Liquidation de Ben laden : le temps du massacre

Publié le 3 Mai 2011

Liquidation d’Ossama Ben laden

 

 

 

 

Pathé MBODJE
La liquidation de Ben Laden, le Premier mai, ouvre de nouvelles perspectives au président Obama au plus bas dans les sondages mais laisse de grandes zones d’ombre sur les conditions de la mort du N° 1 de la nébuleuse "Al Qaïda" ; son discours aux relents de campagne électorale appelle à l’unité et à une confiance au pouvoir qui continue de traquer le Mal mais occulte le fond réel : au terrorisme intellectuel de l’Occident qui s’impose en modèle unique, avec comme tête de file les États-Unis, répond en effet un terrorisme physique à soubassement religieux qui survivra au chef de cette hydre de Lerne qu’était Ossama Ben Laden. Et l’idéologie dégagée dans le cas d’espèce revient à trahir en annonçant.


Le scénario était trop bien pensé, pour ce navet sans autre "happy end" de série « B » que le massacre d’Oussama Ben Laden du Premier mai ; et, comme dans cette Amérique de la démesure, la ficelle était trop grosse et jurait avec les pratiques sécuritaires élémentaires pour un géant de la trempe du chef d’Al Qaida qui se savait en perpétuel danger de mort : une filature qui dure le temps d’une gestation (d’août 2010 à mai 2011, aux dires d’Obama), une localisation permanente de la même durée, à quelques encablures de la capitale pakistanaise, une compagnie douteuse d’anciens policiers pakistanais à la retraite, tout, dans le discours du président américain, ce 2 mai, sonne faux pour les spécialistes du renseignement. Tout, jusqu’au montage grossier avancé comme preuve du cadavre d’Oussama Ben Laden que tout stagiaire en anthropométrie peut facilement démonter devant ce cadre exquis. Comment comprendre en effet qu’un commando de vingt éléments, choisis parmi les meilleurs, ayant localisé par géo-thermie les occupants de la maison, mette 40 minutes pour un raid prévu pour 10 minutes, 15 au maximum ? Pourquoi gonfler un nombre de présents (des policiers pakistanais à la retraite) pour évoquer finalement quatre victimes dont Ben Laden, une de ses épouses et un de ses fils ? Pourquoi prétendre vouloir capturer l’ennemi public numéro Un vivant et faire un véritable massacre (un carton dans leur jargon) en avançant comme argument un bouclier humain dont se serait servi Ben Laden ? Pourquoi recourir à un truquage pour présenter une dépouille que, dans la réalité, on a déchiquetée ?

 

L’acteur de série « B » Ronald Reagan avait imaginé mieux, la guerre des étoiles et les "Reaganomics", pour se tailler un second mandat en montrant ses biceps et ses limites épistémologiques ; Barack Hussein Obama lui, verse dans le puéril qui prêterait à rire s’il n’y avait d’un corps criblé de balles et impossible à présenter comme hure. S’il avait imaginé pareille stratégie pour se faire mousser, il est assurément passé à côté de la plaque : le Premier mai, comme dans le film de Sergio Leone, les colts ont craché la mort et ce fut le temps du massacre.

 

Ainsi, si le programme 2012 du président Obama a un visage, celui tuméfié et truqué d’Oussama Ben Laden tué à Abbottabad, une ville située au nord d’Islamabad, au Pakistan, lors d’une opération menée par un commando des forces spéciales qui n’ont pas chômé en ce Premier mai, bien au contraire ; il lui manque un corps, quelque désarticulé qu’il soit, pour tenir debout. Qu’importe alors si, en effet, les forces spéciales yankee sont revenues avec un gibier de poids derrière lequel courait la meute depuis près de dix ans : Oussama Ben Laden, celui qui a eu la force et la ruse de faire douter l’Amérique avec les attentats de septembre 2001 en lui infligeant la pire des humiliations : l’attaquer en plein cœur, elle qui se disait invincible, première puissance du monde.

