Crèche Baby Loup : la justice annule le licenciement de l'employée voilée
Publié le 19 Mars 2013
Je suis consternée par cette décision qui va contre nos principes laïcs et renforce encore plus l'islamisme sur notre territoire.
Je suis très inquiète par les chemins que semblent prendre notre république française, peinée par tout ce temps perdu, ces espoirs qui sentaient bon le renouveau d'une laïcité seule garante de nos libertés.
Et quand il s'agit de l'éducation des enfants, quoi de plus à leur offrir que de vivre au sein d'organisations laïques ?
Avec une pensée très profonde et émue pour Natalia, je n'ai pas eu le courage cette après-midi de me rendre avec mes camarades au procès, je pense que ce n'était pas plus mal car revenir avec de telles nouvelles dans ses bagages, ça plombe les idéaux pendant un temps.
Caroleone
La Cour de cassation est revenue sur la décision d'un conseil des prud'hommes dans le feuilleton judiciaire de la crèche Baby Loup, annulant le licenciement en 2008 d'une employée de la crèche qui s'était vue reprocher par son employeur de refuser d'ôter son voile.
"S'agissant d'une crèche privée", la plus haute juridiction judiciaire a jugé que le licenciement de Fatima Afif, qui date de 2008, constituait "une discrimination en raison des convictions religieuses" et devait être "déclaré nul". Lors de l'audience devant la chambre sociale de la Cour de cassation, le 12 février, l'avocat général avait préconisé le rejet du pourvoi de Mme Afif. Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a déclaré regretter "une mise en cause de la laïcité". "En sortant quelques secondes de mes fonctions, je voudrais vous dire que je regrette la décision de la Cour de cassation sur la crèche Baby Loup", a-t-il déclaré.
REMOUS
En décembre 2010, le conseil des prud'hommes de Mantes-la-Jolie avait pourtant estimé que la direction de la crèche était en droit de licencier la plaignante pour "insubordination caractérisée et répétée" et "faute grave", celle-ci ayant souhaité travailler voilée au retour d'un congé parental. Elle avait ensuite été déboutée une deuxième fois par la cour d'appel de Versailles en octobre 2011.
Tout au long de la procédure judiciaire, la crèche Baby Loup s'est posée en "entreprise à tendance laïque" et défendant "une vision anticommunautariste qui interdirait les signes ostentatoires religieux dans une crèche, comme c'est le cas dans l'école publique", selon l'un de ses avocats, Richard Malka.
Selon sa directrice, Natalia Baleato, le règlement intérieur prévoyait une obligation de "neutralité philosophique, politique et confessionnelle", une notion trop vague pour les avocats de Mme Afif, mais essentielle pour cette directrice, qui dit être confrontée depuis le début des années 2000 "à une montée des revendications religieuses". Or, pour l'un des conseils de Mme Afif, Michel Henry, "un règlement intérieur ne peut pas tenir en échec l'exercice d'une liberté fondamentale, la liberté religieuse".
Cette affaire avait créé des remous au sein de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), saisie par la salariée licenciée. L'institution lui avait d'abord apporté son soutien, mais, en octobre 2010, sa nouvelle présidente, Jeannette Bougrab, avait pris position en faveur de Baby Loup.