Chili : incendies de forêt et répression
Publié le 28 Février 2012
Dans les régions mapuche d'Araucanie et de Bio Bio, où s'étendent plus de trois millions d'hectares de plantations d'arbres exotiques, plus de deux millions,
plantés surtout de pins et d'eucalyptus, appartenant aux entreprises forestières Arauco et Mininco et ont été touchés par le feu ces dernière semaines.
Pour les défenseurs de la monoculture industrielle d'arbres à croissance rapide, le Chili est le “pays vedette”. L'État chilien a encouragé cette industrie, non
seulement par l'octroi d'importants subsides, mais aussi avec un fort soutien militaire, nécessaire et utilisé pour faire face au conflit foncier que le système a déclenché avec le peuple
Mapuche, car les plantations ont occupé des terres qui lui appartenaient depuis toujours.
En plus du conflit territorial avec les Mapuche, la monoculture industrielle d'arbres a eu des conséquences dramatiques. Ces
plantations ont remplacé la forêt indigène, provoquant la disparition de plantes médicinales et alimentaires, ainsi que des espèces animales ; elles ont favorisé la sécheresse et diminué les
réserves hydriques superficielles et souterraines, car il s'agit d'arbres à forte consommation d'eau ; elles ont pollué des écosystèmes par l'utilisation généralisée de pesticides ; elles ont
encerclé des communautés rurales et détruit des chemins à cause de la circulation de machines lourdes ; elles se sont substituées à des champs d'élevage et de culture, portant atteinte à la
souveraineté alimentaire ; elles ont violé des sites sacrés ; elles ont contribué à augmenter la pauvreté et la migration.
À présent, la vague d'incendies met en lumière la fragilité que comporte la monoculture. Le directeur de Mapuexpress, Alfredo Seguel, fait remarquer que les
entreprises forestières sont responsables de la succession d'incendies, car elles ont introduit des espèces exotiques, comme le pin et l'eucalyptus, qui créent de véritables déserts. Seguel
révèle en plus que les endroits où les incendies ont éclaté sont les mêmes où s'est répandue Sirex noctilio, une guêpe qui attaque les pins et provoque leur mort, augmentant ainsi le danger que
les plantations deviennent des foyers d'incendie. Malgré cela, la réaction officielle a consisté à soutenir encore les entreprises forestières, accusant de la tragédie les organisations mapuches
et prenant contre elles des mesures de répression.
La Commission éthique contre la torture (CECT-Chili) a adressé au président Piñera une lettre ouverte, où elle manifeste son
inquiétude à propos des opérations policières contre les communautés mapuches. Elle conteste aussi le fait que l'on invoque la loi antiterroriste nº 18.314, adoptée pendant la dictature militaire
de Pinochet pour réprimer l'opposition. La Commission déclare que cette loi “ne répond pas aux normes internationales en matière de droits de l'homme et s'oppose aux garanties minimales que
doit offrir tout procès”, et que “son utilisation arbitraire et discriminatoire pendant la décennie passée a servi à stigmatiser” le peuple Mapuche.
L'empire des plantations industrielles d'arbres est en train de s'écrouler, annonce Alfredo Seguel. Comme tout empire, face à la crise il réagit par la violence et
la criminalisation de l'opposition. Néanmoins, le peuple Mapuche continue de résister pour défendre ses territoires.
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