Le narcotrafic : une arme de l’empire- Note de lecture sur le livre de Marcelo Colussi

Publié le 18 Octobre 2011

 

 

 

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Gilberto López y Rivas

Traduit par GJ
Edité par Fausto Giudice

 

 

 

 

Le site Argenpress a mis en vente en ligne le livre de Marcelo Colussi El narcotráfico: una arma del imperio (2010), dont la lecture s’avère indispensable pour une analyse sur ce thème au niveau planétaire et, en particulier pour la comprendre la tragique situation que vit actuellement notre pays [ le Mexique]. Considérant son travail comme un apport dans un domaine où il y a trop de mensonges, l’auteur soutient qu’à propos du narcotrafic il y a une version officielle, inlassablement manipulée par les médias de masse, et une réalité occulte.

 

 

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                                           La télé comme drogue, par Medi Belortaja, Albanie

 

 

Observant l’ampleur énorme du trafic de drogues illicites, il affirme que le circuit commercial brasse 800 milliards de dollars annuels, plus que la vente de pétrole mais moins que celle des armes, qui reste le marché le plus lucratif au niveau mondial. L’hypothèse principale de Colussi consiste à exposer que le pouvoir hégémonique mené par les USA a trouvé dans ce nouveau champ de bataille un terrain fertile pour prolonger et adapter sa stratégie de contrôle universel. “Comme il l’a trouvé aussi dans le soi-disant ‘terrorisme’, nouvelle ‘plaie biblique’ qui a rendu possible la nouvelle stratégie impériale de domination militaire unipolaire avec ses initiatives de guerres préventives”.

 

 

 

 

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Il affirme que les mêmes facteurs de pouvoir qui animent l’appareil social du capitalisme mondial ont créé l’offre de stupéfiants, ont généré la demande, et “sur la base de ce circuit ont tissé le mythe de mafias maléfiques superpuissantes opposées à l’humanité, cause des angoisses et de l’anxiété des citoyens honnêtes, motif pour lequel est justifiée une intervention militaro-policière à l’échelle planétaire.

 

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                                         Violence au Mexique, par Rafael Carrasco, Equateur

 

 

Suivant la méthode des questions-réponses, l’auteur pose une question clé : à qui profite le trafic de drogues illégales ? Il répond à cela que pour les grandes majorités il n’y a aucun bénéfice : le drogué dépendant entre dans un enfer dans lequel pas plus de 10% de ceux qui s’y engagent ne parviennent à s’en sortir ; leurs familles portent une charge écrasante, car l’addiction empoisonne toute cohabitation ; les agriculteurs qui cultivent la matière première dans les pays du sud n’obtiennent qu’un pour cent des bénéfices totaux du commerce ; parmi les peuples indigènes le paiement en espèces, la répression et la culture criminelle cassent les structures d’autogouvernement communautaires ; l’économie paysanne d’autoconsommation est remplacée par une marchandisation ; la culture de l’argent facile lié à la criminalité concorde avec une déchirure profonde de tout le tissu social, provoquant un processus de décomposition et de guerre ; tout le réseau des tueurs à gages et de la commercialisation, que ce soit la mule, le dealer ou le parrain, a une histoire de vies brèves et de fortunes éphémères (pour une minorité), dans lesquelles la mort ou la prison sont toujours au coin de la rue. Ce n’est pas une économie soutenable. C’est une histoire sordide de souffrance et de douleur. Ce qui nous reste, à nous autres Latino-américains, c’est la la crise, la guerre civile, les morts, les sociétés déchirées et seulement quelques dollars brassés par les mafias locales.

