Chili / Argentine : Le peuple Atacama ou Likan Antai

Publié le 13 Mars 2013

Les atacamas

atacamenos_g.jpg

Peuple indigène d’Amérique du sud vivant à l’intérieur du désert d’Atacama (nord du Chili et de l’Argentine, sud-ouest de la Bolivie) des cours du Rio Loa au nord (IIe région chilienne d’Antofagasta) jusqu’à Copiapo au sud. Ils occupaient les vallées, les ravins et les flancs de la Cordillère.

Le nom qu’ils se donnent : lickan-antay (habitants du territoire).

1376008 4 de49 situation-du-desert-d-atacama

Leurs autres noms : alpatama, kunza, liken-antai

Peuple d’agriculteurs et d’éleveurs (de camélidés)

Langue : kunza, éteinte en dehors de quelques mots

Les descendants des atacamas vivent en grande partie sur les terres ancestrales mais ils sont très mélangés, formant une population créole incluse dans un mélange complexe d’indiens.

Les premiers habitants de la région de San Pedro de Atacama sont arrivés il y a 11.000 ans. Ils ont domestiqué d’abord le guanaco pour ensuite créer à partir de la sélection le lama.

Ils pratiquaient la transhumance entre les Andes et le plateau.

Puis ils se sédentarisent et cultivent des plantes qui peuvent résister au climat désertique.

Ils fondent des villages puis des villes sur des buttes stratégiques et fortifiées : les pucaras  ou pukaras.

 

Tilcara---Pucara

Pukara à Tilcara

 

Pukara-de-Quitor--San-Pedro-de-Atacama-.jpg

Pukara de Quitor à San Pedro de Atacama

 

Ces populations pratiquaient la déformation des crânes en utilisant dans l’enfance des petites planches bandées par des lanières de laine autour de la tête pour leur donner un front plat.

La déformation des crânes et le caractère général des objets fabriqués par les atacamas dénotent une influence bolivienne marquée.

La civilisation était dirigée par des chefs de villages, les atacameños.

Les villages s’étendaient de la dépression de Chiu-Chiu jusqu’au pied des Andes. Leurs établissements toujours présents de nos jours portent les noms de :

Oasis de Quitor, Chui-Chiu, Turi, Topayin, Susques, Antofagasta de la Sierra, oasis de San Pedro de Atacama.

antofagasta-de-la-sierra.jpg

Antofagasta de la Sierra (argentine)

 

San_Pedro_de_Atacama_oasis.jpg

L'oasis de San Pedro de Atacama

Croyances

Ils croyaient en différents dieux dont la plupart habitaient les sommets du volcan Licancabur. Ils croyaient en une vie après la mort et donc enterraient leurs morts avec tout le nécessaire pour le voyage qui les attendaient.

licancabur.jpg

Volcan Licancabur

Agriculture et mode de vie

Ils cultivaient sur des terrasses comme le font les quechuas ce qui leur permettait de ne pas avoir d’écoulement de l’eau précieuse dans le désert.

Les espèces cultivées :

Principalement les pommes de terre et le quinoa, puis, les potirons, les courges, les piments, les pois, le tabac pour les rituels, les figuiers de barbarie (tuna), le maïs. Ils fertilisaient leurs cultures avec le guano des oiseaux de la côte qu’ils transportaient à dos de lama.

Ils chassaient avec des arcs et des flèches, pratiquaient le troc avec d’autres pêcheurs nomades changos. Leur viande sous forme de charqui (salée et séchée au soleil) était échangée contre du poisson et des fruits de mer.

Les lamas servaient d’animaux de charge, leur viande était consommée et leur peau et leur laine utilisées.

Ils développèrent un artisanat important de céramiques et sont le premier peuple a avoir utilisé le minerai de cuivre de Chuquicamata ainsi que l’or de la mine d’Incahuasi (Catamarca). Ils fabriquaient également des vanneries et ont été retrouvées des calebasses pyrogravées.

 

68917865

Deux espèces utilisées par les anciens atacamas comme enthéogènes* voir hallucinogènes :

Anadenanthera colubrina ou cebil

anadenanthera-colubrina.jpg

L'écorce est utilisée comme cicatrisant et anti-hémorragique. Elle est riche en tanins et peut être utilisée dans le tannage. Les graines de l'arbre contiennent de la bufoténine et sont utilisées comme hallucinogène et enthéogène*.

Le cactus San pedro ou  Echinopsis pachanoy

220px-Starr_070320-5799_Echinopsis_pachanoi.jpg

Le cactus est consommé à des fins divinatoires. Ses effets sont semblables à ceux du peyotl.

