donné vie à la mort.
Le chamanisme est l’affaire des hommes qui agissent en tant que guérisseurs et sont les intermédiaires avec les êtres surnaturels puissants dont ils assurent aussi la liaison pour obtenir leurs faveurs lors des chasses par exemple.
Des animaux de la forêt sont capturés par le chaman à l’aide d’un rituel et ils seront élevés comme animaux de compagnie.
Les clarinettes tagat tagat
Ce sont des clarinettes amazoniennes qui comme bien souvent ne produisent qu’une seule note. La hauteur est liée à la qualité de son porte-anche et à la longueur du tuyau. Les clarinettes tagat tagat ne sont utilisées que lors du rituel du retour de chasse. Ce sont des clarinettes idioglottes de facture composite à tuyau rapporté sans trou de jeu. Le tuyau est fait d’un tube de bambou tendeum (qui sert aussi pour fabriquer les pointes de flèches lancéolées) dont la longueur varie entre 490 et 580 mm et dont le diamètre varie entre 33 et 41mm.
Les flûtes de Pan erewepipo
Elles ne sont utilisées que lors du rituel du retour de chasse mais aussi de manière individuelle ou collective. C’est le seul instrument que l’on peut entendre jouer par les hommes, les femmes ou les enfants dans la vie quotidienne du village. La flûte de pan erewepipo est constituée de trois tubes de longueur différente (par exemple, 175 mm, 160 mm et 145 mm) joué avec une technique de hoquet dans la musique collective, les trois tubes peuvent être liés ensemble lorsqu’il s’agit de musique individuelle.
Les trompes tereret
Les tereret sont jouées dans le contexte du rituel du retour de chasse et seuls les hommes initiés au chamanisme en jouent. Les instruments sont fabriqués en forêt pendant les chasses de saison sèche et ramenés lors du rituel. Elles sont durables et restent accrochées au toit des maisons. Elles sont à embouchure latérale, cette dernière rectangulaire est découpée à l’extrémité d’un tube fait dans le bambou tendeum près d’un nœud fermant le tube : c’est contre cette fenêtre que viennent se positionner les lèvres de l’instrumentiste.
Aujourd’hui ils sont confrontés avec d’autres ethnies à la construction du barrage Belo monte qui sera le troisième plus grand barrage au monde, inondera les terres, assèchera certaines parties du Xingu, détruira la forêt et réduira le stock de poissons dont dépendent les indiens pour leur survie.
Des indiens de l'ethnie Arara au bord du fleuve Rio Xingu. Crédit: Ailton de Freitas
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Caroleone
*Uxorilocalité : système sociétal dans lequel le couple marié réside avec ou proche des parents de la mariée.
Sources : socioambiantal, La musique instrumentale dans un rituel arara de la saison sèche (Para Brésil) de Jean-Pierre Estival, société des américanistes