Mexique : Le peuple Otomí
Publié le 6 Août 2011
LES OTOMIS
Ateliers de couture de femmes otomis image
Cette nation vieille de plus de 30.000 ans se situe dans le centre du Mexique, elle a les mêmes origines que les Olmèques. Ces nations ont donné naissance aux civilisations Mazahua, toltèques, Teotihuacan, Cuiccuilca, pamen Matlatzinca, Triqui et Tlahuica.
Ce sont les bâtisseurs de sites cérémoniels ainsi que de la cité de Teotihuacan.
image Teotihuacan
Langue : oto-mangue
Nom, exonyme d’origine nahuatl, Eux s’appellent " N’yuhu"
Population : environ 646.000
Territoire
La zone occupée avant l’invasion espagnole était plus étendue qu’à présent où ils sont localisés principalement au nord de Mexico.
Les villes les plus importantes fondées par les Otomis sont Querétaro, San Juan Del rio, Toliman, San Miguel de Allende, Tierra blanca, Santa Maria del rio et San Luis la Paz.
“Tous les hommes sont frères,
mais pour leur malheur,
ils ne le savent pas encore.”
Solidaire : “Nous ne formons qu’un seul ensemble humain!”
Héros Otomi
BOTZANGA, gouverneur de la ville-état de Ndongu ; jeune guerrier qui conduisit son peuple avec sagesse et à défendu la souveraineté du territoire contre l’expansion militaire du Mexique.
image Marrovi
Histoire
Epoque coloniale
Afin d’assurer le transport des camions se rendant aux mines, les espagnols créent des missions pour permettre de contrôler la nation otomi. Les bandes d’indiens continuent néanmoins à attaquer les établissements ce qui maintient l’état en période de guerre ethnique.
Au 18 e siècle, les intérêts des éleveurs de bovins se joignent à ceux des exploitants miniers et la politique de soumission militaire envers les populations Otomi continuent.
Les Otomis soumis par les espagnols participent pour une part à la colonisation. Ils sont relégués à une position inférieure au profit des agriculteurs et condamnés au travail forcé dans les mines à Guanajuato.
Indépendance
Les Otomis participent à la guerre d ‘indépendance à l’appel du père Hidalgo.
Au 19e siècle, les Otomis qui étaient restés plus ou moins nomades et rebelles et avaient échappé à l’extermination de leur race se sont mis à l’agriculture et se sont assimilés.
Période révolutionnaire
Pendant le régime de Diaz, la situation des Otomi devient critique, les terres qui leur appartenaient passent aux mains de propriétaires qui les font travailler comme ouvriers agricoles et malmènent les femmes.
Le 13 octobre 1977 : le peuple Otomi a participé à la signature du pacte de Matlatzinca valley pour la reconnaissance des peuples autochtones à leurs terres et à l’autodétermination.
Maintien des traditions
Les Otomis ont su garder leurs traditions vivantes ainsi que leur spiritualité qui relève d’une cosmovision profonde du monde et de l’univers, traduite par un art de vivre ‘cérémonie des 8000 tambours".
Dabadi Thaayrohyadi est le chef spirituel du peuple otomi, le porte-parole de la défense des droits des peuples indigènes dans le monde (ONU, OMPI, OEA) il est le président de l’association MAHKINE (association française de soutien au peuple otomi). Il consacre sa vie à diffuser dans le monde entier l’énergie de la paix, de l’harmonie et de l’unité.
Complexe cérémoniel deTEMOAYA
Cette construction pharaonique à vu le jour en 1980 sur les flancs du Cerro de la Catedral à quelques kilomètres de Temoaya.
La communauté indienne Otomi de Temoaya est très conservatrice sur le plan linguistique et culturel, ils sont encore monolingues y compris les jeunes enfants dans cette partie du Mexique.
Le site de Temoaya repose sur un choix stratégique du gouvernement de l’état : un cirque montagneux situé dans un endroit que les otomis tiennent pour une zone à forte charge énergétique, à l’écart du village, dans une forêt de pins.
