Fragments de Che Guevara

Publié le 19 Février 2012

Au coeur du Che......

 

 

 

 

 

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Anecdotes, fragments de la vie du Che, pris au détour du livre que Jean Cormier lui a consacré, je souhaitais juste les partager avec vous parce qu’ils sont resté marqués dans ma mémoire.

En relisant ces extraits, je réalise comme je me reconnais dans la façon d’être du Che et dans ses combats, je me demande même s’ils ne m’ont pas imprégnée malgré moi .Il est resté dans les esprits et passé à la postérité telle une icône à cause de ce que son sacrifice représentait mais à mon humble avis, c’est aussi parce qu’il était nature et sincère. Cela ne trompe pas les gens, toute génération confondue et seuls les êtres qui ont ses qualités restent marqués dans les mémoires.

Voilà, en espérant que ces fragments vous toucheront également.


Amicalement

 

Caroleone

 

 

 

28

 

 

 

El Pelao

 


 

En 1948, Ernesto part rejoindre pendant ses vacances Alberto Granado qui travaille à la léproserie de San Francisco de Chanar au nord de Cordoba. Avec la fougue de ses vingt ans, Ernesto monte aussitôt un moteur cucchiolo dans le cadre de son vélo et part rejoindre son ami, à huit cent cinquante kilomètres de la capitale.

En cours de route il fait de nombreuses rencontres. Un jour, il crève, à la hauteur d’un vagabond qui sommeille dans un champ, après avoir aidé à y récolter le coton. Pendant qu’Ernesto répare son pneu, l’homme se réveille et vient engager la conversation. Il a jadis été coiffeur et propose de lui prouver sur le champ, en lui offrant une coupe. Ernesto ayant accepté, l’autre tire de sa poche une paire de ciseaux rouillés et se met au travail. Mais lorsqu’il lui montre le résultat, dans un morceau de miroir brisé qu’il a tiré de son autre poche, son client d’occasion en avale sa salive. Il ne lui reste plus qu’à demander à l’homme de l’art de poursuivre son œuvre jusqu’au bout, en rasant tous les épis et escaliers qui lui parsèment le crâne.


Mial Granado revoit encore l’arrivée de son ami Fuser à la léproserie.


" Quand il a débarqué avec sa bécane, rivé à son guidon en « cornes de taureau », le visage serré dans une casquette à visière et mangé par de grosses lunettes noires, avec un pneu en bandoulière comme un cor de chasse, je me suis demandé qui arrivait là. Puis l’inconnu a retiré son harnachement et j’ai poussé un cri de surprise : Pelao !"


El Pelao, le Pelé, c’est désormais l’autre surnom d’Ernesto ; Alberto quand à lui est aussi El Petiso, le petiot, en raison de sa taille.


 


 

Vacances à la léproserie

 

 

 

 

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A San Francisco de Chanar, Ernesto apprend beaucoup en regardant son ami travailler. Il a pourtant du mal à accepter la distance qui doit parfois être conservée entre le praticien et les malades. Alberto raconte :

 

«  Il s’est entiché d’une jolie patiente dont le dos était rongé par la lèpre, et nous nous sommes disputés à son sujet. Comme elle aussi avait le béguin pour Ernesto, elle m’a demandé la permission de sortir de l’hôpital pour se joindre à nous et participer à la fête que je donnais en l’honneur de notre visiteur, dans des locaux de la pharmacie. J’ai refusé, ce qu’Ernesto n’a pas apprécié. Pour lui démontrer qu’elle était réellement atteinte, j’ai fait passer le test de l’eau chaude à la belle indienne. On sait que les lépreux n’éprouvent aucune sensation sur la partie contaminée. Elle n’a de fait rien senti, ce qui prouvait qu’elle était malade, mais El Pelao, très en colère, m’a taxé de barbarie. J’entends encore ses mots : «  Comme tu as changé, tu es devenu cruel… » J’ai baissé la tête car je n’étais pas fier de moi, même si je n’avais pas eu tort d’agir ainsi.

