Mexique : Le peuple Triqui
Publié le 27 Décembre 2011
La nation Triqui et la commune autonome de San Juan Copala
Les Triquis forment un peuple situé dans les montagnes de la haute mixteca, état d'Oaxaca au Mexique. Au fond d'une cuvette, se trouve leur ville principale San Juan Copala.
La constitution de la république fédérale mexicaine reconnaît aux peuples indigènes le droit à l'autonomie ( art 2A).....elle garantit le droit des peuples et communautés indigènes à la libre détermination et à l'autonomie......sauf que les gouvernements successifs ont oublié de légiférer sur ce point !!
Donc, le peuple ou les communautés indigènes n'ont pas de personnalité juridique et n'existent pas.
Le peuple Triqui appartient aux communes mixtèques de Juxtlahuaca, Putla et Tlaxxiaco dans l'état d'Oaxaca.
L'entité fédérale de l'éta d'Oaxaca comporte 570 communes à laquelle il convient d'ajouter depuis le 1er janvier 2007, la commune autonome de San Jaun Copala fondée par le peuple Triqui.
Les Triquis de Copala sont parmi les premiers peuples indigènes à s'être rebellés contre le gouvernement mexicain quand le pays conquit son indépendance car les métis, que les triquis avaient aidés à conquérir le pouvoir les ont privés de leurs territoires et de leurs structures gouvernementales.
En 1832, une première rébellion éclate qui ne dure pas, les dirigeants sont emprisonnés et éxécutés.
Onze ans plus tard, nouveau soulèvement avec plus de succès, la rébellion s'étend aux autres peuples d'Oaxaca et du Guerrero jusqu'à ce qu'ils soient matés par l'armée.
Dans les années 1970, reprise de la lutte avec une organisation nommée le Club qui débouchera sur le mouvement d'unification et de lutte Triqui ( MULT) qui s'est battu pour démocratiser l'exercice du pouvoir dans la région, pour conquérir des libertés politiques, défendre leurs terres et les ressources naturelles.
En 2003, l'organisation se transforme en parti politique.
La commune autonome de San Juan Copala
Au Mexique, des communautés ont décidé de prendre ce qui leur revenait de droit comme les zapatistes au Chiapas. Dans l'état d'Oaxaca, c'est San Juan Copala qui est la première municipalité à revendiquer sont autonomie.
San Juan Copala et les communes qu'elle regroupe sont restées isolées pendant des siècles, abandonnées à leur sort par les communes desquelles elles font partie depuis 1948. Une brutale exploitation de la main d'oeuvre triqui et un pillage de leurs ressources naturelles persistent ce qui a poussé le peuple vers l'autonomie.
"Maintenant, nous allons nous gouverner nous-mêmes parce qu'eux ( les municipalités officielles) ne sont pas indigènes, ne sont pas des Triquis et ne savent pas gouverner" affirme Jorge Albino Ortiz, conseiller de l'APPO appartenant au mouvement d'unification et de lutte Triqui indépendant ( le MULTI).
Le gouvernement de l'état d'Oaxaca affirme que la création de cette commune ne repose sur aucune base légale et n'est pas viable car elle manque de ressources économiques qui lui permettent de bien fonctionner.
Artisanat triqui a san luis potosi
Depuis le 1er janvier 2007, date de la déclaration de l’autonomie, ces deux organisations ont peu à peu grignoté le terrain autour de Copala en s’emparant par la terreur des hameaux dispersés dans la montagne et faisant partie de la municipalité autonome. Ces organisations ont pu ainsi, grâce à l’appui inconditionnel qu’elles reçoivent de la part gouvernement, encercler peu à peu le chef-lieu, qu’elles maintiennent depuis lors sous le feu des armes. Les habitants risquent leur vie à tout bout de champ, les hommes, quand ils vont travailler leur milpa ; les femmes, quand elles tentent de se ravitailler, les enfants, quand ils sortent tout simplement jouer dans les rues. Depuis le début de l’année, 19 morts. Beaucoup d’habitants sont partis, fuyant ce climat de terreur permanent. Tout dernièrement les hommes de l’Ubisort s’étaient emparés du palais municipal. Réalisant une sorte de « coup d’État », ils s’étaient autoproclamés les nouvelles autorités de Copala. Les gens ont réussi tout de même à reprendre leur mairie et à en chasser les intrus.
La guerre. Chacun défend son territoire et le territoire qu’il a conquis : le MULT, l’Ubisort, le MULTI. Le MULTI, Mouvement unifié de la lutte triqui indépendant, est une scission du MULT, auquel il reprochait ses compromis avec le pouvoir central et ses connivences avec le PRI . Le MULTI lutte pour l’autonomie et l’autodétermination du peuple triqui, le MULT prétend lui aussi lutter pour la même cause. Et c’est peut-être ici, dans ces dédales, dans ces méandres des prétentions et des intérêts, que la pensée se perd et que le pouvoir triomphe. Tous réduits à la même enseigne dans une lutte fratricide. Pourtant, il y a bien longtemps, semble-t-il, dans le sable ocre du désert du Sonora, à Vícam, le délégué du MULTI et celui du MULT s’étaient serré la main, c’était en octobre de l’année 2007.
