Les iroquois ou la ligue des 6 nations : Mode de vie
Publié le 7 Février 2013
Les iroquois ou la ligue des 6 nations : Mode de vie
Chefs iroquois de la réserve des Six-Nations lisant des ceintures de wampum.
Ils étaient des peuples d’agriculteurs semi-sédentaires, chasseurs, pêcheurs et cueilleurs.
La première partie ICI
La chasse
Elle était productive car leur territoire regorgeait de gibier de toute taille et de tous poils et plumes.
Le wapiti, l’ours noir, le castor, l’orignal, le cerf, le petit gibier (loutre, martre, lièvre, écureuil).
Les petits oiseaux consommés : grues, pélicans, cygnes, bernaches, oies, canards, dindes, pigeons, tourterelles tristes, goélands, plongeons…
Le gibier ne servait pas qu’à la consommation, il permettait grâce à sa peau de fabriquer l’habillement et l’équipement. Les cornes, les os et les tendons, les coquilles des mollusques servaient à fabriquer et décorer les ustensiles divers.
La saison de chasse était l’hiver, les hommes partaient en clans pour plusieurs mois. Les prises étaient partagées entre les membres des villages
La chasse du gibier à plumes avait lieu en automne et au printemps et les piégeages avaient lieu toute l’année.
La chasse se pratiquait à l’arc qui était de la taille d’un homme, construit en bois de genévrier durci au feu et muni d’une corde en chanvre ou en tendon de cervidé.
Les flèches étaient longues d’un mètre parfois empennées de deux plumes, les pointes étaient en pierre, parfois en bois en os ou en corne.
Les pièges et les collets étaient fabriqués en cordes de chanvre ou d’écorce.
L'élan, appelé orignal en Amérique, était le plus gros gibier des Iroquois (gravure de l'Encyclopédie)
La pêche
Elle offrait également de belles ressources, les eaux des rivières étant poissonneuses : carpes, achigans, esturgeons, saumons, anguilles, moules d’eau douce….
Les harpons étaient en corne ou bois, le filet pour la pêche en chanvre ou fibre d’écorce.
La cueillette
Elle concernait les racines et les plantes sauvages ainsi que les fruits frais et secs offerts par de nombreux arbres présents dans leur écosystème : caryers, châtaigniers, noyers, chênes. Le sirop de l’érable à sucre était récolté.
Les petites fruits rouges à foison : framboises, myrtilles, fraises, canneberge, raisin de vignes sauvages, pommetiers, pommiers de mai, asiminiers.
L’agriculture
Les iroquois étaient des adeptes de la culture dite des trois sœurs, dont vous trouverez de plus amples détails sur cet article de mon blog consacré à la milpa et aux 3 sœurs ICI
Les femmes préparent le repas fait à base de maïs © Vidéanthrop.
La culture conjointe des trois sœurs, maïs, courge et haricot présente plusieurs avantages qui profitent à la culture de chacune. De plus, le maïs et le haricot forment une paire alimentaire de base qui fournit tous les apports nécessaires en acides aminés essentiels.
L’agriculture se déroulait en quatre étapes principales : le défrichement, les semis, la croissance des plantes et la récolte. Le processus entier occupait toute la belle saison. Les terres étaient renouvelées tous les 10/12 ans pour éviter l’épuisement, les terres dégagées ainsi permettaient de cultiver des melons, du tabac et du tournesol.
Les récoltes
Les Iroquois ont plusieurs façons de procéder à leurs récoltes afin de pouvoir faire des provisions. Le maïs se récolte en septembre, ils le cueillent dans des paniers portés sur le dos. Ensuite, ils retournent les feuilles de chaque épi avec des baguettes à éplucher. Les Iroquois attachent plusieurs de ces épis afin de les faires sécher. Une fois séchés, ils égrènent le maïs avec les mains ou à l’aide d’une mandibule de cerf. Par la suite, les épis sont entreposés dans de gros vases d’entreposage qui peuvent atteindre jusqu’à cinquante centimètres de hauteur. Ces vases sont rangés sous les maisons avec le poisson fumé et séché et d’autre nourriture. Les épis, tout comme les courges, étaient bouillis ou grillés. Roland Tremblay (2006).
