La petite maison en haut de la colline
Publié le 27 Octobre 2012
Chacun arrivait essoufflé à la porte de la petite maison
Une première montée de marches inégales entrait en question
Bordure de bergenias aux feuilles de caoutchouc luisantes
Mon grand-père suait en remontant sa mobylette sur la pente
On passait ensuite devant la maison des anciens
Là où toute la famille habitait avant réunie dans l’entrain
Deux énormes cuves réservoirs d’eau reposaient
Devant les lieux lui donnant un air lugubre à souhait
Laissons-là le poulailler et la sinistre buanderie lieu de crimes
L’étape où l’on se posait pour souffler et reprendre ses rimes
Se situait au niveau des cabinets rustiques à souhait
Il fallait avoir envie d’y aller car c’était plein d’araignées
Encore des marches et l’on voyait le tilleul apparaître
Majestueux et fier trônant de sa hauteur de 30 mètres
Puis dernière montée, la plus raide et un OUF on poussait
Juste avant de pousser la porte de la maison du bonheur parfait
Une seule pièce centrale mais quelle agréable chaleur
Pas de chichi ni de meubles de fortune juste le confort
Rustique des gens qui se contentent de peu et privilégient
Le contact l’amour et l’amitié aux autres futilités de la vie
La table au milieu de la pièce comme hors d’œuvre principal
Là où tout se passait, les partages les débats de la vie familiale
Qu’il faisait bon s’attabler tous réunis autour de la soupe de poisson
Du couscous des frites du pot au feu des crêpes du gâteau de riz maison
L’école étant juste à côté ma sœur et moi avions notre jour privilégié
Pour aller avec notre grand-père profiter de son bon déjeuner
Chacune choisissait son menu et le pépère alors s’exécutait
Les frites avec le persil frit plongé à la fin étaient mes préférées
Lors des ventes de fleurs pour les morts c’était la fête
La leur et la nôtre car toute la famille alors était prête
Pour donner le coup de main à vendre cinéraires azalées
Chacun mettait la main à la pâte à la cuisine et au marché
Ce que j’aimais par-dessus tout c’était sentir dès l’entrée
Ce voile de sérénité et d’amour m’envelopper m’entourer
D’un coup je respirais sachant que mes tristesses se poseraient
Parlant de choses sérieuses les sages paroles alors j’écoutais
Ce petit cocon fait de bric et de broc d’agglo et de bois
A été construit par la famille certes il est de guingois
Sa cave au sol et murs inégaux gardait la propice fraîcheur
Son foyer était brûlant comme ceux chers à mon cœur
La petite maison est vendue mais debout elle domine
Encore la vie des hommes qui travaillent et triment
Elle ne sert à rien mais on dirait que telle une vigie
L’âme de ses habitants veille sur le cours de notre vie
Carole Radureau (27/10/2102)
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