Mexique : Alerte rouge dans l'isthme de Tehuantepec

Publié le 5 Février 2013

ALERTE ROUGE – MANŒUVRES AFIN DE ROMPRE LA RESISTANCE CONTRE LE PROJET
EOLIEN « MARENA RENOVABLES »

Traductions de deux communiqués relatant le contexte et les affrontements
de ce week-end dans la communauté d'Alvaro Obregon, où un campement
permanent a été mis en place depuis deux mois afin d'empêcher l'accès de
l'entreprise "Mareña Renovable" à la langue de terre de Santa Térésa, au
coeur de la lagune inférieure de l'isthme de Tehuantepec, où les fonds
d'investissements internationaux comptent installer 140 aérogénérateurs.

Après plusieurs affrontements le vendredi soir et dans la journée de
samedi, ce sont plusieurs milliers de zapotèques déchainés qui, ce
dimanche, ont mis de nouveau en déroute plusieurs centaines de policiers
de l'Etat de Oaxaca.

Pour le contexte général de cette résistance déterminée des villages
zapotèques et ikoots de l'isthme aux moulins à vent du nouveau capitalisme
vert, lire le très bon article d'Alessi dell'Umbria "Que bronca en San
Dionisio!", http://www.article11.info/?Que-bronca-en-san-dionisio
ainsi que les chroniques de George Lapierre publiées sur le site internet
"la voie du jaguar" ( http://www.lavoiedujaguar.net ).

Une très bonne vidéo de 5 mn (en espagnol) a été realisée par les compas
de "Proyecto Ambulante":
http://www.proyectoambulante.org/index.php/noticias/oaxaca/item/352-video-marena-renovables-represion-policial-en-alvaro-obregon

et deux interviews très fortes, de quelques minutes chacune:
http://www.proyectoambulante.org/index.php/noticias/oaxaca/item/352-video-marena-renovables-represion-policial-en-alvaro-obregon

http://www.proyectoambulante.org/index.php/noticias/oaxaca/item/352-video-marena-renovables-represion-policial-en-alvaro-obregon

Juridiquement et sur le terrain, l'avantage semble à l'heure actuelle être
du côté des compas... ce qui laisse du coup, laisse craindre sur place une
militarisation ou d'autres dérapages, dans une région où l'emploi de
tueurs à gages est pratique courante.

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ALERTE ROUGE – MANŒUVRES AFIN DE ROMPRE LA RESISTANCE CONTRE LE PROJET
EOLIEN « MARENA RENOVABLES »

PROVOCATIONS, CRIMINALISATION ET POTS-DE-VIN

Depuis le 30 janvier dernier s’intensifient les actions du gouvernement de
Oaxaca et de l’entreprise Mareña Renovable, afin de rompre la résistance
des indigènes binniza (zapotèques) du village d'Alvaro Obregon,
appartenant à la municipalité de Juchitan. Le 31, six patrouilles de la
police de l’Etat étaient mobilisées pour protéger l’entrée de
l'entreprise, ce qui a provoqué la mobilisation des communautés d’Alvaro
Obregon et de San Dionisio del Mar, qui de manière pacifique ont expulsé
les envahisseurs.

Le jour suivant, des employés du secrétariat général de gouvernement
(SEGEGO) sont entrés dans la communauté accompagnés de dizaines de
policiers en tentant d’intimider les comuneros et en leur disant que le
recours interjeté contre le projet éolien n’avait aucune valeur. Alors
qu’avait lieu le dialogue, une camionnette de l’entreprise tenta de
franchir la barricade et fut bloquée immédiatement, ce qui poussa
l’employé de la SEGEGO, Rodrigo Velazquez, a communiquer par radio une
supposée prise d’otage. Face à la détermination des centaines de femmes et
d’hommes zapotèques, les fonctionnaires et la police de l’Etat se
retirèrent. Ce même jour, mais cette fois-ci à San Dionisio del Mar, en
violation de la loi agraire, le Commissaire Communal tenta de réaliser une
assemblée ordinaire sans convocation préalable, ce qui provoqua
l’énervement et la mobilisation de centaines de comuneros qui empêchèrent
la manœuvre. Le commissaire dénonça immédiatement le fait qu’il aurait été
privé de liberté et menacé.

Depuis le 24 janvier, les fonctionnaires du gouvernement et les
représentants de l’entreprise Mareña Renovables réalisent des réunions
avec les dirigeants de l’organisation COCEI avec lesquels ils ont convenu
d’aides financières en échange de leur engagement à rompre le mouvement
d’opposition. Ces discussions conclurent le 30 janvier dernier, date à
laquelle ils reçurent de l’argent d’un programme d’emploi temporaire. La
nuit du 31 janvier un agent d’Hector Sanchez, dirigeant de la COCEI et
ancien employé du gouvernement d’Ulises Ruiz, fut surpris en train de
distribuer de l’argent à des paysans d’Alvaro Obregon, afin qu’ils cessent
de participer aux actions de protestation. Il fut poursuivi mais réussit à
s’enfuir. La pratique des pots-de-vin a été utilisée régulièrement par
l’entreprise afin d’acheter les autorités locales et les opposants.

