Québec / Labrador : La nation Innue
Publié le 9 Août 2012
Les innus
Peuple autochtone dont la région d’origine qu’ils nomment Nitassinan se situait à Saguenay- Lac de St Jean et la côte nord du Québec ainsi que la péninsule du labrador au Québec.
Leur nom
Il signifie « être humain » dans leur langue et il a été adopté en 1990 en remplaçant le terme de Montagnais qui leur avait été donné par les colons. On les désigne aussi sous le nom de naskapi.
Au pluriel on dit innuat
Langue : innu-aimun de la famille des langues algonquiennes, la culture se nomme innu-aitun
Religion : mushuau innu
Ils vivent depuis plus de 8000 ans dans le Nitassinan, leur territoire traditionnel et ce il y a de cela encore 50 ans, ils étaient encore des chasseurs-cueilleurs semi-nomades. Ils suivaient les migrations des troupeaux de caribous et ne séjournaient sur les côtes du St Laurent et de l’atlantique que un ou deux mois par an.
Population : 18350 personnes (Total) dont 16.420 au Québec et 1930 au Labrador et Terre-Neuve.
image http://© Dominick Tyler/Survival
Population des innus du Québec (décembre 2010)
- Pessamit (Betsiamites) 3717 – Réserve Pessamit, Côte nord , embouchure de la rivière Bersimis. Créée en 1852 Site ICI
- Essipit (Les Escoumins) 433 - Réserve Essipit création 1892 Haute-côte-nord site ICI
- Unamen shipi (La Romaine) 1095 – Réserve La romaine créée en 1956, côte nord, golfe du St laurent
- Mashteuiatsh ( Pointe-bleue) 4981- Réserve de Pointe bleue créée en 1856 à Saguenay-lac St Jean – Site ICI
- Matimekosh ( Schefferville) 847 - Réserve Matimekosh à Canaipiscau dans la côte nord. Créée en 1968 . Site ICI
- Ekuantshit (Mingan) 565 – Réserve Mingan, création 1949 au cœur de l’archipel de Mingan- Dénommée « ekuanitshit »en langue innue
- Nutukuan (Nateshquan) 1001
- Pakua shipi ( St Augustin) 329
- Uashat mak mani-Utemam ( Sept-îles/Moisie) 3854 – Réserve Uashat (grande baie) comté des 7 rivières côte nord – Site ICI
Ils vivent dans 12 réserves disséminées sur la côte ouest du Québec et du Labrador.
Histoire
- 1599 : Premier comptoir commercial permanent à Tadoussac (qui sera un échec), s’amorce une tradition d’échanges entre les groupes en présence
- 1603 : Première alliance entre autochtones et européens, le chef Montagnais Anadabidjou autorise Samuel de Champlain à s’établir sur les terres autochtones en échange d’un appui militaire
Innus du Labrador, dessin du XIXe siècle
«Nasquapees », dessin de W. G. R. Hind, gravé sur la pierre par F. F. L., chromolithographié par Hanhard pour Exploration of the Interior of the Labrador Peninsula, de Henry Youle Hind. Londres, 1863. Tiré de Newfoundland: a Pictorial Record, de Charles de Volpi. Longman Canada Limited, Sherbrooke (Québec)
- XIXe siècle : les missionnaires jésuites puis oblets jouent un rôle de propagateurs de nouveaux comportements et nouvelles idéologies religieuses en convertissant les innus au catholicisme et en favorisant l’abandon progressif mais non achevé de leurs pratiques traditionnelles.
- 1860 : Création des deux premières réserves : Pointe bleue et Bersimis (Betsiamites)
- Fin du XIXe et début du XXe siècle : compétition de plus en plus féroce avec les trappeurs et les colons européens au centre du Labrador
- XXe siècle : développement de l’industrie de la pulpe de papier sur l’ancien territoire Nitassinan, ainsi que de l’hydroélectricité puis des mines et de la métallurgie. Pour les innus ces développements industriels seront synonymes de pressions énormes sur le territoire et ses ressources aussi bien quand à l’utilisation des rivières pour le flottage du bois ou l’ouverture de mines à ciel ouvert sur l’aire de migration de caribous de la toundra.
- Années 1930 : chute du cours de la fourrure, réduction des hardes de caribous = souffrance pour le peuple innu, famines.