 

 

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A 8 ans, mini guérillero au grand cœur…déjà !

 


 

En cette année 1936, autour du gâteau d’anniversaire à huit bougies d’Ernestito, on parle beaucoup de la guerre d’Espagne. Le petit garçon jour avec ses camarades aux républicains et aux franquistes comme d’autres jouent aux gendarmes et aux voleurs. C’est aussi l’époque où il commence à réciter les poèmes du chilien Pablo Neruda – avant de rentrer à l’école Manuel Belgrano  pour y faire ses études secondaires.


En 1937, Ernesto père fonde un comité de soutien à la République espagnole. Ernestito quant à lui transforme la maison familiale en » casa del pueblo », comme on la surnomme bientôt dans le quartier, ou encore « vive como quieras », « vis comme tu veux ». Les copains affamés que le garçon ramène chaque jour dîner ou pour dormir, fils de mineurs, d’ouvriers ou d’employés d’hôtel, sont accueillis à bras ouverts. Heureusement la maison est grande et le loyer n’est pas cher, car elle a dans le quartier la réputation d’être hantée. Fantômes ou pas, les Guevara y vivent en paix, et la porte n’est jamais fermée.

 

 

 

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Passion pour les indiens

 


 

 

Au Guatemala, sur la terre des Mayas, les seuls mésoaméricains à avoir connu le béton, dans ce petit pays où palpite le cœur de l’Amérique centrale, au sud du Mexique, au nord du Salvador et du Honduras, là où les peuples sont coincés entre l’Amérique du nord, héraut d’une conception du monde base sur le dollar, et celle du sud, qui tâtonne dans un triste et pénible colin-maillard : c’est là, entre la mer des Caraïbes et l’océan dit pacifique, qu’Ernesto poursuit sa transformation en Che Guevara.


« L’homme étant un loup pour l’homme, il luttera avec les opprimés et les plus faibles », commente Alberto Granado.


Romantique peut-être, probablement, sûrement. Mais des romantiques avec « una cabeza, un corazon et des cojones » comme il en avait, un homme à trois « C » comme Che, ça ne court pas les livres d’histoire.

Il n’y a pas de doute : à Ciudad Guatemala, Ernesto a choisi son camp. Il est du côté des indiens.

Tous les indiens.

Qu’ils soient d’Amazonie ou Peaux-rouges du nord, ou descendants des Incas, des aztèques des mayas…Il est avec ceux qu’il considère comme les vrais américains. A sa manière, il danse – déjà- avec les loups.

 

 

 

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Anecdote sur les cigares

 


 

En 1961, le Che met la main à la pâte, aide les ouvriers à porter les sacs de ciment ou de café, à pousser les wagons dans les mines. Il ne se contente pas de tester les machines neuves, il participe à leur création, parfois même à leur invention. Exemple, sa machine à couper la canne pour augmenter la production. Il va jusqu’à goûter les cigares des plus célèbres fabriques, vérifiant leur moelleux, avec une délectation non feinte.


Son goût pour les cigares provoque une anecdote typique du personnage. Antonio Nuñez Jimenez, le géographe qui a découvert le sentier détourné pour pénétrer dans Santa Clara, est devenu collaborateur au ministère des industries. Avec ses collègues, il décide un jour de prendre le taureau par les cornes. Le Che fume trop, se mine la santé, cette santé si nécessaire à tous. Ils font siège :


-        "Che, tu ne peux continuer à fumer comme ça. Tu mets tes jours en danger."

 

Acculé, Ernesto finit par admettre :


-       " D’accord. Mais au moins accordez-m’en un par jour. Un tabaco al dia !"


Le lendemain, il arrive au ministère précédé d’un cigare de près d’un mètre de long……

 

 

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L’espérance d’un homme nouveau

 


 

Le Che a rapporté d’Afrique un texte destiné à courir l’Amérique latine, une manière de profession de foi :


«  Le processus est double : d’un côté la société, qui fonctionne avec son éducation, directe ou indirecte, de l’autre l’individu, qui se soumet à un processus conscient d’autodétermination. La nouvelle société doit entrer en compétition avec celle du passé. (…)

Pour créer un homme nouveau, l’homme du troisième millénaire, le parti devra se constituer en organisation d’avant-garde. Pour cela il lui faut être exemplaire, composé de cadres de qualité.

