Pérou : Les peuples isolés (PIACI)
Publié le 11 Avril 2012
Peuples isolés du Pérou
PIACI
image survival
Ces flèches disposées en croix signifient : DEFENSE D'ENTRER.......respectons leur intimité !!
Ils ont choisi délibérément de vivre isolés, ils existent bien, ils sont là au plus profond de la forêt amazonienne.
Ils sont mystérieux et veulent préserver leurs traditions et pour se faire, ils ont fait le choix de l’isolement qui leur a permis de se protéger depuis des siècles.
Ils ont eu certainement des contacts sporadiques lors du boom du caoutchouc qui a décimé une grande partie des indiens d’Amazonie à la fin du XIXe siècle.
Ce que nous connaissons d’eux vient surtout des personnes qui ont pu les approcher en réalisant des enquêtes sur le terrain, promoteurs et représentants d’associations des droits humains, missionnaires.
Leur population diminue rapidement, c’est incontestable. Lorsque les exploitants forestiers, les mineurs et les entrepreneurs arrivent, ils sèment dans leur sillage les maladies et les maux destructeurs de ces peuples protégés.
Je vais essayer de vous apporter quelques informations sur tous les peuples connus plus ou moins pour nous aider à les situer et à mieux les connaître.
Les caractéristiques physiques, ethniques, linguistiques, culturelles et cosmologiques des peuples isolés sont une richesse inestimable du patrimoine humain dont la diversification et l’existence sont constamment menacées par les agissements des secteurs de la société nationale qui visent l’exploitation irrationnelle et l’enrichissement aux dépens des populations indigènes et au prix de la dégradation totale des ressources naturelles et de la biodiversité que renferment leurs territoires.
Où vivent-ils ?
image joelf
Ils vivent tous dans la forêt amazonienne, dans les régions reculées à l’écart de la société dominante et des autres indiens.
Ils sont situés au sud est du Pérou, quelques-uns vivent au centre du pays et il existe certains groupes au nord ouest, à la frontière avec l’Equateur et au nord est à la frontière avec le Brésil.
Ils sont souvent au bord des cours d’eau suivants :
Tahuamanu, rio Las piedras, Manu, rio Los amigos, Purus, Curanja, Yurua, Serjali.
Indiens mashco-piro au bord du rio Las piedras (image survival)
Leur mode de vie
La plupart des indiens isolés sont nomades ou semi-nomades pour une raison toute simple : à la saison des pluies, ces dernières font monter considérablement les cours d’eau et les peuples partent donc plus profondément dans la forêt.
Lors des saisons sèches, le niveau des rivières est bas et les indiens reviennent installer leurs campements de pêche sur les plages dégagées des méandres des rivières.
Pendant la saison sèche viennent pondre dans le sable les tortues de rivières.
Ces œufs représentent une importante source de protéines pour les indiens qui sont très experts pour les découvrir et les déterrer.
Leur alimentation
Grâce à la forêt elle est riche et variée :
- Gibier : tapirs, pécaris, singes, cervidés
- Larves
- Poissons
- Fruits, noix, baies, racines, tubercules
Quelle langue parlent-ils ?
Pratiquement tous les peuples isolés cités parlent des langues panoanes (langues pano), une famille de langues amérindiennes d’Amazonie de l’ouest du Pérou et du Brésil.
Quelles sont les menaces qui pèsent sur eux ?
Je ne vais pas être originale dans tout ce que je vais citer, on retrouve comme d’habitude les hommes dits civilisés qui viennent avec leurs appétits voraces exploiter toutes les ressources de cette magnifique réserve naturelle mondiale qui regorge de tous les trésors. Mais le plus beau qu’elle recèle, c’est bien celui des peuples premiers qui sont les garants de sa préservation, j’en suis chaque jour persuadée et j’aimerais qu’après moi, vous en preniez tous conscience.
Ces hommes blancs apportent avec eux les maladies, les vices, les crimes, la pollution, la mort etc.…..
Voici donc les problèmes occasionnés :
- Maladies lors des contacts avec les indiens, malaria, grippes, maladies respiratoires etc.....
