Les navajos ou dineh
Publié le 21 Février 2012
Les Navajos
Indiens du sud-ouest de l’Amérique du nord.
Anciens chasseurs cueilleurs agriculteurs
Autre nom : navahos, navajo est un nom pueblo qui veut dire « grands champs »
Le nom qu’ils se donnent : dineh, le peuple
Famille linguistique : Athapascane
Population (1990) : 219.198, c’est le deuxième groupe en importance aux Etats-Unis
Cette nation indienne parfaitement intégrée aux us et coutumes de la démocratie américaine compte à sa tête une assemblé tribale de 98 membres élus au suffrage universel. Le territoire est découpé en 110 chapitres. Son assemblée élit un président qui va à Washington faire entendre la voix de son peuple de son gouvernement et des ministres.
En 1975 nait à l'initiative des navajo le council of energy resource tribes, ou CERT, regourpant 25 tribus de l'ouest et du sud-ouest (sioux, apaches, cheyennes, pueblo, hopi...) un organisme destiné à assister les tribus dans le développement de leurs ressources énergétiques en concevant des projets susceptibles de servir de base à la création d'une économie tribale stable pour leurs réserves respectives.
Localisation actuelle : La réserve navajo, située au Sud Ouest des États-unis, s'étend aujourd'hui sur 69000 kilomètres carrés, dans un carré irrégulier de 250km de côté et sur trois états : l'Arizona, l'Utah et le Nouveau Mexique.
La réserve Navajo est située entre 4 montagnes sacrées, chacune représentant un point cardinal : le mont Hesperus pour le Nord, le mont Taylor pour le Sud, le mont Blanca Peak pour l'Est, le mont San-Francisco Peaks pour l'Ouest. La réserve se dessine par la représentation d'une ligne de fer barbelé. Elle reste un symbole de délimitation des conditions de vie mais aussi d'illustration de traits intellectuels profondément différents. Cette frontière directe souligne d'un côté le mouvement du capitalisme et l'importance accordée au pragmatisme d'aujourd'hui et de l'autre, le code de vie finement aiguisé et ordonné du peuple Dineh, celui qui place la santé, l'harmonie et la beauté au cœur de sa philosophie.
Ils sont fortement apparentés aux apaches.
Ils se divisent en plus de 50 groupes.
lower canyon (dessus)
antelope canyon (dedans)
La région
C’est une région aride avec de faibles précipitations d’eau et les indiens vivaient presque uniquement de la culture du maïs. Ils creusaient des canaux d’irrigation sur des dizaines de kilomètres de long.
Langue : La langue navajo est la langue maternelle parlée par les Dineh, elle est enseignée dans certains collèges de la réserve. Les traditions orales reposent sur des chants, des prières et des récits que les anciens et les hommes médecine détiennent encore.
La langue navajo fut l'une des langues utilisées par le gouvernement américain lors des deux guerres mondiales (le choctaw, le comanche, le chippewa, le kiowa et le hopi également). Cependant, toute la campagne du Pacifique fut menée par des ordres transmis en code navajo. Dès lors, les cryptographes japonais ne purent déchiffrer les codes de communications américains. Classé « top secret » par le ministère de la marine américaine, ce code reste une création pure issue des Navajos Code Talkers et participe à faire perdurer la défense de leurs propres valeurs tout en restant acteur de l'histoire mondiale.
Code navajo image
Monument valley image
La réserve
La réserve des Indiens Navajo renferme une dizaine de monuments nationaux, parcs et autres sites historiques (Canyon de Chelly, Monument Valley, réserve Hopi, lieu sacré de Shiprock, pont Arc-en-Ciel, etc.), et presque autant de lacs dans un décor désertique, planté de hautes falaises rocheuses aux couleurs chaudes et vives, contrastant avec le sol monochrome, aride, que le soleil impitoyable brûle durant les mois suffocants d''été, là où la température dépasse régulièrement les 40°C.
canyon de Chelly
Petite chronologie
- 1200 à -800 av JC : Le peuple dineh arrive en Alaska en provenance d’Asie. Il se divise en 4 groupes, les Eyaks, les Haïdas, les Tinglits et les Athabascanes. Par ailleurs l’analyse génétique des populations ojibwé , sioux et navajos indique par le biais de l’ADN mitochondrial X une parenté lointaine avec les populations européennes.
- 200 à 200 : Division entre les Athabascanes et les Tinglits en deux tribus distinctes.
