Les jeunes en l’an Quarante

Publié le 16 Février 2011

Au lendemain de l’Armistice…

La jeunesse en France se trouve, comme le reste de la population, plongée dans une situation particulièrement difficile. Au plan moral, les trois quarts du pays sont occupés, ce qui est vécu comme une humiliation. Les interdits se multiplient (de danser, d'écouter du jazz, de se rassembler à   plus de trois personnes…), un couvre feu est instauré, et la censure sévit.
Au niveau économique, la situation se dégrade très rapidement. De très nombreux jeunes, dont les pères sont prisonniers, doivent maintenant participer à nourrir leur famille. Les prélèvements allemands et le blocus instauré par les Anglais engendrent une pénurie générale et, à l'automne 1940, pour tenter d'endiguer à une situation devenue catastrophique, le rationnement est instauré.

 

 

 

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DR
Tickets de rationnement

 

 

Des tickets sont délivrés qui accordent des rations hebdomadaires d'achats qui ne peuvent être dépassées. Différenciés pour les hommes, les femmes et les enfants, ce rationnement ne permet d'acheter que l'équivalent de 1 200 à 1 800 calories par jour, en fonction de l'âge et le lieu de résidence… On n'obtient à peine le minimum pour survivre, et la nourriture manque.
Le pain, élément essentiel de l'alimentation manque, comme la viande, les légumes, l'huile, le sucre… L'obsession première devient alors de trouver de la nourriture.
Le café et le chocolat, par exemple, disparaissent totalement de la circulation ; on ne les trouve désormais plus qu'au Marché noir, et à des prix exorbitants. D'autres denrées font leur apparition  comme les rutabagas, les topinambours…

Les jeunes, en grande majorité, travaillent à l'usine ou aux champs.

La jeunesse en France en 1940 est essentiellement rurale et ouvrière. Cette génération qui a grandi dans les crises économiques et politiques des années trente, accepte encore plus mal les prémices d'un avenir de misère, d'incertitude et de danger.
Au niveau de l'enseignement, deux voies sont proposées: tout d'abord un système complet qui permet d'aller de l'école élémentaire au secondaire, et qui ne prépare pas à une profession, et, d'autre part, un système primaire gratuit, qui prépare à la vie active.
Depuis 1936, la scolarité est prolongée jusqu`à 14 ans (Réforme de Jean Zay), mais le cycle d'enseignement secondaire n'est gratuit que jusqu'en classe de 5 ème  : les études supérieures sont donc réservées à la bourgeoisie et la majorité des jeunes travaillent à l'âge de 14 ans.
La majorité civile est fixée à 21 ans -les femmes n'ont pas le droit de vote.

 

 

La jeunesse est politisée.

 

 

Beaucoup de jeunes ont déjà participé, avec leurs parents, à des grèves, ou à des manifestations et sont souvent, à la veille de la guerre, membres de syndicats, d'organisations de jeunesse. Ils sont porteurs de valeurs politiques, morales ou religieuses et d'un certain patriotisme, souvent issus de la culture familiale et des mouvements de jeunesse nés dans l'Entre-deux-guerres - Scoutisme, Jeunesse Etudiante Chrétienne, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, jeunesse Agricole chrétienne, Jeunesses Communistes... –
En juillet 1940, est crée le secrétariat général à la Jeunesse, dont l'activité s'exerce essentiellement en zone occupée, où l'objectif est de contrôler les organisations existantes (comme les mouvements scouts, interdits en zone occupée) et d'en créer de nouvelles.

 

 

 

À l'école du Maréchal

 

 

 

 

 

 

 

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La propagande destinée aux enfants
(Source : Académie de Versailles)

 

Dès le plus jeune âge, les enfants des écoles subissent un embrigadement moral vantant les « valeurs » de la Révolution Nationale et la gloire du Maréchal, présenté comme figure paternelle. Les jeunes subissent la propagande par le biais de rites institués au sein de l'école : ‘serment de fidélité au Maréchal', la levée des couleurs, l'hymne ‘Maréchal, nous voilà'…
Les programmes scolaires sont rénovés pour adhérer aux ‘valeurs' de la Révolution nationale et la censure en a modifié les contenus. En zone occupée, des perquisitions militaires ont lieu dès l'automne 1940 pour interdire les livres d'histoire qui donnent une mauvaise image de l'Allemagne.

 

 

 

 

Les enseignants

 

 

 

 

En application de la législation antisémite adoptée dès octobre 1940 par l' Etat français ' , chaque enseignant doit rédiger à son supérieur une lettre manuscrite attestant de sa ‘non appartenance à la race juive'.

 

Deux extraits de lettres rédigées par des professeurs du Lycée Henri IV à Paris.

Qu'en pensent les jeunes de l'an Quarante ?

On parvient effectivement à convaincre des jeunes d'accepter de rentrer dans le rang, de croire à la victoire de l'Allemagne, et de chanter à pleine voix Maréchal, nous voilà ! ou de rejoindre les organisations pétainistes...
Mais d'autres jeunes vont, très tôt, manifester leur refus de l'inacceptable : ils seront le ferment des premières manifestations de résistance à l'occupation et à l'ordre nouveau qui s'impose par la force et la violence.

 

 

 

 

 

 

http://itinerairesdecitoyennete.org/journees/22_oct/index.php?page=1-2

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire

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C
<br /> ça va ...y a pire !!<br /> <br /> <br />