FRALIB : VIGILANCE!
Publié le 30 Juillet 2012
ci-après le texte de Charles Hoareau.
Le FSC tient à manifester sa solidarité aux Fralib, dans la continuité de son soutien (gardes de l’outil de travail par des camarades de la région, soutien financier…).
Derrière les déclarations douceureuses qui font mine de prendre en compte la volonté du peuple français qui s’est manifestée dans le désir de chasser Sarko, rien ne change en profondeur et rien ne changera sans que les travailleurs ne prennent leur destin en main et comptent d’abord sur leurs propres forces et sur la solidarité de classe.
Comme sur d'autres points, le FSC s'est adressé aux députés de la majorité afin de souligner leurs responsabilités : par exemple le vote d’une loi contre les licenciements boursiers, le refus de l’augmentation de la CSG et à l’inverse sa suppression, le vote de nouveaux droits pour les travailleurs allant jusqu’à la possibilité de suspension et d’annulation des plans sociaux.
Nous attendons toujours leurs réponses !
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C’est comme cela avec le grand patronat, il est tellement habitué à régner en maître absolu dans « ses » entreprises et à avoir à l’extérieur des pouvoirs publics ouvertement à sa botte ou qui plient à la première de ses inflexions de voix, qu’il finit par prendre le pays tout entier pour une « colonie bananière » comme dit la CGT de Fralib.
De la famille Peugeot qui depuis la Suisse prétend donner des leçons de civisme à tout un chacun, à Laurence Parisot qui ne « digère pas la conférence sociale » parce que, entre autres, on n’y a pas parlé de la flexisécurité en passant par Bruno Witvoët, PDG d’UNILEVER et ses déclarations pleines de morgue ou Jean Luc Chauvin, président de l’UPE 13 [1] qui a récemment, dans une interview édifiante, accusé les salariés de Fralib de pillage, ce qui en toute logique devrait lui valoir un procès en diffamation, ils sont tous les mêmes : ils se prennent pour des monarques.
En ce qui concerne le dernier, c’est sûr qu’en tant qu’ancien président de la FNAIM 13 il est bien placé pour donner des leçons de lutte contre les voyous
marchands de sommeil qui sévissent dans la profession en particulier à Marseille…mais passons.
Et ainsi va le monde de l’argent, depuis que le capitalisme est capitalisme, le grand patronat n’a de cessé de vouloir reprendre ce que nous gagnons par les
luttes.
UNILEVER ne déroge pas à la règle, il ne renonce jamais, mais en face les fralibiens et leurs soutiens non plus.
Depuis le départ de la bande à Sarkozy à qui elle pouvait tout demander, la direction du Groupe tente de faire de même en adaptant sa stratégie aux conditions politiques nouvelles créées par les élections et l’irruption des luttes dans la campagne électorale.
Ainsi elle accepte de s’asseoir pour la première fois à la table des négociations après plus de 600 jours de lutte et ajoute aussitôt que le débat est clos,
malgré les décisions de justice elle empêche toute reprise de l’activité sur le site depuis plus d’1 an et c’est elle qui décide en toute illégitimité de
retenir les salaires des délégués du personnel en prétextant qu’ils seraient en grève (une grève des seuls délégués, admirez la finesse de l’argument),
elle s’autorise à parler à la place de la communauté de commune de Marseille, candidate au rachat du site,
elle interprète comme ça l’arrange les décisions de justice,
bref elle se croit tout permis.
Dernier fait en date, le groupe UNILEVER s’était engagé publiquement et par écrit, à l’occasion de la réunion au ministère du 28 juin dernier, à céder l’ensemble de l’outil industriel. De plus, s’agissant du site, le groupe avait déclaré qu’il n’avait plus besoin d’y venir, excepté pour récupérer quelques dossiers individuels concernant certains salariés [2] et qu’il ne demanderait pas la liquidation des astreintes [3]. Une fois de plus les dirigeants ne respectent pas leurs propos.
Ce jeudi 26 juillet, les délégués de Fralib ont reçu un courrier de la direction indiquant qu’elle allait « revenir travailler sur le site avec des entreprises prestataires » afin de « restituer le site en septembre 2012 ». Vide de toute machine ? On a en mémoire les camions de déménagement qui rodaient autour de l’usine au printemps dernier...
Au cas où il subsisterait un doute elle précise dans ce même courrier qu’elle viendra « accompagnée par un huissier de justice qui sera chargé de constater les infractions qui pourront donner lieu à la liquidation des astreintes »…
Le lendemain de ce courrier, donc, hier vendredi, M. Llovera, le Directeur du site accompagné de ses gardes du corps aux caméras (mal) cachées et de son fidèle huissier de Justice armé de son appareil photo se présente à l’entrée.
Une délégation de syndicalistes du département (mais pas un fralibien) les attendait donc tranquillement depuis le matin (très) tôt pour leur rappeler que si la
direction veut venir pour récupérer les dossiers, cela ne pose aucun problème. Elle n’a qu’à écrire aux délégués et organiser la récupération avec eux. Concernant l’intervention d’éventuelles
entreprises prestataires, ce n’est pas ce qui avait été convenu le 28 juin, donc qu’elle revoie cela avec celles et ceux qui ont participé à la réunion au ministère.
M. Llovera, flanqué de ses acolytes, repart dépité de n’avoir pu faire constater ni que l’entrée lui était interdite, ni que des salarié-e-s visés par le
jugement du 16 mai dernier étaient présents.
Il est à noter que la venue des prestataires habituels (et la direction le sait) ne pose aucun problème et que ceux-ci (entreprises de dératisation, d’entretien des espaces verts ou de maintenance des machines à boisson…) n’ont jamais cessé de venir à l’usine y compris récemment.
Personne ne peut donc être dupe devant une telle manœuvre qui vise à mettre la pression sur le collectif de salariés en lutte, mais aussi sur les pouvoirs publics.
Pour l’instant le groupe agit comme s’il avait la certitude, quoi qu’il fasse, de rester impuni.
A l’automne prochain viendra devant la cour d’appel le 3ème PSE validé dans les conditions d’irrégularités queles lecteurs de Rouge Midi connaissent .
Le ministère aussi.
Dans ces conditions une question se pose : pourquoi le nouveau ministre du travail ne demande-t-il pas au directeur départemental de ressortir la lettre que le ministre précédent avait demandée aux services de tenir secrète ?
De même se pose également la question du PV de carence qui avait été établi dès le début de la procédure et bloqué volontairement en préfecture plus de 8 jours, pour qu’il soit inopérant.
Ces éléments sont essentiels dans le cadre de la procédure d’appel. Comme le disent les délégués du site : « Personne ne comprendrait pourquoi le nouveau gouvernement couvrirait les magouilles du précédent. »
En attendant et pour parer à toute nouvelle tentative - et nous de doutons pas qu’il risque d’y en avoir d’autres, la CGT du 13 a lancé un appel aux syndicats du département et les salarié-e-s ont relancé le comité de vigilance : même en plein mois d’août il va y avoir du mouvement à Fralib.
La solidarité ne prend pas de vacances !
[1] union patronale des BDR
[2] Ce qu’évidemment les représentants des salariés avaient compris et opération pour laquelle ils s’étaient engagés à ce que la direction puisse pénétrer sur le site à sa guise.
[3] plusieurs salariés ont été mis en demeure par le tribunal de libérer le site sous astreinte nominative de 200 à 400€