Brésil : Le peuple Munduruku

Publié le 4 Avril 2013

Les munduruku

 

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Ethnie amazonienne du Brésil qui vit dans l’état du Para, de l’Amazonas et du Mato grosso.

Autres noms : mundurucu, maytapu, cara preta

Le nom qu’ils se donnent : « wuujuyû » = nous, notre peuple

Langue : munduruku, langue tupi

Population : 13.755 personnes (2014)

Chasseurs cueilleurs de la vallée de la rivière tapajos.

Leur combat actuel est celui pour la préservation de leur territoire contre l’orpaillage illégal, les projets hydroélectriques et la construction d’une voie navigable sur le tapajos.

Terres indigènes

  • T.I Aldeia Beija Flor – 41 hectares – 574 personnes- réservée, Amazonas. Ville : Rio Preto da Eva. 10 peuples y vivent : Baré (langue arawak), Borari, Desana (langue tukano), Kambeba (langue tupí-guaraní), Marubo (langue pano), Munduruku (langue munduruku), Mura (langue mura), Sateré Mawé (langue mawé), Tukano (langue tukano), Tuyuka (langue tukano).
  • T.I Apiaká do Pontal  et isolés – 982.324 hectares- 262 personnes – Mato Grosso - Réserve identifiée. 3 peuples y vivent : Apiaká (langue tupí guaraní), peuples isolés de Pontal – Munduruku (langue munduruku) – Ville : Apiacás.
  • T.I Apiaká- Kayabi – 19.245 hectares – 885 personnes- Réserve approuvée – Mato Grosso – 4 peuples y vivent : Apiaká ( langue tupí guaraní), peuples isolés du rio Dos Peixes, Kawaweite ( langue tupí guaraní), Munduruku (langue munduruku).
  • T.I Bragança/Marituba - 13.515 hectares, 231 personnes, réserve déclarée. Etat du Pará. Ville : Belterra.
  • T.I Coatá-Laranjal - 1.153.210 hectares, 2484 personnes. réserve homologuée en Amazonas. Ville : Borba. 2 peuples y vivent : Munduruku (langue munduruku) et Sateré Mawé (langue mawé).
  • T.I Kayabi - 1.0553.257 hectares, 768 personnes, réserve holomguée dans le Mato Grosso et le Pará. Villes : Apiacá, Jacareaconga. 3 peuples y vivent : Apiaká (langue tupí guaraní), Kaiabi (langue tupí guaraní), Munduruku (langue munduruku).
  • T.I Mundurucu – 2.381.800 hectares – 6518 personnes – Réserve homologuée – Pará – 3 peuples y vivent : Apiaká, Munduruku, peuples isolés du Haut Tapajos.
  • T.I Munduruku et Apiaká de Planalto Santareno – Réserve en cours d’identification – 2 peuples : Apiaká et Munduruku – Etat de Pará.
  • T.I Praia do Indio - 28 hectares, 125 personnes, réserve déclarée dans le Pará. Ville : Itaituba.
  • T.I Praia do Mangue - 30 hectares, 168 personnes, réservée. Pará.
  • T.I Sai Cinza - 125.552 hectares, 1739 personnes, réserve homologuée dans le Pará. Ville : Jacareacanga.
  • T.I Sawré Bap'in (Apompu) km 43 - en cours d'identification. Etat du Pará. Ville : Itaituba.
  • T.I Sawré Juyubu (São Luiz do Tapajós) - 43 personnes, en cours d'identification. Pará. Ville : Itaituba.
  • T.I Sawré Muybu (Pimental) - 178.173 hectares, 168 personnes, réserve identifiée mais sujet à contestation. Pará. Villes : Itaituba, Trairão.

Histoire

Selon les anthropologues, les munduruku étaient une nation guerrière et audacieuse qui entreprenait des incursions sur les autres territoires pour obtenir des trophées de têtes ennemies qui étaient momifiées et auxquels ils attribuaient des pouvoirs magiques.

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Université des Antilles et de la Guyane. Service commun de la documentation

  • Seconde moitié du XVIIIe siècle : premiers contacts. Les portugais colonisateurs après plusieurs expéditions arrivent à les soumettre et des accords de paix semblent avoir été mis en place.
  • 1872 : une première colonie est créée sous le nom de mission Bacabal, elle est contrôlée par des moines franciscains.
  • Seconde moitié du XIXe siècle : boom du caoutchouc, leur territoire est à présent occupé par des non indiens. Les groupes d’indiens soumis seront placés dans des camps de missionnaires et travaillerons dans des exploitations à la culture de plantes dites drogues sauvages ( cumaru = arbre de la fève tonka, cacao) d’autres continueront à faire la guerre à d’autres groupes ethniques rivaux ce qui faisait forcément le jeu des colons dans l’occupation de la région.
  • 2001 : les terres des munduruku sont en processus de démarcation «  La terre indigène du bas tapajos ».

L’évangélisation certes a produit des effets mais malgré tout les munduruku sont très imprégnés par leurs rites ancestraux. Deux missions existent, la mission de Saõ Francisco sur la rivière Cururu, créée en 1911 et la mission Baptiste sur la rivière tapajos qui a débutée dans les années 1960.

Les religieux ont enfin admis la présence des rituels chamaniques, les munduruku ne semblent pas donner beaucoup d’importance aux condamnations formulées par les missions et la religion chrétienne (ce qui me réjouit le cœur !)

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Portrait de deux amérindiens Munduruku, par le peintre français Hercules Florence, lors de l'expédition conduite en Amazonie brésilienne par le Baron von Langsdorf de 1825 à 1829 Mateus Hidalgo

 

Mode de vie

La perte d’identité guerrière avec la colonisation à vu la dislocation des villages traditionnels situés surtout sur les berges des rivières et avec eux les rituels collectifs qui étaient liés à la production alimentaire répartis entre la saison sèche (avril à septembre) et la saison des pluies (octobre à mars), par exemple le rituel de la mère de la forêt qui se tenait au début de la saison des pluies et permettait d’obtenir l’autorisation de chasser, d’aller en forêt et d’avoir de la chance lors des chasses.

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Organisation sociale

Elle est basée sur l’existence de deux moitiés exogamiques identifiées par la fraction rouge et la fraction blanche.

38 clans sont connus divisés entre les deux moitiés d’où sont issues les relations de parenté entre autre. Les clans étant exogames, une personne d’un groupe ne peut épouser qu’une personne d’un groupe opposé. Le mariage est de préférence entre cousins croisés, la séparation est permise par la suite.

Le mariage est une sphère de relations sociales très importante pour l’harmonie de la société et indispensable pour la relation entre les familles, le commerce, la solidarité et la politique de la communauté.

Le système est patrilinéaire, les enfants héritent de l’identité du clan du père mais néanmoins la résidence est matrilocale. Le mari va vivre après son union dans la famille de sa femme et contribue à l’entretien du foyer.

Le chaman est celui qui détient le pouvoir de guérison ainsi que celui de communiquer avec les esprits.

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Têtes-trophées munduruku, Brésil. Ces trophées sont toujours pourvus d'yeux et de crocs. Ils matérialisent les non-humains mal intentionnés à l'égard des vivants.
(Photo : Dominique Raizon / RFI)

Agriculture

Elle se pratique sur les terres traditionnelles avec les produits suivants : manioc, bananes, pommes de terre, canne à sucre, igname. Les arbres fruitiers sont plantés sur les sentiers des jardins.

La répartition des tâches se fait ainsi :

Les hommes : découpage du sous-bois, brûlage

Hommes et femmes : le coivara qui consiste en le nettoyage après le brûlis des parcelles, celui-ci est effectué par toute la famille.

La plantation du manioc est faite par l’homme et la femme. Voir le manioc sur cocomagnanville  ICI

Les femmes : plantation des pommes de terre, ignames, ananas, poivrons, désherbage et récolte.

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La cueillette

Elle concerne les fruits de la forêt : açaï, patava, bacaba, juba, inga …..

Avec certains fruits ils obtiennent des jus épais qui sont connus comme des vins régionaux.

Pendant la période hivernale, ils préparent un plat en mélangeant le jus des fruits à la farine de manioc et la viande de gibier pour former une alimentation de base qui remplacera le poisson se faisant rare lors des crues.

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La pêche

Elle est une activité très importante l’été et donne lieu à des rites. Elle se pratique à l’aide du timbo, une racine qui mélangée à une parcelle délimitée de la rivière anesthésie les poissons et permet leur capture.

La pêche à la nivrée sur cocomagnanville

Artisanat

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Les hommes fabriquent la vannerie et tissent parfois le matériel utilisé par les femmes comme par exemple l’ICO : c’est la corbeille dont les femmes se servent pour transporter les fruits et les produits du jardin.

Ils fabriquent aussi les tamis, les ustensiles à usage domestique tous tissés en fibres naturelles.

Les paniers sont décorés de dessins faits ave l’urucu qui permettent d’identifier le clan du mari.

Les sangles qui servent à porter les enfants sont faites par les femmes avec une fibre extraite d’un arbre qui grâce à sa couleur rouge ou blanche permettra d’identifier à quelle fraction exogame appartient l’enfant.

Les motifs représentés dans la fabrication des colliers sont des figures anthropomorphes, poissons, chats sauvages, tortues, alligators qui sont sculptés et complétés de graines.

Le tissage des hamacs en coton tombe en désuétude et le savoir se perd.

Chants, danses

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C’est un peuple qui possède de beaux chants traditionnels emprunts de poésie et d’une musicalité rare chez les peuples amazoniens. Leur cosmologie nous démontre aussi leurs connaissances des étoiles et des constellations de la voie lactée.

Problèmes sur leur santé

Depuis les années 1990, il a été constaté des empoisonnements au mercure et un taux élevé d’hépatite B. Les cas de paludisme, d’infections respiratoires et de tuberculose entrainant des décès sont nombreux et préoccupants. Le manque de politique de santé et le peu de participation des indiens à celles mises en place ne permettent pas de pallier à ce problème.

