La Bastille
Publié le 19 Mars 2012
ON A PRIS LA BASTILLE, MAINTENANT QU’EST-CE QU’ON EN FAIT ?
Il s’est passé quelque chose ce dimanche 18 mars à la Bastille, dont bien peu de commentateurs de tous crins avaient prédit l’importance.
Nous avions échangé sur ce blog, au moment de la désignation du candidat du PCF. J’avais alors suggéré une position qui me semblait la plus juste, plutôt la moins mauvaise, en conseillant le vote Chassaigne pour que le courant communiste soit présent dans la campagne qui s’amorçait.
Déjà, certains s’étaient dressés en criant à la trahison. Résultat : exit le candidat communiste, et voilà Mélenchon investi. Ce choix n’était pas le mien, et j’étais plus que réticent. Puis la campagne a débuté et j’ai pu mesurer autour de moi que les interventions de Mélenchon, loin de laisser indifférent, touchaient de plus en plus de monde. J’ai donc étudié le programme du FdG et je n’y ai rien vu de fondamentalement contraire à mes convictions bien qu’en désaccord sur un certain nombre de points et considérant que si certaines mesures ne sont pas prises (et elles ne sont pas annoncées), la politique prévue ne pourra être menée à son terme.
Cette analyse étant posée, que me reste-t-il comme moyen d’action à proposer ? Compte tenu de la réalité du courant révolutionnaire, je constate qu’il n’est pas en état d’imposer ses propres vues. Il faut pourtant bien trouver un moyen terme pour ne pas laisser le champ libre au trio FN/UMP/PS. J’ai donc décidé de m’engager en faveur d’un vote pour le FdG. Un vote basé, non sur une adhésion pleine et entière, mais assorti d’explications sur les risques encourus, compte tenu des faiblesses que j’attribue à son programme. Donc, se servir de ce vote pour donner un espoir, l’appel à s’exprimer POUR étant beaucoup plus porteur qu’un vote CONTRE. Réveiller l’envie d’être partie prenante chez tous ceux qui, d’élection en élection, sont de plus en plus nombreux à fuir les urnes.
Et ce qui s’est passé ce dimanche à la Bastille montre indéniablement « que ça marche ». Les commentateurs politiques des médias sont bien obligés de reconnaître, même du bout des lèvres, qu’un espoir est entrain de naître.
Je suis persuadé et on me l’a dit, que, comme moi, beaucoup de militants ont retrouvé ce dimanche entre Nation et Bastille, des sensations qui avaient disparu des manifs depuis bien longtemps. La présence très active de nombreux jeunes n’étant pas le moindre des aspects positifs.
J’entends et je lis ça et là des attaques ad hominem contre Mélenchon : Il voudrait faire disparaître le PCF ! Oui, et alors ? Est-ce Mélenchon ou les membres du PC qui ont son sort entre leurs mains ? Ceux qui (comme moi) l’on quitté, sont-ils vraiment les mieux placés pour pleurer sur sa disparition ? S’il existe encore, n’est-ce pas précisément grâce à ceux qui y sont restés ? Et là encore, ce qui s’est passé dimanche est une réponse qu’il faut savoir lire. Loin d’avoir disparu derrière l’étiquette FdG, les drapeaux clairement affichés PCF dominaient largement au dessus de la tête des manifestants. Ceux qui prévoyaient la disparition du nom au profit du seul FdG en sont pour leur déconvenue.
Mélenchon a, et j’ai pu le constater dans la manif, redonné envie de se battre à nombre de militants communistes qui avaient déserté ce terrain, non en tant que FdG, mais bien en tant que communiste dans le combat commun.
Toujours sur la toile, après cette journée que l’on peut qualifier d’historique, des changements s’opèrent. Des blogueurs que l’on croyait imperméables à l’idée du FdG en viennent à considérer que, au vu de la manif, une perspective s’ouvre et que le vote FdG peut être le moyen de … On y arrive. Je ne peux que m’en féliciter.
Par contre, d’autres qui, à longueur de blogs, prétendent parler au nom du peuple, n’ont que mépris et injures pour parler de lui quand 120 000 personnes sont dans la rue ! S’ils y étaient descendus, ils auraient pu se rendre compte que ce peuple, loin de se laisser manipuler, sait parfaitement ce qu’il veut et qu’il saura le faire entendre si besoin est. Faire confiance au peuple, c’est aussi lui permettre de faire ses propres expériences et d’en tirer les leçons et les conséquences.
Ceux là même qui prétendent détenir la seule vérité quant à la route à suivre, oublient de voir que leurs méthodes ont été mises en application et qu’elles ont conduit là où nous sommes aujourd’hui. Donc, à un moment où un autre, elles ont montré leurs limites. J’attends toujours de leur part, une véritable analyse de ces causes.
L’union est un combat, disions-nous au moment du programme commun. C’est toujours vrai aujourd’hui. Dire pourquoi il faut aller plus loin dans la mise au pas du capital et de ses serviteurs néolibéraux ou sociaux démocrates et comment faire émerger de vraies solutions, en expliquant où peut mener une politique non conforme aux intérêts de ceux qui vivent de leur travail, est plus que jamais d’actualité.
Rien n’est gagné, mais aujourd’hui, beaucoup ont le sentiment qu’au moins rien n’est perdu et qu’un véritable espoir a été mis en chantier le 18 mars à la Bastille. Et nous ferons partie de ceux qui auront la satisfaction de pouvoir dire « j’y étais » …
On présente aujourd’hui Mélenchon comme le « vrai » 3ème homme de cette élection. Si déjà il repoussait le FN à la 4ème place, ce serait un vrai bouleversement du paysage politique français. Il ne tient qu’à nous de faire en sorte qu’il en retire également le monarque. Mélenchon dans les deux premiers, c’est possible si tous ceux qui ont intérêt à ce changement décident de se mobiliser. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir. Après, l’élection d’une assemblée constituante à la proportionnelle permettra au courant révolutionnaire de reprendre sa vraie place.
Serge des bois