Des paramilitaires séquestrent et torturent des zapatistes à San Cristóbal de las Casas

Publié le 10 Novembre 2010

Après l'agression, ils le remirent à la police, dénoncent des adhérents de
l'Autre Campagne

Des paramilitaires séquestrent et torturent des zapatistes à San Cristóbal
de las Casas

Une cinquantaine de membres du groupe évangélique « Armée de Dieu » ont
séquestré, torturé et remis à la police deux ejidatarios de l'Autre
Campagne, adhérents à la Sixième Déclaration de la forêt Lacandone de
l'Armée zapatiste de libération nationale, dans l'ejido Mitzitón
(municipalité de San Cristóbal de las Casas, Chiapas).

De plus ils agressèrent leurs familles et menacèrent de violer les femmes.
Deux jours plus tard, les paysans tzotziles furent obligés de payer une
amende sans qu'on leur donne d'explications. Les agresseurs ne reçurent
aucune sanction, bien au contraire : ils semblent qu'ils travaillent avec
la police d'État du Chiapas.

L'agression a commencé dans la nuit du 2 novembre, quand des personnes
identifiées comme appartenant à l'Armée de Dieu, agressèrent Pedro Díaz
Gómez alors qu'il rentrait chez lui. « Les paramilitaires commencèrent à
le frapper » et Luis Rey Pérez Heredia « l'attrapa par le cou et
l'étrangla, il voulait le tuer ».  Díaz Gómez réussit à s'échapper. Ses
agresseurs le poursuivirent jusqu'à sa maison, traversèrent la clôture et
enfoncèrent la porte. Ils le sortirent et le frappèrent de nouveau ainsi
que son épouse María de Lourdes Jiménez et une autre femme. Ils
conduisirent Díaz Gómez à la maison « du dirigeant paramilitaire Gregorio
Gómez Jiménez où ils l'attachèrent et le torturèrent ».

Salvador Hernández Jiménez, en voyant que son compagnon était séquestré,
s'approcha pour le défendre. « Ils le frappèrent aussi et l'emmenèrent à
la maison du dirigeant paramilitaire. Là ils les attachèrent tous deux,
les frappèrent de nouveau et leur jetèrent des seaux d'eau. Ils écrasèrent
les doigts de Pedro avec un morceau de bois ».

La police de l'État préventive était à Mitzitón jusqu'à 22 heures. « Sans
respecter les autorités de la communauté, ils se rendirent directement à
la maison de Gómez Jiménez et de Francisco Gómez Díaz où avaient été
séquestrés les deux compagnons et les emmenèrent. Nous savons que la
police sectorielle est complice des paramilitaires et c'est pour cela
qu'ils n'ont emmenés que nos compagnons mais pas leurs agresseurs »,
signalent les témoins.

Ils demandent une amende

L'autorité ejidale arriva au parquet indigène où on les informa que les
paysans avaient été emmenés à Tuxtla Gutiérrez sans leur expliquer
pourquoi. L'agent de la communauté eut au téléphone les détenus dans la
matinée du 3 novembre : « Pedro me dit qu'on l'avait beaucoup frappé,
qu'il avait une côte cassée et des coupures et qu'il avait été durement
frappés aux doigts. Il me raconta qu'ils posèrent ses doigts sur une
planche et lui attachèrent les mains, qu'il avait les petits os
fracturés ».

Ce même jour, à 13 h 30, une commission d'ejidatarios et l'agent municipal
allèrent au Parquet général de l'État. Le 4 novembre, les deux « détenus »
furent libérés après avoir payé 12 357 pesos d'amende.

Dans son témoignage l'épouse de Pedro raconte : « Ceux de l'Armée de Dieu
arrivèrent avec de gros lassos, ils tirèrent deux balles en l'air puis
entrèrent. Ils me poussèrent pour que je dégage de leur passage. Ils
donnèrent un coup de pied à mon fils Ramon. Ils firent monter mon mari
dans une camionnette puis partirent. Ils avaient le visage découvert c'est
pour cela que je les ai reconnus. Je leur criais et leur demandais
pourquoi ils faisaient cela alors que nous sommes voisins. Ils me dirent
'Tais-toi femme zapatiste, vous êtes amis avec les zapatistes'. Ensuite
nous partîmes pour la maison ejidale. Les policiers arrivèrent et dire
qu'ils allaient secourir Pedro ».

Selon d'autres membres de la famille de la victime, les membres de l'Armée
de Dieu sautèrent par dessus la clôture de la maison, « tirèrent deux
balles » et menacèrent de violer les femmes. Parmi les agresseurs furent
identifiés : Celestino Pérez Hernández, David Hernández Hernández, Miguel
Jiménez Jiménez, Carmen Gómez Gómez, Julio Gómez Hernández, Ciro Hernández
Díaz, Agustín Pérez Díaz, Agustín Gómez Gómez, Julio Hernández Hernández,
Juan Pérez Gómez, Pedro Hernández Hernández, Andrés Jiménez Hernández,
Domingo Jiménez Gómez et Jesús Jiménez Heredia. Ils sont venus dans trois
camionnettes et ont dit : « Nous voulons du sang ».

Hermann Bellinghausen.

Paru dans "La Jornada", le dimanche 7 novembre 2010.

http://www.jornada.unam.mx/2010/11/07/index.php?section=politica&article=011n1pol

http://cspcl.ouvaton.org/article.php3?id_article=787

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Le chiapas en lutte, #EZLN

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