Brésil : Le peuple Uru-Eu-Wau-Wau

Publié le 12 Mai 2012

Les uru-eu-wau-wau

 

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Groupe indigène tupi-kawahib du Brésil composé de plusieurs sous-groupes

Population : 123 personnes (2014)

Langue : tupi-guarani

Localisation : état du Rondônia, ils sont localisés dans six villages.

Leur territoire se situe dans le parc national de Pacaas novos et il a une superficie de 1.867.117 hectares

Terre indigène

  • T.I Uru-Eu-Wau-Wau - 1.867.120 hectares, 209 personnes, réserve homologuée dans l'état du Rondônia. Villes : Costa Marques, São Miguel do Guaporé, Campo Novo do Rondônia. 9 peuples y vivent : Amondawa (langue tupí guaraní), Kawahiva isolés du rio Muqui, Oro Win (langue txpakura), Uru-eu-wau-wau (langue tupí guaraní), Juma (langue tupí guaraní), isolés Bananeira, isolés du Cautario, isolés de l'igarapé Tiradentes.

Autres noms : bocas negras, bocas pretas, cautarios, soterios, urupain, jupau, amondawa, parakarua, jurureis, cabeça-vermelha.

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Le nom uru-eu-wau-wau leur a été donné par les indiens oro-uari.

Des groupes sont isolés comme les parakura et les jurureis et deux groupes dont les noms sont inconnus vivent dans le sud-ouest et le centre.

Ce peuple était à l’origine nomade, chasseur/cueilleur/pêcheur et à présent agriculteur

 

Origines

Ils sont originaires du Rondônia et occupaient les sources des rivières descendant des montagnes Serra de Pacaas-novas, uopianes et Moreira cabral et formaient plusieurs tribus importantes du bassin amazonien, les rios guaporé, les mamoré et les jiparana.

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 Rio Jamari Rio Jamari na aldeia de mesmo nome. Foto: Rogério Vargas, 2002. ISA

 

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Historique

 

  • Début du XXe siècle : invasion des blancs, colonisateurs (chasseurs d’esclaves, chercheurs d »or), leurs ennemis héréditaires sont les indiens munduruku.
  • Début du XXe siècle : arrivée des collecteurs de latex, les indiens se réfugient dans les hautes terres de Nimuendaju. Construction de la voie ferrée Madeira-mamoré qui est une première tentative de colonisation de la région pendant le boom du caoutchouc.
  • 1910 : pénétration pionnière de la commission Rondon qui y développe une ligne téléphonique et « pacifie » des ethnies.
  • Après la seconde guerre mondiale : exploitation de la cassitérite (minerai d’étain) = nouveaux conflits, massacres, épidémies (un propriétaire de Seringal, plantation d’hévéas se vantait à cette époque d’avoir tué 118 indiens lors d’une expédition aux sources de rio Jamari) 
  • Ouverture de la route BR-29 : qui aggrave encore la situation, on repousse les indiens dans la forêt pour attribuer leurs terres à des particuliers.
  • Années 1970 : projets de colonisation et asphaltage de la route BR-364 = nouvelle vague de pressions et conflits
  • 1979 : les indiens attaquent une famille de colons, enlèvent un enfant, tuent deux collecteurs de latex. Interdiction ensuite est donnée aux blancs d’entrer sur le territoire.
  • 1980 : après ces contacts, la population diminue de moitié
  • 1981 : de 250 indiens, elle passe à 93 (infections respiratoires, conflits)
  • 1985 : création d’une zone de protection permanente par un accord entre l’institut brésilien de développement forestier (IBDF) et la funai.​​​1995 : ré-augmentation de la population

Localisation

 

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La terre indigène comprend la montagne Pacaas novos et la chaîne de montagne uopianes avec le point culminant du Rondônia (1230 mètres).

Ce sont des paysages diversifiés aux collines avec ou sans forêts, avec des plateaux et des inselbergs.

La zone contient une riche biodiversité et des esapces vierges. L’eau y est en abondance avec la présence de douze sous-bassins hydrographiques du Rondônia.

 

Organisation sociale

 

Comme tous les peuples kawahib, ils sont divisés en groupes de parenté avec chacun un chef et organisés en deux fractions : le hocco et l’ara.

