Colombie / Pérou : Le peuple Uitoto (Witoto ou Huitoto)
Publié le 21 Octobre 2012
Les huitotos
Indigènes du sud de l’Amazonie qui vivent en Colombie, au Pérou et une petite partie au Brésil.
Avant la colonisation ils vivaient sur les bords du Carapane et de l’Iça.
De nos jours ils sont répartis sur les bords du rio Putumayo et de ses affluents de cara-parana et le Parana, le long du rio Napo, dans le département du Caqueta que la rivière du même nom.
Au Pérou, les peuples huitoto-muinane, huitoto-muni et huitoto-minica vivent dans une seule communauté avec une langue commune le huitoto muinane. Les huitotos du Pérou sont les descendants des groupes qui ont fui les exploitants du caoutchouc en Colombie.
Population : 8500 personnes ( Au pérou environ 800)
Langue : witotoan , elle n’a pas pu être classifiée mais se rapproche de la langue ocaina
Leur langue est divisée en 5 dialectes : Murui , Müika , Münüka , Nüpode et Noferuene (les historiens estiment que 2 sur 7 dialectes ont été perdus)
Petit historique
- En 1605, arrivée des missionnaires franciscains qui néanmoins ne peuvent pas commencer leur programme de « civilisation » surtout à cause des rivières peu accessibles menant aux territoires indigènes
- 1886 : installation de compagnies d’exploitations de caoutchouc sur les terres en Colombie, mortalité importante chez les indigènes décimés par les maladies importées par les blancs.
Ils ont entamé après l’épisode de la casa Arana qui a décimé un nombre important d’indiens un processus de réappropriation culturelle.
En 1988 est créée la réserve Putumayo au pérou.
Mode de vie
Agriculture
Il s’agit d’une agriculture itinérante sur brûlis, de subsistance également qui se base sur la culture du manioc doux et amer (20 variétés) intercalé avec des cultures d’ananas, de fruitiers et plantes annuelles, bananes plantains, ignames, papayes, patates douces, pêches de palme, arachides, cacao, canne à sucre, maïs, tabac et coca.
Les arbres fruitiers les plus appréciés sont le canagucho (mantia flexuosa), le chontadurao (guglielma gasipaes), l’umari (poraqueiba paranensis et sericae), le caimo (chrysoplillum caimitoà l’uva (pourouma sapidaà et l’avocat.
Dans le passé de nombreuses plantes médicinales étaient cultivées mais elles se sont perdues au cours des déplacments fréquents de groupes entiers pendant les années d’esclavagisme.
La cuillette complète les menus et comble les disettes : des tubercules sauvages, des champignons, des fruits de palmiers, l’asai, des cocos sauvages, du miel, des fourmis, des vers palmistes. Sont cueillis aussi des écorces, des fibres, des matières résineuses et ligneuses servant à confectionner les objets variés ( ustensiles, instruments , vêtements)
Le manioc sur cocomagnanville
Les hommes défrichent et brûlent les parcelles, les femmes font les plantations. Les parcelles sont laissées en jachère pendant 10 à 20 ans avant d’être réutilisées. C’est un système efficace étudié par les ethnobotanistes en matière d’utilisation des terres tropicales. Le manioc est pressé et sert à faire du tapioca, des galettes cuites sur des plaques en céramique (kasabé). Il est aussi fermenté dans de l’eau et grillé.
La cahuana est une boisson faite à base d’amidon de manioc et de pulpe de fruits de saison, elle est consommée en grande quantité. Aucune boisson n’est fermentée, ils ne supportent pas la fermentation.
Chasse
Elle se pratique de nos jours avec les fusils et les sarbacanes équipées de fléchettes empoisonnées pour le petit gibier. Des pièges de toutes sortes sont aussi utilisés. Les espèces chassées sont : les pécaris, les tapirs, les capibaras, les agoutis, les tatous, les fourmiliers, les cerfs, les paresseux, les perroquets, les grenouilles, les tortues, mais la préférence va au singe. La viande des félins n’est pas consommée.
La pêche se fait au filet et à l’hameçon.
Quelques animaux sont élevés comme jouets, les animaux domestiques sont les poules et les chiens.
Vie sociale
Elle a lieu dans une maison communale la maloca, les fêtes et les cérémonies s’y déroulent.
Les maisons sont octogonales avec un toit conique, une entrée orientée à l’est. Des petites maisons sont situées autour de la maison communale.
Dans les maisons il y a un xylophone en troncs d’arbres de différentes tailles qui est suspendu à un cadre en bois. Cet instrument sert à annoncer le début d’une cérémonie ou l’arrivée d’un visiteur important.
Certains indiens se consacrent à la construction des instruments de musique ainsi qu’à leur pratique, d’autres se spécialisent dans la production de tabac et coca pour les danses et les rituels.
