Fragment de Terre mère : Donnez-moi la forêt *
Publié le 10 Février 2013
Oui, donnez-moi la forêt
et son matelas sa litière
de feuilles suicidées faute de lumière,
de brindilles décoiffées et plantées
dans la tendre mousse verte,
si verte que l’on croirait
qu’elle est surnaturelle.
Soulevant cette mousse que voit-on ?
Une petite vie minuscule
qui courre et vit à foison
et l'on sent alors cette odeur
si chaude et ténébreuse
d’un humus qui se décompose
sur un air de gaieté, d’insouciance.
Donnez-moi la cime des plus hauts arbres
sur lesquels grimpée, je verrais l’horizon,
ici le calme l’avenir de sève et de brume,
là-bas, les nuées les pollutions
qui nous enfument !
Donnez -moi les arbres centenaires
les troncs dessinant leurs âges infinis
leurs branches sèches et tendres
accueillant des feuilles de parchemins
aux nervures décrivant la vie.
Je veux humer l’odeur des sèves
nouvelles,
celles qui font dégouliner la rosée
comme l’eau qui monte à la bouche
juste avant que le vert ne durcisse,
laissant le tendre du début aux souvenirs.
Donnez-moi les sous-bois dont les fraises
aromatisent les buissons les colorent
de braise,
les couvertures de jonquilles
aux éclatantes corolles de vanille,
les tapis de jacinthes au bleu lavande,
leurs bouquets sur nos poignets
laissant de gluantes offrandes,
et les petits coucous qui inclinent
leurs clochettes devant nous.
Donnez-moi l’automne des bois
quand nos pas crissent sur les bogues,
quand parfois sur nos têtes
tombent des noisettes,
quand la lumière reprend ses droits,
la nature s’incline et ses feuilles
à nouveau déclinent.
Fabriquer le tapis portant notre terre
est leur rôle si précieux/ éphémère.
Un humus de vie qui foisonne
pour soutenir les pas hésitants
des hommes.
La forêt est la reine elle est oxygène
elle est source de vie , de vie si pérenne,
son air son odeur sa couleur sa vue
sont les demeures des premiers hommes.
Il n’en fallait pas plus pour vivre :
quelques branches, des feuillages
des pièges pour se nourrir,
la vie était belle et sentait la malice ;
aucun piège si ce n’est celui du futur
qui détruit le monde offrant nourriture,
toit, habits : habilles –toi de dignité
en cherchant le combat qu’il faut mener
pour la forêt sauvegarder.
Carole Radureau (08/02/2013)
Ce texte est libre de droit et diffusé sous licence creative commons
J'inscris aussi ce poème en tant que perle au collier qui construit notre monde meilleur ainsi que la série qui j'espère va suivre sur le thème de la Terre mère.
Construire un monde meilleur ? Chiche ! ( voir les autres poèmes ICI )