 

Ces mafias-affirme Colussi-sans les dédouaner de leur part de responsabilité, ne sont qu’une petite partie de toute la chaîne. Les mafieux sont des commerçants qui font leur travail, point barre ; ils gagnent de l’argent, beaucoup d’argent sans doute, mais n’ont pas le pouvoir de décision sur les termes macro de l’affaire...Ceux qui font beaucoup d’argent, en définitive, sont les banquiers. “Cette masse énorme d’argent que procure le commerce - qui, de fait, se traduit en pouvoir, beaucoup de pouvoir politique et social-touche aussi d’autres sphères d’action : cet argent est “lavé” et entre dans des circuits acceptés... Il n’y a rien de nouveau dans le fait qu’il existe toute une économie “propre”, produit des opérations de blanchiment des capitaux du narcotrafic. Et ce sont des banques “propres” et honorables qui procèdent à ces opérations, les mêmes qui manipulent le capital financier transnational qui aujourd’hui contrôle l’économie mondiale et dont le Sud pauvre et dépendant est débiteur d’une dette extérieure astronomique”.

 

 

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Carte de visite : Le Mexique, le meilleur lieu où investir, par JAMEScartoons, Mexique

 

Mais en plus d’être un énorme business, le trafic de drogues illégales a une autre signification : il est utilisé comme mécanisme de contrôle des sociétés. C’est un dispositif qui permet une supervision de la collectivité par la classe dominante. Il sert à contrôler la société dans son ensemble, il la militarise, constitue l’excuse idéale pour que le pouvoir puisse montrer les dents. Une population effrayée est beaucoup plus maniable.

 

Pour sa part, l’impérialisme usaméricain vient à appliquer de manière soutenue un supposé combat au commerce des drogues illicites, dont l’objectif réel est de permettre aux USA d’intervenir où ils le désirent, où ils ont des intérêts et où ceux-ci se trouvent affectés. Il est hors de propos pour eux d’en finir avec la consommation. Là où il y a des ressources qu’ils ont besoin d’exploiter - pétrole, gaz, minéraux stratégiques, eau douce, etc. - et/ou des foyers de résistance populaire, apparaît le démon du narcotrafic. Celui-ci est une politique inhérente à ses plans de contrôle global. Grâce à lui, le gouvernement des USA compte sur une arme de domination politico-militaire. En réalité, le prétendu combat contre le narcotrafic est le montage d’une sanglante œuvre de théâtre. C’est un combat frontal contre le camp populaire organisé, dans lequel en Colombie, et maintenant au Mexique, par exemple, les oligarchies et leurs gouvernements se sont soumis docilement aux stratégies des USA, étant la plate-forme pour la contre-insurrection, la criminalisation des résistances, la militarisation et la paramilitarisation de nos pays. La consommation induite de drogues est l’épine dorsale du maintien du système capitaliste, tout comme l’est la guerre, ce qui amène l’auteur à conclure avec Rosa Luxemburg : “socialisme ou barbarie”.

 

 

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                                             Narcoart, par Roberto Bobrow, Argentine

 

 

Merci à Le Grand Soir
Source: http://www.jornada.unam.mx/2011/08/19/index.php?section=opinion&article=021a1pol
Date de parution de l'article original: 19/08/2011
URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=5611

 

 

 

 

 