L’exode de certaines familles à la ville à vu l’apparition d’autres pathologies chez ce peuple, les maladies sexuellement transmissibles entre autre  ainsi qu’un préjudice social causé par le départ des hommes jeunes en ville.

 

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Cognition et capacités arithmétiques : ce que nous apprennent les Indiens Mundurucus

 

L'étude de ce peuple indigène connaît un certain intérêt, en partie lié aux recherches portant sur son système de numération.

 

Peut-on calculer si l'on n'a pas de mots pour désigner les nombres ? Pour répondre à cette question et comprendre les relations qui existent entre connaissance mathématique et faculté de langage, des chercheurs du CNRS et de l'Inserm, Pierre Pica, Cathy Lemer, Véronique Izard et Stanislas Dehaene(1), se sont intéressés au cas des Mundurucus. Ces indiens d'Amazonie ont un lexique de noms de nombres qui ne va que jusqu'à 4 ou 5. Les tests réalisés pendant plusieurs mois auprès de cette population, montrent que les Mundurucus ont des difficultés à exécuter des opérations arithmétiques « élémentaires » avec des quantités exactes, mais qu'ils possèdent une capacité d'approximation des nombres comparable à la nôtre. Ces recherches, publiées dans la revue Science du 15 octobre 2004 suggèrent que la compétence de l'espèce humaine pour l'arithmétique approximative est indépendante du langage ; le calcul exact ferait partie des inventions technologiques qui varient largement d'une population à une autre.

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Pour élucider les relations existant entre langage et arithmétique, il faut pouvoir étudier les compétences de calcul dans des situations où le langage des nombres est absent ou réduit. Les Indiens Mundurucus représentent à cet égard une population indigène intéressante : comme la plupart des peuples indigènes Tupi, leur langue ne comprend des mots que pour les nombres allant de 1 à 5. Elle est parlée par environ 7000 personnes vivant dans un territoire autonome de l'état du Para, au Brésil.

Pierre Pica effectue des recherches linguistiques sur le territoire Mundurucu depuis 1998. Il a ainsi pu réaliser toute une série de tests arithmétiques auprès de 55 Indiens Mundurucus, visant à évaluer leurs capacités de calcul exact et approximatif, ces mêmes tests étant réalisés chez 10 Français, pour servir de contrôle.

Le premier objectif était de déterminer l'étendue exacte du lexique Mundurucu en termes de noms de nombres – deux, trois, quatre, cinq ou plus – et d'analyser avec précision, à l'aide d'outils mathématiques, les capacités arithmétiques de cette population.

Des expérimentateurs Mundurucus, formés par le chercheur, ont fait passé les séries de tests en territoire Mundurucu, en utilisant l'écran d'un ordinateur portable rechargé par des panneaux solaires.

Plusieurs groupes distincts de participants ont été constitués afin de bien refléter la diversité culturelle, linguistique et géographique des Mundurucus : un groupe d'adultes (hommes et femmes) et un groupe d'enfants ne parlant que le Mundurucu et n'ayant pas reçu d'instruction à l'école, ont été comparés à d'autres groupes d'adultes et d'enfants qui parlaient également un peu le Portugais ou qui avaient reçu un peu d'instruction.

Lire la suite sur le site du cnrs

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La biopiraterie avance ses armes, masquée

 

Celestial Green achète les droits des terres Indiennes en Amazonie

Pour 120 millions US$, les indiens de l’ethnie mundurucu ont vendu à Celestial Green Ventures des droits sur une surface égale à 16 fois la taille de la ville de São Paulo, en pleine forêt amazonienne, sur la commune de Jacareacanga. Cette opération garantie à la société des “avantages” sur la biodiversité, en plus d’un accès sans restriction au territoire indigène.

Un contrat signé avec Celestial Green Ventures prive les Mundurukus de tout droit sur les terres qu'ils habitent. ©Ben Sutherland (Flickr)

Dans le contrat, les indiens s’engagent à ne pas planter ou extraire de bois de leurs terres pendant 30 ans, soit la durée de l’accord. Toute intervention sur le territoire devra avoir l’aval préalable de Celestial Green Venture, entreprise irlandaise qui se présente comme le leader mondial du marché de crédits carbone.

Sans règles claires, ce marché compense les émissions de gaz à effet de serre de grandes entreprises polluantes, surtout en Europe, et négocie les cotations de ces crédits. En Amazonie, cela engendre un harcèlement des communautés indigènes et la prolifération de contrats nébuleux, similaires à celui signé avec les Mundurucus. La Fondation Nationale de l’Indien (Funai) recense déjà plus de 30 contrats de ce type…….Suite

 

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Caroleone

 

Sources : socioambiantal, wikipédia

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #Peuples originaires, #Munduruku

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F
merci pour la richesse de votre documentation. je me suis passionnée pour votre culture et vos combats.
C
Merci pour eux.