Brésil / Colombie : Le peuple Hupda
Publié le 1 Mai 2013
Les hupda
Peuple amérindien d’Amazonie, du haut Rio Negro qui vit dans l’état d’Amazonas au Brésil ainsi que dans l’état d’Amazonas en Colombie.
Leur territoire se situe dans la forêt pluviale du nord-ouest amazonien et s’étend dans les zones d’interfluve des rios Vaupès, Tiquié et Papuri.
Terre indigène
- T.I Alto Rio Negro - 7.999.380 hectares, 26.046 personnes, réserve homologuée. Ville : Japurá. 23 peuples y vivent : Arapaso (langue tukano), Baré (langue arawak), Desana (langue tukano), Hupda (langue makú), Karapanã (langue tukano), Koripako (langue arawak), Kotiria (langue tukano), Kubeo (langue tukano), Makuna (langue tukano), Mirity-Tapuya (langue tukano), Pira-Tapuya (langue tukano), Siriano (langue tukano), Tukano (langue tukano), Tariana (langue arawak), Tuyuka (langue tukano), Warekena (langue arawak), Yuhupde (langue makú), isolés de l'igarapé Waranaçu, isolés du rio Cuririari, isolés du rio Uaupés.
Population :
Brésil état d'Amazonas : 1000 personnes (2012)
Colombie : 500 personnes (2012)
Langue : hupda de la famille des langues maku
Ce sont des nomades chasseurs-cueilleurs
Histoire du contact
La pauvreté de la catinga ou "campinarana" dominante, ajoutée au nombre de chutes d'eau dans les rivières de la région, ont été quelques-uns des obstacles à l'expansion des fronts pionniers portugais et espagnol. Des fronts qui, déjà au XVIIe siècle, ont disputé la région, en établissant des détachements militaires en certains points du rio Negro, d'où les prisonniers indigènes "descendaient" vers les centres urbains émergents (Barcelos, Manaos et Belén).
A partir du XVIIIe siècle, les "descentes" s'intensifient, de sorte que même les Makú, ont fait capturer certains de leurs membres comme esclaves. Mais l'analyse des documents coloniaux montre que parmi les populations indigènes de la région, les Makú ont été les moins touchés par les "descentes" ou par la violence résultant du cycle du caoutchouc à la fin du siècle suivant. Par ailleurs, la période du caoutchouc a peut-être été l'une des raisons de l'adoption de pratiques agricoles par les Makú : se réfugiant dans les terres interfluviales pour échapper à la capture pratiquée par les seringueiros, les Tukano ont ensuite vécu plus intensément avec les Makú, leur apprenant la culture du manioc, ainsi qu'une série de thèmes de culture matérielle et spirituelle.
En 1914, au plus fort de la stagnation économique provoquée par la catastrophe du caoutchouc, les missionnaires salésiens, un ordre catholique intéressé par l'éducation, entrent en scène. Ils ont obtenu le soutien de tous les Indiens riverains du côté brésilien, mais ont rencontré beaucoup de résistance de la part des Maku, qui ont refusé d'envoyer leurs enfants dans les pensionnats des centres missionnaires. Au cours des années 70, les salésiens ont tenté quelques expériences de villages de mission exclusivement à Maku.
En revanche, l'exploitation de l'or, qui s'est développée dans la région entre le milieu des années 80 et le début des années 90 (lorsque le mouvement indigène a réussi à expulser les envahisseurs miniers avec le soutien du ministère public et de la police fédérale), a eu peu d'effet sur les Makú, car ce type d'exploitation était surtout pratiqué sur les terrains riverains. La seule zone d'extraction d'or du continent, située à l'extrémité sud du territoire indigène de l'Alto Río Negro, a été abandonnée en 1986 par la compagnie minière Paranapanema, en raison de sa faible productivité. En outre, avec l'intensification du mouvement indigène au début des années 1990, l'or est devenu exclusivement exploité par les Indiens.
traduction carolita d'un extrait du site pib.socioambiental.org
Ce que veut dire leur nom : hopda = les gens
Leur mode de vie ne prend sa dimension que dans cette dénomination : nd’äh hupd’äh s’ugan niiy’ = Nous, Hupd’äh vivons dans la forêt
La difficulté géographique du territoire, de rivières aux rapides en cascades à la pauvreté de la garrigue prédominante ont empêché la colonisation des portugais et des espagnols.