A quelques mètres de l’emplacement se trouve le lieu où s’est produite « une vison » à l’origine d’un pèlerinage de grande ampleur.
Le centre possède des dimensions monumentales : sur un vaste terre-plein, le bâtiment dans lequel se trouve un musée du folklore otomi domine le site.
Sur la place centrale se trouve un camaïeu de mosaïques. Les murs d’enceinte sont recouverts de fresques d’inspiration égyptienne, des statues symbolisant des divinités préhispaniques.
En mars 2001 : le comité révolutionnaire clandestin de l’armée zapatiste de libération nationale (EZLN) est venu à Temoaya s’assurer du soutien des frères et sœurs de l’états de Mexico( Otomi, Tlahuica, Nahua, Mazahua et Matlazinca).
Paroles de l'EZLN le 5 mars 2001 au centre cérémonial Otomi, Temoaya, Etat de Mexico.
Du 18 au 24 mars 2004 , une rencontre internationale indigène, « les 8000 tambours » s’est tenue dans le centre cérémoniel sous le patronage de la « première nation otomi pour la guérison de la terre mère, pour une vie et la paix ».
Religion et dualisme otomi
Le dualisme en religion oppose deux principes, par exemple, le bien et le mal. Le modèle ancestral des otomis relève également de ce principe qui est aussi bien lié à la sociologie qu’à la cosmogonie, et il a survécu à l’érpeuve du colonialisme.
Les indiens otomi comme leurs voisons Nahua, totonaques et tepehua sont les dernières populations indigènes du Mexique à avoir conservé depuis les temps préhispaniques et sous la forme de figures anthropomorphes, l’expression matérielle des entités composant leur panthéon.
Elles font l’objet d’un usage rituel lors des « costumbres » (cérémonies de fertilité agraire) à l’occasion aussi d’actes thérapeutiques ou de sorcellerie.
Tout chamane est capable de reproduire lui-même les figurines (idolos) différentes par leur forme, leur taille, leur couleur et qui varient d’un praticien à l’autre, d’une communauté à l’autre.
image idolos
Ces idolos en papier seront disposés sur le « quadrilatère des idoles » qui est un rectangle composé de feuilles de bananier ou d’héliconia et qui constitue une sorte de miniaturisation du cosmos.
C’est un « jeu de piste » de la maladie qui fait intervenir les divinités invoquées.
Le mode de projection du corps sur l’espace connu ou non, socialisé ou non, habité ou sauvage démontre que le corps n’est pas seulement un modèle de représentation de points particuliers de l’univers, il est LE monde.
Toute la doctrine chamanique insiste sur le caractère agonistique (relatif à la lutte pour la vie) de ces rapports :
L’univers est une jungle où s’affrontent en permanence des forces antithétiques : le soleil et la lune, le dieu et le diable, l’homme et la femme.
Penser ces forces agissantes dans la nature, c’est retrouver le champ clos de l’affrontement entre humains.
Non seulement le corps humain est substituable à lui-même, mais il l’est à un point tel que l’on peut se demander si la pensée de soi n’est pas nécessairement, et toujours, une pensée du monde, si l’« anthropologie » otomi, au sens de Kant, n’est pas autre chose qu’une cosmologie et vice versa.
De Galinier : « le quadrilatère des idoles »……
Le corps humain est divisé en deux moitiés, haute et basse, masculine et féminine. Les rites manifestent toujours la prééminence de la moitié basse, sexuelle, féminine et dangereuse mais féconde, sur la moitié haute.
Le culte est une révélation de la révolte contre la domination hispanique. La moitié d’en bas, c’est aussi la moitié otomi, dont on peut admettre qu’elle est objet de refoulement.
Pour résumé en quelques lignes ce passage complexe de la cosmogonie otomi, voici le résumé de la thèse écrite par Frédéric Saumade « Carnaval et émigration saisonnière au Mexique, la cosmogonie otomi régénérée par l’acculturation » :
Le contact des sociétés traditionnelles avec la modernité signifie t-il nécessairement leur perte d’originalité ?