- Conflits entre les peupleS
- Conflits avec les colonS
- Exploitation illégale du bois (acajou et cèdre), le Pérou recèle les dernières réserves d’acajou les plus importantes au monde
- Orpaillage
- Construction de nouvelles routes
- Missionnaires, évangélistes
- Extraction pétrolière et gazière
L’évangélisation au secours des exploiteurs
C’est assez courant en effet que les entreprises qui souhaitent s’implanter tranquillement sur les terres indiennes fassent appel à des personnes et des institutions religieuses pour les étudier soi-disant, les évangéliser (missionnaires et catholiques) et les pacifier afin de les employer comme main d’œuvre bon marché, ou bien être tranquilles pour mener à bien leurs activités.
Les peuples isolés du Pérou
On estime qu’il y a environ 15 groupes distincts d’indiens isolés, je vais tenter d’aborder succinctement le plus grand nombre.
Voici le listing des peuples représentés :
- 1. Les nanti
- 2. Les kirineri
- 3. Les ashéninka
- 4. Les mashco-piro
- 5. Les nahua
- 6. Les murunahua
- 7. Les cashibo-cacataibo
- 8. Les isconahua
- 9. Les matsiguenga
- 10. Les amahuaca
1. LES NANTI
image survival
On les appelle aussi « kugapakori »
Population : environ 500 personnes
Ils vivent dans la réserve nahua-Kugapakori à 100 kilomètres du Machu-picchu près du rio Urubamba et le long de la rivière camisea.
Ce sont des chasseurs cultivateurs qui possèdent de petits jardins autour de leurs villages.
Ils entretiennent des contacts réguliers avec le monde extérieur même si certains vivent en isolement volontaire.
Dans les années 1970 à 1980, 30 à 60 % de la population a été décimée dans le haut Timpia.
En 1997, une épidémie de malaria est transmise par un visiteur de la réserve à Marankiato.
Nanti ou kugapakori (image survival)
nanti ou kugapakori (image)
2. LES KIRINERI
Ils sont localisés dans le haut Kipatsiani et à Nueva luz.
Les exploitants de bois ont introduit des épidémies de grippe qui ont contraint les indiens à sortir de leur forêt pour demander de l’aide.
En 1990 et 1992, plusieurs décès d’enfants ont été relevés de cas de grippe.
3. LES ASHENINKA
ashéninka (image survival)
Ne pas confondre avec les Ashaninka du Pérou dont j'ai déjà parlé dans un article.
Peuple d’horticulteurs, cueilleurs, chasseurs
Langue : arawak
Localisation et population
- Ashéninka pajonal (ou atsiri, ou pajonal ) : 12.000 personnes
- Ashéninka d’ucayali/Yurua, province d’Ucayali : 8700 personnes et 870 au brésil
- Ashéninka peréné : haut Peréné : 5500 personnes
- Ashéninkas Pichis, région du Pichi : 12.000 personnes
- Ashéninkas du sud ucayali, dans le haut-Ucayali : 13.000 personnes, certaines tribus partagent leurs terres avec les ashaninka du Tambon Ené (290 personnes)
Conceptions cosmologiques
En Amazonie bien souvent, chaque espèce animale est considérée comme une entité à part entière, une espèce de personne collective. Cette conception est soutenue par deux caractéristiques de la culture ashéninka, la langue er la place de l’homme dans l’univers.
Le jaguar par exemple se voit lui-même comme un homme et sa fourrure n’est que sa « kithaarentse » (tunique de coton traditionnel) aux dessins particuliers (ocelles).
ayahuasca
La possibilité de le percevoir dans sa forme humaine est accessible aux hommes qui ont suffisamment de formation chamanique et qui se servent de l’aide d’une liane qu’ils nomment « kamarampi » (banisteriopsis caapi, ou ayahuasca) ou consomment d’autres hallucinogènes.
Les rapports entre hommes et animaux sont conçus sur le modèle des relations humaines : les personnes animales y sont tantôt assimilées à des membres d’une ethnie différente, tantôt à des beaux-frères potentiels très lointains.
