Etat de Veracruz, El Tajin et voladores, héritages du temps passé
Publié le 5 Octobre 2011
Etat de Veracruz : El Tajin et les voladores, héritages du temps passé
EL TAJIN
Site archéologique précolombien de la période classique situé dans l’état de Veracruz, proche de la vielle de Poza Rica dans les montagnes et collines qui s’étendent de la Sierra Madre orientale au golfe du Mexique, entre les villes de Papantla et Poza rica.
La ville est située dans une forêt tropicale qui lui donne un climat chaud et humide avec une température moyenne de 35° et la présence d’ouragans de juin à octobre.
Que veut dire le nom El Tajin : il signifie « tonnerre ou éclair » en langue totonaque.
La ville révèle une influence toltèque. Elle était contemporaine de Tula et Xochicalco dans le centre du Mexique et des sites mayas d'Uxmal et Chichén Itzá au Yucatan.
El Tajin a été inscrit au patrimoine mondial en 1992, en raison de l’importance historique de son architecture et de son ingénierie .
Histoire
- 5600 ans avant notre ère : présence de nomades chasseurs-cueilleurs qui deviennent des agriculteurs sédentaires. On ne sait pas quel peuple a construit la ville, certains citent les totonaques ou les xapanèques mais la région était également peuplée par les huaxtèques.
- 600 après JC : la ville se construit , elle contrôle les flux de marchandises, les exportations (vanille) et les importations de ce que l’on appelle le Mexique et l’Amérique centrale.
- 600 à 1200 avant JC : Et Tajin est une ville prospère qui contrôle tout l’état actuel de Veracruz. Plus de 50 ethnies peuplent la ville et les collines environnantes.
- Fin de la période classique : El Tajin survit à l’effondrement social généralisé, aux migrations et destructions que subissent les nombreux centres de population de cette période.
- La cité atteint son apogée pendant la période épi-classique (900/1100 de notre ère)
- XIII e siècle : La ville est détruite par un incendie certainement dû à une force d’invasion. Elle est abandonnée en 1230 après JC. Après la chute d’El Tajin, les totonaques créent la colonie de Papantla.
- Pendant 500 ans, la ville est livrée à la jungle et à l’oubli.
- Début XXe siècle : Les premiers archéologues atteignent le site et poussent des investigations dans la région
- A partir de 1938 : Travaux de fouille et de restauration.
Architecture
Elle est unique en Mésoamérique et se caractérise par ses bas-reliefs gravés sur des colonnes et des frises. La taille et les formes sont uniques dans le domaine de l’art et l’architecture. 50% seulement des édifices de la ville ont été fouillés.
Première illustration de la pyramide des Niches (Carl Nebel, 1839).
Le site
Groupe du ruisseau ou de l’arroyo (VIIe siècle)
Approche du groupe du ruisseau
Sur une surface de 8000 m2, on trouve:
- 4 édifices pyramidaux rectangulaires degrés dont l’emplacement correspond aux points cardinaux
- Un jeu de pelote aux côtés ornés de losanges en mosaïque de pierre
- Un deuxième jeu de pelote (juego de pelota sur)
LA PYRAMIDE DES NICHES
pyramide des niches
C’est le monument emblématique du site à cause de sa conception inhabituelle et de son bon état de conservation.
Le jeu de lumière dû aux ombres et aux parties ensoleillées rend cette pyramide sublime et majestueuse.
Les sculptures du temple sont en partie fragmentaires, les plus importantes représentent le dieu de la pluie, un dieu important dans cette culture. Elle est construite en 600 de notre ère.
Les rampes des escaliers de l’édifice sont ornées de grecques , motif d’ornement omniprésent à El Tajin.
Elle comporte 7niveaux en talud-tablero pour une hauteur de 25 mètres.
La plate-forme supérieure représente des dieux, des animaux sacrés et des parades totonaques.
pyramide des niches
Ce qui est inhabituel dans cette construction et d’autres dans la ville est l'ajout de niches décoratives dont le sommet est couronné par une corniche en biseau. Les pierres sont disposées en lignes régulières avec des proportions délicates. En tout, 364 niches plus la porte du temple qui font 365, une niche pour chaque jour de l’année.
La grande place accueille à présent les hommes-oiseaux voladores de Papantla qui viennent y accomplir leurs danses.