 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA

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C
<br /> <br /> Pour sa part, l’impérialisme usaméricain vient à appliquer de manière soutenue un supposé combat au commerce des drogues illicites, dont l’objectif réel est de<br /> permettre aux USA d’intervenir où ils le désirent, où ils ont des intérêts et où ceux-ci se trouvent affectés. Il est hors de propos pour eux d’en finir avec la consommation. Là où il y a des<br /> ressources qu’ils ont besoin d’exploiter - pétrole, gaz, minéraux stratégiques, eau douce, etc. - et/ou des foyers de résistance populaire, apparaît le démon du narcotrafic<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Bonjour papy,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> En effet, l'histoire t'a appris énormément de choses intéressantes et édifiantes sur la façon dont l'empire s'empare des richesses et détourne tout en sa faveur : c'est l'empire du mal ou je ne<br /> m'y connais pas.<br /> <br /> <br /> Que ce soit en Afghanistan, Irak, à présent Libye, tout comme en Amérique latine, les objectifs sont les mêmes et ils sont résumés dans cette phrase ( dont je n'arrive pas à réduire la taille des<br /> lettres!) :<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> <br /> Bonjour Caroléone,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Voilà une étude qui confirme ce que j'ai toujours pensé sur les motivations réelles qui ont poussées les yankees à coloniser l'Afghanistan.<br /> <br /> <br /> Qui a vraiment cru à la version officielle de chasse à Ben Laden planqué dans une grotte de l'Afghanistan ? Franchement ?<br /> <br /> <br /> L'Afghanistan est le premier pays producteur d'héroïne pure à partir de ses champs de pavots. A qui appartiennent-ils aujourd'hui à défaut d'avoir été détruits ?<br /> <br /> <br /> Il faut remonter en fait jusqu'en 1920, à l'époque de la prohibition de l'alcool aux USA pour comprendre les dessous du traffic organisé par l'État yankee.<br /> <br /> <br /> Déjà il faut se souvenir que les yankees n'étaient pas les buveurs de whisky tels qu'on nous les montre dans les films, en réalité les yankees étaient de très gros consommateurs de bière ! Il<br /> faut savoir aussi qu'à cette époque la plupart des brasseries américaines étaient détenues par des allemands. C'est donc au sortir de la première guerre mondiale (contre les allemands) que la loi<br /> sur la prohibition (Volstead Act) fût votée.<br /> <br /> <br /> Cette loi, identique aujourd'hui en tous points avec les drogues illégales, interdisait la fabrication, la vente et même le transport de boissons alcoolisées (supérieures à 0,5° d'alcool) mais<br /> pas sa consommation. Étonnant comme le Volstead Act est similaire avec les lois anti-drogue !<br /> <br /> <br /> D'autres part, je voudrais préciser aussi qu'à cette époque, les véhicules "carburaient" à l'éthanol, produit le plus souvent à partir des champs de maïs. En faisant détruire tout le matériel des<br /> distilleries, y compris privées, l'État américain a rendu obligatoire le passage au pétrole. Re-étonnant non ?<br /> <br /> <br /> La consommation n'étant pas interdite qui pouvait alors fournir de l'alcool aux américains ?<br /> <br /> <br /> La mafia bien sûr ! C'est elle qui détenait tout le marché de la vente d'alcool, car c'est bien d'un énorme et juteux marché qu'il s'agissait. Aussitôt le Canada était devenu la plaque tournant<br /> d'un gigantesque réseau de contrebande où la France y a largement trouvé son compte. Chaque pays "fournisseur" possédait sa base de stockage. Le Canada, pas besoin, ils étaient quasiment sur<br /> place, néanmoins ils avaient installés d'autres distilleries aux Bermudes et aux Bahamas. La France avait aussi sa base arrière, notamment à Saint-Pierre et Miquelon (devenu célèbre pour son<br /> rhum), les italos-yankees quant à eux possédaient Cuba pour organiser leur trafic.<br /> <br /> <br /> Quand Roosevelt abrogea le Volstead Act c'était d'une part pour tirer des dividendes sur les taxes prélevées sur l'alcool mais aussi pour mettre un terme à des "partenaires" un peu trop<br /> encombrants, tels que Al Capone et en finir avec 15 ans de corruption.<br /> <br /> <br /> Fin 1958, Fidel Castro, de son côté, mis un terme définitif à des années de corruption et de trafics juteux (jeux, prostitution, drogue) entre Batista et les yankees mafieux. La révolution<br /> cubaine a causé la ruine de nombreux mafieux dont plusieurs avaient infiltré l'OSS (la grand-mère de la CIA) et ils ne lui ont jamais pardonné même encore à ce jour.<br /> <br /> <br /> J'ai découvert tout ceci en remontant simplement le cours de l'histoire de la famille Bush dont le grand-père de Dubya, Prescott Bush, banquier et sénateur du Connecticut, s'était largement<br /> enrichit durant cette période de la prohibition.<br /> <br /> <br /> C'est fou ce que l'on peut apprendre simplement avec l'histoire car celle-ci se répète inlassablement !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Bizz,<br /> Le Papy<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />