Le socialisme et l'homme à Cuba d'Ernesto CHE Guevara

Publié le 14 Avril 2011

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Cet article a été écrit sour la forme d'une lettre à Carlos Quijano, alors directeur de l'hebdomadaire Marcha publié à Montevideo en Uruguay.

Il est paru dans Marcha le 12 mars 1965.

 

 

Je vais essayer au travers quelques extraits qui m'interpellent, d'adapter ce thème à notre situation actuelle d'ultramondialisation.

 

Tout d'abord, j'ébaucherai à grands traits l'histoire de notre lutte révolutionnaire avant et après la prise du pouvoir.

Comme on le sait, c'est le 26 juillet 1953 qu'ont été initiées les luttes révolutionnaires qui ont conduit à la révolution du 1er janvier 1959. A l'aube de ce jour, un groupe d'hommes dirigé par Fidel Castro a attaqué la caserne Moncada, dans la province de l'Oriente. L'attaque a été un échec et l'échec s'est transformé en désastre. Les survivants se sont retrouvés en prison. Mais aussitôt amnistiés, ils ont recommencé la lutte révolutionnaire.

 

Comme quoi, à tout malheur est bon qui donne à réfléchir sur les raisons d'un échec d'autant plus cuisant qu'il a entraîné dans ses flots des morts d'hommes. Comment alors éprouver plus à même ses idéaux révolutionnaires et décider de "remettre le couvert" afin d'arriver à mener un combat exemplaire et "propre" pour arriver à ses fins, la libération d'une dictature.

 

 

Puis est venue l'étape de la guérilla. Celle-ci s'est développée dans deux milieux distincts : le peuple, masse encore endormie qu'il fallait mobiliser; et son avant-garde-  les guérilleros  - force motrice de la mobilisation, qui suscitait la conscience révolutionnaire et l'enthousiasme combatif. Cette avant-garde à été l'agent catalyseur qui a créé les conditions subjectives nécessaires pour la victoire.

 

De nos jours, le peuple, masse encore endormie certes qu'il faudrait mobiliser, ce qui a été chose faite l'an dernier avec des mobilisations dépassant tout ce qui s'était fait auparavant ( privé, public, familles etc ...étaient dans les rues contre la réforme des retraites) ," la conscience révolutionnaire" avait donc pris forme sauf que......l'avant-garde, on ne l'a pas.....faute de révolutionnaires, faute d'états-majors syndicaux cohérents avec les luttes, cette belle mobilisation s'est révélée un coup d'épée dans l'eau, je doute que nous réussissions encore à mobiliser autant d'énergie dans les mois qui viennent !

 

 

 

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En juillet 1959, le gouvernement révolutionnaire s'est constitué avec la participation de divers membres de la bourgeoisie traître. Facteur de force fondamental, la présence de l'armée reblle était la garante du pouvoir.

De sérieuses contradictions se sont aussitôt développées. Elles ont été en partie surmontées lorsqu'en février 1959, Fidel Castro a assumé la direction du gouvernement en tant que premier ministre. Ces évènements  devaient conduire en juillet de la même année à la démission du président Urrutia sour la pression des masses.

Ainsi est apparu clairement dans l'histoire de la révolution cubaine un élément qui se manifestera systématiquement : les masses.

 

 

 

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Pour nos détracteurs, tous ceux qui disent à tort et à travers que Fidel est un dictateur, je conseille d'aller un peu se renseigner de la déifinition de ce mot : ce sont les masses qui décident et pour ma part, je ne trouve pas anormal que des guérilleros qui ont permis de libérer un pays d'un dictateur ne se laissent pas berner par de petits bourgeois à la solde du capitalisme. C'aurait été remettre dans les mêmes mains des bourreaux le pays libéré comme nous le voyons en ce moment avec les luttes des pays arabes : ces derniers passent d'une dictature à une autre et jamais, le droit du peuple est en première ligne.