- A partir des années 1940 : sédentarisation de force pour faciliter lé développement économique du nord riche en ressources naturelles
- 1950/1960 : Création des dernières réserves innues
- 1970 : création d’organisations politiques : le conseil Attikameg-montagnais au Québec et la Naskapi-montagnais, innu association au Labrador
- 1979 : Pour mettre fin à l’érosion progressive de leurs droits d’accès à leurs territoires ancestraux, les innus avec leurs voisins Atikamekw se sont engagés dans un processus de revendications territoriales en vertu de la politique du gouvernement fédéral dite de « revendications territoriales globales »
- 2004 : une entente de principe baptisée « Approche commune » est paraphée par 4 communautés innus : les négociations trainent en longueur.
Les nations autochtones du Québec sont représentées dans l’assemblée des premières nations du Québec et du Labrador (APNQL) ICI
Caractéristiques propres aux nations de la famille algonquienne
- Adaptation à un milieu de type subarctique doté d’une végétation dominée par les conifères
- Mode de vie nomade basé sur la chasse, la pêche, le piégeage et la collecte de végétaux
- Technologie simple mais bien adaptée à l’exploitation des ressources du milieu
- Dispersion de la population en petits groupes multifamiliaux sur un vaste territoire
- Prédominance des liens de parenté dans les rapports sociaux, l’entraide et le partage comme valeurs sociales fondamentales
- L’animisme et le chamanisme comme systèmes de croyances et de pratiques spirituelles
Organisation traditionnelle des « bandes »
L'organisation sociale chez les Innus était basée sur des unités plus petites et mieux articulées qu'on appelle bandes locales. Elles étaient constituées de moins d'une centaine d'individus étroitement reliés entre eux, et chacune occupait un bassin de rivière différent, dont elle tirait en général son nom (. Durant la plus grande partie de l'année, elles étaient subdivisées en groupes de chasse .Ces derniers se réunissaient au printemps pour descendre à l'embouchure de leur rivière, ou encore sur les rives d'un grand lac alimenté par plusieurs cours d'eau. Après quelques semaines, ils remontaient ensemble la même rivière jusqu'au lieu de la rencontre printanière, à partir duquel, l'hiver venu, ils se répartissaient pour tirer leur subsistance de territoires situés dans le même grand bassin. L'ensemble de ces bandes locales occupaient ainsi plusieurs rivières du Nord-Est québécois et du Labrador terre-neuvien.
Spiritualité
Selon la tradition orale innue, le monde est une île créée par le carcajou et le vison après une grande inondation.
Le nom de « Manitou » est donné à toute nature bonne ou mauvaise supérieure à l’homme. Les esprits résident dans les eux, les plantes, les oiseaux, les animaux, les vents, les astres ….
Ce sont tous des manitous de forces égales. Mais le plus grand des esprits, l’être suprême c’est Kitche Manitou et le chaman en est l’intermédiaire écouté auquel on se réfère pour surmonter un adversaire ou un malheur.
Dans les légendes racontées aux enfants, les fins se terminent toujours par cette phrase :
" Et voilà que s’envole la queue de la perdrix qui s’éboute et perd des plumes.
La religion innue est basée sur le cercle : le cercle regroupe les hommes, les animaux, le feu, l’air, l’eau, la terre, les étoiles et le sol."
L’herbe sacrée
Elle est nommée « foin d’odeur » ou « cheveux de la Terre mère », c’est une herbe aromatique qui sert à purifier les gens, les objets, les lieux de vie.
En humant sa fumée, on apaise les esprits et les infusions servent à guérir certaines maladies.
Foin d'odeur (hierochloe odorata )
Communication orale
La parole était d’une grande importance dans les tribus, elle était le seul moyen de communication servant entre tous les membres. Les anciens parlaient de leurs ancêtres, de leurs terrains de trappage, de leurs exploits, de leurs savoir-faire……
Danses et chants
Les innus interprètent dans leur langue douce et harmonieuse des chants originaux accompagnés du tambour ou teuchiken et du hochet nommé teuchikini.
Les danses se réalisent au son du hochet qui produit des bruits de crécelle et du tambour qui scandent les mouvements des danseurs. Les danses ont toujours lieu autour du feu, les hommes sautent sur chaque pied successivement, les femmes, elles sautent à pieds joints.
