Guyane française : L'orpaillage et les Wayanas
Publié le 11 Décembre 2011
Les orpailleurs, qui sont-ils ?
Ils sont appelés « garimpeiros » et arrivent par milliers en tant que clandestins pour exploiter le sous-sol de la Guyane provoquant ruine et misère sur leur passage.
Ils viennent principalement du Brésil et du Surinam, pays frontaliers de la Guyane.
Il y a deux sortes d’exploitants, les « légaux » qui sont environ 65 opérateurs exploitant une centaine de sites autorisés.
Et les illégaux qui exploiteraient environ 350 sites employant entre 5000 à 10.000 personnes (chiffres 2006)
Les techniques d’orpaillage
Elles diffèrent selon l’origine de l’or :
- L’or primaire
- Il vient directement de la roche mère
- Il est concentré dans des filons de quartz aurifère
- Il faut l’extraire en creusant le sol avec des moyens industriels (galeries, mines à ciel ouvert)
- Il faut concasser le minerai pour en extraire l’or avec des moyens chimiques
- Purification de l’or : à l’aide de principes chimiques, cyanure
En Guyane, cette technique d’orpaillage est utilisée par les orpailleurs « légaux »
- L’or alluvial
- Il provient des sédiments issus de l’érosion de la roche qui contient l’or
- Il est sous forme de pépites et paillettes
- Il est très diffus
- Il nécessite des fouilles et le traitement de grandes quantités de terres et sédiments
- Il faut détourner le cours des criques pour libérer les vallées alluviales
- Les alluvions sont liquéfiés par un jet d’eau à haute pression
- La boue formée est aspirée par des pompes et répandue sur un système de tapis inclinés recouverts de moquettes
- L’or se dépose et se trouve piégé dans les fibres
Les conséquences liées à l’orpaillage
En Guyane, 1333 km de cours d’eau ont été directement impactés par les chantiers miniers légaux comme illégaux et 4671 km de fleuves et rivières touchés par les pollutions.
Les produits toxiques
Le cyanure
C’est un poison puissant, toxique à très faible dose aussi bien sur les cellules animales et végétales (algues, invertébrés), qui bloquent le processus de respiration.
Utilisé en climat humide, comme il est soluble, il est très rapidement transporté sur de grandes distances.
La Guyane française est soumise théoriquement aux normes européennes. La dose de cyanure dans l’eau est de 0.05 mg/litre, cette dose peut tuer une truite en 5 jours.
Le mercure
Il sert à amalgamer l’or, il ne reste plus ensuite qu’à chauffer l’amalgame pour que le mercure s’évapore et qu’il ne reste que l’or.
L’opération se fait au chalumeau parce que bien souvent illégale et à l’air libre. Les vapeurs de mercure sont inhalées par les orpailleurs et libérées dans l’environnement proche.
Le sol guyanais est par ailleurs déjà très riche en mercure (8 fois plus en moyenne que la France métropolitaine). Le mercure libéré par le traitement du sol aux lances à eau est source de pollution de l’air, des brumes, des pluies et de l’eau et des sédiments.
5 tonnes de mercure annuel sont rejetées dans le milieu naturel.
80 % de mercure inspiré passe dans les poumons et le sang.
Le méthyl-mercure
Les techniques utilisées génèrent une re-sédimentation qui favorise la production par les bactéries de méthyl-mercure qui est encore plus toxique que le mercure pur. Il est de plus bio-assimilable, se concentre dans les muscles et non dans le foie et les reins comme le mercure pur.
La déforestation
Pollution des sols par hydrocarbures et déforestation dans différents sites de l'intérieur
Entre 2000 et 2005, ont été déboisées plus de 11.500 hectares. L’exploitation de l’or alluvial provoque la déforestation qui résulte du maniement des sols. En fin d’exploitation, la loi impose une re-végétalisation mais comme les contrôles sont rares cette opération est négligée.
La décantation dans les barranques n'est pas systématique et la boue est souvent rejetée directement dans les criques, entraînant de graves perturbations des écosystèmes aquatiques. Par ailleurs, la mise en suspension des argiles libère aussi du mercure naturellement présent en grande quantité dans les sols guyanais, et qui était auparavant non biodisponible. Enfin, la suppression de la couche forestière détruit aussi la protection naturelle des sols fragiles de Guyane. L'érosion par les intenses pluies tropicales est fortement renforcée sur les sites miniers.
D’autres conséquences sur l’environnement
- dérangement de la faune
- perturbation du cycle de l'eau et destruction des écosystèmes aquatiques
- création de pistes
- vols d'hélicoptères et/ou avions (bruit, besoin de pistes, risques liés aux carburants, à l'entretien, aux accidents, etc)
- rejets de déchets divers (dont mercure et cyanures)
- pollution par le plomb, source de saturnisme
- abandon de déchets et matériaux lorsqu'un chantier n'est plus rentable
Le prix de la honte
Le butin des clandestins est estimé par le direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement chaque année :
Entre 5 et 10 tonnes d’or sont récoltés
Pour un prix de revient en 2008 à : 220 millions de dollars
En 2011, le prix de l’once d’or est de 1100 dollars.