Laissez-moi vous dire, au risque de paraître ridicule, que le véritable révolutionnaire est guidé par de grands sentiments d’amour. Il est impossible d’imaginer un révolutionnaire authentique qui soit dépourvu de cette qualité. Peut-être est-ce l’un des grands problèmes des dirigeants politiques. Il faut unir à un esprit passionné un esprit froid, et prendre des décisions douloureuses sans crisper un seul de ses muscles. Nos révolutionnaires d’avant-garde doivent idéaliser cet amour pour le peuple. (…)


Ayons toujours une grande dose d’humilité, une grande dose de goût de la justice et de la vérité, pour ne pas tomber, par une froide scolastique, dans des dogmes extrémistes, dans l’aliénation des masses. Chaque jour il faut lutter pour que cet amour envers l’humanité vivante se transforme en faits concrets, en actes qui aient valeur d’exemple. La révolution, moteur idéologique du parti de la révolution, se consomme d’une manière ininterrompue qui n’a pas d’autre fin que la mort, à moins que sa construction n’atteigne l’échelon du monde entier. (…)


Il est important de réaffirmer que, sans une conscience claire des droits et des devoirs du peuple dans cette nouvelle étape, on ne peut entrer réellement ni travailler réellement dans une société socialiste comme celle à laquelle nous aspirons nous-mêmes, une société socialiste absolument démocratique par définition parce qu’elle fonde sur les besoins, sur les aspirations du peuple, et sur le fait que le peuple doit prendre une part essentielle dans toutes les décisions.

 

 

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Electrification de Cuba

 


 

Le 22 novembre 1962, jour de l’assassinat de Kennedy, le Che amorce l’électrification de l’ensemble de l’île. Et pour que le courant passe encore mieux entre ses frères les hommes, il lance une formule :


"Hombre lobo no, hombre nuevo, si " (Homme-loup non, homme nouveau, oui).


Il tient à son homme nouveau : c’est l’accomplissement de la Révolution telle qu’il la voit. Après avoir dirigé le programme d’industrialisation, tenu la barre de l’économie, créé le ministère des industries, mécanisé l’agriculture, le Che en vient à s’interroger de plus en plus sur l 'homme. Sur les moteurs qui le font avancer. Il écrit à un intellectuel cubain, José Medero Mestre :


« Après la rupture avec la société antérieure, nous avons voulu mettre en place la société nouvelle avec un être hybride ; l’homme-loup de la société des loups est remplacé par un autre type, qui n’a pas cette pulsion dévastatrice à voler ses semblables…..Le mal tient à ce que l’intérêt a trop tendance à être le levier du bien –être. »

 

 

 

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Pour en finir….

 


 

Le Che n’était pas le vagabond anarchiste qu’on a parfois dit, c’était un voyageur de l’âme, qui avançait l’espoir rivé au cœur, qui portait son regard magnétique sur les choses de la vie des autres avec la volonté exacerbée de les améliorer. Pour cela il eut le courage de choisir le combat. Quand il affirme ‘Tout homme véritable doit ressentir sur sa joue le coup reçu par une autre joue », cela s’appelle partager. Le Che a partagé tout ce qui passait entre ses doigts, et aussi la douleur des autres. Il est un apôtre de l’humanisme tel qu’il faut le concevoir à l’aube du troisième millénaire, en plaçant plus que jamais l’homme au service de l’homme.

 

« Un rêve sans étoile est un rêve oublié » dit Eluard.

 

Un rêve avec étoile est un rêve éveillé, pourrait-on répondre.

 

Gardons les yeux ouverts, le Che ne les a jamais baissés…….

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire, #Au cœur du CHE

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