 

L’incendie de la maison pour un raid trop long (une quarantaine de minutes) était superfétatoire qui devait servir à effacer des traces compromettantes que les dilettantes de la police pakistanaise, peu outillés et volontairement maintenus dans le dénuement le plus total, n’auraient pu déceler comme éléments de preuves accablantes du jeu de massacre auquel se sont livrés les soldats américains ce dimanche. Mais le feu devait aussi être du scénario, pour compléter la parodie de décor hollywoodien de New York avec l’effondrement de tours jumelles avec les flammes du coucher du soleil.

Le corps de Ben Laden a été "récupéré", puis "inhumé" en mer, dans un lapsus fatal repris par le monde entier, ce lundi, immergé probablement sous une tonne de ciment et de fer, pour symboliser l’effondrement des deux tours jumelles sous un fatras de ferraille et de poussière ; la pointe s’enfonçant droit dans l’immeuble vaut bien cette masse jetée à l’eau du haut d’un hélicoptère et coulant à pic, sans tenir compte des obligations religieuses, pour accomplir une vengeance ou une justice égale à la profanation du droit des quelque 3.000 victimes des deux tours près de dix ans plus tôt. Pareil procédé rappelle les heures les plus sombres des dictatures sud-américaines , kil n’y a pas à dire : on ne refait pas le monde.

 

Le défunt était un motif d’élection et de réélection ; le cow-boy Bush Jr avait gagné "Four more years" dans la chasse à Ben Laden, dans un ultime mandat constitutionnel, avec le secret espoir qu’il l’aurait sans jamais l’avoir, ce qui justifiait son programme, comme il a fait sortir Saddam Hussein de son trou ; et, aujourd’hui encore, sous la même logique inverse, le ramollissement cérébral occidental verra plus la vengeance du peuple américain meurtri en 2001 par l’attentat de Al Qaïda que le fond idéologique du terrorisme intellectuel de l’Ouest qui s’impose en modèle unique, avec comme tête de file les États-Unis, auquel devait obligatoirement répondre en retour un terrorisme physique à soubassement religieux antérieur à Ben Laden et à sa nébuleuse ; le terrorisme actuel, vieux de plus de cinquante ans, trouve sa base au Proche-Orient et des adeptes partout à travers le monde, pour secouer la morale internationale tolérante dans le génocide qui se déroule tranquillement en Palestine, dans la lâcheté la plus totale.

 

La polémique enfle, à propos du cadavre volé et profané. La précipitation avec laquelle les autorités américaines ont cherché à s’en débarrasser laisse à penser que la supposée balle reçue par Ben Laden devait être assez grosse pour lui fracasser la tête dont il ne resterait qu’un moignon...le reste devant se calciner dans les flammes de l’enfer allumées à dessein.

Depuis 10 ans, au nom de la lutte contre le terrorisme international, le "tout sécuritaire" expliquait toutes les violations de droits de pays en développement ; aujourd’hui, la bataille de la paix n’est pas gagnée pour autant et l’humanité n’a jamais été aussi en danger avec la disparition de Saddam Hussein et de Ben Laden ; les soubresauts et les répliques post-mortem de la tête de Al Qaïda secoueront encore le monde quelque temps.

 

Pathé MBODJE

 
journaliste, sociologue

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Rédigé par caroleone

Publié dans #PolitiqueS

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Commenter cet article
C
<br /> <br /> Cher papy, Je te sens révolté, quand sors t-on les barricades ?<br /> <br /> <br /> Je ne suis pas au courant pour le discours du nain, mais je suis certaine de n'avoir rien raté.<br /> <br /> <br /> A quand la révolution des fourmis ?<br /> <br /> <br /> Bises . caroleone<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> C'est exactement le scénario que Sarközy vient de reprendre pour son compte car si l'on écoute bien son discours prononcé à Orly à la mémoire des victimes de l'attentat de Marrakech, il est en tous<br /> points identique à celui prononcé par George W Bush suite au 11/9. Les circonstances même si le nombre de morts est moindre n'en sont pas moins dramatiques. Je trouve écœurant d'utiliser<br /> d'innocentes victimes pour faire de la récupération politique en vue d'une réélection.<br /> Comme on dit vulgairement, c'est l'occasion qui fait le larron !<br /> <br /> On vit vraiment dans un mode pourrit par toutes ces pourritures qui sont à la tête des états complices des yankees.<br /> <br /> <br /> Bisous,<br /> Le Papy<br /> <br /> <br />