Nous sommes déconcertés, le pouvoir a réussi à isoler Copala, sur le terrain, en l’encerclant par les forces ennemies, mais aussi, un peu, dans l’opinion publique, la caravane qui prétendait forcer le blocus tombe dans une embuscade annoncée, ce n’est pas seulement au peuple triqui qu’il revient d’affirmer l’universalité de la pensée, mais à nous aussi, à l’Assemblée populaire des peuples d’Oaxaca, aux organisations civiles, à la section 22 du syndicat des travailleurs de l’éducation, au Congrès national indigène, à l’Autre Campagne, aux zapatistes..., c’est à nous tous à prendre la mesure de l’adversaire et à agir en conséquence.
Actuellement le Mexique connaît deux guerres civiles, une guerre civile spectaculaire, qui occupe le devant de la scène et le nord du pays, elle oppose l’armée et les cartels de la drogue pour le contrôle des États et des régions, et une autre guerre plus sournoise, moins visible, dont on parle peu, que la première a d’ailleurs pour but de cacher, c’est la guerre menée contre la population indigène, indienne ou métisse, contre tous ceux qui ont gardé une forme de vie sociale leur permettant encore de résister et de se rebeller face aux entreprises destructrices du capital. La première a été voulue par le gouvernement pour ses effets spectaculaires : en titillant un nid de vipères, Calderón pouvait bien s’attendre à quelques réactions, il sait aussi que cette guerre n’a pas de fin, qu’elle cessera tout bonnement quand il cessera d’asticoter les cartels, il a seulement besoin de cette guerre pour faire un écran de fumée, de bruit et de fureur, devant la réalité d’une guerre sociale dont on mesure encore mal l’ampleur.
Cette guerre menée contre les cartels de la drogue se présente comme l’inversion de la réalité, elle est visible quand la guerre réelle est cachée, elle est bruyante quand la guerre réelle se veut silencieuse... Pourtant elle fait partie de la guerre réelle, de la réalité de la guerre sociale au Mexique, elle en est un élément stratégique clé : tactique de l’écran, tactique de l’inversion, mais aussi celle de la terreur, de l’organisation de la terreur, tactique de la banalisation de l’horreur. Nous pourrions la qualifier d’un terme générique en faisant allusion à la stratégie du chaos.
Population : environ 23.000 personnes
Langues : triqui, mixtèque et amuzgo cuicatec appartenant à la famille linguistique mixtèque.
Artisanat
huipil triqui
Les femmes tissent des vêtements sur des métiers à tisser horizontaux et sur des métiers à piquets nommés "palan" : chemises en coton, robes, ceintures qui seront ensuite brodés.
Elles fabriquent également des chapeaux de paille tissés et des paniers.
Caractéristiques sociales
La cellule familiale traditionnelle comporte la famille élargie composée d'une famille nucléaire, des enfants et des filles non mariées.
Quand les femmes se marient, elles vont vivre avec les parents de leurs maris.
C'est une organisation clanique qui accepte les principes de la filiation et la territorialité : l'appartenance à un clan détermine les droits à l'usufruit de la terre ainsi que les choix ou les interdictions d'union.
Un site pour mieux connaitre les Triquis :
Radio triqui
TRIQUIS
Traduction carolita de l'article de l'INPI
Autodénomination et tronc linguistique
Les Triquis parlent des variantes linguistiques appartenant à la famille linguistique oto-mangue.
Langue
Cette famille de langues est la plus importante et la plus diversifiée du pays. Les langues de cette famille sont parlées de l'État de San Luis Potosí, Pame, à l'État de Oaxaca, Zapotèque. Il y avait des langues qui appartenaient à cette famille et qui étaient parlées au Chiapas, le Chiapaneco, et dans certaines régions d'Amérique centrale, le Subtiaba et le Mangue. Ces dernières langues sont aujourd'hui éteintes.
- 1. triqui de la alta /gui a’mi nánj nï’ïn
- 2. triqui de la media/stnáj ni’
- 3. triqui de la baja/tnanj ni’inj
- 4. triqui de San Juan Copala/ xnánj nu’ a
Localisation et zone écologique
La région qu'ils habitent est située dans la Mixteca de Oaxaca, et comprend une zone inférieure, dont la capitale est San Juan Copala, et une zone supérieure, dont la capitale est San Andrés Chicahuaxtla. Ils vivent sur le territoire connu sous le nom de "nœud mixtèque", au confluent de la Sierra Madre orientale et de la Sierra Madre occidentale. Les caractéristiques de la zone haute sont un climat tempéré et des sols de prairie et de végétation arboricole. La zone inférieure est caractérisée par un climat semi-tropical et la présence de sols de montagne complexes avec une végétation de forêt tropicale.