A partir d’une enquête sur le carnaval d’une communauté otomi de la Huaxtèque (Mexique), l’auteur montre que la confrontation de la population locale avec les réalités sociales et économiques globales, les influences que subissent les travailleurs migrants et la présence des éléments de culture urbaine et hispanique ont paradoxalement ravivé d’anciens modèles d’organisation spatio-temporelle.
Métissage et modernisation ont favorisé la résurgence d’une structure dualiste et remis en lumière une cosmogonie traditionnelle articulée sur les oppositions masculin/féminin, haut/bas, extérieur/intérieur, vie/mort.
danseurs otomis image Maunus
ARTISANAT
Le papier amate
Au Mexique, le papier AMATE est un papier 100% naturel et écologique fabriqué à partir d’écorces d’arbres.
Tout comme les chinois avec le riz et les égyptiens avec leur papyrus, les peuples pré hispaniques de diverses régions ont très tôt utilisés les ressources naturelles pour créer des feuilles de papier afin de conserver une trace de leur histoire. Le papier AMATE en est le descendant direct. Les mayas et les aztèques l’utilisaient déjà dans leurs codices anciens. Les techniques de fabrication du papier AMATE se sont perpétuées à travers les siècles. De nos jours, ce sont les indiens Otomis qui fabriquent les principaux et plus beaux papiers AMATE du Mexique. Comme par le passé, l' AMATE d’aujourd’hui est fabriqué à partir d’écorces d'arbres, de fibres de cactus, de fibres de maguey (plante servant à la fabrication du Tequila) ou de roseaux. Dans la région de Puebla, les indiens Otomis perpétuent donc un savoir faire ancestral. Le nom AMATE vient du Nahuatl (la langue indigène la plus répandue au Mexique) AMATL qui signifie papier.
Artisanat, le textile
En plus de la fabrication du papier amate cité plus haut, ce dernier se décline autour du tissage et de différents objets liés à la couture, vêtements, poupées, tapis etc.....
Femmes au travail
Cet article est loin d’être terminé, les communautés otomis méritent plus d’approfondissements dans leurs différences, cette ethnie très complexe me donnera plus de difficulté à élaborer un article cohérent comme j'ai eu le cas précédemment avec les Yaquis.
La lecture de livres appropriés me permettra de compléter cette page consacrée qui leur est consacrée.
Caroleone
Mise à jour du 13/09/2013
Les lieux de mémoire et traditions vivantes du peuple Otomí-Chichimecas de Tolimán : la Peña de Bernal, gardienne d’un territoire sacré inscrits au patrimoine culturel immatériel de l'unesco
Le peuple Otomí-Chichimeca, établi dans la zone semi-désertique de l’État du Querétaro, dans le centre du Mexique, a élaboré un ensemble de traditions qui témoigne du lien exceptionnel que ce peuple entretient avec la topographie et l’écologie locales. Son environnement culturel est dominé par un triangle symbolique, formé par les collines de Zamorano et Frontón ainsi que le rocher de Bernal. C’est sur des monts sacrés que la population se rend chaque année en pèlerinage en portant des croix miraculeuses, priant pour obtenir de l’eau et la protection divine, vénérer les ancêtres, célébrer son identité et sa continuité en tant que communauté. D’autres festivités communautaires ponctuent tout au long de l’année un calendrier de rites centrés sur l’eau, extrêmement rare sous ce climat, qui célèbrent l’endurance du peuple Otomí-Chichimeca. Les rites se déroulent souvent dans l’intimité de chapelles familiales vouées aux ancêtres ou dans des chimales, structures temporaires mais imposantes, en roseau avec toit de feuilles, construites à titre d’offrande, de symbole d’endurance, de vitalité et d’appartenance. Le lien entre la culture spirituelle et l’espace physique a une influence sur l’art de la région – notamment les images religieuses, les peintures murales, la danse et la musique – et les traditions qui l’incarnent sont des éléments centraux de l’identité culturelle de la communauté. (unesco)
OTOMIES
Traduction carolita de l'article de l'INPI
Autodénomination et tronc linguistique
Le peuple Otomi parle des variantes linguistiques appartenant à la famille linguistique oto-mangue.
