Frida Kahlo
Publié le 12 Septembre 2012
FRIDA KAHLO
Mexico, 1907 - Mexico, 1954
" Ils pensaient que j'étais une surréaliste, mais je ne l'étais pas.
Je n'ai jamais peint de rêves, j'ai peint ma réalité."
De fin février à décembre 2011 se déroulera l'année du Mexique en France, aminfestation destinée à mettre en relief la culture mexicaine dans sa richesse et sa diversité géographiques et historiques. Les ministères français et mexicains ont souhaité saisir l'occasion pour sensibiliser les élèves français à une approche de la culture et de la civilisation mexicaines.
A voir :
Une exposition sur Ruffino Tamayo au petit palais à Paris
Une exposition sur Diego Rivera et Frida Kahlo à l'Orangerie à Paris
Une exposition sur la génération d'artistes" nés après 1975" au musée d'art moderne à Paris
"Les 2 Frida"
Magdalena Carmen Frieda Kahlo Calderón naît le 6 juillet 1907 de Mathilde Calderón, qui est d'origine indienne, et de Wilhelm Kahlo, « Don Guillermo » en espagnol,
un photographe d'origine allemande. Ils vivent dans le quartier populaire de Coyoacán au sud de Mexico. Son père est un immigrant européen. C'est une métisse. Il faut connaître sa vie pour
comprendre son œuvre. Elle entre à l'Ecole Nationale Préparatoire en 1922, elle est jeune, belle, et se sait plein de talent. Comme beaucoup d'autres étudiants de sa génération, elle s'intéresse
aussi à la politique. Ce qui pose problème chez les intellectuels de cette époque, c'est de savoir comment réveiller la « mexicanité », cette identité nationale dont le gouvernement issu de la
Révolution de 1917 a besoin pour assurer la cohésion de son peuple. La liberté étant acquise, on peut enfin s'en servir...
Elle a 18 ans. Le drame se produit le 17 septembre 1925 : le « Bus » qui la ramène de son école sort de la route. L'accident est terrible et elle est profondément
blessée au ventre, au pied droit... C'est son dos qui est le plus touché. Sa force mentale lui permettra de surmonter la mort. Elle doit rester aliter pendant plusieurs mois et il y aura des
séquelles. Les douleurs dans sa colonne vertébrale ne la quitteront plus. Les médecins lui disent aussi qu'elle ne pourra pas avoir d'enfant. La vie l'avait déjà accablée : dans son enfance elle
fut atteinte de la polio, maladie qui infecte la colonne vertébrale, et cette maladie lui laissera la jambe droite déformée (elle en gardera le surnom de « Frida l'estropiée »).
« Le ruban rouge »
Elle dont la beauté ne demandait qu'à s'épanouir devra lutter jusqu'à la fin contre elle-même. Comme dans son enfance, c'est surtout son père qui pris soin d'elle.
Elle le décrit comme « intelligent, poli et d'un caractère généreux ». Elle demeurera toujours près de lui. Les sentiments pour sa mère resteront ambivalents : à la fois charmante et cruelle...
Mais cette période de convalescence lui permet de se mettre sérieusement à la peinture. En toute liberté. Selon ses propres mots, elle tentera de peindre les choses telles qu'elle peut les voir
(« ...pintando las cosas tal y como yo las veia... »). C'est son père Don Guillermo qui l'aura initié à la peinture. Lui-même peint et photographie, en particulier des vues de son quartier de
Coyoacán. Elle s'initie au portrait, à la nature morte, mais c'est sur elle-même qu'elle va focaliser son travail en réalisant un grand nombre d'autoportraits, souvent accompagnée de ses animaux
favoris (un ou des perroquets, ou des petits singes dont le sien, Caimito de Guayabal), mais souvent aussi caricaturant ses traits (« Autoportraits ») ou réglant ses compte à distance avec Diego
( « Les Cheveux coupés » (1940), « Les Deux Frida »). Ce travail sera pour elle un moyen essentiel de supporter sa vie.