Ashéninka
La flore
La structure symbolique des espèces végétales est plus diversifiée. A l’un des pôles les plus éloignés des humains on trouve les arbres et les plantes de la forêt qui sont doués d’une personnalité bien définie. Les plus remarquables prennent la forme de peuple aux traits humains comme pour les espèces animales et ils n’apparaissent que lors de prise d’ayahuasca. Plus près des humains se trouvent les espèces cultivées :
- Le manioc ou « kaniri » : les sœurs
- Le maïs ou « shinki » : les cousins parallèles
- Le palmier ou « kiri » : les frères
Toutes les relations avec les espèces végétales et animales sont pensées par les ahéninka en terme de parenté : les animaux se situent dans les relations d’alliance alors que les plantes sont du côté de la consanguinité.
le manioc, kaniri
La forêt comme jardin
Contrairement à d’autres peuples amazoniens des groupes pano, les ashéninka ne voient pas d’espaces entre les parcelles cultivées, la forêt secondaire et la forêt primaire qui pour eux ne représentent pas une rupture mais une sorte de continuum. L’entretien des parcelles est minutieuse, chaque brin d’herbe est enlevé sur l’esplanade où sont construites les maisons, chaque parcelle cultivable est très bien entretenue après le brûlis ainsi que les chemins de forêt et les abords.
Les femmes rapportent de la forêt en plus des feuilles coupées, des morceaux d’écorces et de lianes, des boutures et des plantes qu’elles repiquent près des maisons ou dans les parcelles de culture.
Transmission des savoirs
C’est comme bien souvent une organisation tripartite qui ne suit pas toujours les règles néanmoins :
Les femmes : elles sont compétentes dans l’utilisation des plantes sauvages d’usage quotidien, alimentaire et médicinal.
Les hommes : ils ont les compétences pour les animaux, le bois et les palmes pour la construction et l’artisanat mais aussi la vente.
Le chamane : sa spécialité se situe dans le traitement des maladies d’influences malignes, la transmission des savoirs sur les plantes et les activités rituelles.
A vrai dire, dans les villages approchés, il a été constaté que les femmes possédaient les mêmes savoirs que les hommes et avaient les mêmes compétences au sujet des plantes et de leur utilisation.
Leader ashéninka
Il faut soigner ses champs, bien les désherber, parce que les plants de manioc sont nos sœurs : nous en mangeons, nous sommes faits d'elles. Si on ne désherbe pas, Pawa [Dieu solaire suprême/ héros civilisateur] punit. Elles deviennent tristes et elles s'en vont. Il y a les tiges, tout est normal apparemment, mais il n'y a plus de tubercules, seulement des racines comme celles d'un arbre de la forêt. C'est la même chose pour les bananiers, sous la pelure il n'y a plus rien, c'est tout sec."
4. LES MASHCO-PIRO
Mashco-piro, la photo qui a fait le tour du monde (© D.Cortijo/www.survivalfrance.org)
A présent que tout le monde s’est bien défoulé à diffuser les photos transmises par Survival , je vous parle un peu de ce peuple isolé que je ne souhaite pas différencier des autres peuples en isolement volontaire au Pérou.
C’est un peuple de chasseurs /cueilleurs nomades et semi/nomades qui vit dans le parc Manu, dans les états de Purus et Madre de dios.
Langue : piro (origine arawak)
Ses autres noms : cujareno, mashco qui est un terme péjoratif utilisé au XVIIe siècle pour désigner les personnes Harakmbut.
Population : Elle semble en augmentation, dans les années 1970 ils n’étaient plus que 20 à 100. De nos jours, il semble qu’il existe entre 100 à 250 indiens mashco-piro.
Au Brésil ils sont environ 300.
mashco-piro(image survival)
Leur habitat temporaire est constitué de huttes (tapiris) couvertes de feuilles de palmier jarina et construits parfois sur les plages pour l’utilisation lors des pêches.
1894 : Une partie de la tribu est décimée par l’armée de Carlos Fitzcarrald, les survivants se retirent dans des zones reculées de la forêt.
Septembre 2007 : Des écologistes filment une vingtaine de membres de la tribu à partir d’un hélicoptère au dessus du parc national Alto Purus. On peut y voir les huttes construites par ces derniers sur les bords de la rivière Las piedras. Au cours de la saison des pluies, les indiens abandonnent les huttes pour se réfugier dans la forêt tropicale.