Il est considéré comme enthéogène et fait l'objet d'un usage rituel très ancien. Il soigne les maladies nerveuses, cardiaques ou circulatoires, l'hypertension, les problèmes articulaires

Période agraire et production de céramique, repères historiques succincts

san-pedro-de-atacama-fin-015.JPG

Musée archéologique de San Pedro

  • 400 à 900

-        Poterie rouge pâle

-        Cruches anthropomorphiques

-        Usage d’ornements, des vases en or

 

  • 900 à 1200

-        Céramique noir polie

-        Influence de Tiwanaku*

-        Ultilisation de tablettes pour aspirer des hallucinogènes (cebil et cactus San Pedro) avec des figures sculptées d’hommes de condors et de félins

-        Usage de la « tambeta », ornement labial

-        Usage d’hallucinogènes ou enthéogènes* comme pour tous les peuples d’Amérique avant la conquête européenne, essentiellement pour des rituels.

 

  • 1200 à 1500

-        Influence incaïque, témoignage laissés par les fortersses ou « pukera », cette influence dominera toute la région et imposera une nouvelle orientation.

  • 1536 : invasion des conquistadors espagnols Diego de Almagro et Francisco Aguirre qui combattent les incas
  • 1540 : Pedro de Valdivia complète la conquête et fait de San Pedro un village colonial.

San Pedro de Atacama

280px-San_Pedro_de_Atacama_-street_view-.jpg

San Pedro de Atacama existe depuis bien avant l'ère Inca alors qu'il était occupé par les peuples Atacama .Les Espagnols occupèrent la région à partir du XVIee siècle. San Pedro est le centre touristique du Nord du Chili. Le village est le point de départ usuel pour les expéditions vers la Cordillère des Andes, le salar d'Atacama, les geysers d'El Tatio, le village de Toconao et la Valle de la Luna.

659_photo_4.jpg

C'est dans cette région que fut découverte une série de momies. L'une d'entre elles, vieille de trois mille ans est appelée Miss Chile et sa réplique était visible jusqu'en 2008 dans le petit musée situé près de la place centrale du village.

momie-miss-chile-musee-sans-pedro-atacama.jpg

Miss Chile au musée archéologique de San Pedro

Le musée de San Pedro de Atacama ( musée archéologique RP Gustavo Le Paige)

Dans ce musée situé à San Pedro, se trouve toute l'histoire et l'archéologie de la culture des Atacamas.

Cette impressionnante réunion de matériel archéologique de valeur appréciable, contient plus de 380.000 pièces et compte parmi celles-ci des céramiques, du matériel lithique, des textiles et des métaux pré-hispaniques, ainsi que des momies.

Le site du musée  ICI

 

musee-le-paige-san-pedro.jpg

Pour en savoir plus sur cocomagnanville :

-        Le désert d’Atacama  ICI

-        Les diaguitas  ICI ( les atacamas sont souvent classés au sein des diaguitas, l’histoire est intéressante pour compléter cet article)

Quelques mots savants

Tiwanaku

La civilisation de Tiwanaku (en aymara, ou Tiahuanaco, nom de la ville moderne en espagnol), est une civilisation pré-inca qui a dominé la moitié sud des Andes centrales entre le Ve et le XIe siècles.

Enthéogène

Un enthéogène est une substance psychotrope induisant un état modifié de conscience utilisée à des fins religieuses, spirituelles ou chamaniques .Les enthéogènes regroupent un grand nombre de plantes et même certains venins d’animaux qui possèdent des propriétés hallucinogènes dont on peut dériver les substances actives.

Caroleone

Source : wikipédia

Chili : Transaction de l'eau, production de territoires et identités indigènes : le modèle chilien de l'eau et les Atacameños de Calama


Manuel Prieto**

Le code de l'eau chilien de 1981 est un cas radical de marché libre. Dans le désert d'Atacama, les Atacameños de la ville de Calama ont mobilisé leur identité indigène et la célébration de leurs traditions dans le contexte de l'imposition de ce code. En utilisant une approche d'écologie politique, j'explore dans cet article comment la revendication des Atacameños contre le modèle néolibéral de l'eau est imbriquée dans le processus de formation de l'identité, les traditions et le comportement du marché. Pour ce faire, j'étudie les transactions relatives aux droits sur l'eau et mène des entretiens avec des dirigeants urbains. Les résultats nous permettent de remettre en question l'hypothèse selon laquelle, dans un marché libre, les droits sur l'eau sont orientés vers les utilisations ayant une plus grande valeur économique.

http://www.scielo.org.co/scielo.php?script=sci_arttext&pid=S0123-885X2016000100009

Si la version traduite en français de cet article vous intéresse, merci de me contacter via le formulaire du blog.

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article