Organisation sociale
Les liens entre les parents et l'occupation du territoire ne peuvent être conçus indépendamment. L'accès à la terre est basé sur une logique qui conditionne les relations sociales, notamment celles qui mènent au mariage. Dans les hautes terres, le type d'organisation clanique demeure, où les principes de territorialité et de descendance coïncident. Chaque population constitue un clan et l'appartenance à celui-ci détermine les droits à l'usufruit de la terre et à la résidence en son sein, ainsi que les préférences et les interdictions de choisir avec qui contracter le mariage. Le chef de la lignée est chargé de la distribution des parcelles de terre aux chefs de famille. Il est également la personne qui sert de médiateur entre les voisins en cas de conflit foncier, et il est chargé de promouvoir la coopération entre les habitants, ce qui donne de la cohésion au groupe.
Autorités
Le pouvoir politique s'exerce entre les "principales" et le cabildo constitutionnel. L'agence municipale est composée de l'agent municipal, du maire municipal, du secrétaire, du maire constitutionnel (juge pénal), du capitaine de police, de six conseillers ; du commissariat des biens communaux : président, secrétaire, conseil de surveillance, trésorier et deux membres. Dans les communautés, les charges durent un an et les personnes élues sont proposées par une assemblée générale des propriétaires communaux.
Dans le travail collectif appelé tequio, la majorité des hommes de la communauté participent dès l'âge de 16 ans. Le tequio est obligatoire et non rémunéré et les principales activités sont liées à l'agriculture et à la construction et la conservation des ouvrages qui appartiennent à la communauté. La conformation du tequio correspond aux autorités de l'agence municipale. La participation au tequio donne du prestige devant la communauté et est considérée comme une exigence pour l'intégration des postes d'autorité.
Religion et cosmovision
Le système des charges ecclésiastiques est structuré en une série de responsabilités obligatoires et est basé sur l'accomplissement de festivités à caractère religieux. Il est composé d'un prêtre, d'un grand procureur (sacristain), de trois petits procureurs, d'un procureur hebdomadaire et de dix à quinze intendants qui sont chargés de mener à bien les festivités.
Activités productives
Le peuple Triqui cultive entre autres du maïs, des courges et des haricots. Dans la zone inférieure, ils cultivent également de la canne à sucre, des bananes et du café pour le commerce. Ils utilisent des outils tels que la charrue à socs en bois ou en métal pour labourer la terre et le carrosse à pointes de fer. Dans leurs usages et leurs coutumes, la terre est comprise non seulement comme un moyen de production, mais aussi comme l'espace où leur culture est recréée.
Fêtes
Les principales festivités sont consacrées au saint patron de la communauté. Les plus importantes sont les festivités du 25 avril, jour de la San Marcos, le dieu de la pluie ; du 24 juin, jour de la San Juan, à San Juán Copala ; du 28 septembre, jour de la San Miguel Arcángel ; du 30 novembre, jour de la San Andrés, à San Andrés Chicahuaxtla, et du 11 novembre, jour de la San Martín à San Martín Itunyoso.
Gastronomie
Leur gastronomie est très variée et parmi leurs plats principaux figurent les enchiladas, les chileatoles, le barbecue de cerfs et les chilates de res pour le Jour des Morts. Ils mangent aussi des insectes comme les "chicatanas" qui sont des fourmis, des vers et une espèce particulière de guêpe appelée "chango", ils mangent aussi des herbes sauvages, des champignons et des patates douces, et comme boisson ils élaborent une tepache à laquelle ils ajoutent du piloncillo et du chile de árbol.
Vêtements traditionnels
Les femmes tissent sur un métier à tisser à la taille et sur un métier à tisser horizontal à quatre rangées de fils, appelé "malacate" ; elles confectionnent des écharpes et des chemises, et élaborent des chapeaux de palmier et des paniers. Les huipiles (robe qui commence au cou et se termine aux chevilles) tissées par les femmes sur un métier à tisser à ceinture avec du fil de laine peignée ou de soie, avec des motifs colorés et différentes nuances de rouge, sont un exemple clair de leur grande habileté puisqu'il faut de 3 à 6 mois pour les réaliser selon le dessin et la taille. Le huipil est l'un des symboles les plus représentatifs du peuple Triqui.
Musique ou danse
La musique traditionnelle comprend la guitare, le violon et le tambour, et parfois l'orgue à bouche. La guitare est jouée avec seulement cinq cordes, disposées dans un ordre différent et avec un accordage particulier qui lui donne un son distinctif. La plupart des chansons sont instrumentales et chaque chanson est généralement associée à une histoire connue de la communauté. La musique est jouée lors des mariages, des enterrements, des festivals religieux et des rassemblements informels.
Médecine traditionnelle
Les curanderos traitent généralement des maladies courantes comme les vomissements, la diarrhée, les maux d'estomac, les vertiges, les coliques, la grippe, la toux, entre autres, et ils traitent également des affections surnaturelles comme le mauvais œil et les douleurs dues au mal. Le guérisseur fournit des remèdes à base de plantes et maîtrise un large éventail de procédures. Il a également recours à la "purification" avec des grappes d'herbes, ou au passage d'un œuf sur tout le corps, et à la méthode consistant à "souffler" les malades avec divers liquides préparés à partir de plantes médicinales mélangées à de l'eau-de-vie, du mescal ou de l'alcool.