Colombie : Les indiens de la Sierra Nevada de Santa Marta (kogis, arhuacos et arsarios)
Publié le 21 Avril 2013
COLOMBIE : indiens de la Sierra Nevada de Santa Marta
Situation géographique
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....... La montagne
Au nord de la Colombie se situe la Sierra Nevada de Santa Marta qui est la plus haute montagne côtière du monde avec une altitude de 5800 mètres.
Elle borde la mer des caraïbes et se trouve à une quarantaine de kilomètres des terres.
La Sierra Nevada est aussi escarpée que le versant sud de l’Himalaya et les indiens savent habilement utiliser les différences d’altitude pour obtenir des récoltes à différentes époques de l’année.
Le climat est tropical , chaud et humide et de grandes variations climatiques peuvent se produire dans la même journée.
....et la mer des caraïbes
Il existe 4 tribus vivant au cœur de la Sierra Nevada :
- Au sud : les ARHUACOS ( IKA)- 27.000 personnes
- A l’est : les ARSARIOS ( MALAYO OU WIWA)- 15.000 personnes
- Au nord : les KOGIS- 9911 personnes (2004)
Et les KANKUAMOS qui ressurgissent depuis les années 1990.
arhuaco (arutam)
La totalité des indigènes se situe aux environs de 20.000 personnes mais les chiffres se contredisent.
Si vous les connaissez, merci de m’en faire part.
Ces tribus sont régies par les mêmes coutumes, ce sont des peuples amérindiens issus de la civilisation précolombienne, héritiers directs des Mayas et descendants des Tayronas. Les Tayronas furent massacrés par les conquistadores au XVIe siècle.
arhuaco (survival)
Les ancêtres des indiens actuels, les Tayronas étaient des maîtres orfèvres moulant des figurines d’esprits, d’humains et d’animaux à l’aide de l’ancienne technique de la « cire perdue ». L’’or , extrait du sable des rivières, fondu et versé dans le moule prenait la forme de la cire. Les figurines étaient utilisées dans les rituels, placées dans les tombes ou enterrées en paiements à la « terre ». Pour les indiens ( comme pour nous d’ailleurs) l’or est un métal sacré et d’une grande importance rituelle. Les envahisseurs ont vite flairé ce « filon » et pillèrent tout ce qu’ils purent piller, affectant terriblement les indiens, héritiers de toutes ses pièces de leur passé et les affectant d’autant plus que les pilleurs n’avaient aucun respect pour le métal sacré.
…….des conquistadores
L’invasion espagnole de la Sierra Nevada a débuté au XVIe siècle et les colons avaient atteints le cœur du territoire indien au milieu du 18 e siècle.
Les parties basses de la Sierra étant colonisées par les fermiers blancs et les métis, leur habitat détruit, les indiens se réfugièrent dans les plus hautes vallées moins intéressantes car le sol étant moins fertile et le gibier plus rare.
Quelques détails communs de leur vie de tous les jours :
Les tenues vestimentaires sont tissée en coton, blancs et les indiens se déplacent partout nu pieds. Les arhuacos portent un chapeau de forme conique représentant les pics enneigés de la Sierra.
Les ressources naturelles et cultivées sont le maïs, les bananes plantain, de nombreux fruits et l’élevage de porcs.
Les ressources apportées par les colons sont : le café, la canne à sucre, le blé et le bétail.
Artisanat Arhuaco : les femmes confectionnent des sacs ou Mochillas à l’aide d’une technique de tissage. Les sacs sont fabriqués avec du sisal et certaines pièces nécessitent des mois de travail. Les femmes tissent à longueur de journée tissant en marchant.