La vie familiale est basée sur le patrilignage, l’héritage par le père qui prime ainsi que l’exogamie. Les lignées sont associées à des couleurs, des plantes ou des animaux.
La religion est animiste sans dogmes définis et célébrée lors de fêtes dansées au dans les mythes.
Okima est une fête donnée en l’honneur de la création
Huara est une fête du tambour
L’instrument de musique principal est la manguaré qui sonne les rassemblements et communique à toutes les maisons les différents stades de préparation des fêtes.
Artisanat
Leur artisanat a un caractère rituel.
Création de vêtement cérémonieux, masques, sculptures sur bois (le balsa)aux teintes naturelles, différents bijoux élaborés avec des os ou plumes d’oiseaux,
ils fabriquent aussi des objets avec la palme de chonta (variété de palmier) et de nombreux instruments de musique.
Le boom du caoutchouc
La demande exponentielle de caoutchouc amazonien commence après la découverte par Charles Goodyear de la vulcanisation à la base de nombreuses applications industrielles du caoutchouc dont les pneus d’automobiles. Cette découverte sera à l’origine de la première production industrielle à grande échelle des voitures Ford.
La grande ruée vers le caoutchouc au début du siècle à profondément atteint la population de l’aire huitoto. L’exploitant principal était la casa Arana (péruvian amazon company LtD) une compagnie anglaise administrée par des péruviens. Les méthodes les plus féroces de l’exploitation des indiens ont massivement réduit leur nombre, la contrainte continue au travail et le déplacement répété des groupes à la recherche de nouvelles ressources ont interrompu les pratiques des rites et la transmission des valeurs culturelles, perturbé le système des alliances, modifié la distribution régionale des groupes et diminué la cohésion interne
Un diplomate irlandais du nom de Sir Roger Casement a publié il y a cent ans un rapport dénonçant les atrocités commises sur les indiens réduits à l’état d’esclavage, torturés, séquestrés durant des décennies pour exploiter de façon forcenée le caoutchouc d’Amazonie.
De nombreuses tribus d’ailleurs ont été exterminées.
Selon les estimations de Casement, en une douzaine d’années, 30.000 indiens ont été réduits à ses conditions dramatiques.
Caroleone
Sources : linguamon, recherche ethnologiques dans les bassins des rios caquebo et putumayo de Mireille Guyot (Persée),survival, todocolombia, tairrastrange
Traduction de l'article de l'ONIC sur les Muina Murui (uitoto) 05/03/2019
Murui = peuple de l'ouest
Muinane = peuple de l'est
Autres noms
Muina Murui - Witotos "enfants du tabac, de la coca et du yucca doux" - Huitoto, Witoto, Murui, Muinane, Mi-ka, Huitoto, Mi-pode. Wuitotos - Uitotos
Situation géographique
Ils vivent dans la partie sud de l'Amazonie colombienne. Dans le département de l'Amazonas, ils vivent sur les bords des rivières Caquetá, Putumayo, Igará-Paraná et Cará-Paraná. Dans le département du Putumayo, ils sont situés sur le cours moyen du fleuve Putumayo, à l'ouest du Resguardo Predio Putumayo. Dans le département du Caquetá, ils sont situés sur la rivière du même nom, un peu isolés du reste du groupe à cause des Raudales del Araracuara. Il y a aussi une population Uitoto au Pérou. Les Uitoto ont d'abord habité une grande extension du Trapèze amazonien. Aujourd'hui, ils sont situés sur un territoire plus petit, principalement dans l'Amazonie colombienne. Ils sont traditionnellement divisés en murui ou "peuple de l'ouest" et muinane ou "peuple de l'est".
Population
D'après le recensement DANE de 2005, 6 444 personnes se sont déclarées appartenir au peuple Uitoto, dont 50,7 % d'hommes (3 267 personnes) et 49,3 % de femmes (3 177 personnes). Les Uitoto sont concentrés dans le département de l'Amazonas, où vit 57,8% de la population. Viennent ensuite le Putumayo avec 21,2% (1363 personnes) et le Caquetá avec 10,8% (693 personnes). Ces trois départements concentrent 89,7% de la population de cette ville. Les Uitoto représentent 0,5 % de la population autochtone de Colombie.
Langue
Les Huitoto parlent différents dialectes selon la région où ils s'installent. Les dialectes Mika et Minika sont communs dans la région d'Encanto et les rivières Caquetá et Putumayo. Le dialecte Búe est parlé dans la région de la rivière Caraparaná, tandis que le dialecte Nipode est typique des groupes du nord, sur les rives de la rivière Caquetá. Une autre variante dialectale est le noferuene, dont les locuteurs sont rares et dispersés. Cependant, tous les dialectes appartiennent à la famille linguistique Huitoto.
