Brésil : Le peuple Enawenê- Nawê
Publié le 14 Avril 2012
Les enawenê nawê
Une ethnie que je souhaitais vous faire découvrir depuis quelque temps déjà, un si beau peuple, riche en culture et en savoirs et surtout comme vous le constaterez sur les images et la vidéo, toujours souriant !!
Même en plein effort, ils ont le sourire aux lèvres, ils sont épatants !!
De merveilleux être humains que nous devons aider à se préserver de la mondialisation.
Merci de votre intérêt pour eux.....
Caroleone
Peuple autochtone de l'Amazonie brésilienne vivant dans l'état du Mato grosso et dont une partie vit en isolement.
Population : 737 personnes (2014)
Langue : arawak
Peuple de pêcheurs, cueilleurs
Ils ont été contactés la première fois en 1974.
Localisation et premières découvertes
Terre indigène
- T.I Enawenê Nawê - 742.088 hectares, 737 personnes, réserve homologuée dans l'état du Mato Grosso. Villes : Comodoro, Juína, Sapezal. 2 peuples y vivent : Enawenâ Nawê (langue arawak) et isolés du rio Iquê.
Ils vivent de nos jours le long de la rivière juruena qui est un affluent du rio Tapajos lui-même affluent de l’Amazone.
Auparavant, leurs terres se situaient entre les sources de la rivière Aripuaña (hawinaware), le rio Preto ( adowina) et la rivière Arimena (olowine).
Se sont des agressions dues à d’autres peuples de la forêt qui les a amenés à s’éloigner de leur territoire ancestral.
Comme pour tous les autres peuples amazoniens, les premiers hommes blancs qui arrivèrent pour exploiter le caoutchouc, chercher les diamants et l’or, les éleveurs et à présent les planteurs de soja (la firme MAGGI est le premier producteur de soja au Brésil !) apportèrent avec eux leurs miasmes et leurs virus dont n’étaient pas protégés les indiens et décimèrent une partie de la population.
Leur territoire a été reconnu officiellement par le gouvernement brésilien depuis 1996, mais une zone importante, la zone du Rio Preto en est exclue (tiens donc !). Ceci est une aberration car cette zone constitue la zone de pêche traditionnelle des enawené.
La population a pu progresser depuis 1992 passant de 216 individus à 425, le double en sachant que cette population est très jeune puisque les enfants (dinwa) composent les deux tiers de celle-ci.
Je parlerais plus bas de l’importance de la zone de pêche au paragraphe qui la concerne.
La pêche
C’est l’un des rares peuples au monde qui ne consomme pas de viande rouge. La pêche se pratique de plusieurs façons, avec des crochets, des arcs et des flèches, des barrages….
La pêche au timbó offre le plus grand plaisir et le meilleur rendement. Elle est l’occasion de réunir hommes, femmes et enfants dans une même activité. Une partie des pêcheurs se positionne en amont de la rivière et écrase des lianes qui libèrent un suc toxique contenant des particules de saponine. Celles-ci pénètrent dans les ouies des poissons provoquant leur paralysie, sans toutefois affecter la qualité de leur chair.
C’est ce que pratiquent également les indiens wayanas en Guyane française, la pêche à la nivrée que je détaille sur l’article qui leur est consacré.
La pêche à la nivrée sur cocomagnanville
Le »yakwa »
Pendant la saison des pluies, lorsque les collines de la Sierra Norte sont enveloppées de nuages, commence alors le plus long rituel indigène d’Amazonie.
Le rituel du Yãkwa maintient l’harmonie du monde. Il s’agit d’une cérémonie d’une durée de quatre mois, durant laquelle ont lieu des échanges de nourriture entre les Enawene Nawe et les yakairiti, esprits du monde souterrain et maîtres du poisson et du sel.