……aux narcotrafiquants
Dans les années 1970, l’apparition du narcotrafic a entraîné le déboisement des contreforts de la sierra : la forêt a été rasée laissant place aux champs de marijuana et de coca dans les années 90. En moins de 40 ans, plus de 75 % des arbres de la région ont été détruits.
arhuacos (image)http://www.masaya-experience.com/fr/sejours/village-indig-ne-de-la-sierra
LA LIGNE NOIRE
Elle délimite le territoire ancestral et est stipulée dans la résolution numéro 00002 de 1973 et modifiée par la résolution numéro 837 du ministère de l’intérieur. La ligne noire passe par les sites sacrés remis par la Terre mère comme héritage.
La Sierra Nevada est considérée comme la ville spirituelle, les indiens en sont les gardiens ainsi que de celui du monde.
Leur raison d’être est de prendre soin de la vie, les montagnes de la Sierra Nevada sont des Mamos ( chamans), ce sont les géniteurs de toute vie. Les indiens leur adressent leurs offrandes afin que la vie soit préservée.
Gardiens de la terre
Les sages Arhuacos se sentent responsables de l’équilibre du monde : ils contrôlent les éléments naturels et protègent l’univers des catastrophes à l’aide d’un système de « paiements » à la terre.
Lorsqu ‘ils entendent parler de catastrophes naturelles dans le monde, ils ont le sentiment d’être responsables face à leur échec à éviter ses évènements.
HERMANOS MAYORES ( les frères aînés) : est le nom qu’ils se donnent.
Les autres peuples ( nous en l’occurrence) sont dénommés « HERMANOS MENORES, les frères cadets, les petits frères.
Ils pensent que leur message doit être diffusé aussi largement que possible, ils savent qu’ils ont beaucoup d’alliés dans le monde et que de plus en plus d’individus défendent comme eux les valeurs humaines au détriment des valeurs économiques.
arhuacos (image)
LES MAMOS
mamos (arutam)
Les Mamos, prêtres, ou savants ou encore chamanes soutiennent le monde, ils conservent les forces en équilibre.
Ils chantent et dansent, célèbrent les cérémonies et font les « paiements » à la terre. Ils guérissent les maladies, gardent les objets sacrés, les bâtons, les masques, les pierres sacrées.
Ecoutons-les :
« Les blancs nous maltraitent et ne sont d’accord avec nous que lorsqu’ils veulent obtenir de nous quelque chose, comme nos votes pour leurs politiciens qui promettent beaucoup et ne donnent rien.
Ils nous ont enseigné des besoins nouveaux qui nous séparent peu à peu de nos traditions et de nos méthodes anciennes pour produire tout ce dont nous avons besoin.
Ils ont apporté leur propre façon de penser dans notre communauté. Mais leurs idées sont mauvaises et rendent certains d’entre nous honteux d’être indiens, ce qui devrait pourtant être notre plus grande fierté.
« Etre indien, c’est comme être à la racine des choses «
LA COCA
C'est une importante plante rituelle cultivée par de nombreux peuples indiens des Andes et de l’Amazonie. Ses feuilles contiennent des alcaloïdes ( au nombre de 14) dont la cocaïne.
Pour extraire l’alcalin actif de la feuille, les indiens de la Sierra réduisent des coquillages marins en fine poudre de chaux qu’ils mettent dans une gourde fermée par un bâtonnet. Chaque homme porte sa gourde ou « poporo » avec son sac de feuilles de coca et lorsqu’ils se rencontrent ils en échangent une poignée.
Ils mâchent une poignée de feuilles qui forme une chique, retirent de leur poporo le bâtonnet enduit de poudre de coquillage et le roulent précautionneusement dans la chique. Une partie de la poudre se mélange avec les feuilles mâchées et la réaction chimique peut commencer en libérant les alcaloïdes.
Avec le temps , l’orifice du poporo se couvre d’une fine couche de calcium durcie par le frottement répété du bâtonnet.
Les Arhuacos pensent que consommer la feuille de coca les rend plus vifs et lucides, plus résistants à la fatigue et à la faim.
