Voter ce n'est pas abdiquer
Publié le 13 Avril 2012
Un texte lu chez le camarade El diablo qui me parle pas mal !!
caroleone
Voter, ce n’est pas abdiquer ; ce n’est pas nommer un maitre pour une période courte ou longue, ce n’est pas renoncer à sa propre souveraineté. Celui que vous nommez sera simplement votre mandataire, le candidat que vous élirez ne sera pas votre supérieur. Vous ne devez pas nommer des hommes qui sont au-dessus des lois, mais des hommes qui doivent être révocables s’ils ne respectent pas le mandat pour lequel vous les avez élus.
Voter, ce n’est pas être dupe ; c’est savoir que les hommes élus sont tout comme vous des hommes qui ne peuvent tout savoir et tout comprendre. C’est pourquoi en raison même de l’immensité de la tâche, il ne faut pas que le peuple s’en retourne à ses occupations le lendemain des élections. L’histoire nous enseigne que le pouvoir a toujours corrompu, « le parlotage » a toujours abêti, et que si on n’y prend garde, la médiocrité prévaut fatalement. Le peuple doit en être le garde fou.
Le véritable combat commence le lendemain de l’élection quel qu’en soit le résultat. Et souvenez-vous, ce qui fait les bonnes réformes c’est quand la classe populaire montre les dents, et les grandes avancées sociales, notamment en 36, ont été arrachées par la lutte, et non par la volonté d’un gouvernement, fût-il de gauche.
Si vous pensez que «voter ne sert à rien» ou que vous pensez qu’ils sont «tous pareils, tous pourris», ne vous en faites pas, ceux qui contrôlent la société n’oublient jamais d’aller voter. Et même s’ils sont élus avec seulement peu de voix ils s’en moquent, car ensuite ils gouvernent et mettent en place des politiques pour défendre leurs intérêts. Et vous retournerez travailler pour eux.
Voter ce n’est pas trahir ses idéaux. Pour cela, il faut que la politique ne soit pas un métier, il faut que la rémunération d’un président soit celle du salaire moyen des français et que son mandat soit limité dans le temps, pour qu’il ne rêve pas d’une trop longue carrière. Aujourd’hui, le candidat voit les comptes de la nation, et demain, c’est à vous qu’il devra des comptes. Il doit donner des ordres aux actionnaires et aux rentiers. L’ouvrier doit être son modèle, et il doit mépriser la faveur des patrons. Le fougueux banquier doit apprendre à courber l’échine lorsque le président élu par le peuple le convoque à son bureau. Il doit purifier l’atmosphère de ces corps législatifs où l’air est malsain à respirer, la politique ne doit pas se faire dans des antichambres et il doit consulter le peuple plutôt que les mandataires d’un milieu où la consanguinité avec le monde des affaires est omniprésente.
Votez n’est qu’une étape, car dès le lendemain c’est dans la rue que vous devez être, pour dire que vous n’êtes pas dupe si c’est le candidat de la bourgeoisie qui l’a emporté, ou pour rappeler à votre candidat élu ses promesses et lui montrer que vous serez vigilant. Le pouvoir est l’affaire de tous et non d’un seul homme ! Voter, n’est pas la fin, mais le commencement !
N’abdiquez donc pas, votez, mais sans remettre vos destinées à des hommes qui échappent à tout contrôle et à des traîtres futurs. Une fois l’élection passée, il vous faut contrôler votre destinée, et pour cela la première chose que doit faire votre candidat, c’est de changer les lois et la constitution, afin qu’un vrai contrôle sur l’assemblée et l’Elysée soit les garants de votre liberté ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, se laver les mains des élections c’est manquer de vaillance.
Je vous salue de tout cœur, camarades.
Ecrit par Matignon RECLUS en écho à un texte que mon aïeul Elisée RECLUS avait écrit le 26 septembre 1885 dans une lettre adressée à Jean GRAVE
Source: "Conscience Citoyenne Responsable"