© Fiona Watson/Survival International
Les barrages sont érigés à l’aide de branchages entrelacés qui forment un treillage dans lequel sont insérés des dizaines de pièges coniques. Ecorces et plantes grimpantes assurent l’assemblage.
L’Adowina est une bonne rivière pour les witiwina, explique un Enawene Nawe. Les arbres sont hauts et la terre est bonne.
L’eau est alors aspirée à travers les cônes, piégeant ainsi les poissons qui descendent la rivière après avoir pondu à sa source.
Le Yãkwa a été reconnu par le ministère de la Culture brésilien comme faisant partie de l’héritage culturel du pays.
Les poissons sont conservés dans de petits paniers tressés en feuilles de palmiers. Ils sont ensuite transportés au village dans des canoës.
Une fois le rituel terminé, les barrages sont détruits afin que les poissons puissent à nouveau remonter la rivière pour y pondre.
L’Unesco a récemment appelé à la sauvegarde urgente du rituel yãkwa, le qualifiant de ‘patrimoine culturel immatériel’.
Cependant, ces dernières années, la tribu a éprouvé des difficultés à accomplir ce rituel, en raison de la raréfaction du poisson due à la déforestation et à la construction de barrages hydroélectriques.
Ce rite est aujourd’hui menacé par la déforestation et la construction d’une série de barrages dans le bassin de la rivière Juruena, où est situé leur territoire, qui sont à l’origine de la réduction drastique du stock de poissons.
Les Indiens n’ont pas été convenablement consultés sur le projet de barrages.
Les Enawenê Nawê rapportent que ces dernières années, en raison de la disparition des poissons, ils n’ont pu pratiquer leur rituel comme d’habitude.
Un Enawenê Nawê a dit à un représentant de Survival : ‘Si les poissons tombent malades et meurent, il en sera de même pour les Enawene Nawe’.
Autres sources d’aliments
Ils récoltent le miel sauvage qui donne lieu à une fête, le « keteoko ».
Portant de somptueux costumes et couvre-chefs en plumes, les hommes accompagnent à la flûte ceux qui chantent et dansent autour des feux allumés sur la place centrale.
La récolte du miel est célébrée lors du keteoko, la fête du miel. Les hommes qui ont recueilli de grandes quantités de miel sauvage dans la forêt le cachent sur le chemin du retour au village ; ils ne le dévoileront qu’au moment où les femmes commenceront à danser.
Ils cultivent également le manioc et le maïs et complètent leur menu par la cueillette, fruits, insectes, champignons, noix du Brésil, fourmis, termites.
Caractéristiques physiques
Les hommes
Ils portent les cheveux longs, drapés dans le dos, parés d’une frange au-dessus des oreilles, ils sont de grande taille et ont la peau claire.
Leur poitrine est ornée de parures fabriquées avec des plumes d’aras enfermées dans des pièces de tucum de noix de coco.
Dans leurs oreilles, ils portent des anneaux noirs fabriqués à partir de tucum (une sorte de palmier brésilien) ainsi que des coquilles enfilées sur une ficelle de coton rouge.
Des bandes de coton fines lient les biceps et les cuisses, des bandes plus larges lient les chevilles.
Le pénis est enfermé dans une gaine de paille.
brassards en plumes
diadème de plumes
Les femmes
Elles portent également les cheveux longs, avec une frange au-dessus des oreilles comme les hommes.
Une ceinture faite de tucum enroulée autour de la taille, des mini-jupes en coton teint en rouge avec le rocou.
Elles portent des anneaux de caoutchouc en-dessous des genoux, des tatouages sur les incisions autour du nombril et de la poitrine.
Leurs oreilles sont ornées également de pendants identiques à ceux des hommes et des bandes fines de coton sont nouées autour de leurs bras.
pendants d'oreilles
Boucles d'oreilles en noix de tucum
collier en noix de tucum
Le village
Il est de forme circulaire pour favoriser les rituels et formé par les maisons communes et une maison circulaire.