De son côté Jonathan Davis Arzac, un des cadres de Mareña Renovables, a
réalisé ce 31 une conférence de presse convertie en un acte de chantage et
de provocation, où fut lancé un ultimatum au gouvernement de Gabino Cué
afin qu’il applique la loi contre la "vingtaine d’individus" qui
s’opposent au projet, en menaçant de déplacer les investissements vers un
autre lieu. Il importe bien peu à ce monsieur Davis qu’il existe un
recours légal en vigueur empêchant la réalisation des travaux sur place,
suspension violée également par le gouvernement de l’Etat au travers de la
protection accordée aux employés de l’entreprise afin de réaliser des
travaux sur la barre Santa Térésa. Le désespoir de l’entreprise mène le
conflit à un point de collision où un bain de sang est possible.

L’information a également filtré au sujet d’une réunion réalisée jeudi
dans l’après-midi, durant laquelle des fonctionnaires de l’Etat
appartenant au parquet et à la police générale planifieraient une
opération afin d’arrêter les représentants de l’opposition au projet
éolien, et parmi eux à Rodrigo Flores Peñaloza.

Aujourd’hui 1er février, une grande tension règne dans la zone d’Alvaro
Obregon, où la présence de nombreux éléments de la Police Fédérale et la
rumeur que l’entreprise entrerait sur la barre « à feu et à sang » ont
provoqué le regroupement de plusieurs centaines de paysans et de pêcheurs
zapotèques et ikojts afin de renforcer la barricade située sur place.

Devant la gravité des faits, nous lançons un appel urgent aux
organisations des droits humains et aux organisations indigènes, ainsi
qu’à la section 22 de la SNTE, aux réseaux nationaux et internationaux et
aux activistes des médias afin qu’ils agissent immédiatement face à la
menace imminente d’une agression de la police de l’Etat.

Bien à vous, l’UCIZONI

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COMUNIQUE

LA POLICE DE L’ETAT REPRIME BRUTALEMENT DES INDIGENES DE OAXACA, LES FLICS
DEFENDENT LES INTERETS ETRANGERS

[3] FEVRIER 2013

Dans la nuit du premier février le village en résistance d’Alvaro Obregon
a été brutalement attaqué par la police de l’Etat de Oaxaca, les flics ont
débarqué avec plus de 400 éléments armés et ont pris les indigènes
zapotèques par surprise en arrivant à pied depuis tous les alentours des
maisons. Face à cette opération les indigènes, étant attaqués, se sont
défendus avec des bâtons tandis que le voisinage rejoignait défendre leurs
compagnons du campement situé dans l’ex-hacienda du General Charis [figure
révolutionnaire de l’isthme, ndT], tandis que d’autres appelaient par
haut-parleurs la communauté [à se rassembler]. La confrontation dura
quelques minutes avant que la communauté ne force la police de Oaxaca à se
replier.

Sans aucune marque de compassion, les policiers prétendaient ensanglanter
le village indigène d’Alvaro Obregon, s’approprier du campement et
protéger l’entreprise espagnole Mareña Renovable, qui par les coups, le
sang, la violence et les menaces, prétend spolier les indigènes de leurs
territoires et des lagunes dont ils tirent leur alimentation.

[NdT : Mareña Renovable est en fait une société « mexicaine » au capital
international : un fonds de retraite néerlandais, un fond d’investissement
australien, Mitsubishi et FEMSA/Coca-Cola].

Les menaces et la répression que reçoivent les indigènes de Oaxaca ont
augmenté du fait des ordres lancés par l’entreprise Mareña Renovable.

Hier 2 février la police de l’Etat a tenté de nouveau de pénétrer la
communauté d’Alvaro Obregon avec 400 éléments de police qui ont tenté
d’encercler le campement en résistance. Il y eut 3 affrontements, le
premier dans la partie qui va vers la barre de Santa Térésa, le segond
vers la lagune Punta de Agua, et plus tard quand la police de l’Etat a
tenté d’arrêter trois pêcheurs qui allaient à la pêche avec leur matériel.
L’un d’entre eux dans le tumulte réussit à s’échapper, et les enfants et
personnes qui se trouvaient près du lieu d'arrestation purent donner
l’alerte au campement, d’où sortit un groupe de personnes afin de tenter
de libérer les pêcheurs des mains de la police, motif du troisième
affrontement.

Les pêcheurs injustement arrêtés, Rubén Hidalgo Canseco et Heliodoro
Herrán González, ont été emmenés au baraquement de la communauté “El
Espinal” où ils subirent un traitement inhumain et ont été retenus
plusieurs heures avant d’être libérés aux alentours d’une heure du matin
[sous la pression de la foule, Ndlr..].

NOUS EXIGEONS LE DEPART IMMEDIAT DE L’ENTREPRISE « MAREñA RENOVABLES » DU
TERRITOIRE MEXICAIN, RESPONSABLE DE GENERER LA VIOLENCE DANS DIFFERENTES
COMMUNAUTES INDIGENES.

NOUS EXIGEONS LE DEPART DE MARCO TULIO LÓPEZ ESCAMILLA SECRETAIRE DE
SECURITE PUBLIQUE DE L’ETAT DE OAXACA POUR LES COUPS, MAUVAIS TRAITEMENTS
ET LA REPRESSION EXERCEE CONTRE LES PEUPLES ORIGINAIRES.

ASSEMBLEE DES VILLAGES INDIGENES DE L’ISTHME EN DEFENSE DE LA TERRE ET DU
TERRITOIRE.

 

 

 

Et puis pour en savoir plus sur cocomagnanville :

 

Les ikoots ou huave  ICI

 

Les  zapotèques    ICI

 

Le corridor éolien de l'ishtme de Tehuantepec, le business vert et les zapotèques    ICI

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Mexique, #indigènes et indiens

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