Paul Eluard : Soeurs d'espérance et autres poèmes
Publié le 23 Décembre 2012
Pour les deux Serge.....et tous ceux qui aiment Eluard, Hélène Martin, Gérard Philipe........
Petite anthologie de poèmes de Paul Eluard (1895-1952) sur la guerre, la Résistance et la femme :
- Couvre-feu, dit par Gérard Philipe
- Un compte à régler, mis en musique et chanté par Hélène Martin
- Nous ne sommes pas seuls, dit par Jacques Marchais
- Sœurs d'espérance, mis en musique et chanté par Hélène Martin
- Bonne justice, dit par Gérard Philipe
- Le boniment fantastique, musique d'Hélène Martin, chanté par Jacques Marchais.
Extraits de "Eluard dit par Gérard Philipe" (disque Lucien Adès et Pierre Seghers, paru dans les années 50) et du disque 30
cm "Un jour viendra couleur d'orange", réalisé par Hélène Martin en hommage aux femmes de la Résistance, disques du Cavalier, 1972.
Il ne semble pas que ces disques aient été réédités, ni les extraits utilisés ici. A toutes fins utiles, on ne saurait trop
conseiller un détour sur le site d'Hélène Martin :
http://www.helene-martin.com/bonjour.html
Le Boniment fantastique
Le délire n'assure plus sa publicité,
ni par police, ni par guerre,
ni par asiles, ni par ses grands
discours de l'homme malheureux
Laissez-nous rire
Laissez-nous rire
Et l'homme parle et sait parler
Il dit sa personne physique
Ses yeux sa bouche ses oreilles
Tout l'essentiel et le durable
On ne prêche plus on ne prêche
Plus le bonheur à quelques sous.
Laissez-nous rire
Laissez-nous rire
On ne prêche plus on ne prêche
Plus le bonheur à gros milliards
Il n'y a plus d'enfants coupables
Il n'y a plus de femmes impures
N'y a plus d'hommes qui ont faim
Et la bêtise n'a plus de langue
Laissez-nous rire
Laissez-nous rire
Il n'y a plus de petits Juifs
Pour brûler dans les crématoires
Plus de putains pour faire pitié
Plus de soldats pour se faire tuer
Plus de canailles pour s'engraisser
Et nul n'a besoin de mentir
Laissez-nous rire
Laissez-nous rire
Il n'y a plus rien à voler
Il n'y a plus rien à renier
N'y a plus de publicité
Il n'y a plus d'intellectuels
Il ne reste plus de manuels
Qui s'estiment ou bien se méprisent
Laissez-nous rire
Laissez-nous rire
Il n'y a plus de poches percées
Ni poches pleines à craquer
Le passé est un œuf cassé
L'avenir est un œuf couvé
Le présent c'est mon cœur mon cœur
Ton cœur mon cœur ton cœur mon cœur...
(Paul Eluard, causerie radiophonique, 1949)