Les maisons sont faites de troncs d’épaisseurs diverses et recouvertes de paille de palmier moriche.
Un espace commun est formé par un long couloir qui relie la porte d’entrée à la porte de sortie .Cet espace contient des grandes plates-formes utilisées pour faire sécher les galettes de maïs grillées, les gâteaux de manioc crue et d’autres aliments.
Chaque maison ou maloca est occupée par plusieurs familles liées par la parenté et peut contenir environ 50 personnes .Chaque famille à son propre foyer entouré de hamacs et une plate-forme pour stocker les biens. L’intérieur des maisons garde la fraîcheur et des activités y ont lieu pour animer la vie des foyers.
La nuit l’éclairage est assuré par des torches de résine roulées dans des feuilles de bananiers sauvages.
Partage des tâches
Ce sont les hommes qui sont responsables de l’approvisionnement en bois de chauffage, l’abattage et les plantations sur brûlis.
Les femmes désherbent les zones cultivables, font les récoltes et s’occupent des repas.
Les clans
Ils sont organisés sous la forme de société patrilinéaire et sont dispersés dans l’espace en raison de la règle de mariage uxorilocal qui veut dire que le mari va vivre dans la famille de l’épouse.
Cosmovision
Le maintien de l’équilibre et de l’harmonie entre la nature et le monde des esprits est essentiel. L’univers des Enawene Nawe est constitué de deux niveaux et ils se situent entre les deux.
Le niveau supérieur est le lieu de vie des enore nawe, ou esprits célestes, qui sont les maîtres du miel et de certains insectes volants. Ils accompagnent les Enawene Nawe dans leurs parties de pêche ou leurs expéditions de cueillette et les protègent contre les dangers du monde au-delà du village.
Le niveau souterrain est le royaume des yakairiti, les esprits du monde d’en-dessous. Kawari, un ancien de la tribu, explique leur rôle :
Toute cette terre appartient aux yakairiti qui sont les maîtres des ressources naturelles. Si vous épuisez la terre et le poisson, les yakairiti se vengeront et tueront tous les Enawene Nawe.
Objets utilisés dans les rituels
Le chamanisme
Le chaman (sotayreti) a la capacité de voyager au plan céleste à travers des rêves ou les transes. Cela se passe lorsqu’il est couché ou bien parfois il peut marcher avec agitation à travers la clairière du village pendant la nuit en faisant des gestes agressifs et, armé d’arc et de flèches il part à la recherche d’esprits maléfiques que lui seul peut voir.
Les guérisons réalisées par le chaman sont rétribuées par les familles à l’aide de colliers de tucum, poisson, maïs, crochets ou objets personnels. Hommes et femmes peuvent devenir chamane sans distinction, il suffit d’en émettre le souhait. Après une initiation on peut acquérir la capacité d’un chaman mais la pratique exige des états continus de transes, l’aspiration de substances pathogènes, il faut avoir la capacité de faire des récits convaincants sur les contacts et les rencontres avec les divinités célestes. Le chaman fait, grâce à ses capacités citées figure de prestige social élevé dans la tribu.
Le souffleur (hoenaytare ou hoenaytalo pour les femmes)
C’est une femme ou un homme qui possède des mots magiques qu’il transmet par souffle, ces derniers souffles repoussent l’attaque des êtres nuisibles.
Le spécialiste en plantes médicinales (baraytare)
C’est lui qui reconnaît et manipule les plantes utilisées comme tonqiues pour les activités physqiues ( pour les enfants principalement pour les aider à se développer) , les contraceptifs féminins, pour soigner les blessures résultant ou non d’êtres maléfiques. Les plantes peuvent aussi être utilisée conjointement avec les opérations du chaman.
Le sorcier (iholalare)
C’est le manipulateur des forces du mal et ses pratiques agissent sur les vengeances principalement. Il utilise de puissants poisons et il n’est pas identifié par les autres.