Lors du boom du caoutchouc, les ethnies maku furent les moins touchées par la pratique coloniale doublée de violence et d’esclavagisme. Ces derniers se réfugièrent néanmoins plus profondément dans la forêt et adoptèrent alors des pratiques agricoles de subsistance.
En 1941, au moment où l’essor du boom du caoutchouc semble stagner, les missionnaires salésiens entrent en scène et obtiennent l’adhésion de tous les indiens en bordure des cours d’eau du côté brésilien mais rencontrent une résistance de la part des maku.
Tat Dë -Taracuá Igarapé Photo Danilo Ramos
Le village
Les villages traditionnels ont une population entre 25/30 habitants : un mari, l’épouse ou les épouses et les enfants de ce dernier, certains membres de la famille proche, les veuves ou adultes célibataires de l’époux ou épouse.
Les maisons sont des huttes situées dans une clairière au sommet d’une colline ou au près d’un ruisseau non navigable.
Les abattis sont situés autour des maisons ou dans des clairières à proximité.
Chaque village possède huit camps de chasse, c’est la chasse au pécari qui est la principale.
Image :hupda cesto
Índia hupda do Médio Tiquié. Foto: Aloisio Cabalzar, 2002.
Les femmes travaillent beaucoup plus que les hommes.
Les femmes : taches ménagères, travail sur l’abattis, récoltes, collecte du bois
Les hommes : chasse comme activité principale
La cuisine est communautaire mais chaque famille prépare ses repas.*Le manioc est un aliment de choix pour composer les farines pour faire des bouillies et des pains.
Leur moyen de résolution des conflits est la dispersion spatiale : il n’y a pas de dirigeants ou de conseil tribal qui peut régler les malentendus entre les habitants du village. Le chef de village à pour rôle surtout de coordonner les chasses collectives. Les positions sont alors prises par un homme d’âge moyen qui est respecté mais il n’a aucune autorité pour juger qui a tort ou raison dans un litige.
Leur système d’alliance est basé sur le principe du système de parenté dravidienne qui à cours chez certains peuples d’Amazonie, il est associé à un système de clans exogames patrilatéraux.
Pour en savoir plus sur le système de parenté dravidien ICI
Les personnes sont classées en trois groupes d’âge :
- Les dowdu : les enfants
- les wudndu : les adultes
- les wuhudndu : les âinés
les chefs de villages se situent dans une sous-classe intermédiaire entre les wudndu et les wuhudndu.
Pour donner un nom à l’enfant, l’aîné entreprend un voyage en utilisant l’hallucinogène du genre banisteriopsis (ayahuasca) qu’il consulte pour déterminer le nom approprié.
L’univers général des maku prends la forme d’un œuf debout avec trois niveaux ou trois mondes :
- le monde souterrain des ombres ( y vivent les monstres, les scorpions, les jaguars, les serpents venimeux, les indiens de la rivière et les blancs)
- « notre monde » : la forêt
- Le monde de la lumière au dessus du ciel où les ancêtres et le créateur habitent
Lumière et ombre sont les deux substances de base à partir desquelles les êtres sont composés.
La lumière est source de vie, l’ombre est source de mort.
Dans « notre monde », les feuilles et les fruits sont les êtres qui ont la plus forte concentration de lumière, les carnivores, ceux qui ont la plus forte concentration d’ombre.
En général, tous les hommes âgés peuvent être chamans. On peut distinguer deux types de chamans : les guérisseurs (bidibu) et les hommes-jaguars (nyaam hupdu).
Souvent, c’est la même personne qui a les deux fonctions. Le chaman inspire beaucoup de crainte , il peut parfois être accusé de malice ou cause d’une maladie, les villageois pensant être victimes d’un de ses maléfices, il devra alors s’isoler un temps en forêt jusqu’à ce que la colère passe.
