Fédération de Russie : Le peuple Khanty

Publié le 27 Novembre 2012

Les khanty

 

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Khanty faisant des offrandes au dieu ours, Sibérie 1992. © Jürg Gasche/Survival

Autre nom : khante

Ancien nom : ostiak

Ethnie de Sibérie occidentale vivant de part et d’autre de l’Oural et de l’Ob.

Langue : khanty de la famille des langues finno ougriennes

Population : 22.500 personnes

C’est l’un des 30 peuples indigène de Sibérie

Peuple semi-nomade qui vit d’élevage de rennes, de chasse, de pêche et de cueillette.

 

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Ostiak

Avec les Mansi, les khanty de Sibérie forment la « nation titulaire » du district autonome des Khanty-Mansi, une région de la taille de la France, la plus importante productrice de pétrole de Russie.

L’élevage de rennes khanty occupe une position particulière dans cette zone délimitée par le fleuve Ob et ses affluents et marquée par la transition de la taïga à la toundra. Le paysage plat principalement marécageux (60% de la superficie totale) possède un équilibre hydraulique fragile.

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Trois écosystèmes :

  • La toundra (plaine arctique)
  • la toundra arborée (où quelques arbres de petite taille parviennent à pousser)
  • la taïga (forêt de conifères).

La toundra arborée et la taïga abritent également des populations d’ours, d’élans, de renards et d’oiseaux.

Dans la toundra, le climat est si froid que rares sont les espèces capables d’y survivre, sinon les rennes, les renards arctiques, quelques espèces d’oiseaux et de poissons, ainsi que le lichen. L’écosystème est si fragile qu’il faut jusqu’à cinquante ans pour qu’un arbre atteigne la taille d’un homme. Les hivers sont longs et terriblement froids puisque la température peur descendre jusqu’à - 70°C.

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Historique très succinct

 

  • Au XVIe siècle : évangélisation effectuée par Trifon de Viatka sous la protection des Stroganoff.
  • 1933/1934 : persécutions suite à la mise en application de la politique de sédentarisation et de la collectivisation forcée de staline. Ils sont chassés de leurs terres, les chamanes sont tués, ils ne supportent pas la vie en fermes collectives.
  • Années 1930 : révolte dans l’Ougra réprimée par des bombardements
  • Années 1960 : Invasion des terres par les compagnies pétrolières qui construisent des villes, polluent les forêts, les lacs sacrés.
  • Années 1970 à 1980 : Les vastes gisements de pétrole de Sibérie occidentale commencent à être exploités. Changements radicaux pour les autochtones, leur mode de vie, leur structure économique. En raison de la destruction des fondements traditionnels de leur mode de vie, une grande partie des khanty vit aujourd’hui dans des villages regroupés élargis depuis les années 30. Ils y restent malgré les conditions de vie difficiles, le taux de chômage élevé et les problèmes d’alcoolisme élevé car ils y ont accès aux infrastructures : écoles, centres de santé, établissements commerciaux et administratifs.

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Un Khanty utilise un lasso sur un renne, Sibérie 1992. © Jürg Gasche/Survival

L’élevage de rennes

 

Environ 2500 khanty vivent encore traditionnellement des ressources naturelles dispersées à travers la taïga et la toundra. Un éleveur de rennes à 2 à 4 résidences saisonnières sur le territoire traditionnel du clan. Il se déplace en fonction des saisons de pâturage, de chasse et de pêche. Les territoires claniques ou rodovye ugod’ia ont pu être enregistrés grâce à des militants khanty malgré e statut juridique pas très clair.

Les rennes ont été domestiqués tardivement en comparaison d’autres animaux et les caractéristiques de leur comportement sont toujours proches de celles des troupeaux sauvages. Les déplacements s’effectuent parfois sur des milliers de kilomètres.

L’élevage pratiqué est une forme d’élevage de la taïga, les animaux étant utilisés principalement pour le transport.

Les troupeaux sont petits, d’une dizaine à une centaine d’animaux. En hiver ils sont déplacés vers les forêts dans lesquelles les rennes trouvent du lichen sous la neige. Au printemps, lors des mises bas, les éleveurs cherchent des marais ouverts où la  neige fond en premier et laisse sortir les premières pousses vertes.

Au début de l’été, les feux sont allumés pour enfumer les huttes des rennes pour y chasser les insectes et garder les animaux à proximité des habitations humaines.

Dans la communauté khanty les rennes sont le plus important symbole de statut. Ils sont une denrée de base et le sacrifice le plus conséquent aux dieux, l’élevage est impensable sans nomadisme et transhumance.