Depuis la diffusion des photos de ces indiens isolés, des habitants de la commune de Diamante les aperçoivent de plus en plus souvent sur les berges des rivières ce qui les fait craindre des contacts involontaires qui seraient fatals aux mashco-piro.
Une organisation indigènes d’Amazonie et des indiens de la commune de Diamante ont conclu un accord pour construire un poste de surveillance qui sera géré par les populations locales et permettra de protéger la région de l’invasion des intrus surtout des bûcherons illégaux nombreux dans la région.
Huttes mascho-piro abandonnées (image survival)
image survival
5. LES NAHUA
nahua (survival)
Autre nom : les yora
Population : environ 450 personnes, deux groupes contactés et isolés.
Langue : pano
Les premiers contacts dans les années 1980 provoquèrent des épidémies d’infections respiratoires et décimèrent la population de plus de la moitié. C’est lors de l’introduction de la compagnie pétrolière SHELL sur leurs terres que ces indiens périrent. Pour calmer le jeu, les employés de shell achetèrent certains indiens en leur promettant des couvertures et des machettes.
Entre 1984 et 1990, le taux de mortalité était de 40 à 50 %.
Ils vécurent des conflits meurtriers avec les matsiguenka, ce qui provoqua de nombreux décès des deux côtés.
Aujourd’hui le projet de gazoduc sur la rivière Camisea se trouve situé sur leurs terres. Déjà, les fuites du pipeline camisea sont un vrai cauchemar écologique polluant un écosystème fragile d’une forêt dans laquelle les indiens se réfugient pour leur survie.
Montetoni, village nahua (image)
6. LES MURUNAHUA
Murunahua (© Chris Fagan/Upper Amazon Conservancy
Autre nom : chitonahua
C’est l’une des dernières tribus d’Amazonie (et certainement du monde) qui vit totalement coupée du monde extérieur.
Leur isolement les protège des maladies apportées par l’homme blanc. Pourtant des bûcherons attirés par les dernières réserves de bois d’acajou ou mahogany qui se trouvent dans la forêt amazonienne viennent troubler la tranquillité de ces derniers hommes isolés.
En juin 2011, le ministre péruvien de la culture a annoncé que la réserve murunahua ne serait pas fermée comme c’était prévu et qu’il était décidé) prendre des mesures en faveur de la protection des peuples isolés.
On attende de voir ça à l’usage bien entendu !!
7. LES CASHIBO-CACATAIBO
Population : environ 5000 personnes
Peuple de chasseur, pêcheur, cueilleur, horticulteur, qui pratiquent les cultures sur brûlis.
Localisation : Nord de Tingo Maria, sur les contreforts de la cordillère des Andes
Société patrilinéaire et patrilocale
Langue : cashibo famille pano
Le nom cashibo veut dire : « chauve-souris »
Ce groupe isolé vit au bord des rivières du parc national Cordillera azul. On les nomme parfois camanos ou cacataibos dans l’isolement.
Ils n’ignorent pourtant rien du monde autour d’eux mais ils ont choisi de vivre en dehors de lui. Ils savent fort bien que les premiers contacts avec le milieu civilisé anéantissent au moins 50 % de la population surtout à cause des maladies ou à cause de la violence.
8. LES ISCONAHUA
Isconahua (image)
Population : 80 personnes
Langue : pano
Ils vivent à la frontière avec le Brésil en isolement volontaire dans les canyons de la rivière Calleria.
En 1998, est créée la réserve Isconahua d’une superficie de 275.665 hectares pour protéger les derniers indiens isolés.
Cela n’empêche pas le gouvernement de donner l’autorisation à une compagnie pétrolière de procédre aux travaux d’extraction.
Depuis 2004, les indiens n’ont eu aucuns contacts avec le monde extérieur.
9. LES MATSIGUENGA
matsiguenga (image)
Autres noms : machiguenga, matsigenka, matsiganga, mañarié
Population : 10.100 personnes
Localisation : Vallées de l’Urubamba, camisea, Picha, Manu
Ils sont les représentants les plus méridionaux et les plus occidentaux de la grande famille des arawak.
Ce sont des horticulteurs, chasseurs, pêcheurs
L’horticulture tient une place importante chez ce peuple et l’intérêt porté à la terre les a désengagés des choses de la guerre.
