Aleida Guevara se souvient d'un mystérieux Ramon !

Publié le 28 Février 2012

 

Encore un extrait du livre de Jean Cormier que j’aime beaucoup et pour lequel je suis toujours émue à la lecture.

 

Caroleone

 

 

aleida-fidel-et-le-che.jpg

                                                             Aleidita entre Fidel et le CHE

 

 

 

 

Aleidita Guevara se souvient…..

 

 

Ernesto est donc à la Havane en 1966. Ce n’était pas son dessein premier : Fidel ayant déjà lu sa lettre de despedida, il avait pensé se rendre directement de Tanzanie en Bolivie. Pour des raisons de logistique, et aussi parce que Castro a insisté pour le revoir, il est revenu à Cuba. Dans l’incognito le plus absolu : il veut se rendre au chevet d’Aragones, alité à cause d’une maladie contractée en Afrique mais Fidel le lui déconseille vu le nombre de visiteurs qui se pressent dans la maison de son ami, et porte lui-même à ce dernier le message de prompt rétablissement du Che.

 

Aleidita, la fille d’Ernesto et d’Aleida, se souvient d’une rencontre mystérieuse qu’elle a faite pendant cette période. Elle a raconté la scène en 1987 au journal italien Il Tirreno, à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort du Che.

 

 

 

Che_Guevara_-_Familia.jpg

 

 

 

       En tant que la plus grande des quatre enfants de la maison, j’étais une deuxième maman pour mes deux frères, surtout Ernestito qui venait de naître, et ma petite sœur.

 

Notre mère nous disait toujours :

 

« Papa voulait que vous fassiez ci, que vous soyez ça…Ne faites pas telle chose, Papa n’aurait pas apprécié. »

 

Ainsi a-t-elle eu le mérite de nous apprendre à le respecter comme nous le faisons. Vint le jour où elle nous amena tous les quatre dans la maison où il se trouvait. Là nous avons été mis en face d’un homme bizarre, chauve, avec des lunettes. Il disait être espagnol, s’appeler Ramon, et affirmait être très ami avec notre papa. Quand je l’ai vu, je lui ai dit :

 

« Chico, mais tu n’as pas l’air espagnol, tu parais plutôt argentin. » Tout le monde fut stupéfait de ma réflexion. « Bon, pensèrent mes parents, si cette gamine a tout deviné, le déguisement ne sert à rien ! »

 

Mon père garda son calme et m’interrogea : « Pourquoi argentin ? J’ai répondu : « C’est ce qui m’a semblé…. » Ce qui rassura tout le monde. Après quoi il nous invita à passer dans la salle à manger. Mon père s’asseyait toujours au bout de la table, et depuis près d’un an qu’on ne le voyait plus, j’avais pris l’habitude de prendre cette place. Lorsque l’espagnol s’y assit, je me précipitai pour lui dire que c’était la place de mon papa, et que lorsqu’il n’était pas là elle me revenait.

 

Et l’étranger rétorqua : « Mais c’est la place de l’amphitryon ! » Il dut m’expliquer le sens du mot amphitryon, avant que je m’installe à côté de lui. Ma maman m’a raconté plus tard combien il avait été fier que sa fille réagisse à cinq ans de cette manière.

 

 

che_disguise007.jpg

 

                                         Ramon l'espagnol ( ...tu parais plutôt argentin ! ...)

 

 

 

Puis il se mit à boire du vin rouge pur. Habituellement, mon père mélangeait son vin avec de l’eau minérale, et je faisais aussi comme ça. Je lui dis : « Comment se fait-il, si tu es si ami que cela avec mon papa, que tu ne saches pas comment il prend son vin ? Moi je vais te montrer. » Et je fis le mélange du vin et de l’eau ce qui le ravit encore plus.

Après le repas, j’ai commencé à courir avec mes frères et ma sœur, et je me suis fait mal à la tête en tombant contre une table de marbre rose. Ma mère, qui était tendue à cause des choses que j’avais dites, l’histoire de l’Argentin, commença à pleurer. Mon père me prit sur ses genoux et m’embrassa, avant d’aller à la cuisine chercher une serviette et des glaçons afin de les poser sur ma bosse. Je ressentis alors quelque chose de très particulier dans l’attention qu’il me portait.

 

Un peu plus tard il nous offrit des caramels, une boîte par fille et une pour les deux garçons et nous sommes partis en remerciant ce monsieur espagnol si gentil.

Quand mon père mourut, ma mère nous montra une photo où apparaissait seulement Ramon l’espagnol, dont je me souvenais très bien, même si je ne l’avais vu qu’un soir. Je le revis prenant la main de ma mère, avec laquelle il venait de parler tête contre tête, et je lui demandais «  Maman, que fais-tu avec cet homme qui n’est pas mon papa ? »

 

Elle me répondit : « Si c’est ton papa…. »

 

 

 

 

 

 

242316080-copie-1.jpg

 

 

Famille Guevara

 

 

familiaguevara_BRB.jpg

 

 

 

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #Devoir de mémoire, #Au cœur du CHE

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article