- 825 à 1000 : Suite à des violentes éruptions volcaniques, les Athabascanes migrent dans le nord ouest canadien (région de Vancouver et état de Washington)
- 1300 à 1500 : Seconde vague d’émigration qui sépare le groupe canadien et part vers le sud ouest des EU et le nord du Mexique. De cette vague d’émigration seraient issues les sous-groupes apaches. A cette époque la région est déjà habitée par les comanches et les utes, les pueblos et les païutes. Les athabascanes qui n’étaient pas paisibles pillent les villages pueblos et combattent les comanches et les utes. Ils se fixent ensuite définitivement dans une région appelée ensuite par les espagnols apacheria.
- Depuis le XVIIIe siècle : les navajos entrent en conflit avec les colons espagnols et les mexicains. Ils ont des contacts limités avec les espagnols mais qui ont leur importance dans les apports qu’ils en retireront : chevaux, moutons, chèvres, des éléments liés à l’économie navajo.
- 1846 : premier traité (Bear Springs Treaty) entre navajos et le gouvernement des EU
- 1849 : Accrochages avec des troupes américaines, reprise des hostilités jusqu’en 186
- 1863 : Vaste campagne menée par Kit Carson contre les navajos, 8000 indiens sont faits prisonniers et envoyés à pied dans la réserve de Fort Sumner (nouveau Mexique, nommée Bosque redondo. Cette déportation est connue sous le nom « de la longue marche » Dans la réserve, les navajos connurent les épidémies et les famines, les attaques d’autres tribus.
La longue marche, un cauchemar de quatre ans pour le peuple navajo (image)
- 1868 : Nouveau traité qui autorise les survivants à rejoindre une réserve sur leur ancien territoire avec attribution de moutons et bovins en contrepartie, ils doivent vivre en paix.
- 1884 : Agrandissement de la réserve pour accueillir les troupeaux
- Fin du XIXe siècle : la nation navajo prospère, la population a doublé, des terres supplémentaires sont annexées à la réserve. Comme c’étaient des terres pauvres, elles n’ont donc suscité que peu d’intérêt. Le pâturage intensif dû à l’agrandissement du cheptel pousse le gouvernement américain à imposer un plan de réduction du bétail
- Seconde guerre mondiale : de nombreux navajos quittent la réserve pour servir l’armée ou pour travailler dans les villes à des activités liées à la guerre.
image Junkyardsparkle
Les traités et la commission des réclamations Indiennes
On s'aperçoit qu'à bien des égards, les Amérindiens disposent d'une sorte de double nationalité : la nationalité américaine à laquelle la plupart d'entre eux sont très attachés, et la nationalité tribale, tout aussi importante à leurs yeux et qu'il ne faut pas confondre avec un quelconque régionalisme. Les gouvernements tribaux, surtout ceux des grandes tribus, ont largement plus de pouvoir que les municipalités ou les comtés, parfois presque autant que les états et c'est le cas des Navajos et de deux ou trois tribus.
Car il ne faut jamais oublier que les tribus Amérindiennes sont des nations. Elles s'administrent comme des nations, sous la tutelle du B.I.A. Mais des nations quand même, disposant d'une constitution, d'un gouvernement et de représentants élus selon un mode démocratique "conseillé" par l'Indian Act. Les traités passés au cours des trois derniers siècles entre les tribus et les gouvernements anglais puis américain, l'ont été de nation à nation. C'est un fait légal irréversible et rien n'empêcherait une tribu qui s'estimerait lésée d'en appeler à l'O.N.U contre les Etats-Unis, éventualité à prendre tout à fait au sérieux.
C'est pourquoi, considérant la masse des traités signés et violés en trois siècles par l'envahisseur blanc (près d'un millier), le gouvernement américain a estimé prudent de devancer des complications internationales en instituant, en 1946, une Commission des réclamations Indiennes (Indian claims commission). Elle a pour principale fonction de rembourser aux tribus spoliées les terres perdues qui leur avaient été garanties par traité, à un taux généralement fixé au prix de l'hectare en 1850, environ un dollar, ce qui met en jeux des centaines de millions de dollars ! Seules les tribus, non les individus, peuvent introduire des recours devant cette commission et l'on a vu les Séminoles, moins de mille individus, se faire rembourser tout l'état de Floride à un dollar l'hectare, soit des millions de dollars. Des tribus mortes depuis longtemps ressuscitent brusquement autour d'un bon avocat pour bénéficier de cette manne. D'autres, au contraire, ont toujours refusé l'argent et réclament leurs terres.