 

Fidel est un maître du genre. On ne peut apprécier la façon particulière dont il s'intègre au peuple qu'en le voyant à l'oeuvre. Dans les grands rassemblements publics, on observe un phénomène analogue à la résonance de deux diapasons dont les vibrations par leurs interactions, finissent par produire de nouveaux sons. Fidel et le peuple commencent à vibrer en un dialogue d'une intensité croissante jusqu'à l'apogée finale, qui se termine abruptement par notre cri de lutte et de victoire.

Ce qui est difficile à comprendre pour qui ne vit pas l'expérience de la révolution, c'est cette étroite unité dialectique qui existe entre chaque individu et les masses, c'est l'interaction qu'il y a entre les masses comme ensemble d'individus et leurs dirigeants.

 

 

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CHE est mort depuis presque 50 ans, Fidel et son frère Raul sont toujours au gouvernement de la petite ile socialiste, ces paroles ne vous semblent t-elles pas encore d'actualité ?

 

Invisible pour la plupart des gens et elles -mêmes aveugles, les lois du capitalisme agissent sans que celui-ci s'en aperçoive. Il ne voit qu'un vaste horizon qui lui semble infini. C'est ainsi que la propagande capitaliste prétend tirer du cas de Rockefeller, véridique ou non, une leçon sur les possibilités du succès. La misère qu'il faut accumuler pour que surgisse un tel exemple et la somme de bassesses qu'implique une fortune de cette ampleur n'apparaissent pas dans le tableau. Et il n'est pas toujours possible aux forces populaires de tirer au clair ces concepts.

 

 

 

 

 

 

Cela ne vous semble-t'il pas toujours d'actualité ? A part de nos jours le nombre de Rockefeller toujours croissant  dans le monde appauvrissant de ce fait le reste de l'humanité, CHE était un visionnaire, c'est certain!

 

Je vais essayer maintenant de définir l'individu, acteur de ce drame étrange et passionnant qu'est la construction du socialisme, dans sa double existence d'être unique et de membre de la communauté.

 

Je ne crois pas pour ma part en un leader de nos jours, même si certains individus font montre d'un tel charisme qui déplace les foules ( je pense ici à Hugo Chavez et Evo Morales) mais la mise en place du socialisme de nos jours ne pourra se faire sans , à sa tête un groupe de leaders expérimentés et au diapason,ces derniers seront sous les commandes du peuple et suivront ces directives . Si j'ai un exemple à vous donner de ce système qui est lié à l'anarchisme, c'est le mouvement zapatiste qui de nos jours représente le meilleur compromis démocratique.

 

Comme je l'ai déjà dit, dans les moments de péril extrême, il est facile de faire agir les stimulants moraux. Mais pour maintenir leur vigueur, il faut développer une conscience où les valeurs acquièrent une nouvelle signification. La société dans son ensemble doit devenir une gigantesque école.

 

 

 

 

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Dans cette école moderne, je ne veux retenir que deux mots cités par le CHE, stimulant moral et valeur, deux mots foncièrement absents de notre société actuelle et qui constituent des "anomalies"pour ceux qui s'en réclament.

 

Ensuite vient l'espoir. Ici, le capitalisme se différencie des précédents régimes de castes qui ne laissent aucune issue possible.

 

ESPOIR, ESPERANZA, est un mot que nous devons avoir aux lévres chaque jour de notre vie ....

 

Dans cette période de construction du socialisme, nous pouvons assister à la naissance de l'homme nouveau. Son image n'est pas encore achevée. Elle ne pourrait l'être puisque ce processus est parallèle au développement de formes économiques nouvelles.

 

Notre CHE serait bien désespéré s'il revenait sur cette terre de constater que "son homme nouveau" n'existe toujours pas, pire, qu'il a régressé en ce sens puisque le capitalisme forcéné avec son flot de désinformation , sa perte de culture et son individualisme à remis en avant l'homme tourné vers les idées fascistes.