« Sous les Rideaux », 1937
Son réalisme n'est pas seulement artistique : en 1928, elle s'inscrit au Parti Communiste Mexicain. La vie politique mexicaine est encore trouble et instable. Elle
défend aussi l'émancipation des femmes mexicaines : « cette masse silencieuse et soumise » et dont le place reste encore marginale dans cette société qui demeure très machiste. Pire, elle affiche
ouvertement sa liberté de femme moderne et même sa bisexualité. Pendant un débat politique (ou pendant une fête chez Tina Modotti, selon un autre version), elle rencontre Diego Rivera : c'est le
coup de foudre. Diego Rivera, qui a vingt ans de plus qu'elle, est déjà un artiste reconnu, il a travaillé pour le gouvernement et sa peinture sert son dessein. Malgré ses souffrances, Frida
Kahlo réalise qu'elle est capable de passion. Le 21 août de l'année suivante, ils se marient à Mexico. Il s'installe ensemble à Mexico où Diego se fait construire, en 1931, un atelier par son ami
architecte Juan O'Gorman (Cette demeure est devenu le Musée Estudio Diego Rivera). Mais il finissent par s'installer à Coyocán, le quartier des intellectuels et des artistes de la capitale. « La
maison bleue », où Frida Kahlo vécue de 1929 jusqu'à la fin de sa vie, existe toujours (c'est devenu un musée que l'on peut visiter ; l'endroit est tel que Frida l'avait aménagé, avec de
nombreuses peintures, photos, lettres,... ).
Photo de mariage...
Mais, un an plus tard, elle subit sont premier avortement. Elle n'aura jamais d'enfant. En 1932, et devenu célèbre au Etats-Unis, le couple se rend à Detroit où
Diego Rivera doit réaliser des fresques pour de nouveaux bâtiments fédéraux. Elle subit un second avortement à l'hôpital Henry Ford. Elle réalisera une peinture de ce pénible épisode (« Le Lit
Volant », « La Cama Volando », 1932, et aussi « Ce que j'ai vu... » en 1938...). En 1934, Frida découvre que Diego la trompe avec sa propre sœur... Elle peint un an plus tard « Quelques Piqûres »
(« Unos Cuantos Piquetitos »), réponse caustique à cette sordide histoire. En 1937, elle peint un autoportrait « Sous les rideaux » où elle tient une lettre : elle y a écrit une dédicace destinée
à Léon Trotski, le célèbre révolutionnaire russe qui s'est vu accordé, grâce à Diego Rivera, l'asile politique à Mexico et qui est hébergé chez Frida à Coyoacán. Ils ont eu une brève liaison que
l'on dit passionnée. Elle lui présentera le tableau, où elle se présente sous son meilleur jour, le 7 novembre 1937, date anniversaire de Trotski, et de celui de la Révolution russe... « Pour
Léon Trotski, je dédicace cette peinture avec tout mon amour... ». Trotski sera assassiné deux ans plus tard ( en août 40, à coup de pique à glace...).
Frida et Trotski - Mexico, 1940
« Autoportrait » (1947)
En 1938, Frida Kahlo réalise sa première exposition officielle à New York, à la « Julien Levy Gallery ». Elle peut enfin montrer au monde son talent et son style si
particulier. Surtout, elle réussit enfin à exorciser sa souffrance, qui apparaît comme l'un des thème principaux de ses œuvres. Elle peut aussi exprimer son attachement à sa terre, à ses
traditions et se montre capable de vivre sa « mexicanité » : incarnant aussi bien la « culture indigène » en portant des costumes traditionnels, que de représenter les « femmes modernes », libres
et indépendantes dans leur vie et dans leurs choix. Des peintures comme « La Colonne Brisée » (« La Columna Rota », 1944) et « Le Cerf Blessé » (« El Venado Herido », 1946) où elle s'exprime
crûment, et sans volonté de « faire du beau » : ce sera là la marque de son succès. Elle peint même pour ces chirurgiens qui tente de lui redonner une existence normale ( « Pour le Dr. Eloesser
», 1940). II faut dire que bien peu d'artistes osent ce qu'elle ose... Elle peint aussi l'espoir dans tableaux plus oniriques et torturés où elle glorifie les secrets de la vie ( « Le Défunt
Dimas », « La Fleur de la Vie », « L'Etreinte de l'Univers »). Au même moment, André Breton qui l'a connaît bien pourra écrire : « Son art est un ruban autour d'une bombe ».
« L'Amour Etreinte de l'Univers, la Terre, Me, Diego et le Señor Xólotl » (1949)
"La relation duelle entre l'homme et la femme trouvent leur correspondance dans la relation amoureuse entre le soleil et luna."
Cela est illustré par l'étreinte amoureuse de l'univers, par le chien Itzcuintli, représentant le seigneur Xólotl, accroupi au pied du couple.
Cette étreinte n'est pas seulement un refuge pour le petit animal du peintre. Il représente, dans le même temps, une figure
important de l'ancienne mythologie, le chien mexicain nommé Xolotl qui sauve le monde des morts....