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L’espérance de vie des peuples de Sibérie est bien inférieure à celle des russes : les suicides, les accidents et l’alcoolisme dans lequel sombrent les indigènes qui perdent peu à peu leurs valeurs traditionnelles et les troupeaux qui les faisaient en sont les causes principales.

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rus-kha-jg-04_screen.jpgHomme khanty pêchant, Sibérie, Russie, 1992. © Jürg Gasche/Survival

Le poisson est encore bien présent dans les affluents de l’Ob et menacé par l’exploitation pétrolière. Les khanty le consomment séché, cru et salé ou fumé ou bouilli.

Ils vivent parfois dans des tipis nommés les « tchoums » des tentes en peaux de rennes. Ce sont les femmes qui les montent en un quart d’heure. L’autre habitat est la maison en rondins dans lequel le feu brûle en permanence pour y maintenir la chaleur. Les rondins sont rembourrés avec de la mousse comme isolant.

 

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Cosmovision, quelques exemples

 

La mort et le paradis

Dans leur croyance, seuls ceux qui meurent d’une mort violente ou lors de la chasse à l’ours ont accès au paradis.

Les âmes des autres seront contraintes à servir un dieu sévère résident sous la terre.

L’adultère

Lorsqu’un khanty soupçonne sa femme de le tromper, il découpe quelques poils d’ours et les offre à celui qu’il pense être l’amant de sa femme : si ce dernier accepte les poils c’est qu’il est innocent. S’il les refuse, c’est qu’il avoue être coupable. D’où des négociations pour connaître le prix de cette infidélité. Le prix une fois fixé, la femme est répudiée par le mari et alors devra être épousée par l’amant. Si l’amant accepte les poils de l’ours malgré sa culpabilité, l’ours le fera périr dans les trois jours selon la pensé khanty.

Conséquences de l’exploitation pétrolière sur l’écosystème

  • Emanations de gaz à effet de serre : composés organiques et poussières dans l’air
  • Marées noires fréquentes : pollution généralisée des terres et des eau
  • Les barrages pour construire les chantiers ont drainé des zones et étranglé des voies navigables : mort de la végétation et impossibilité aux poissons de migrer vers les petites ruisseaux.
  • Le gibier a été chassé des vastes zones autour des villages
  • Les incendies de forêts chaque année sont provoqués par les nouveaux arrivants
  • Le braconnage et les chiens errants menacent le gibier et les rennes

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Enfant khanty, Sibérie. © Sophie Grig/Survival

 

Le changement climatique

Le changement climatique n’est devenu que récemment un problème chez

les Khanty. S’adapter aux changements des conditions naturelles n’a, jusqu’à récemment, jamais été considéré comme problématique par les Khanty. Toutefois, avec la crise économique mondiale, ils commencent à interpréter les événements météorologiques inhabituels comme un signe de l’aggravation des conditions climatiques. C’est surtout une météo de plus en plus changeante qui a provoqué leur inquiétude. En automne et au printemps, un dégel rapide alternant avec des périodes de gel produit une croûte de glace sur la couverture de neige qui empêche les rennes de se nourrir de mousse, leur nourriture d’hiver. Au cours des 100 dernières années, la hausse moyenne de la température annuelle dans la région arctique a été le double de la moyenne mondiale. Les analystes prédisent que la température augmentera de quatre à huit degrés celsius d’ici 2100. Les facteurs qui y contribuent sont une diminution de l’« effet albédo », réduisant la couverture de neige et de glace, et une diminution du volume d’air dans l’atmosphère nordique, qui se réchaufferait plus rapidement. On peut s’attendre à une fonte à grande échelle du permafrost, ce qui libérerait du méthane, gaz à effet de serre nuisible.

Musique

Ces derniers sont également parmi les très rares peuples d’Eurasie à avoir gardé l’usage d’une harpe, ainsi que d’une lyre, accordées sur une échelle pentatonique hémitonique. Ils ont également une guimbarde en os de renne, mise en vibration par une ficelle, ainsi qu’un tambour sur cadre. Leurs chants, parfois humoristiques, célèbrent aussi le Corbeau ou la beauté du pays natal, de ses forêts et de ses rivières, qui sont au cœur des communautés d’éleveurs de rennes.