 

 

Pour permettre à l'homme de se développer de la première de ces matières, le travail doit changer de nature. L'homme-marchandise doit cesser d'exister et il faut mettre en place un système qui verse une quote-part pour l'accomplissement du devoir social. Les moyens de production appartiennent à la société et la machine n'est que la tranchée où s'accomplit le devoir.

 

 

 

 

 

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De nos jours, l'homme-marchandise l'est encore plus, c'est même de la main d'oeuvre jetable avec le travail précaire. Un quote-part pour le devoir social, ne serait-ce pas rémunérer et prendre en compte comme expérience professionnelle toutes les activités militantes et associatives qui sont des savoirs infinis et autodidactes ?

Si le monde du travail reconnaissait ces valeurs, le travail accompli n'en serait que meilleur, j'en suis persuadée et l'aliénation moindre.

 

 

En résumé, la culpabilité de beaucoup de nos intellectuels et de nos artistes est la conséquence de leur péché originel. Ce ne sont pas d'authentiques révolutionnaires. On peut essayer de greffer un orme pour qu'il donne des poires, mais en même temps il faut planter des poiriers. Les nouvelles générations naîtront libérées du péché originel. Plus nous élargirons le champ de la culture et les possibilités d'expression, plus nous aurons de chances de voir surgir des artistes exceptionnels.

 

 

 

Cela me fait sourire de penser à l'idée d'attribuer de nos jours le mot révolutionnaire à un artiste !

Mais ce programme pensé par le CHE a été mis en application à Cuba où la culture est exemplaire et mise en avant dans les écoles. Un être cultivé est un être libre qui saura grâce à sa pensée évoluer et sortir de tous les pièges mis en place par le capital, qui saura se sortir du formatage de la société de consommation.

 

Le parti est un exemple vivant. Ses cadres doivent donner des leçons d'ardeur au travail et de sacrifice. Ils doivent par leur action conduire les masses au bout de leurs tâches révolutionnaires. Ce qui implique des années d'une dure lutte contre les difficultés de la construction du socialisme, les ennemis de classe, les séquelles du passé et l'impérialisme.

 

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Si des membres du PCF passent pas là, qu'ils rougissent en lisant cela, ardeur au travail, pfiout......sacrifice....conduire les masses au bout de leurs tâches révolutionnaires, mon oeil......à notre époque le parti c'est l'accompagnement du capital dans les luttes, l'électoralisme et l'individualisme. Après, vous comprendrez pourquoi on y arrive pas....à la révolution !!

 

Permettez-moi de dire, au risque de paraître ridicule, que le vrai révolutionnaire est guidé par de grands sentiments d'amour. Il est impossible d'imaginer un révolutionnaire authentique sans cette qualité.

 

Mon cher CHE j'en suis convaincue, il faut une grande somme d'amour et de sacrifice pour accomplir ce que tu as accompli et que peu d'êtres au monde ont fait. Je ne souhaite qu'une chose , c'est que la terre à ce jour porte de plus en plus de révolutionnaires. J'en suis une et force est de constater qu'autour de moi ceux qui se réclament de ces nobles sentiments ne sont en fait que des imposteurs, car leur jalousie et leur ego leur fait vite oublier leurs sentiments. Je souffre car je ne peux m'en défaire pour ma part et j'ouvre la porte chaque jour à toutes les méchancetés.......

 

Permettez-moi de tirer quelques conclusions.

Nous autres socialistes, nous sommes plus libres parce que nous sommes plus complets. Nous sommes plus complets parce que nous sommes plus libres.

 

ça c'est bien dit !!

 

 

Le squelette de notre pleine liberté est prêt. Il ne lui manque que la chair et les vêtements. Nous les créerons.

 

Quattendons-nous, camarades pour enfin habiller ce squelette ?

 

L'argile fondamental de notre oeuvre est la jeunesse. Nous y déposons tous nos espoirs et nous la préparons à prendre le drapeau de nos mains.