La nourriture
Le pain et la soupe
Les Iroquois faisaient aussi du pain. Ce pain n’est pas fait avec du levain, une levure naturel. En effet, leur pain est fait de farine de maïs à laquelle ils ajoutent des haricots, des fruits séchés, des noix, des graines de tournesols et du gras de cerf. Le pain est cuit dans des cendres brûlantes enveloppées de feuilles de maïs, parfois le pain pouvait aussi être cuit dans l’eau.
La majorité du temps, c’est la soupe qui constituait l’alimentation des Iroquois. Ils l’a faisaient évidemment avec de la farine de maïs, des morceaux de viande ou de poisson et des courges.
La viande et le poisson étaient séchés et stockés pour l’hiver.
La maison longue iroquoise
Elle était construite avec des troncs d’arbres entrelacés et recouverte d’écorces, le chanvre, cultivé aussi par les iroquois servait de lien solide pour lier les charpentes entre elles. Les maisons longues mesuraient 5 à 7 mètres de large, 50 à 100 mètres de long et 7 mètres de hauteur. A l’intérieur, deux rangées comprenaient des pièces séparées les unes des autres. Une allée servait au milieu à circuler et à faire des feux. Cinq à dix familles habitaient chaque maison, elles étaient regroupées dans des villages comprenant entre 1000 à 2000 habitants.
Le village était entouré d’une palissade et construit près d’un cours d’eau. L’hiver, les portes étaient fermées avec des peaux d’animaux.
Les maisons étaient construites par les hommes et appartenaient aux femmes. Les maris qui manquaient à leurs devoirs ou qui avaient cessé de plaire pouvait fort bien être chassés.
Les moyens de transport
Le portage terrestre
C’était un brancard de bois ou de sangles en fibres décortiquées que les iroquois se passaient au front ou à la poitrine.
En Hiver le traineau de bois était tiré par son guide chaussé de raquettes.
Le portage sur l’eau
Ils fabriquaient des canoës en bois et écorce de 4 à 12 mètres de long pouvant embarquer 2 à 30 personnes. Mais ces canoës n’étaient pas aussi élaborés que ceux des ennemis algonquins.
Construction d'une piroque iroquoise en 1500
Les vêtements
C’étaient les femmes qui les fabriquaient avec des peaux d’animaux cousues avec des épines de porc-épic, décorés de coquillages et ornés de motifs divers.
Les hommes portaient le pagne caractérisé des indiens d’Amérique du nord, un long rectangle de peau passant entre les jambes et retenu dans une ceinture. Les mocassins étaient complétés de guêtres montant jusqu’à la hanche. Ils allaient souvent torse nu l’été et l’hiver, portaient sur les épaules un léger manteau ainsi qu’une chemise de peau de daim.
Les guerriers avaient le crâne rasé à part une touffe de cheveux au sommet de la tête dite « mèche à scalper » ornée de plumes et de poils de cerf teints en rouge.
Les sachems portaient une coiffure de plumes et de bois de cervidés.
Les femmes portaient des robes en peau de daim et des mocassins comme les hommes avec des guêtres.
Les mocassins étaient décorés de poils d’orignal et teints de couleurs provenant de pigments de légumes et de baies.
Hommes et femmes huilaient leurs cheveux avec de l’huile de tournesol. Les femmes les attachaient en tresse dans le dos.
L’artisanat
Il servait surtout pour fabriquer les objets utilitaires et les biens d’équipement.
Ils avaient besoin de couteaux pour la chasse et d’une hache en pierre qui servait en complément du feu pour l’abattage des arbres.
Les bois de construction étaient fournis par les frênes, les ormes, les thuyas, le sapin baumier et l’épicéa.
La fibre de l’écorce intérieure de l’orme rouge leur servait à confectionner des cordons et de gros fils ainsi que le chanvre.