TAJIN CHICO
Tajin Chico est une partie du site comportant plusieurs niveaux et qui s'étend sur une colline au nord-nord-ouest des parties les plus anciennes de la cité. Une grande partie de cette section a été construite en utilisant des quantités massives de déblais. Il s'agit d'une immense Acropole composée de nombreux palais et d'autres ouvrages de génie civil. On trouve relativement peu de temples à cet endroit. Il est également plus facile à défendre que d'autres parties de la ville.
Les bâtiments :
- Bâtiment C : tout l’extérieur est recouvert de motifs découpés en escaliers donnant l’apparence de niches. Les cases étaient peintes en rouge sombre et la partie extérieure en bleu clair. Ce n’était pas un temple et sa fonction n’a pas été établie.
bâtiment C
- Bâtiment B : Palais à deux étages (résidence)
bâtiment B
- Bâtiment A : palais à deux niveaux, grecques scalaires et niches, ressemble à des structures trouvées au Yucatan
bâtiment A
Bâtiment des colonnes
Il domine la partie la plus élevée de Tajin chico.
C’est l’un des derniers complexes de bâtiments construits. Les bâtiments sont situés sur une plate-forme-terrasse construite sur des fondations naturelles en remplissant les espaces vides.
Les colonnes sont des cylindres de pierres taillées empilées. Les sculptures représentent des scènes qui célèbrent un souverain nommé Lapin 13 qui avait certainement construit la structure.
Les vestiges des colonnes sont exposés au musée du site.
fragment d'une des colonnes
Grande grecque
C’est une enceinte qui délimite un enclos d’environ 129.000 m2, unique en Mésoamérique car elle contient deux ou trois petits terrains de jeu de balle.
Les côtés de l’enceinte sont formés par une plate-forme contenant une centaine de niches vides comme celles de la pyramide des niches.
Grand terrain de jeu de balle
C’est le plus grand d’El Tajin : il mesure 213 mètres de longueur et ne comporte pas de panneaux sculptés comme les autres terrains.
Autres bâtiments
Le bâtiment 3 ou temple bleu
temple bleu
Il a des caractéristiques différentes des autres pyramides du site, il y a peu de niches à part sur les 6 bancs de l’escalier et le haut des balustrades.
La pyramide est constituée de 7 degrés avec des murs en pente douce divisés de panneaux de différentes longueurs.
Le bâtiment a été recouvert de ciment a plusieurs reprises dans son histoire et chaque couche de ciment a été peinte en bleu, couleur peu traditionnelle et associée certainement au dieu de la pluie.
Le bâtiment 23
C’est une pyramide construite très tardivement dans l’histoire de Tajin : 5 degrés en talud presque vertical, sans niches. Au sommet se trouvait un temple qui comptait une série de merlons étagés le faisant ressembler à des remparts médiévaux européens.
Le bâtiment 15
Il a été partiellement fouillé.
Ce bâtiment semblait avoir une fonction publique. Des escaliers mènent au sommet du deuxième niveau, les deux niveaux inférieurs son ornés de grandes niches.
Il doit être le dernier bâtiment construit avec des niches.
Le bâtiment 5
bâtiment 5
C’est le plus majestueux d’El Tajin, situé à côté de la pyramide des niches, ce qui ne lui enlève rien à son attrait visuel.
L’accès au premier niveau de la pyramide bordée de niches se fait par un escalier unique ou un double escalier sur le côté est.
Autrefois se dressait un temple au sommet.
Entre les deux séries d’escaliers du premier étage se trouve une grande sculpture en forme de colonne qui semble être une représentation allégorique d’un personnage assis avec le haut du torse coupé et un crâne en guise de tête. Les bras tiennent un serpent et le corps contient des ondulations qui peuvent représenter le sang sacrificiel.
Du bâtiment 5 on pouvait assister au jeu de balle sud.
Jeu de balle nord
jeu de balle ou pelote nord
Il comporte trois couches de grandes dalles, six panneaux sculptés (scènes rituelles, frise ornementale). La cour mesure 27 mètres de long (assez court pour un jeu de balle) et possède des parois verticales au lieu d’inclinées comme sur les autres jeux.
C’est la plus ancienne structure de Tajin.
Jeu de balle sud
jeu de balle ou pelote sud
Les panneaux sculptés sur les murs sont intacts et décrivent la pratique du jeu de balle. Il mesure 61.40 mètres de long et 11 mètres de large.