Leurs coutumes
Spiritualité
Elle est fondée sur le culte de la nature et de l’harmonie, l’hozho qu’elle recèle.
L’hohzo
C’est l’association de la beauté, de l’équilibre et de l’harmonie autour de l’élément de base qu’est la relation fondamentale entre mâle et femelle présentée par Premier homme et Première femme, par Femme changeante et le Soleil.
Si les deux premiers sont incapables de s’entendre, ils se séparent et cela introduit le désordre dans le monde et la création de monstres difformes. Seule l’union amoureuse des seconds permet de commencer à lutter pour détruire les monstres.
Les hommes médecine ou hataali, le concept de médecine
hataali image
little navago shepherd Alfredo Rodriguez image
Les navajos placent la santé au cœur de la philosophie. Les hommes médecine sont les garants de cet état.
Si le monde perd son équilibre, le hataali le retrouve grâce à la mise en scène des holly people (être joyeux).
Le malade chez les navajos est celui qui a rompu avec l’équilibre fixé.
Les réponses que cherchent les navajos ne sont pas fondées sur les biens de consommation mais sur ceux de la préservation de la terre.
En effet, la médecine navajo ce n'est pas uniquement un ensemble de rituels associant chants, danses, peintures de sable auxquels participe la famille. C'est également un ensemble de diverses rencontres, voire de chocs culturels...
En savoir plus sur les peintures de sable, l'hohzo et les voies :
Regard éloigné, Navajos
Antélope canyon Meckimac
Cérémonies
Elles sont désignées sous le terme de « voie » en français et s’étalent sur plusieurs jours et nuits. Leur vocation est de rendre l’harmonie à un membre dineh avec le monde qui l’entoure.
Exemples de « voies » : La « voie » de l’ennemi, la « voie » de la bénédiction, la « voie » de la montagne.
Le chiffre 4 revêt une importance presque divine dans la spiritualité navajo : les 4 directions, les 4 couleurs…..
Représentation du monde Navajo - Nord-Ouest Américain la symétrie parfaite image
navajo family, Alfredo Rodriguez image
Artisanat
Il s’exprime autour de la spiritualité essentiellement :
- Couvertures de laine aux motifs géométriques et aux teintes vives (travail des femmes
- Bijoux de cuiv
- Peintures sur le sable éphémère à destination thérapeuti
- Dessins colorés sur des ardoises destinées aux touristes
- Poterie très fine
- vannerie
lien sur l'image
peinture sur sable OgreBot
Retrouvez un article plus détaillé au sujet des peintures de sable sur cocomagnanville ICI.
Mode de vie
Dans le passé, ils chassaient les cerfs, les antilopes et les lapins.
A présent, ils sont devenus agriculteurs et éleveurs, de moutons, de chèvres, parfois de bovins.
Les cultures sont principalement le maïs, la courge, les haricots et les pastèques.
A navajo wedding, Alfredo Rodriguez image
Tenue vestimentaire
Traditionnellement leurs vêtements étaient réalisés avec de la peau de cerf et d’antilope. Les hommes portaient pagne et guêtres, les femmes des robes en peu de daim, des mocassins portés pour les deux.
La proximité des mexicains leur a fait emprunter l’habitude de porter des couvertures drapées sur les épaules, des pantalons pour les hommes et des robes en laine constituées de deux couvertures assemblées pour les femmes.
Une société matrilinéaire
La famille matrilinéaire est un système de filiation dans lequel chacun relève du lignage de sa mère. Cela signifie que la transmission, par héritage, de la propriété, des noms de famille et titres passe par le lignage féminin.
Lorsque le garçon se marie il part vivre dans le clan de sa femme et ira habiter avec la famille de cette dernière, ce qui nécessite bien souvent la construction d’une pièce en plus.
Ils ne peuvent pas se marier avec un membre de leur propre clan.
La famille est élargie voire même très élargie, chaque membre ayant une gamme complète de responsabilités.
Afin de se distinguer entre membres de clans différents, ils utilisent des peintures et décorations sur le visage et les maisons y compris des dessins sur les vêtements.
Chaque clan contrôle ses terres et ses membres.
monument valley image
Leur habitat : Le hogan
La maison traditionnelle se nomme le hogan, il est construit par l’homme pour sa future famille quand il se marie.