Langue
Le groupe linguistique otomi appartient à la grande famille oto-mangue. Les langues les plus proches de l'otomi, ou pour le dire autrement, ses langues sœurs, sont : le mazahua, le matlatzinca et le tlahuica. Le groupe linguistique otomi compte neuf variantes et le nombre total de locuteurs est de 288 052 ; ils sont répartis dans les États de Hidalgo, Puebla, Querétaro, Veracruz, Michoacán, Estado de México, Tlaxcala et Guanajuato. Chaque variante a un ou plusieurs endonymes, c'est-à-dire le nom par lequel les locuteurs reconnaissent leur variante, voyons voir :
- 1.Otomí de la Sierra: ñuju/ñoju/ yühu
- 2. otomí bajo du nord-ouest :hñäñho
- 3. otomí de l'ouest :ñathó
- 4. otomí de l'ouest del Valle del Mezquital:ñöhñö/ ñähñá
- 5. otomí del Valle del Mezquital: hñähñú/ ñänhú (del Valle del Mezquital)/ ñandú/ñóhnño (del Valle del Mezquital)/ñanhmu
- 6. otomí de Ixtenco: yühmu
- 7. otomí de Tilapa ou du sud :ñü’hü
- 8. otomí du nord-est :hñöñho/ñühú/ñanhú
- 9. otomí du centre :hñähñu(del centro)/ ñöthó/ ñható/ hñothó/ ñóhnño(del centro)
Localisation et zone écologique
Dans l'État d'Hidalgo, la population otomi la plus nombreuse se concentre dans la vallée dite de Mezquital. Les municipalités de la région occidentale qui comptent la plus grande population otomi sont Tlanchinol, Cardonal, Tehuacán de Guerrero, San Salvador, Santiago de Anaya, Chilcuautla, Tasquillo et Huazalingo ; dans la partie la plus occidentale d'Hidalgo, les municipalités d'Acaxochitlán, Huehuetla, San Bartolo Tutotepec et Tenango de Doria se distinguent.
L'État de Mexico compte la deuxième plus grande population otomi, concentrée principalement dans les municipalités de Toluca, Temoaya, Acambay, Juquipilco, Otzolotepec, Morelos et Chapa de Mota.
À Veracruz, ils sont situés dans la région de Huasteca, dans les municipalités d'Ixhuatlán de Madero, Texcatepec, Tlachichilco et Zontecomatlán.
Dans le Querétaro, la plupart d'entre eux se trouvent dans les municipalités d'Amealco, Tolimán et Cadereyta, et dans l'État de Puebla, presque tous se trouvent dans les municipalités de Pahuatlán, Pantepec et Chila-Honey.
En outre, environ 20 % de la population otomi vit dans d'autres États comme le Michoacán dans la municipalité de Zitácuaro, Guanajuato dans la municipalité de Tierra Blanca, et à Tlaxcala dans la municipalité d'Ixtenco.
Les conditions environnementales de cette vaste zone géographique dans laquelle les Otomi sont distribués présentent des variables contrastées, puisqu'elles comprennent des altitudes allant de 1 000 à 3 000 m entre des vallées et des terrains accidentés, des climats semi-arides, tempérés et tropicaux avec des composantes biotiques qui correspondent à ces variables, comme la végétation semi-désertique, les forêts et les jungles.
Histoire
Lorsque les espagnols sont arrivés, les Otomi ont vu la possibilité de se libérer de l'empire aztèque, c'est pourquoi de nombreux Otomi ont donné leur plein appui aux conquérants. Ceux qui ne voulaient pas le faire se sont retirés dans les montagnes, un déplacement qui s'est accentué lorsqu'une épidémie de variole a éclaté. Au cours du XVIIe siècle, l'occupation de leurs terres, suivie de l'établissement d'une mission, a créé des situations d'instabilité ; avec la colonisation des montagnes occupées par les Chichimèques, ils ont essayé de forcer les nomades à changer leur mode de vie, passant de la chasse à l'agriculture. Les missionnaires ont essayé de les convaincre pacifiquement, tout en les incitant au catholicisme. En retour, ils ont promis de les aider à distribuer périodiquement des biens de première nécessité, ce qu'ils ont rarement fait.