Il y a un symbolisme sexuel dans ce rituel utilisé principalement par les hommes : l’usage du bâton ( mâle) et du poporo ( femelle).
LE MOUVEMENT INDIEN EN COLOMBIE
La Colombie est le pays d’Amérique où la population indienne est la plus diversifiée. C’est également le pays le plus dangereux du monde pour les peuples autochtones : leaders régulièrement assassinés par des paramilitaires. Malgré tout le mouvement indien colombien est toujours résolu Les Arhuacos sont à l’avant-garde du mouvement indien, ils ont fondé dans les années 1940 la ligue indienne de la Sierra Nevada, puis en 1974, ils ont créé le COIA ( conseil des organisations indiennes arhuacos) et en 1983, la CIT ( confédération indienne tayrona)
Ils ont également joué un rôle important dans la création de l’ONIC ( organisation nationale des indiens de Colombie) qui est l’une des plus importantes organisations indiennes du continent.
LES KOGIS
Prononcer « kogui »
http://terresacree.org/kogi.htmimage
Habitat et cultures
Ils vivent dans de petites maisons rondes individuelles recouvertes d’un toit en feuilles de palmes. Ils cultivent autour de leur maison des yuccas, des fèves, des pommes de terre, des fruits mais comme ils ne font aucunes réserves , ils doivent échanger leurs produits avec d’autres indiens.
En se déplaçant d’un village à l’autre, le lien social, l’équilibre de la communauté est maintenu autour des échanges de denrées cultivées, autour de réunions pour effecteur les rituels, les travaux collectifs et tout en cheminant, ils pensent.
Les femmes se déplacent en cousant leurs mochillas ( voir plus haut)
Entretenir la mémoire, veiller à la transmission des savoirs et connaissances du vivant, consolider les valeurs fortes de solidarité pour subsister dans des conditions difficiles représentent leur défi.
Plumes et cartes tissées
Les plumes représentent l’écriture des Kogis au travers elles la représentation symbolique du monde.
Ils disposent dessus des quartz nécessaires pour étudier, nommer les choses.
Certaines représentations constituées en roseaux aplanis et tissés renvoient au corps , au monde et au tissage fondamental pour les Kogis qui pensent que vivre, c’est tisser sa vie.
Passons aux choses sérieuses : L'association TCHENDUKUA créée par Eric Julien, spécialiste des indiens kogis propose de racheter des terres pour les indiens :
Acheter une terre
C'est un des objectifs principaux de notre association : restituer leurs territoires aux Indiens Kogis... En s'y mettant à plusieurs, nous pouvons racheter des terres dans la Sierra Nevada de Santa Marta, suffisamment grandes pour accueillir des familles, voire tout un village.
Un « carré vert », c’est un terrain d’environ 600 m2 dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Cet espace permettra aux Kogis, repoussés vers le sommet du massif, de retrouver des terres chaudes, et donc de conserver la diversité des cultures qui leur permet de vivre.
Acheter ce petit bout de terre par l’intermédiaire de Tchendukua contribue donc à rendre un territoire à une communauté, et lui permettre de conserver son identité. Pour nous, c’est l’occasion de s’enrichir de nos différences.
(numérotés de 1 à 1000) seront vendus afin de pouvoir racheter de nouvelles terres pour les Kogis et de planter des arbres pour « une forêt à venir ».
Retrouvez les Arhuacos sur :
http://www.survivalfrance.org/
Tisserand du soleil de Kathy Dauthulle
Extrait :
"Il tissait le fil, tissait la vie, croisait ses pensées dans le cœur oublié du monde.
C'est dans le silence et avec lenteur, qu'il exprimait ce lien intense aux choses. Et c'est par cette alchimie primordiale que le tissu deviendrait sagesse, mémoire et vérité.
Comme tant d'autres de sa tribu, il filait à son tour le temps, sa destinée. Maintes fois il passa par la porte solaire pour reprendre le fluide, le courant, l'énergie.