Ils avaient sous la main une belle quantité d’argile pour fabriquer les poteries. Les poteries d’argile étaient mélangées avec des pierres et des coquillages broyés et mises à sécher au soleil avant d’être cuites au feu d’écorces. Elles servaient à la cuisine et au stockage.
Ils n’utilisaient aucun outil en métal et employaient peu la pierre.
Poterie iroquoise musée virtuel
Calumet de la paix, musée Mc Cord
Les ustensiles
Ils se servaient d’un mortier de pierre pour piler les noix, la terre à poterie ou les matériaux durs.
Un grattoir en bois ou en pierre était utile pour nettoyer les peaux qui étaient mises ensuite à tremper dans une solution de cervelle de cervidé avant d’être fumée. Ensuite elle était cousue à la forme voulue avec un fil de tendon et une aiguille de corne d’os ou de bois.
Les fêtes
Elles étaient surtout liées à l’agriculture :
- Printemps et en mai : fête de la plantatio
- Août : fête du maïs vert
- Octobre : fête des récoltes
- La récolte du sucre d’érable et la cueillette des premières fraises donnaient lieu à des fêtes
Les iroquois jouaient au jeu de balle ou la crosse. Chaque village important comportait un jeu de balle et les iroquois s’y adonnaient avec virilité et énergie.
Iroquois jouant à la crosse
Les guerriers
C’étaient des guerriers habiles, courageux et implacables. Leur but n’était pas de tuer l’ennemi mais de ramener des captifs. Les captifs devaient remplacer les morts au combat. Le captif après une période de mise à l’épreuve était adopté et traité avec toutes les marques d’affection que l’on réserve à un parent.
La situation pour les captifs se compliquait dès lors qu’une femme ayant perdu un mari ou un fils exigeait d’exercer sa vengeance sur lui.
Il pouvait alors fort bien se retrouver au poteau de torture ce qui réjouissait les iroquois.
L’adoption était certainement le meilleur compromis pour les captifs mais à condition que ceux-ci ne trahissent pas ensuite leur famille adoptive. Pour certains historiens, les captifs étaient maltraités et servaient uniquement d’esclaves aux indiens pour pallier aux taches les plus dures.
Les Iroquois utilisaient les mêmes armes que pour la chasse : le tomahawk, l'arc et les flèches, les massues. À partir des guerres coloniales entre la France et l'Angleterre, certains guerriers iroquois portaient un ou plusieurs scalps autour du cou, preuve exigée par les colons de leur valeur au combat, les colliers d'oreilles servant de monnaie imposée par les occupants se battant le plus souvent par tribus interposées dans une logique d'extermination des peuples autochtones.
Echanges et don et le contre-don
Iroquois avec des produits occidentaux, probablement acquis par l'échange (gravure française, 1722).
Les Iroquois échangeaient leurs surplus de grain et de tabac contre les fourrures des tribus du Nord et les wampums (ceinture de coquillages d'usage rituel) des tribus de l'Est.
Ils se procuraient de la même manière les canoës de qualité supérieure faits par les Algonquins en écorce de bouleau, arbre qui n'existait pas sur le territoire iroquois.
Les Iroquois utilisaient le don/contre-don plus souvent qu'aucun autre mode d'échange. Le don/contre-don reflétait la réciprocité en vigueur à l'intérieur de la société iroquoise. L'échange commençait par l'offrande d'un présent par un clan à une autre tribu ou à un autre clan, dans l'attente que soit donné en retour quelque chose d'utile. Cette forme d'échange était liée au penchant de la culture iroquoise pour le partage de la propriété et la coopération dans le travail. Il n'était jamais question d'accord explicite, encore moins de prix, mais un service était rendu pour le bien de la communauté ou d'un de ses membres, en escomptant du bénéficiaire un don en retour
Les iroquois de nos jours
Traditional dance performance in the Iroquois Indian Village at the 2008 New York State Fair.
Ils ne pouvaient continuer de vivre de leurs traditions liées à l’agriculture et à la culture du maïs sur les terres attribuées ils durent donc se convertir tant bien que mal pour s’adapter à la société américaine et canadienne.