On retrouve ici le double principe de la mythologie préhispanique :
la vie et la mort participent ensemble à l'harmonie du monde et à celle de l'artiste. »
Andrea Kettenmann
Diego et Frida...
La vie du couple est de plus en plus mouvementée et en 1939, c'est le divorce. Pourtant, leur amour est plus fort que tout : ils se remarieront le 8 décembre 1940.
Le temps passant, sa santé se dégrade. Son dos la fait souffrir atrocement et la médecine opératoire semble avoir fait des progrès importants. En 1950, elle subit sept opérations chirurgicales
consécutives ! Cette fois, la convalescence dure neuf mois mais elle manque de devenir folle. Elle retourne chez elle en chaise roulante. Malgré sa lente déchéance, elle continue de peindre et de
militer mais épuisée elle s'éteint le 13 juillet 1954 dans sa maison de Coyoacán. Pour tous, elle restera « l'incarnation de toute la magnificence nationale ».
Vie de souffrance qui saute aux yeux lorsque l'on regarde ses peintures. Elle aura ainsi réalisé plus de 70 autoportraits (seul Rembrandt aura été plus prolifique),
traités de toutes les manières possibles. Elle aura été en quelque sorte le propre sujet de son œuvre. Un drôle de visage, méditerranéen, les cheveux noirs et les yeux noirs, « comme magnétiques
». Et ces fameux sourcils « en forme d'aile d'oiseaux » qu'elle ne manque pas de souligner dans presque tous ses autoportraits. Se savait-elle belle au point de vouloir amoindrir sa beauté, se
sachant condamnée à ne jamais en profiter pleinement ? Mais, plus que cela, c'est son besoin d'enracinement, d'appartenance, que l'on perçoit, surtout lorsqu'elle se trouve à l'étranger, et qui
se dégage de son travail lorsqu'on le met en perspective. Loin de la folie, elle tente de triompher de ses propres contradictions. Derrière cet amour pour son pays et de ses origines, c'est la
question de son identité, et de l'identité de tout mexicain à laquelle elle tente de répondre dans ses œuvres, comme dans « Les Deux Frida », peinture surprenante qu'elle destinait à Diego et
dont le message est clair : elle montre là son impossibilité de choisir entre Frida« la moderne », et habillée comme telle, et Frida la « traditionnelle »... celle que préférait Diego.
« Elle est la première femme dans l'histoire de l'art à avoir repris avec une sincérité absolue et impitoyable, et on pourrait dire avec une impassible cruauté, les thèmes généraux et particuliers qui concernent exclusivement les femmes. »
Diego Rivera, 1937
Surprenante Frida Kahlo. On ressent souvent un malaise en regardant ses peintures étranges, souvent maladroites, mais c'est alors qu'il faut tenter de la
comprendre. Sa vie, malgré sa perpétuelle souffrance physique, n'en était pas moins gaie et active. Et même, on lui reconnaissait un tempérament plutôt optimiste. Et un fort caractère qui
contrastait avec son apparente gentillesse. Il faut dire qu'avec Diego Rivera, il fallait en avoir. Un modèle pour beaucoup de femmes. Certains la considère même comme une sainte. Il ne faut pas
voir dans ses portraits où elle s'enlaidit outrageusement une forme de surréalisme, mais bien plutôt une marque de franchise et même de naïveté. On lui voue un véritable culte, et il n'est pas
vraiment facile de juger objectivement de sa peinture. Peut-être est-ce parce qu'elle perpétue à sa manière un art typiquement mexicain. Un art puissant, partant de la vie, cherchant ses secrets,
marqué par la couleur et la naïveté, mais dont le fond reste sombre, marqué par la mort et la souffrance. On peut penser qu'elle est « surréaliste ». Mais il faut plutôt voir en elle une artiste
d'avant-garde, qui n'a pas eu besoin de se servir des modèles européens même s'ils ont pu lui montrer la voie pour dépasser l'art traditionnel et académique. C'est ce mélange, cette synthèse
entre thèmes universels et vie personnelle, particulièrement net chez Frida Kahlo, et que l'on retrouve souvent dans l'art mexicain, aussi bien chez les précolombiens que chez les créateurs
actuels. Il est inutile d'ajouter qu'elle demeure un modèle flamboyant pour toutes les féministes mais aussi tout simplement pour toutes les femmes mexicaines et du monde en général.
A savoir !