Sa forme est circulaire, d’environ 8 mètres de circonférence avec une seule porte d’entrée qui est orientée à l’est.
Il est fait en bois avec des branches de genévrier ou de cèdre, colmatées et recouvertes de terre ce qui fournit une bonne isolation contre le froid amis également contre la chaleur.
A l »intérieur, il n’y a aucune séparation, chacun à son espace réservé. Un orifice central sert de cheminée. Le sol est en terre battue, quelquefois il peut être recouvert de petites branches séchées. L’ameublement est sommaire, parfois une seule banquette en terre recouverte de peux de mouton.
Dans le hogan se déroule toutes les activités de la famille : cuisine, tissage, repas, échanges sociaux…..
Le problème actuel de la nation navajo : la pollution
Sur et autour du territoire navajo existe de nombreuses centrales qui émettent de dangereuses toxines, gaz à effet de serre (oxyde carbone, oxyde d’azote et méthane), qui appauvrissent les nappes aquifères et qui détruisent la qualité de vie des indiens navajos.
Il s’agit entre autre des centrales suivantes :
- centrale navajo à Page (Arizona) : centrale électrique au charbon de 2280 mégawatts qui émet 19.9 millions de tonnes de CO2 par an, l’une des 12 centrales les plus sales des EU.
- centrale électrique au gaz naturel El paso à St Michaels (Arizona)
- centrale de Four corners et San Juan (nord ouest du Nouveau Mexique)
Mais la pollution provient également d’autres sources qui ne sont pas connues de la population : les forages de pétrole et de gaz de la région Bloomfield (Nouveau Mexique) qui sont situés sur un site navajo sacré, le site de l’origine des dineh.
Les dangers sanitaires multiples sont concentrés dans les régions qui sont situées entre l’Arizona et l’Utah :
- Four corners
- Page
- Monument valley
- Black mesa
Peabody Coal at Black Mesa Big Mountain
Au Nouveau Mexique, la région de Gallup est fortement contaminée par les émissions de gaz à effet de serre et par les radiations dues à l’accident de Church rock, lorsque des déchets d’uranium se sont déversés dans le Rio Puerco.
Louise Benally, une Navajo qui continue à résister à la déportation des Navajos de Big Mountain , Arizona, Nation Navajo, a appelé les Navajos et ceux qui les soutiennent à mettre un terme à l’industrie d’exploitation de centrales au charbon à grande échelle, qui est responsable de maladies, de l’épuisement des nappes aquifères et détruit la qualité de la vie des Navajos.
L. Benally et d’autres Navajos ont récemment rejoint le mouvement de protestations des Indiens O’odham contre le Projet Salt River qui contrôle la Centrale Navajo.
Pensez-vous que le gouvernement se soit inquiété pour autant des possibles retombées de ces pollutions sur la santé des habitants ?
Aucune étude n’a été réalisée pour le moment, le seul moyen de faire connaître la situation est encore la résistance, c’est un domaine que connaissent bien les nations indiennes. Je complèterais cet article avec les informations que je pourrais glaner sur la toile, mais ce sujet n’est pas très populaire.
La carte interactive de l’Agence pour la Protection de l’Environnement révèle les sites d’émissions dangereuses en Pays Indien et dans tous les Etats-Unis :
http://ghgdata.epa.gov/ghgp/main.do
A Navajo Wedding The Courtship Alfredo Rodriguez image
Retrouvez également un article relatant la lutte des navaojos contre le projet de neiges artificielle dans leur montagne sacrée :
Arizona : Les San Francisco peaks, snowbowl et les navajos sur cocomagnanville ICI
Sources : wikipédia, le bâton de parole, navajo France, chrisp.lautr
J'espère que cet article vous aura plu et qu'il aura éveillé en vous l'envie d'en savoir plus sur les peuples indigènes ainsi que toutes les problématiques qu'ils rencontrent de nos jours pour sauvegarder leurs coutumes et continuer de vivre sur des territoires sains et naturels.
Caroleone
Mise à jour le 29/11/2012
Les traductions pour le peuple Navajo
Hahdénigai-hunai, mythe de création des Navajos – Glossaire mythologique et cérémoniel Navajo
Première mort et premiers mouvements de la création
Cosmovision
Estsanatlehi (La femme changeante)
Ganaskidi (Dieu de la récolte)
Haashch’éélt’i’í (Dieu parlant)
Hakaz Estsan (Déesse du froid)
Hastseoltoi (Déesse de la chasse)