Ils pratiquent une agriculture qui utilise le système rotatif de l’abattis-brûlis.
Sur les abattis sont cultivés le manioc doux, le maïs et les bananes qui sont cultivés dans trois chacras différents. Les arbres cultivés sont également les orangers, les citronniers doux, les manguiers et les papayers.
L’abattis commence après la saison des pluies, début mai et s’étend sur une période de deux mois. Tous les arbres de bonne taille sont abattus à la hache par les hommes. On les laisse sécher pendant deux mois et ensuite on les incendie, les cendres et la terre sont encore chaudes quand les indiens commencent déjà à nettoyer le terrain.
Le manioc sera planté dans le « yucal » avant la saison des pluies d’octobre/novembre.
Pour déterrer la yuca (manioc), les femmes se servent de machettes. Elles chargent ensuite le manioc dans un filet à bandeau frontal et regagnent leurs maisons. Le manioc ne reste pas plus de trois ans sur place sinon, ils deviennent durs et secs.
Les tâches agricoles sont essentiellement masculines en dehors de la plantation et de la récolte du coton qui sont le travail des femmes.
Matsiguenga (image Foto: Alonso Zarzar
Mode de vie
Les matsiguenga font partie d’une société matrilocale, les gendres vivent sur le territoire de la mère de leur première épouse. Les femmes détiennent les territoires et les hommes les exploitent en parfaite harmonie avec la matrilocalité.
Habitat
Dans le village il y a plusieurs sortes de maisons, elles sont construites pour durer plusieurs décennies.
- La maison-cuisine dans laquelle règne un capharnaüm et où le feu brûle en permanence. Son toit est ovale tombant bas, sans cloisons qui gêneraient le balayage des pluches.
- La maison-dortoir, complètement fermée par des cloisons en lames de chonta(bambou)
- La maison commune ou sociale, elle a un toit à double pente et aucune cloison
- Il y a également des poulaillers et des abris
La pêche
Elle se pratique avec une canne à pêche constituée d’un mince bambou flexible d’1m20 à 1m50 sur lequel on fixe un fil nylon et des hameçons métalliques. L’appât favori est la larve d’un palmier. La pêche aux crevettes de rivière se pratique avec un filet de coton qui ferme une poche montée su un bois, il mesure 55 cm de long sur 35 de large.
La chasse
Les chasseurs partent toujours chasser dans la forêt en couple, par paire ou à plusieurs. Les pièces abattues ne doivent pas être ramassées par le chasseur et l’un des deux ramènent tout le gibier. C’est une activité masculine et plurielle pour laquelle ils se peignent le corps à l’urucu.
Les femmes dépècent et découpent le gibier et distribuent les morceaux en fonction de la taille des familles. Pour les gros gibiers, ils sont parfois dépecés directement sur place par les hommes. La tête et les abats restent dans la maison du chasseur. Les tripes des gros mammifères sont lavées soigneusement, retournées et enfilées sur un bâton et servent à faire du boudin. Les techniques de chasse sont le tir à l’arc et les pièges.
Les arcs
Les matsiguenga utilisent deux sortes d’arc, l’un et l’autre sont en chonta et seule la taille les différencie. Ils sont fins et longs et dénotent une bonne facture. Le petit arc mesure moins d’un mètre de long et le grand lui mesure 1m50, voire 1m80 ou plus. La corde est en fibre de « caraguata » et se termine par deux boucles qui s’accrochent à chaque extrémité de l’arc. La flèche est très longue, la hampe est en gynerium sagittatum ou en saporo. Elle supporte différentes têtes au nombre de 12. Quand elle est empennée, c’est un type dit en spirale et les plumes sont fixées par un fil enduit de résine collante.
(image : Alonzo Zarzar)
Les pièges
Ils sont au nombre de six dont voici le détail :
- Saborarintsi : piège à petits oiseaux
- Yogashitira : piège à oiseau
- Bangonarintsi : cache au sol
- Tseibarintsi : piège à gros mammifères (tapir, cochon, cervidés)
- Tsigarintsi : piège à petits oiseaux placé dans la cime des arbres
- Ketorintsi : cache dans la cime des arbres
10. LES AMAHUACA
amahuaca (image)
Population : 500
Le nom qu’ils se donnent : « hondi kui »qui veut dire personnes réelle
Ils vivent dans l’état d’Ucayali (province d’atayala) et de Madre de dios, le long des rivières sepahua, iniya, purus et las piedras.
