Les Zo'é : Sortir lentement de l'isolement
Publié le 14 Avril 2011
Facilement reconnaissables grâce à leur long labret, les Zo’é sont entrés en contact avec le monde extérieur en 1982 avec l’arrivée des missionnaires évangéliques. Décimés peu après par les épidémies, leur population est de nouveau croissante.**
Un mode de vie paisible
Les Zo’é sont un petit groupe d’Indiens relativement isolés qui vit dans les profondeurs de la forêt amazonienne du nord du Brésil. Ce n’est qu’à partir de 1987, lorsque des missionnaires évangélistes des Nouvelles Tribus ont établi un avant-poste sur leur territoire qu’ils ont été en contact permanent avec le monde extérieur. Leur territoire a été officiellement reconnu par le gouvernement qui contrôle son accès afin de réduire les risques de transmission de maladies potentiellement mortelles telles que la grippe ou la rougeole.
Les Zo’é vivent dans de grandes maisons rectangulaires au toit recouvert de palmes et ouvertes de tous les côtés. Plusieurs familles y cohabitent et chacune possède son propre foyer pour la cuisine et son propre emplacement pour y tendre les hamacs.
Les femmes zo'é portent leurs bébés dans des pièces d'étoffe tissées en fibres de palmier ou en coton. |
Les Zo’é apprécient particulièrement les noix du Brésil et installent souvent leurs communautés dans des zones riches en noyers du Brésil. Ces noix sont non seulement une excellente source de protéines, mais leurs coquilles sont utilisées pour fabriquer colliers et bracelets et leur fibre sert à confectionner les hamacs.
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Une famille se repose dans un hamac en fibres de noyer du Brésil. |
Les communautés zo’é sont entourées de grands jardins où sont cultivés le manioc et autres tubercules, des piments, des bananes et beaucoup d’autres variétés de fruits et de légumes ainsi que du coton avec lequel ils confectionnent des ornements corporels, des hamacs, des porte-bébés et les liens pour fixer les pointes de leurs flèches.
Les Zo’é sont polygames, les femmes comme les hommes peuvent avoir plus d’un partenaire. Il est très courant que les époux d’une femme se marient avec les filles qu’elles ont eues avec d’autres hommes.
Dans la société Zo’é, tout le monde est égal. Il n’y a pas de chef, même si l’opinion de certains sages, connus comme les ‘yü’, a davantage de portée sur les questions de mariage, de répartition des jardins ou d’établissement de nouveaux lieux de vie.
Les hommes sont des chasseurs très adroits. La chasse se pratique souvent individuellement mais, à certains moments de l’année – notamment à l’époque du macaque ou du vautour royal – des chasses collectives sont organisées. Lorsque des troupeaux de pécaris se regroupent, les Zo’é les chassent collectivement, tandis que les femmes recueillent les bébés abandonnés qui sont rapportés à la maison et élevés comme des animaux domestiques qu’ils appellent ‘raimbé’. Les Zo’é pêchent également avec des harpons ou avec du ‘timbó’ – un poison confectionné à partir de plusieurs plantes grimpantes.
Ornements corporels et rituels
Dès l’enfance, tous les Zo’é portent le ’m’berpót’, un long bâtonnet de bois, dans la lèvre inférieure.
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On perce la lèvre inférieure des enfants zo’é dès l’âge de 7 ou 9 ans. En grandissant, ils porteront des bâtonnets de plus en plus gros.
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Les Zo’é racontent qu’un ancêtre du nom de Sihié’abyr leur a appris l’usage de bâtonnet. L’une des cérémonies les plus importantes, qui est aussi un rite de passage à l’âge adulte, consiste à percer la lèvre inférieure. Pour cela, on utilise un os pointu de la patte du singe-araignée et un bâtonnet de petite taille est inseré, dès l’âge de sept ans pour les garçons et neuf ans pour les filles. En grandissant, ils porteront des bâtonnets de plus en plus gros.
Les femmes portent des coiffes très élaborées faites des plumes blanches qui recouvrent le ventre des vautours royaux et peignent leur corps avec de l’urucum, une pâte rouge vif confectionnée à partir de graines de roucou écrasées.
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Comme de nombreux Indiens d'Amérique du sud, les Zo'é utilisent le roucou pour se peindre le visage et le corps.
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Les rituels accompagnent de nombreux événements de la vie des Zo’é, comme la naissance, la mort, la première menstruation et le premier tapir chassé par les garçons adolescents. ’Seh’py’ est probablement la plus grande cérémonie collective qui a lieu pour célébrer tout événement important. Elle tire son nom d’une boisson non fermentée servie pendant le rituel et qui est élaborée avec les tubercules de saison. Les hommes portent de longues jupes de fibres végétales appelées ’sy’pi’. Ensemble, les hommes et les femmes exécutent des danses accompagnées de chants tout au long de la nuit. A l’aube, les hommes terminent la boisson et la régurgitent de concert.
Un avenir incertain
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Un groupe de Zo'é se repose sur les rives d'une de leurs rivières favorites (Brésil).
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Comme beaucoup de peuples qui sont récemment entrés en contact avec le monde extérieur, la vie des Zo’é change. Certains accusent la FUNAI (le département des affaires indiennes) de vouloir les conserver dans un zoo humain en restreignant l’accès à leur territoire et en les décourageant d’en sortir. Mais cette politique a indéniablement sauvé des vies. Ainsi, la population zo’é s’est stabilisée et s’accroît actuellement.
Cependant, les Zo’é sont curieux de connaître leurs voisins et le monde au-delà de leurs frontières. En février 2011, pour la première fois, une délégation zo’é a entrepris un voyage jusqu’à Brasilia afin de porter leurs revendications auprès des autorités. Celles-ci incluaient un projet éducatif, la formation de personnels de santé zo’é, et un programme de protection du territoire dans lequel les Indiens eux-mêmes seraient activement impliqués.
Jirusihú, un Zo’é.Jirusihú, Zo’é man
Le défi que les Zo’e doivent dorénavant relever est celui de l’apprentissage de leurs droits et de la compréhension de la société brésilienne afin qu’ils puissent interagir avec elle sur un pied d’égalité sans contracter leurs maladies, comme la grippe, auxquelles ils sont toujours très vulnérables.
Une pression croissante s’exerce sur leur territoire et ses riches ressources naturelles : les collecteurs de noix, les orpailleurs, les missionnaires et les chasseurs l’envahissent périodiquement et la frontière du soja se rapproche toujours plus.
Agissez maintenant pour aider Les Zo'é
Ecrivez une lettre au Ministre de la justice pour lui exprimer votre préoccupation quant à l’invasion de leur territoire
Faites un don à Survival pour les Zo’é et les autres peuples menacés
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