Culture et histoire
Histoire
Les Uitoto ont réussi à rester assez isolés du système colonial et du contrôle et de l'assistance de l'État. Ils sont restés invisibles en tant que peuple jusqu'au début du XXe siècle, lorsque l'exploitation du caoutchouc et de la quinine, qui a duré plus de trente ans, est devenue connue et a signifié pour les Indiens Uitoto la dispersion, la réduction démographique et la perte des pratiques et connaissances traditionnelles (Pineda, 2003). Comme indiqué plus haut, Julio Cesar Arana, un négociant péruvien, a fondé Casa Arana, une société qui transportait et commercialisait du caoutchouc, ce qui a facilité l'accès des producteurs colombiens de caoutchouc au marché d'Iquitos, contrôlant une grande partie de la production de caoutchouc.
La Casa Arana a soumis les indigènes à la torture et les a réduits à des conditions d'exploitation physique qui ont entraîné la mort de 40.000 indigènes pendant la période du "boom du caoutchouc". Pour échapper à la situation d'extermination par l'exploitation du caoutchouc, les Uitoto ont fui, après avoir résisté et s'être rebellés. C'est grâce à ces migrations qu'ils ont réussi à survivre et à s'établir dans des endroits éloignés de leur territoire d'origine. Le conflit militaire colombo-péruvien de 1932 a eu un impact très négatif sur les Uitoto, puisqu'il s'est traduit par la présence de l'armée colombienne, inconnue dans la région, qui a parfois soutenu la capture forcée des populations indigènes pour travailler dans les plantations de caoutchouc (Pineda, 2003).
Après la décennie des années quarante, différents cycles d'extraction ont eu lieu avec leurs processus de colonisation, l'exploitation des bois a ouvert la voie à de nouvelles colonisations et à la fondation de nouvelles villes : la Tagua, les Pieles, le Tigrilleo. Depuis le milieu du XXe siècle, les Uitoto ont entamé un processus de récupération socioculturelle et en 1988, ils ont créé le Resguardo Predio Putumayo, le plus grand du pays, avec lequel ils ont généré un nouveau modèle d'organisation à haut niveau d'intégration ethnique et sociale, puisque cette propriété est partagée avec les groupes ethniques Murui, Muinane, Bora, Ocaina, Andoke, Carijona, Miraña, Yucuna, Cabiyarí, Inga, Siona et Letuama .
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Culture
Dans la cosmogonie, Uitoto, Mocuaini et Jitiruaini furent les premiers à sortir du ventre de leur mère la Terre. Le père créatif est né lorsqu'un tourbillon de vent ramassait les ordures, les formant sous la forme d'une personne et s'appelant echikirama (petit être coloré). Il est apparu sur la terre et a été symbolisé dans le nuigibe (plante aquatique), sont également apparues des plantes et des herbes. Le père créateur a commencé les UItoto, les grands-parents sont sortis du trou de Komimafo, dans la Chorrera, où tous les ancêtres ont vécu, étant les premiers clans Nogoniai et Ereiai.
Le système mythique Uitoto comprend une façon d'expliquer l'apparition de la vie sur la planète et les lois qui régissent le comportement de chacun des peuples, afin de vivre en harmonie avec les êtres qui habitent les différents espaces, aquatiques, terrestres et célestes.
Économie
Ils exercent des activités telles que l'agriculture, la chasse, la pêche et la récolte de certains fruits sauvages. Parfois, le propriétaire d'une parcelle appelle d'autres indigènes pour faire un travail collectif, comme l'exploitation forestière. Le propriétaire doit offrir coca, tabac, fruits, préparer une boisson abondante de yucca et offrir un bon repas aux participants de la minga.
Les hommes s'occupent des tâches qui demandent un plus grand effort physique comme la pêche et la chasse, les femmes s'occupent des travaux ménagers, de la garde des enfants, et dans la communauté avec les grands-parents et les jeunes, elles s'occupent de l'entretien de la chagra. En plus de "sucrer la parole" avec le masato qu'ils se préparent à mambear (poudre de feuilles de coca) dans les cérémonies à l'intérieur de la maloca.
Les Uitoto font des rites pour la collecte des arachides, la plantation et la chasse. Leurs célébrations sont la résurrection, le jour de leur saint patron San Rafael, le 20 juillet et Noël. Ces festivités sont dirigées par deux messieurs appelés grands-parents qui choisissent les parrains deux mois à l'avance et leur donnent une plante médicinale appelée ambil (tabac), qu'ils ne peuvent refuser et ils distribuent les invitations accompagnées d'ambil. Les amis du propriétaire de la fête et les personnes les plus proches se rencontrent le soir pour animer et commenter la fête. Les épouses des parrains et marraines s'occupent des préparatifs.
traduction carolita du site de l'ONIC
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