Au cours du XVIIIe siècle, de nombreux Otomi ont été expulsés vers des zones plus arides et marginales.
Le mouvement indépendantiste n'a rien fait pour améliorer leurs conditions économiques. Les grandes propriétés ont été divisées en petites propriétés pour les créoles et les métis, et les indigènes ont continué à travailler comme ouvriers. La production minière dans l'État de Hidalgo est entrée en crise et de nombreux travailleurs ont migré vers la Huasteca et Mineral del Monte, ce qui a entraîné une diminution de la population masculine. Pendant les années les plus difficiles de la guerre, de nombreux Otomi ont été concentrés de force à Tulancingo.
Malgré tout, ils n'ont jamais perdu leur langue, ont créé leurs propres chansons, danses, artisanat et vision du monde.
Organisation sociale
L'organisation sociale chez les Otomi varie selon la région d'installation, ainsi nous pouvons voir qu'il y a des régions où l'unité de base de la communauté est la famille nucléaire, alors que dans d'autres régions c'est la famille élargie.
En général, au sein des communautés, l'autorité principale est représentée par le père qui, avec la mère, éduque, enseigne et transmet les coutumes et les habitudes culturelles du groupe. Chaque membre de la famille a un travail bien défini. Les hommes cultivent la terre, construisent et réparent la maison, s'occupent du bétail et participent aux travaux communautaires ; les femmes préparent la nourriture, nettoient la maison, lavent les vêtements et élèvent les animaux domestiques. Au moment de la plantation et de la récolte, toute la famille participe à ces activités.
Une relation très respectée et importante en dehors du mariage est celle établie avec le compadrazgo qui naît au moment du baptême et qui est considérée comme le lien symbolique le plus important chez les Otomís.
Le travail est une activité très importante à caractère obligatoire, en raison de la migration, l'homme qui est à l'extérieur paie une autre personne pour faire le travail, s'il ne le fait pas, il perd ses droits en tant que membre de la communauté.
Autorités
L'organisation politique des villes Otomí est centrée sur le conseil municipal constitutionnel, dont le chef est le centre politique, avec le président municipal à sa tête. Au niveau du village, les charges varient et, par ordre de hiérarchie ascendante, sont les suivants : messager, huissier, police, secrétaire et juge auxiliaire. Les Otomí conservent la plupart des charges religieuses traditionnelles, telles que les mayordomos et la fiscalité, bien qu'aujourd'hui l'élection soit volontaire. Le travail communautaire, appelé "faena", est encore préservé dans la plupart des communautés.
Religion et cosmovision
Les pratiques religieuses de ce peuple sont une combinaison d'éléments catholiques et préhispaniques, le syncrétisme qui guide les conceptions du groupe, comme le culte des morts, la croyance en certaines maladies, les rêves et les anecdotes qui prévalent dans la vie des Otomi.
La plupart de cette population professe la religion catholique et est très attachée à la vénération de diverses images chrétiennes ; ces dernières années, on a constaté une augmentation de la présence de groupes religieux protestants dans les communautés otomi. Néanmoins, divers traits préhispaniques subsistent encore, qui se manifestent dans l'association de divinités indigènes et chrétiennes, dans le culte des morts et dans les cérémonies agricoles propitiatoires, bien que ce soit dans la pratique de la médecine traditionnelle que le complexe magico-religieux du groupe ethnique se reflète avec plus d'insistance.
La vie cérémoniale se manifeste dans le culte des saints patrons, dans les sanctuaires régionaux et, en outre, dans les oratoires familiaux.
Les fêtes des saints s'inscrivent dans le calendrier catholique et ont, comme nous l'avons déjà vu, un lien fort avec les cycles agricoles au sein d'une ancienne tradition méso-américaine.