17 terrains de jeux de balle ont été répertoriés sur ce site, montrant l'importance des sacrifices et des autosacrifices.
jeu de pelote de vénus
tablero représentant un autosacrifice
Les mots savants :
Le talud-tablero est un élément architectural typique de la métropole mésoaméricaine de Teotihuacan. Il se compose, de profil, d'un mur oblique, le « talud » (« talus », en espagnol), surmonté d'un panneau vertical encadré d'une corniche en saillie, le « tablero ».
La grecque est un motif d'ornement antique formé d'une ligne droite brisée effectuant des retours en arrière et constituant une bande.
exemple de grecque
Merlon, terme d’architecture qui désigne les parties pleines d'un parapet situées entre deux créneaux.
La plupart des photos sont de Bruno Plassin
LES VOLADORES
C’est la plus populaire des danses mexicaines d’origine totonaque, la danse des hommes- oiseaux ou hommes volants est un rituel ancien hautement symbolique. C’est à Papantla entre autre que l’on peut observer les voladores.
Le rituel ancestral était sans aucun doute dédié à la fertilité, au soleil et au vent.
Il est à présent une attraction touristique et maintenu pour raisons traditionnelles mais aussi économiques.
Papantla
Dans l’histoire
Le rituel de voladores n’était exécuté que tous les 52 ans, au changement du siècle maya, il était transmis de père en fils.
Au moment de la conquête espagnole, l’église essaie de supprimer toute pratique considérée comme païenne.
Seuls les indiens totonaques et otomis exécutaient le voladores.
Un mythe Totonaque raconte que pendant une période de grande sécheresse, la nourriture et l'eau se sont fait rare sur toute la terre. Cinq hommes ont alors décidé
d'envoyer un message à Xipe Totec, dieu de fertilité, de sorte que les pluies reviennent. Ils sont allés dans la forêt et ont cherché l'arbre le plus grand et le plus droit
possible. Quand ils l'ont trouvé, ils sont restés avec lui toute la nuit, jeûnant et priant pour que l'esprit de l'arbre les aide dans leur quête.
Le jour suivant, ils ont béni l'arbre, l'ont coupé et ramené au village. Ils ont alors éliminés l'arbre de ses feuilles et de ses branches, et ils l'ont planté sur
un site qu'ils ont béni avec des offres rituelles. Les hommes se sont mis des plumes sur leur corps de sorte qu'ils apparaissent comme des oiseaux à Xipe Totec, dans l'espoir
d'attirer l'attention du dieu. Des vignes étant enroulées autour de leur taille, ils se sont attachés au poteau et ont fait leur demande en volant autour de l'arbre, sous le bruit de la cannelure
et du tambour.
xipe totec ou ezcatlipoca représenté dans le Codex Borgia
L’exécution
Quatre hommes s’attachent à la taille avec une corde qu’ils enroulent autour d’un mât de 30 mètres de haut.
Ils effectuent chacun 13 tours autour du mât, la tête en bas.
Pendant que les danseurs effectuent leur mouvement de rotation, un cinquième homme se place au sommet du mât pour joueur du tambour et de la flûte en faisant tourner la piste pour désigner les quatre points cardinaux. Il tourne 7 fois sur lui-même de droite à gauche.
Le symbolisme
Le vol des quatre danseurs symbolise les âmes des guerriers morts qui, au milieu de la journée, lorsque le soleil est au zénith, reviennent sur terre, transformés pour un temps en oiseaux. Leur vol synchrone symbolise l’unité de l’humanité et du cosmos.
Le chiffre 13 du nombre de tours effectués par les danseurs symbolise le nombre de mois du calendrier maya
13 X 4 danseurs = 52 rotations effectuées comme le nombre de semaines dans une année.
Le mât symbolise la fécondité
La flûte représente le chant des oiseaux
Le tambour représente la voix des dieux
le mât
la flûte et le tambour
Les instruments de musique sont fabriqués en produits naturels
Dans l’art préhispanique l’arbre était le signe servant à interpréter la conception mythique du monde et signalait aussi les 4 points cardinaux. Ce rite était fortement lié au culte de Tlazolteotl, déesse de la fertilité ( résultat de l’union du feu qui serait l’essence du ciel, et de l’eau qui serait l’essence de la terre), mais les interprétations diffèrent selon les régions et il est difficile de connaître l’origine exacte de ce rite ancestral.
La figure de l’arbre symbolise les 3 royaumes du monde:
- la racine est le monde intérieur
- le tronc est le monde terrestre
- la tête est la coupe du ciel
Sources : wikipédia, rêve mexicain
Je vous souhaite une bonne découverte et vous remercie pour vos visites.
caroleone