Au sein des 6 nations de la ligue ce furent les femmes tuscaroras qui obtiennent le plus grand succès. En effet, après la guerre de 1812, les femmes tuscaroras obtinrent l’exclusivité de la vente de leurs articles de perles en reconnaissance des états de service auprès des américains. Elles profitent alors de l’engouement touristique lié aux chutes du Niagara et en adaptant leur artisanat aux goûts victoriens du moment elles rencontrent un franc succès. Elles poursuivirent cette activité pendant un siècle.
Femme tuscarora vendant des curiosités, Niagara, Ont., vers 1860
William Notman (1826-1891)
Vers 1860, 19e siècle musée mc cord
Les hommes iroquois vont devoir se salarier pour gagner leur vie en allant sur les chantiers forestiers, dans la métallurgie et dans les fabriques de canoës. Ce salariat va modifier l’équilibre des rôles entre hommes et femmes ainsi au milieu du XIXe siècle, les femmes se retrouvent reléguées au second plan. Les iroquois se spécialisent dans la construction métallique à la fin du siècle.
De nombreux iroquois sont aujourd’hui complètement intégrés à l’économie canadienne et des EU.
Pour d’autres, l’activité économique s’inscrit toujours dans les réserves. La situation économique des r »serves est difficile. Mais pourtant certains indiens ont mis au point des affaires fructueuses.
Dans l’état de New York, deux casinos « indiens » sont ouverts, le seneca Niagara casino » près des chutes du Niagara et le « seneca Allegany casino » à Salamanca. Les deux sont dirigés par les senecas qui doivent ouvrir un troisème casion à Buffalo.
Les oneidas ont ouvert des casinos dans la réserve de New Yok et dans celle du Wisconsin. La tribu est l’un des plus gros employeurs du Wisconsin du nord-est avec plus de 3000 employés (975 pour le gouvernement tribal).
Au Canada, la réserve des Six-Nations a intégré la structure de la propriété traditionnelle dans le mode de vie nouveau qui s'est établi à la suite de la relégation des Iroquois. La réserve a été instituée au XVIIIe siècle par deux actes notariés. Ces actes accordaient la propriété indivise des terres de la réserve aux Six-Nations iroquoises. Les individus pouvaient ensuite obtenir de la Confédération la location perpétuelle d'une parcelle. L'idée iroquoise, selon laquelle la terre devient la possession de celui qui en prend soin et retourne sous contrôle public s'il la délaisse, a persisté dans la législation de la réserve. Lors d'un litige foncier, le Conseil iroquois prit le parti du plaignant qui avait amendé et cultivé la terre contre celui qui l'avait abandonnée. Les ressources naturelles du sol appartenaient à la tribu dans son ensemble et non aux propriétaires de la parcelle concernée. Les Iroquois ont par exemple mis en concession l'extraction de pierre et prélevé des redevances sur toute la production. Après avoir découvert du gaz naturel dans la réserve, les Six-Nations ont pris le contrôle direct des puits et n'ont indemnisé ceux qui avaient des forages sur leurs terres que pour les dommages causés par l'extraction. Ces dispositions se rapprochent étroitement du système ancien où les tribus détenaient la pleine propriété des terres, dont elles ne distribuaient que l'usufruit.
Un autre exemple d'impact des conceptions iroquoises traditionnelles sur la vie des Iroquois d'aujourd'hui concerne l'achat de terrains puis l'ouverture de casinos par la tribu des Sénécas-Cayugas, dans l'État de New York. Les casinos représentent une source additionnelle de revenus collectifs, tout comme la salle de bingo, la station d'essence et la fabrique de cigarettes que les Sénécas-Cayugas possèdent également. L'organisation actuelle du patrimoine de la réserve reflète directement l'influence de la conception de la propriété du sol qui prévalait avant l'arrivée des Européens.
Caroleone
Sources : wikipédia, François Hameau pour l’encyclopédie larousse