Le caribou
Quand on voit le caribou de loin, on peut savoir quel animal compose le troupeau. Il suffit de regarder les cornes. C'est comme ça qu'on peut différencier les bêtes et savoir leur rôle dans le groupe. Quand on chasse, on cherche « shituteu » (le costaud) en regardant les panaches. C'est ce caribou qui est le meneur, celui que j'essaierai de tuer en premier. Si je réussis à le tuer, les autres seront surpris et resteront sur place un moment.
Le petit naît au printemps, il s'appelle « umuanish » (bébé). Il passe l'été avec sa mère, jusqu'à la fin de l'allaitement. Au mois d'octobre, le petit, mâle ou femelle, devient « atikuss » (petit caribou) et le restera jusqu'à l'automne suivant. À ce moment, la jeune femelle est normalement enceinte et s'appelle « nushketikuss » (jeune femelle). Après son accouchement, elle change encore de nom et devient « nushetik » (femelle adulte). Pendant les amours, « nushketikuss » (jeune femelle) peut rester avec sa mère pendant l'accouplement.
Au premier temps des amours, le jeune mâle « atikuss » n'a pas encore de corne et il est repoussé par « uishak » (chef du harem). Mais pendant l'été, les cornes du petit mâle poussent et il les gardera tout l'hiver, devenant ainsi un « aiapeshish » (adolescent mâle). On lui apprendra à marcher en avant, à ouvrir le chemin pour le groupe. À l'automne suivant, s'il ne perd pas ses cornes, on l'appellera « tshituteu » (le costaud). C'est lui qui sera en avant. Il peut perdre une corne et rester « tshituteu » (le costaud) quand même.
De toute façon, il perdra ses cornes pendant l'hiver. Il deviendra alors « upinau » (celui qui suit les autres). Une fois rendu à 3 ou 4 ans, le jeune mâle, pour peu que ses cornes repoussent, pourra devenir à son tour « uishak » (le chef du harem). Il rassemblera alors toutes les femelles et tassera les jeunes « aiapeshish » (adolescent mâle). Mais ceux-ci tenteront quand même de lui soustraire quelques femelles. Après les amours, « uishak » (le chef du harem) se retirera pour devenir « minaushneu » (caribou aux pieds poilus). Il semblera très fatigué. On le verra traîner les sabots, s'asseoir, bref, suivre les autres avec difficulté. Et quand la neige arrivera, il perdra ses cornes et deviendra, lui aussi, « upinau » (celui qui suit les autres).
image Viande de caribou mise à sécher
Uimashkatai est une soupe faite avec la panse du caribou à qui l'on reconnaît, entre autres vertus médicinales, celle d'aider à retrouver l'appétit. Il suffit qu'à chaque jour, pendant un mois, on brasse la panse fermée hermétiquement en laissant fermenter son contenu, notamment du lichen broyé et du sang. Au bout d'un mois, elle est devenue sèche, mince et noire. Elle n'a plus d'odeur et est comestible. Il ne reste plus qu'à en prendre un petit morceau pour se faire un bouillon et commencer à se réalimenter.
Innus de Papinachois
Traditions et culture
L’habitat
Il était constitué soit d’une tente unifamiliale conique en forme de dôme, soit d’une tente multifamiliale ou shaputuan. Les structures en bois étaient recouvertes d’écorce de bouleau et de peaux de caribous.
La civilisation de l’écorce
L’écorce de bouleau ou de cèdre était un matériau indispensable pour fabriquer les habitations avec un revêtement facilement transportable.
L’écorce était utilisée également pour la fabrication des canots légers qui avaient la particularité de contourner les rapides par chemin de portage.
Les vêtements traditionnels étaient en peaux d’orignal ou de caribou doublés de fourrure l’hiver.
Les raquettes pour se déplacer dans la neige doivent également être légères, elles sont confectionnées aussi en écorce de bouleau.
© Joanna Eede / Survival International
L’artisanat est surtout célèbre pour les peintures sur peaux réalisées avec la peinture noire et l’ocre rouge.
La chasse et la pêche
Chasse au caribou à l’est et au nord, à l’orignal dans l’ouest
Chasse au castor, aux ours, aux perdrix, aux outardes, aux phoques.
Les armes utilisées traditionnellement étaient l’arc, les flèches, la lance et le couteau.