Activités productives
L'activité traditionnelle des Otomí est l'agriculture, consacrée surtout à la production de maïs pour l'autoconsommation ; ils plantent aussi des haricots, du piment, du blé, de l'avoine, de la luzerne, de l'orge, des pommes de terre, des fèves, des cactus, des courges et des pois chiches. Les cultures sont réalisées à l'aide de techniques et d'outils traditionnels. Dans des régions telles que la vallée de Mezquital, une activité très importante est la culture du maguey pour l'extraction des fibres et de l'hydromel pour préparer la pulque.
Ces dernières années, dans plusieurs régions d'Otomi, la migration a considérablement augmenté en raison du manque de possibilités dans leur lieu d'origine. Les transferts de fonds envoyés par les migrants représentent un revenu important pour les communautés et les familles.
Festivités
Les festivités font partie du calendrier religieux catholique. Les fêtes patronales marquent le moment le plus significatif pour la communauté, qui s'identifie au saint patron. Il est courant que le saint donne son nom à la ville, ainsi qu'un mythe qui nous raconte comment il est arrivé dans la communauté. Il protège également la communauté et lui fournit de bonnes récoltes, mais en échange, une grande fête doit être organisée le jour de sa venue, des offrandes doivent lui être apportées et il doit être sorti en procession afin de pouvoir donner de la force à la communauté. Autour de la fête, les mayordomías sont organisées.
Gastronomie
L'alimentation de base se compose de tortillas de maïs, de haricots, d'œufs, de quelites, de quintoniles, de malva, de fromage et, à certaines occasions, de poulet ou de bœuf. Quant aux boissons, ils boivent généralement du café, de l'atole, des tisanes et du pulque.
Vêtements traditionnels
L'habillement des hommes est similaire à celui des paysans de la région. Dans le cas des femmes, ce sont les vieilles femmes qui portent généralement la traditionnelle blouse-couverture avec des broderies colorées sur le cou et les manches. En plus, elles portent un quexquémitl ou, à défaut, un châle. Cette tenue a quelques changements selon la région.
L'artisanat
Le peuple Otomí réalise divers artisanats parmi lesquels on peut souligner la production de tapis de laine, de molcajetes et de metates de pierre noire, de chapeaux de palmier, de chaises en tulle, de ayates de fibre maguey, de textiles réalisés sur un métier à tisser à dos. Le roseau est utilisé pour fabriquer des pots de fleurs, des paniers, des hochets en forme de colombe et des cantines pour le pulque.
Musique ou danse
Les danses sont des organisations où convergent de multiples liens sociaux et sont d'une importance vitale dans la reproduction de la vie cérémoniale du peuple Otomi. Il y a des danses d'origine coloniale comme les Apaches, les archers, les cow-boys, les muletiers, les negritos et les bergères. La danse est toujours conçue comme une offrande aux saints le jour de la fête. Ces danses ne sont pas seulement exécutées lors de la fête patronale, certaines d'entre elles le sont également lors de la fête de la Sainte-Croix, qui est le moment où sont effectués les rituels de demande de pluie, mais aussi lors de festivités communes telles que les mariages, les baptêmes, etc.
Médecine traditionnelle
Les Otomí classent l'origine des maladies en deux niveaux : celles d'origine naturelle et celles d'origine surnaturelle. Les premières sont combattues avec la médecine allopathique, les secondes font partie de la cosmovision du groupe. Pour les Otomí, les origines des maladies ont une base magico-religieuse ; pour se soigner, ils se tournent vers les thérapeutes traditionnels, tels que les sages-femmes et les hueseros, les herboristes et les prieurs. Les familles Otomi utilisent fréquemment des plantes médicinales pour soigner leurs maux. La médecine domestique a joué un rôle important dans le maintien de l'équilibre biologique et social de la communauté ; l'utilisation de plantes médicinales est quotidienne. Ces connaissances empiriques sont appliquées à des maladies telles que les maux de tête, les maux d'estomac, les coupures corporelles, la température, les rhumes, les entorses et les foulures. Il existe des ressources thérapeutiques telles que les infusions, les massages avec des crèmes et des baumes.