Au Brésil, l’irruption d’une virose non-identifiée qui a déjà causé la mort de deux enfants hupda aggrave une situation de santé déjà alarmante dans les villages amérindiens du haut Rio Negro. Dans un cadre général, il est observé chez les peuples du haut rio Negro de graves cas de malnutrition (surtout infantile) et un taux de mortalité élevé lié aux maladies infectieuses-parasitaires, aux infections respiratoires aigües, une incidence préoccupante du trachome, une maladie oculaire pouvant mener à la cécité et une augmentation alarmant des cas de suicide juvénile.
Depuis 2008, le mouvement indigène du haut Rio Negro lutte contra la carence d’actions d’assistance médico-sanitaires aux peuples indigènes des municipalités de São Gabriel da Cachoiera, Santa Isabel do Rio Negro et Barcelos. Le FOIRN site en portugais
Au cours du seul mois de janvier 2013, dans le village Hupda de Tat Dëh/Taracuá Igarapé, deux enfants sont morts d’une maladie infectieuse virale non-identifiée (avec les symptômes de grippe et diarrhée) et treize autres enfants sont gravement malades. Ces décès et les cas des enfants malades ont été notifiés au Secrétariat Spécial à la Santé Indigène [SESAI] du Ministère de Santé brésilien le 18 janvier 2013. Depuis l’année 2008, les maladies infectieuses et le manque de médicaments et de soins médicaux ont tué au moins 12 enfants Hupda et ont touché plusieurs dizaines d’autres enfants et d’adultes dans les villages amérindiens dans la région du Rio Negro. Le 05 février 2013, le Procureur de la République, M. Araujo Junior, a affirmé que « l’état de santé des peuples indigènes est critique, non seulement dans la région du Haut Rio Negro, mais dans l’ensemble du territoire brésilien. La politique de santé tournée vers les peuples indigènes est confrontée à des graves problèmes de gestion […] et l’irruption récente de virose chez les Hupda n’est pas le seul cas grave dans région du Haut Rio Negro » (Agência Brasil).
Face à cette situation la FOIRN a transmis au GITPA une Lettre ouverte: "Fatigués d’écrire des rapports, las d’envoyer des requêtes aux instances compétentes, nous nous adressons au public pour dénoncer la grave situation, dans le domaine de l’assistance de santé, endurée par les populations indigènes du Haut Rio Negro, dans l’Etat d’ Amazonas au Brésil" .
GITPA : Collection "Questions Autochtones"
Face à cette situation la FOIRN a transmis au GITPA une Lettre ouverte: " Fatigués d'écrire des rapports, las d'envoyer des requêtes aux instances compétentes, nous nous adressons au public po...
http://www.gitpa.org/Qui%20sommes%20nous%20GITPA%20100/ACTUlettreHUDPA.htm
A l’heure où le Brésil est fêté comme une cinquième puissance économique mondiale, se prépare à célébrer la coupe du monde de football et les jeux olympiques, la situation des populations autochtones de son immense territoire ne peuvent rester dans l’ombre.
C’est le principe de ses articles qui souhaitent apporter une petite lumière, une sorte de veilleuse dans la pensée collective, mes articles loin d’être des exemples ne sont que des parcelles ludiques qui incitent à chercher l’information bien au-delà, et pourquoi pas inspirer des vocations.
Vocations qui ne doivent être tournées que vers l’assistance et la reconnaissance des peuples que nous devons accompagner main dans la main en suivant leurs exemples, sans les formater car la raison, ce sont eux qui la portent.
Caroleone
Sources : socioambiantal, survival, gitpa
Dossier culturel sur les peuples du río Negro - coco Magnanville
Il y a quelques articles que j'ai consacré sur ce blog à la découverte des ethnies du río Vaupés puis plus longuement aux peuples du río Negro. Ces peuples sont peu documentés dans notre lan...
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/04/dossier-culturel-sur-les-peuples-du-rio-negro.html