Chaque partie du caribou est utilisée : la peau est décorée de dessins peints ou de plumes et sert à fabriquer les vêtements, les tambours…
Ils pensent que l’omoplate de caribou brûlée lors d’un rituel qui précède la chasse permet de savoir où se trouve le gibier.
Après la chasse a lieu un festin cérémoniel à la moelle d’os et de graisse de caribou, la « makushan »
La pêche est celle des poissons d’eau douce et des saumons, mais aussi des fruits de mer, des homards, la truite de lac.
Pêche à la truite de lac © Joanna Eede / Survival
Le système des valeurs innues
- La notion de partage qui est fondamentale
- Le respect est très important, envers les membres de la famille, les amis, les animaux, les biens d’autrui, l’environnement
- La modestie : il ne fait pas exercer de supériorité sur l’autre
- L’humilité, vertu à développer dès le plus jeune âge
- L’honnêteté, un des rudiments de l’éducation, marque d’affection et de respect
A propos des innus du Labrador
Les deux localités du Labrador sont Sheshatshiu , située au point de rencontre des lacs Grand (Kakatshu-utshishtun) et Melville (Atatshuinipeku), et Davis Inlet, ou Utshimassit , située sur une île au large de la côte nord du Labrador.
En 1999, l'organisme Survival International a publié une étude sur les conditions de vie dans les deux communautés innues du Labrador et sur les politiques gouvernementales favorisant leur localisation dans des villages éloignés de leurs terres de chasse traditionnelles. "Survival International" affirmait que ces politiques violaient le droit international.
Cette situation a amené le gouvernement canadien à allouer le statut d'indien aux Innus du Labrador en 2002, à allouer le statut de réserve indienne à la communauté de Natuashish en 2003 et à déménager et les Innus Mushuan (Davis Inlet) dans la nouvelle réserve de Sheshatshiu en 2006.
Les communautés isolées connaissent des taux élevés d'alcoolisme, d'abus de drogues et de suicide. En 1993, les Innus de Davis Inlet (Utshimassits) attirent l'attention de la presse mondiale sur le problème d'inhalation massive d'essence. Les enfants touchés par ce phénomène se rétablissent, mais l'incident finit par représenter les conditions de vie des communautés autochtones au Canada. En 2001, le gouvernement du Canada, celui de Terre-Neuve-et-Labrador et les Innus du Labrador élaborent une stratégie innue globale visant à régler certains problèmes des communautés innues. Un an plus tard, 680 personnes de Davis Inlet sont déplacées à Natuashish, à l'ouest de la communauté originale. Et les résidents de cette localité votent, en 2008, l'interdiction de l'alcool dans leur réserve.
Prendre connaissance du dernier reportage photo de Survival réalisé en 2012 par Joanna Eede.
image survival
Les réserves
Les réserves sont sous juridiction du gouvernement fédéral et sont de petites enclaves territoriales destinées uniquement à l’usage des amérindiens. Elles ne représentent qu’une infime fraction des territoires ancestraux de chasse sur laquelle les innus n’ont qu’un droit d’usufruit résiduel. Ils peuvent donc continuer d’y pratique des activités traditionnelles telles le piégeage à condition que ces terres ne soient pas octroyées à des exploitations ou compagnies forestières.
Réserve de natashqan (image jean gagnon)
Un site formidable sur lequel l’on peut visionner de nombreuses vidéos sur les coutumes innues Nametau-innu, mémoire et connaissance du Nitassinan.
Caroleone
Sources : wikipédia, érudi.org, sagesse primordiale.com, the canadianencyclopedia.com, nametauinnu.ca, André Pikutelekan, survival
Le coeur de la mort chez les Innus-Montagnais
Innu né à Betsiamites, il fut membre du comité des jeunes de Betsiamites et représentant des jeunes sur le Comité autochtone de gestion locale du même endroit. Il habite présentement Sainte-...
http://www.buddhaline.net/Le-coeur-de-la-mort-chez-les-Innus
Article complémentaire : La mort chez les innus d'André Pikutelekan
le drapeau innu source
Canada, Etats-Unis : Les peuples algonquiens - coco Magnanville
image femmes autochtones Jeangagnon ** Vaste ensemble de nations autochtones du Canada et des Etats-Unis qui inclut la nation des algonquins et qui ont la même souche et des langues apparentées. Ils
http://cocomagnanville.over-blog.com/2014/09/canada-etats-unis-les-peuples-algonquiens.html
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