DES PEUPLES MENACES
LES AMERINDIENS DE GUYANE : WAYANAS, APALAI, TEKO ET WAYAMPIS
Les WAYANAS et les APALAI sur cocomagnanville
Ils sont les victimes des activités des orpailleurs clandestins :
- Empoisonnements au mercure dans l’eau et les poissons
- Vols
- Menaces de mort
Conséquences sur la santé :
- Problèmes neurologiques
- Problèmes intellectuels
- Réflexes ostéotendineux
- Défaut de coordination des membres
- Diminution des capacités visuospatiales
- Malformations congénitales
- Graves malformations chez les enfants
Autres menaces indirectes liées à la présence des orpailleurs :
- Alcoolisme
- Prostitution
- Drogue
- Viols
Malgré les opérations de police et une surveillance du trafic à Twenké, l’orpaillage ne cesse de s’étendre de manière dramatique et voici ce que demandent les wayanas et les apalaï :
- Mettre fin à l’orpaillage illégal
- Que toute forme d’exploitation de l’or soit interdite sur leurs terres
- Que les orpailleurs soient chassés de la forêt
- Qu’un accord de coopération et un budget soient signés entre les autorités
françaises , surinamiennes et brésiliennes pour lutter contre ce fléau qui touche de plein fouet les populations amérindiennes.
Mais que fait la police ?
Opération harpie
L’Opération Harpie est une opération inter-ministérielle française réalisée en Guyane à compter de février 2008. Déclenchée par Nicolas Sarkozy président de la République, elle a pour objectif de paralyser les sites d’orpaillage (orpaillage en Guyane) clandestins sur le territoire. Elle fait suite aux opérations Anaconda.
Parmi les éléments engagés, figurent les douanes, la gendarmerie, l’armée de terre (3e REI, 9e RIMa, et de nombreuses unités d'infanterie et de génie en missions de courte durée), des hélicoptères et des avions de l’Armée de l’Air.
Voir dans la revue de presse les freins qui empêchent réellement le « nettoyage » de l’orpaillage dans la région.
Peu de sources existent à ce sujet, aussi, je laisse à mes lecteurs le soin d’en déduire ce que bon leur semble sur le sujet.
! En tout état de cause, je propose sans pour autant passer par une ONG douteuse de boycotter l'or tout court, vu que nous n'avons aucune garantie actuellement de traçabilité de l'or, ne faisons donc pas le jeu des orpailleurs et les complices de cette destruction massive de vies humaines et de l'écosystème.
Revue de presse
Sur RFI
Complicité d’orpaillage clandestin
Joseph Chanel, 58 ans, maire de la commune amérindienne de Camopi a été reconnu coupable de complicité d'orpaillage clandestin vendredi à Cayenne et condamné à 10 mois de prison avec sursis. Il a déclaré avoir utilisé un moteur offert par Nicolas Sarkozy pour ses transports illicites de denrées en pirogue. Le moteur a été confisqué par la justice. Le Parquet qui avait requis un an de prison dont 6 mois avec sursis a fait appel……
Le 11 février 2008, à Camopi, Nicolas Sarkozy et ses ministres applaudissaient Joseph Chanel pour sa pensée amérindienne sur l'argent qui « n'est pas comestible ».(Photo : F. Farine/RFI)
Sur blada.com
15/11/11
Orpaillage en Guyane : le scénario se précise
Ils sont désormais à peu près tous d'accord. La Fédération des orpailleurs miniers l'a toujours affirmé haut et fort : les orpailleurs veulent pouvoir opérer partout sur le territoire de la Guyane, sans contrainte, et le schéma minier, qui entend protéger les zones à forte diversité, est considéré comme une imposture.
Sur Guyane la 1ère.fr
Penchard veut renforcer la lutte
16/09/2011
"L’attrait dû à l’envolée du cours de l’or rend encore plus nécessaire la lutte contre les garimpeiros", orpailleurs venus du Brésil voisin, a affirmé la ministre, devant des gendarmes et des militaires ayant participé à la dernière opération de démantèlement d’une zone d’exploitation illégale. "L’orpaillage clandestin est un fléau en Guyane. Cette lutte, nous devons la mener pour préserver les richesses de ce territoire et pour protéger les populations", a poursuivi Mme Penchard.
Sur cybergéo
Cet article rend compte des difficultés rencontrées dans la création du parc amazonien de Guyane française. Le projet de création de ce parc national a été initié en 1992 lors du sommet de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement. L’aire du parc se situe dans le Sud de la Guyane et couvre environ trois millions d’hectares du domaine forestier guyanais estimé à près de huit millions d’hectares……
Sur SURVIVAL
Leurs terres envahies par les orpailleurs clandestins
Les Wayana, les Apalaï et les Teko habitent sur le Haut Maroni, fleuve frontalier entre le Surinam et la Guyane française qui prend ses sources près de la frontière avec le Brésil. Depuis de nombreuses années, ils sont menacés par l’orpaillage illégal. La présence des chercheurs d’or crée également une atmosphère d’insécurité. L’association Tekuramai, les Wayana et Survival appellent au retrait immédiat de tous les orpailleurs……..
Ces petites bouilles d'innocents méritent bien que nous agissions pour leur bonheur et leur avenir, qu'en pensez-vous ?
Caroleone
Sources : wikipédia, survival, un peu partout sur le net