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Lois cadres fédérales pour les peuples numériquement faibles

Les peuples numériquement faibles de la fédération de Russie sont protégés par l’article 69 de la Constitution russe et trois lois cadres fédérales :

1) sur la garantie des droits des peuples autochtones numériquement faibles de la Fédération de Russie (1999),

2) sur les principes généraux d’organisation des communautés (obshinas) des peuples autochtones numériquement faibles du Grand Nord, de Sibérie et de l’Extrême orient de la Fédération de Russie,

3) sur les territoires d’usage naturel et traditionnel des peuples autochtones numériquement faibles du Grand Nord, de Sibérie et de l’Extrême orient de la Fédération de Russie (2001).

Ces trois lois cadres établissent les droits territoriaux et politiques des peuples autochtones et de leurs communautés. Cependant, la mise en œuvre de leurs buts et réglementations a été compliquée par les changements survenus dans la législation et les décisions du gouvernement concernant les ressources naturelles du Grand Nord.

En 1990, des militants autochtones, des intellectuels et des écrivains créèrent une organisation de protection – l’Association russe des peuples numériquement faibles du Grand Nord, de Sibérie et d’Extrême orient, RAIPON. Elle représente aujourd’hui 41 peuples autochtones de ces régions dont 40 sont officiellement reconnus et un en attente de l’être. La mission de RAIPON est de protéger leurs droits aux niveaux national et international.

Lors du vote d’adoption à l’Assemblée générale de l’ONU de la Déclaration des droits des peuples autochtones, la Russie s’est abstenue.

(Indigenous world , traduction GITPA)

Caroleone

Sources : survival, wikipédia, images survival, GITPA : le pastoralisme en Sibérie occidentale De Stéphane Dudeck ICI

Rédigé par caroleone

Publié dans #Peuples originaires, #Fédération de Russie, #Khanty

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Commenter cet article
A
<br /> mais oui, c'est vrai, j'avais vu les articles sur les nenets et les innus! désolée:mémoire défaillante!<br />
C
<br /> <br /> Je n'avance pas très vite mais malgré tout, j'en ai quand même fait queqlues uns, ne rate pas alors les samis car c'est l'un des plus beaux articles que j'ai fait. Les images sont superbes et de<br /> plus j'avais beaucoup de textes en source, alors c'était facile mais long à rédiger et mettre en page.<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> J'ai vu un documentaire terrible sur France5<br /> où l'on voyait un chauffeur qui devait traverser routes et rivières pour aller livrer de la bière à des habitants perdus au fin fond de la montagne!! Le présent n'est guère facile!! BISOUS FAN<br />
C
<br /> <br /> Avec le pétrole et les autres gisements, les petits peuples de Sibérie vivent à peu de chsoes près les mêmes évènements que les indiens d'Amérique latine.<br /> <br /> <br /> Et l'acculturation forcée provoque de grands désespoirs, des suicides et l'alcoolisme comme pour les autres malheureusement car ses peuples semi nomades ne sont pas prêts à ces transformations<br /> radicales même si on les a déjà soumis par le passé.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises et merci de ta visite<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Tu penses qu'elle s'est abstenue, la Russie!<br /> <br /> <br /> Ca change un peu des Indiens d'Amérique, c'est la première fois que tu nous emmènes dans les pays froids?<br /> <br /> <br /> Enfin quelque soit le climat, on voit que ces peuples rencontrent partout les mêmes difficultés concernant leur existence propre aux yeux des autres et pour leur plus grand malheur ceux là ont de<br /> prodigieuses ressources énergétiques sous les pieds!<br />
C
<br /> <br /> Oui, ça change des indiens d'Amérique mais parfois je vais faire un petit tour ailleurs et à cette période j'aime bien m'occuper des peuples qui pratiquent le pastoralisme de rennes, c'est<br /> tendance.<br /> <br /> <br /> Et puis ces peuples de Sibérie sont confrontés aux mêmes problèmes que les autres peuples du monde, même si d'après plusieurs commentaires que j'ai lu sur des sites spécialisés, les indigènes<br /> russes sont de nos jours mieux traités que les indiens d'Amérique. Mais ils ont eu leur lot de misères, une partie semblable aux autres mais avec en plus le stalinisme qui ne leur a pas fait de<br /> cadeaux.<br /> <br /> <br /> Sinon, j'ai déjà parlé d'un peuple de Sibérie, les nenets.<br /> <br /> <br /> Et d'un peuple du Québec , les innus<br /> <br /> <br /> Et d'un peuple scandinave, nos indigènes européens à nous, les samis des pasteurs ( ce sont les lapons en fait).....<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est rafraichissant, les coutumes malgré tout changent peu car ce sont tous des peuples chamaniques.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bises et merci encore de ton intérêt.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> caro<br /> <br /> <br /> <br />