Langue : pano
Le premier contact avec les colons apporta son lot d’épidémies et de massacres et les obligèrent à fuir vers le Brésil.
En se déplaçant ils arrivèrent vivre près des indiens yaminahuas avec lesquelles ils eurent pas mal de conflits.
Après le boom du caoutchouc, le phénomène de l’hacienda est mis en place er les fermiers s’approprient les terres autochtones ainsi qu’exploitent les indiens qui fournissent une main d’œuvre à bas prix. Cette situation a également conduit à l’arrivée des missionnaires dominicains qui viennent aider les colons à s’installer et voler les terres en « pacifiant » à coup d’évangélisation les indigènes.
La population a considérablement diminuée depuis la colonisation passant de 9000 individus à un peu moins de 500 aujourd’hui.
amahuaca (image)
Les parcs et les réserves
Ils ont été créés pour la protection des peuples isolés ainsi que la préservation de l’écosystème, néanmoins cela n’empêche pas les intrusions de bûcherons illégaux et également des projets pétroliers votés dans les années antérieures et qui ne s’arrêteront devant aucun obstacle !!
- Réserve Nahua –Kugapakori
Créée en 1990, elle avait pour but la protection internationale des nahua et nanti ainsi que d’autres peuples indigènes de la région.
Le catalyseur a été le contact dévastateur des nahua avec les hommes blancs qui les ont décimé pour une grande part.
Dans cette réserve habitent les tribus machiguenga, les nahua et les nanti et elle est traversée chaque année par les mashco-piro.
Il faut préciser que c’est sur cette réserve que se trouvent 75 % du lot 88 de pétrole ainsi que 3 ou 4 plateformes pétrolières.
Le danger qui est le quotidien des indiens est lié aux bûcherons, aux évangélistes et missionnaires ainsi qu’au projet gazier sur la rivière camisea.
2. Parc national du Manu
Il comprend les régions de Cusco et de Madre de dios.
Superficie : 1.692.137 hectares (toute la vallée du Manu)
La zone noyau de la réserve de biosphère de manu est classée au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO en 1987.
Les tribus suivantes y trouvent refuge (si on peu dire !) : matsiguenka, amahuaca, piro , amarakaeri, nahua.
3. La réserve nationale de Tambopata-Candamo
Elle est créée en 1990
Située au Sud de Puerto Maldonado, elle forme un triangle de 1480 km2 à la frontière de la Bolivie qui occupe le bassin des rios Tambopata et Inambari. Ce secteur de la forêt amazonienne passe pour en être la partie la plus ancienne et l'une des plus riches en biosphère de toute la planète. Trois écosystèmes différents y voisinent : le "llano" amazonien, la "Selva alta" du versant andin oriental, et un paysage de "pampa" sylvicole, située sur la rive gauche du rio Heath. Onze type différents de forêts tropicales y cohabitent. On peut y observer encore des jaguars, des loutres géantes et des ocelots.
7000 habitants répartis dans plusieurs communautés indigènes habitent dans la zone protégée, ils se dédient pour la plupart à la cueillette, la coupe du bois et la culture des hévéas.
Sources : survival, tsenim, Marc Lenaerts anthropologue (ashéninka), France-Marie Casevitz-Renard (matsiguenga), un peu partout sur le net.
En espérant que vous en saurez un peu plus à présent sur ses peuples isolés, qui ne le sont pas tant que ça et que grâce à cet article vous prendrez encore plus conscience de notre devoir d'occidentaux qui est de faire pression autour de nous pour permettre à tous ses peuples de vivre en paix sur leurs terres reconnues et enfin respectées.
Préserver les coutumes particulières, les langues et les connaissances végétales de ses peuples est primordial pour l'humanité toute entière. Tout comme on tremble devant les craintes d'extinction d'une espèce animale ou végétale, tremblons plus encore devant l'extinction de races d'hommes, nos frères !!
Caroleone
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