La banque fédérale du Mexique sort, en cette fin d'années 2010,un nouveau billet de 500 pesos en hommage à Frida Kahlo
!!
Au revers, « Autoportrait » (Détail - 1940) et « L'Etreinte amoureuse de l'univers, la terre, moi, Diego et Monsieur Xolotl » (Détail - 1949)
« C'était les choses simples de la vie - animaux, enfants, fleurs, paysages - qui intéressaient le plus Frida »
Emmy Lou Packard, l'assistante de Diego Rivera
A lire :
« KAHLO ». - Andrea Kettenmann. - Taschens, 1992
« Frida Kahlo ». - Helga Prignitz-Poda. - Gallimard, 2003. - 85 €
« Frida Kahlo ». - Hayden Herrera. - Frida Kahlo. - New York : Rizzoli Art Series, 1992
« Frida » : A Bibliography of Frida Kahlo. - Hayden Herrera. - New York : Harper and Row Publishers, 1983
En 2003 est sorti le film de Julie Taymor retraçant la vie de Frida...
Un biopic que je vous conseille de voir et revoir...
Pour en savoir plus sur :
Frida Kahlo
www.lasmujeres.com/?m=frida-kahlo (esp.)
www.honmex.com/eros/eros.html (ita., us.)
http://www.artchive.com/artchive/K/kahlo.html (us.)
www.fbuch.com/fridakahlo.htm (us.)
www.answers.com/topic/frida-kahlo (us.)
Les articles du Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Frida_Kahlo (fr.)
http://en.wikipedia.org/wiki/Frida_Kahlo (us.)
Quelques-une de ses citations : http://en.wikiquote.org/wiki/Frida_Kahlo (us.)
« Diego Rivera »
A découvrir...
“Frida Kahlo, à travers le masque”
Film documentaire par Le Fond de l’œil
Frida Kahlo nous invite à mettre son masque magique devant nos yeux.
A travers le masque, nous voyons ses peintures s’animer et prendre vie, nous entendons ses pensées lorsqu’elle évoque sa vie passée, nous ressentons les sentiments qui la touchent.
Frida Kahlo nous accompagne pour un voyage au cœur de sa réalité.
Frida Kahlo nous invite à mettre son masque magique devant nos yeux.
à travers le masque, nous voyons ses peintures s'animer et prendre vie, nous entendons ses pensées lorsqu'elle évoque sa vie passée, nous ressentons les sentiments qui la touchent.
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Ce DVD du film documentaire graphique Frida KAHLO, à travers le masque vous fera vivre une aventure unique à travers l'univers d'une artiste unique. Entièrement réalisé avec des animations graphiques, ce film propose une lecture nouvelle et pédagogique de l'œuvre de l'artiste.
L'œuvre de Frida KAHLO foisonne de détails dévoilant son intimité. Les animations subtiles et légères de ses peintures, mettent en mouvement et en lumière ces symboles. Ainsi l'univers de cette grande artiste prend vie.
La voix de Sophie Duprès interprète la parole de Frida, reconstituée d'après son Journal et ses écrits. Elle guide le spectateur sur le chemin de sa vie tourmentée en évoquant son passé et en l'invitant à voir derrière son masque pour découvrir son univers intérieur.
Frida KAHLO, à travers le masque
Film documentaire graphique
épisode 1 de la série de 6 films documentaires graphiques
A travers l'art, 6 femmes surréalistes
(Leonora Carrington, Leonor Fini, Dorothea Tanning, Remedios Varo, Unica Zürn)
Le Fond de l'œil
3-5 passage de la Main d'Or
75011 PARIS
01 47 00 05 85
› En savoir plus sur le site de l'association Le Fond de l’œil...
http://www.vivamexico.info/Index1/FridaKahlo.html
Afin d'apprendre ce qu'est le Mexique, en sortant des sentiers battus de la désinformation, Cocomagnanville souhaite participer également à cette année du Mexique: artistes, culture, révolutionnaires, sites exceptionnels, histoire seront au rendez-vous.
Pour les initiés, le Mexique et le Chiapas en particulier sont régulièrement mis en avant sur ce blog, il suffit de vous rendre sur la catégorie "Le chiapas en lutte et le Mexique en général" et vous pourrez y suivre toutes les luttes de ce beau pays à qui il manque une chose précieuse : la liberté !!
VIVA MEXICO !! VIVA ZAPATA !! TODO PARA TODOS !!
Caroleone
Article publié la première fois le 5 mars 2011