Pérou : Le peuple Yaminuahua
Publié le 11 Avril 2012
Les yaminahua
Peuple autochtone de la forêt amazonienne qui vit le long de la rivière Mampuya sur la rive droite de l’Inuya (affluent de l’Urubamba) dans le département de l'Ucayali .
Ce peuple isolé n’en a pas moins été auparavant contacté comme les autres peuples isolés, il connaît parfaitement les méfaits de la civilisation extérieure.
Ils n’ont jamais été soumis au système des réductions jésuites.
Population : 600 personnes
Ce que leur nom veut dire : « gens de la hache de métal »
Langue : pano
Rites et coutumes
Chaque famille étendue n’exerce pas de pouvoir sur les autres, il n’y a pas de rapport de domination ni encore moins d’autorité. Chaque famille possède son abattis et sa maison et a une totale liberté de mouvement.
Au début des années 1960, les premiers contacts avec la société nationale, des groupes indigènes (amahuaca) et les bûcherons et missionnaires.
A ce moment là, les caractéristiques du peuple étaient :
- Nomadisme constant
- Habitat éloigné des grands fleuves
- Familiarité avec la forêt profonde
- Abattis peu étendus
- Faible importance de la pêche et des cultigènes dans l’alimentatio
- Groupes nombreux et atomisation par unités familiales
- Vols constants perpétrés envers les groupes sédentarisés et les bûcherons
De nos jours, cette époque est révolue et synonyme d’une grande souffrance et de pauvreté. Les haches de pierre qui sont encore utilisées pour retourner la terre des abattis ne permettaient pas, contrairement aux haches de maïs d’abattre de grands arbres.
Le maïs était planté dans un petit espace autour d’un arbre « lupuna ». Les gros animaux étaient fumés entiers et presque tous cuisinés avec les poils puisqu’il n’existait pas d’instruments pour les dépecer. Les abattis de petite taille nommés les « chacritas » étaient abandonnés après les semailles et retrouvés au moment où ils donnaient des fruits.
Ces anciens nomades, compulsifs, sorciers, exogames, ardents chercheurs de métal se sont acculturés petit à petit et ont modifié leurs coutumes.
Par exemple les abattis sont beaucoup plus grands permettant de planter plus de manioc qui sert de plus en plus à la fabrication du « masato »
Leur régime alimentaire est modifié avec moins de consommation de fruits qui représentent à présent des gourmandises, plus de poisson et moins de viande.
Importance du monde végétal
La richesse procurée par la forêt tient une place importante dans la culture yaminahua. Elle leur donne les matériaux pour construire les maisons et les pirogues, fabriquer des objets quotidiens, balais, nattes, éventail, pipes, arcs, flèches, manches de hache etc…..
Habitat
A présent, les yaminahua construisent leur maison dans le style régional en utilisant pour la structure des bois différents choisis pour leur dureté : " chapaja" (shëun), "yarian" (ëpë) pour le toit, pona (yapo) pour les murs et le sol.
Les balais et objets de la vie quotidienne sont fabriquées par les femmes avec la liane « tamshi », les paniers et les éventails en feuilles de « chapaja » ou de « huicongo » (padi pësko)
Ils ont adopté de nombreux objets des blancs à présent, comme le fusil, le filet de pêche et ont perdu l’habitude de confectionner leurs ustensiles.
Les connaissances des plantes
Les plantes médicinales sont très bien connues par ce peuple et ont plusieurs usages. Il y a les hallucinogènes, les plantes utilisées pour assurer de bons résultats à la chasse, les aphrodisiaques, les contraceptifs, les poisons, les plantes qui accélèrent le processus d’apprentissage des bébés, celles qui protègent des maladies.
Les disa
- Elles poussent naturellement dans les collines
- Elles sont publiques, n’importe qui peut les cueillir
- Elles ne sont connues en profondeur que des spécialistes
- Connaissances et usage traditionnels
- Elles requièrent une diète
- Elles s’utilisent en application, les feuilles bouillies sont mises sur les zones douloureuses
Les plantes des collines (autres que les disa)
Elles possèdent les mêmes caractéristiques que les disa sauf qu’elles ne requièrent pas de diète et sont utilisées :
- En bain
- Râper la racine, la mâcher, mélanger au masato et boire
- Mélanger avec de l’eau et boire
- Pétrir le corps avec la feuille
Les piri-piri
Ce sont les plantes cultivées dans les jardins :
- elles sont privées, achetées et semées dans les jardins particuliers
- elles sont connues de toute la population
- préparation : mâcher la racine et souffler
- faire un collier avec son fruit
- bains
- mélanger le fruit râpé avec de l’eau et boire le bouillon
Les plantes de jardin (autres que piri-piri)
C’est la même utilisation que les piri-piri sauf qu’on les prépare en infusion.
Toutes les femmes savent utiliser les plantes telles que les piri-piri ce qui évite de recourir à des spécialistes.
préparation du masato ( boisson fermentée à base de manioc)
Hallucinogènes et chamanisme
ayahuasca
Un des aspects centraux du chamanisme de ces groupes est l’ingestion d’hallucinogènes. Les plus visibles à cause de leur usage fréquent et de leur signification sont l’ayahuasca et le tabac mais il en existe d’autres.
L’ayahusaca est fortement associée au processus d’apprentissage et aux pratiques de guérison et d’agression chamaniques.
La manière la plus courante de faire du mal consiste à récupérer des restes corporels de la victime (ongles, cheveux, urine) de les mettre dans un récipient en terre nommé « shubu » et de formuler des incantations sous l’effet de l’ayahuasca.
L’ayahuasca est entourée d’un halo de dangers, aussi bien à cause de son association à la sorcellerie qu’à cause du risque encouru par son usage au cours d’un traitement. En tout cas, les cérémonies d’ingestion de l’ayahuasca ne sont pas célébrées exclusivement pour guérir quelqu’un ou pour agresser un ennemi.
liane pour l'ayahuasca banisteriopsis caapi
Le tabac (rubë) est utilisé fréquemment pour des traitements curatifs même s’il sert à ensorceler aussi. Il est consommé pour fumet dans les pipes et pas cultivé par les indiens qui l’achètent aux blancs.
Le piment (duxti) est une substance importante dans le chamanisme. Il est associé à la sorcellerie, les sorciers mâchent le piment en poudre et le soufflent sur le visage de la victime pensant à sa mort. On ne survit pas à cet ensorcellement.
Pour compléter cet article :
Le projet énergétique CAMISEA, les indiens isolés et la forêt amazonienne sur cocomagnanville.
Source : Laura PEREZ GIL, Miguel Alfredo CARID NAVEIRA (ulb.be)
Caroleone