Villages

 

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Ils sont construits dans des clairières ouvertes au milieu des bois. Dans les petits jardins, ils cultivent le maïs, le manioc doux, la patate douce, l’igname et le coton. Les jardins sont des abattis utilisés en culture sur brûlis ou coivara. Après les récoltes, les abattis sont laissés en jachère et seront utilisés plusieurs années plus tard. Toute la communauté travaille aux travaux de désherbage et à la récolte

Les maisons traditionnelles étaient des malocas( maisons communautaires) rectangulaires très hautes avec un toit en pente, des portes des deux côtés.

A présent, ils vivent dans des maisons en bois aux toits en feuilles d’amiante, pratique introduite par la funai.

 

Mode de vie

Artisanat

Ils fabriquent des objets en terre et des paniers principalement pour transporte le gibier, et les fruits cueillis.

La chasse

C’est une activité masculine qui se pratique dans les sentiers fréquemment utilisés à 3 ou 5 kilomètres du village. Parfois, la chasse se pratique en groupe surtout lorsqu’elles sont en territoire plus éloignés.

Techniques de chasse :

  •  Pièges (tukai) en babaçu chaume = perdrix à proximité des village
  • Imitation du bruit des animaux pour les attirer (tapir, pécari
  • Ils suivent les tracent de l’animal auparavant blessés
  •  Arc et flèches qui à présent sont abandonnés au profit du fusil

amondawa_17.jpg                                             amondawa Photo: Jesco von Puttkamer/acervo IGPA-UCG, 1985. ISA

 

Les flèches

Les flèches uwya ont une pointe en bambou

Les flèches miarakanga ont une pointe osseuse souvent en os de jaguar : pour chasser les oiseaux parfois pêcher les poissons.

Les flèches um’ywa-pejibare en os de jaguar sont pour la pêche.

Les hommes s’occupent de nettoyer l’animal et de le brûler sur la plate-forme de torréfaction, méthode utilisée pour les grands animaux essentiellement. En effet la peau des animaux n’est pas enlevée et elle est brûlée avec le reste de l’animal dont la viande est ensuite mangée grillée. Elle est conservée pendant plusieurs jours enveloppée dans de la paille et des paniers pour la protéger des mouches.

La viande est l’aliment de base et elle est abondante sur la terre des indiens, c’est souvent le tapir leur animal de prédilection.

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                      tapir image

 

La pêche

C’est une activité masculine et féminine qui utilise les arcs, les flèches, les harpons et les filets de battage.

La pêche au timbo (liane toxique pour les poissons) est utilisée lorsque la pêche devient difficile.

Les poissons sont sélectionnés et fumés sur une grille ou cuits dans un pot, ou bien alors roulés dans des feuilles de pacova et placés dans le feu.

Ils fabriquent également un plat à base de viande et de poisson pilée au mortier.

Le poisson favori est le jaturana (piawuha) mais il a disparu de la rivière Jamari après la construction du barrage Samuel.

 

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                                                                                            Urueu woman and her children next to the mortar. Photo: Jesco von Puttkamer/IGPA-UCG collection, 1984. ISA

La cueillette

Ils complètent leur menu en cueillant les fruits de la forêt et en récoltant le miel.

L’agriculture

C’est devenu une activité de subsistance à laquelle toute la famille participe. Les légumes et fruits cultivés :

-        Le manioc doux : consommé rôti, ou bouilli, non fermenté, en farine qui sera mise à séché sur une natte au soleil pendant plusieurs jours. Le manioc doux sert à la confection d’une boisson fermentée.

-        Le maïs : consommé en farine (watikuia) pilée au mortier, maïs vert ou sec, en bouillie (kaminha) non fermentée

-       L’igname (cara) : plusieurs variétés sont cultivées dans les jardins ou dans des troncs tombés

-        La patate douce (ytyga)

-       Une variété de taioba (mabaé) dont on consomme les feuilles cuites avec de la viande et de la farine de manioc = le mbotawa

-        Le coton (amanjiju

-       L’urucum : colorant et insectifuge

-        La papaye : elle est cultivée depuis l’époque des ancêtres.