 

Nul doute qu'en lisant ce blog et les sages paroles du CHE ; celle-ci reprenne le flambeau des luttes, ayons confiance en nos jeunes !!

 

 

 

PATRIA O MUERTE

 

CHE GUEVARA

 

 

 

En rouge, mes anotations qui valent ce qu'elles valent, elles émanent d'une révolutionnaire, fan du CHE et emplie de bon sentiments qui la débordent souvent.

 

Caroleone

 

 

 

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Rédigé par caroleone

Publié dans #Réflexions, #Au cœur du CHE

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C
<br /> Prends ton temps ......<br /> <br /> <br />
P
<br /> Bonjour Caroleone,<br /> <br /> Je reviendrais plus tard commenter cet excellent travail que tu as fourni et qui mérite plus d'attention que je ne puis en donner pour l'instant... Je crois que je vais encore me réveiller avec les<br /> traces du clavier sur la figure !<br /> <br /> Bises et à très bientôt,<br /> Le Papy<br /> <br /> <br />
C
<br /> Bonjour Dany,<br /> <br /> Je crois pour ma part qu'il nous faudrait à présent plusieurs CHE pour arriver à redresser tout cet édifice corrompu !!<br /> Encore plus dur à trouver, n'est-ce pas ?<br /> Merci de ta visite<br /> Bises<br /> caroleone<br /> <br /> <br />
C
<br /> Ton commentaire est pertinent ,Serge, et riche d'enseignement pour qui, comme moi, n'ai pas profité de cette école du parti.<br /> Tu as raison , lorsque les militants occupent le terrain, le porte à porte, la vente de l'huma, les tables de presse et les pétitions, ça marche et les habitants s'y retrouvent. C'est ce que<br /> pratiquent encore les cocos de Mantes la jolie, il faut une équipe rompue à ce"sport" et dispo, il faut de la "gnac" mais je ne crois pas pour autant que cela change les choses lors des votes car<br /> le travail de terrain n'est pas suivi nationalement par le parti.<br /> Je trouve aussi que ce texte est toujours d'actualité et pourrait facilement être remis aux goûts du jour comme tous les écrits du CHE et d'autres marxistes, avec un peu de bonne volonté, on<br /> pourrait y arriver.....on pourrait !!<br /> Merci de ta visite et de ton commentaire Serge.<br /> Bises à toi<br /> Caroleone<br /> <br /> <br />
D
<br /> Bravo et merci caroléone c'est sincérement dit! hélas pas de CHE à l'horizon .<br /> Bises<br /> <br /> <br />
S
<br /> Voilà un texte qui aurait sa place dans les écoles du PCF si elles existaient encore ! Il définit d'une façon claire ce que doit être un révolutionnaire. C'était vrai il y a 50 ans, ça l'est<br /> toujours aujourd'hui. C'est notamment parce qu'il a abandonné la jeunesse en faisant disparaître les "VAILLANTS" que le PCF a perdu son école de formation de ses futurs cadres, laissant la place<br /> aux carriéristes et autres arrivistes (je sors de cette école et je sais de quoi je parle).<br /> Le déclin du PCF correspond à l'abandon de l'activité dans les cités, le porte à porte, la vente de l'huma, bref, le contacts avec les travailleurs sur leur lieu de vie.<br /> Ce n'est pas, comme on a pu le croire, le passage d'un dirigeant à la télé, même avec une bonne audience, qui peut faire avancer les idées révolutionnaires. On retombe, hélas, dans ce travers avec<br /> la candidature Mélanchon.<br /> Sans la reprise du travail militant à la base, il n'y aura pas de lendemains qui chantent car, contrairement à ce que certains pensent, la conscience de classe n'est pas innée, même chez l'exploité<br /> ...<br /> <br /> Nous en arrivons donc aux mêmes conclusions, Caroleone, et nous avons, effectivement, encore du pain sur la planche.<br /> <br /> <br />