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papayer

                                                                                                 

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  manioc                                                                                  

Les animaux de compagnie

Ils sont fréquents et servent de compagnie surtout aux enfants : perdrix, hocco, perruches, perroquets, jeunes pécaris, jeunes cochons sauvages.

hocco.jpg     hocco                                                                             

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    Pécari                                                                                       

capybara.jpg   capybara                                                                                       

Des animaux sont élevés également pour se servir des plumes pour les flèches et les ornements : aigles, aras, harpies

Mariage et parenté

Les mariages polygames se font entre les deux moitiés, le hocco ne peut se marier qu’avec l’ara. Les mariages sont arrangés entre cousins croisés et l’enfant dès sa naissance est déjà promis en mariage. L’époux promis n’est pas toujours bien accepté d’où certains conflits familiaux.

Les noms de chaque indien changent tout au long de la vie suivant la maturité et les événements.

 

Les morts

Ils sont enterrés dans les malocas avec tous leurs biens en position assise et l’on place au-dessus de la poitrine du mort une couronne de plumes d’aigle sensée les protéger dans le monde des esprits.

Les endroits où les morts sont enterrés sont entretenus même lorsque les tribus se déplacent.

Les esprits

Ils croient en la présence des esprits divers de la forêt auxquels ils donnent des noms et sur lesquels ils racontent des histoires réglant la vie des communautés. Par exemple, Anhanga a l’apparence d’une grande chauve-souris qui emporte les gens très loin.

Fêtes et rituels

La nuit, ils chantent pour effrayer les ennemis avec leurs cris ou bine pour se souvenir des proches disparus.

Ils ont aussi la fête du maïs, nommé ipuã.

Le yrerua

Les hommes jouent de la flûte et dansent en portant leurs arcs et leurs flèches comme prêts à servir, les femmes dansent autour d’eux. Cette danse à une connotation guerrière.

Fête de la jeune fille

Après la première menstruation, il y a une fête de la jeune fille. Celle-ci doit rester enfermée dans la maloca pendant un mois et demi et ne peu se baigner, son corps ayant été enduit avec de l’huile de babaçu (issue d’une noix de coco).

Après sa seconde menstruation, la jeune fille quitte son hamac et elle va être baignée par sa tante qui essaiera d’enlever toute trace d’huile de son corps.

Ensuite, le mariage est célébré autour d’une fête et d’un repas convivial. On offre des présents à la jeune fille : collier en dents de jaguar, bracelets, collier de dents de capybara. Le futur mari reçoit aussi des présents : coiffures, flèches, colliers de dents sauvages.

La jeune fille devra se laver dans la rivière chaque jour et profiter de la pluie pour arriver à détacher l’odeur de l’huile de babaçu.

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     babaçu                                                                                 

L’urucum (roucou) et les tatouages corporels

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  urucum                                                                                      

Lors des fêtes, les indiens se peignent le corps avec l’urucum qui est un colorant rouge qui éloigne également les moustiques. Ils tatouent leur visage avec une ligne de la bouche à l’oreille et autour des lèvres ce qui leur a valu le surnom de « black bouche ».

Les hommes ont un tatouage de poisson sur le bras gauche, fait avec une feuille. Il est réalisé pendant le rituel de transformation du garçon en guerrier vers d’âge de 13 ans.

Les femmes ont des tatouages autour de la bouche en forme de cercle qui représente un grand serpent. Les tatouages du visage sont réalisés pour les deux sexes lors du rituel du mariage.

amondawa_3.jpg amondawa : voir les lignes du tatouage autour de la bouche (The Jupaú Canindé. photo: Adrian Cowell, 1981)

Les ornements

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Les coiffures et les flèches sont réalisées par les hommes avec des plumes de perroquets, d’aras et d’aigle et utilisées par les hommes (adultes et enfants).

La coiffe est un don aux esprits en échange de leur protection. La plume d’aigle représente la protection car l’aigle est capable de disparaître rapidement et il est difficile à observer en forêt.

Les femmes portent des colliers de dents de capybara et les hommes des colliers de dents de sanglier.

 

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Sources : socioambiantal, survival

 

Caroleone

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Uru Eu Wau Wau

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