Les enawené conceptualisent différentes catégories d'âge selon lesquelles les personnes sont classées au cours de leur développement physique et culturel. Ce sont:
Tiraware / Tirawalo (vie intra-utérine): de nombreuses relations sexuelles sont nécessaires à une femme pour être enceinte. Pour les Enawene Nawe, la grossesse est le résultat de la combinaison de sperme et du sang menstruel dans l'utérus. Le tronc, les bras et les battements de cœur sont les premiers éléments à être développés dans le sein maternel, suivie par les jambes et la tête. Si la femme a des relations sexuelles avec plus d'un homme au cours de la grossesse, le bébé sera faite conjointement.
Wesekoitakori / Wesekoitakolo (nouveau-né): dans cette phase, le père et la mère restent dans la solitude et doivent respecter les restrictions alimentaires afin de protéger le nouveau-né afin qu’il ne soit pas tourmenté par des êtres qui causent la maladie et la mort. Les cheveux du bébé sont coupés et les oreilles percées pour insérer une décoration avec le tucum.Des Bandes de coton sont également enroulées autour des chevilles du nourrisson et les poignets. Le bébé est nourri avec du lait maternel par les mères, les tantes et grands-mères. On le baigne avec des infusions de plantes qui aident l'enfant à grandir pour être sain et fort, ainsi que des applications légères de peinture rocou, qui sont tous les deux recommandés.
Enawehorairi / Enawehorailo (nourrisson): dans cette phase l'enfant porte des colliers, des bracelets et des bracelets de cheville. Après la «bénédiction», ils peuvent consommer oloiti (une boisson diluée de manioc), ketera (bouillie de manioc) et de miel dilué dans l'eau. Les enfants plus âgés aident le jour des soins.
Anolokwari / Anolokwalo (enfant capable de s'asseoir et ramper): c’est dans cette phase que l'enfant reçoit une paire de pendants d'oreilles en coquille, ainsi que des colliers pour décorer le cou. Les filles recevront une ceinture tucum et une peinture pour le corps à base de rocou, appliquée avec une paille de palmier moriche.
Atonaharese / Atonahalose (enfant capable de marcher): On met à l’enfant un bandage de coton tissé sur les chevilles et un anneau de caoutchouc sur les cuisses des filles. Le poisson devient une partie importante de la nourriture de l’enfant.
Dinoarese / Dinoalose (petit enfant de 3 à 6 ans): l'enfant commence à se baigner sans être accompagné par les parents. Ils commencent à apprendre une série d'activités avec des adultes, comme l'accompagnement de leurs parents à des expéditions sur brûlis et sur la pêche de la famille. Les filles restent toujours proches de leur mère.
Enawaretese / Enawalotese (enfant de 7 à 11 ans): à cet âge les processus de transmission des connaissances et l'apprentissage deviennent plus intenses. Les garçons accompagnent leurs pères sur les voyages de pêche.
Awitaretese / Awitalotese: le garçon prend part à des voyages de pêche sans son père. Si les connexions matrimoniales existent déjà, il travaille pour son futur beau-frère en plantant un petit itinérant avec l'aide de son père pour sa future épouse. Les filles s'occupent des petits enfants et prennent part aux rites comme les garçons du même âge.
Awitariti / Awitaloti: c'est la phase de transition vers la vie adulte. Les garçons reçoivent l'ornement du pénis appelé olokoiri et les filles, le tatouage autour de leur nombril et la poitrine à la suite à leur première menstruation. Dans cette phase, ils sont prêts à se marier. Les marques de passage (étui pénien et tatouages) possèdent une grande valeur sociale, car ils affichent la capacité de reproduction de la personne.
Enetonasare / Enetonasalo (de la naissance du premier enfant): les femmes changent leurs parures et commencent à utiliser le rocou dans d'autres conceptions distinctes de celles de la phase précédente.
Kolakarinasare / Kolakalonasare: après le quatrième enfant.
Kolakalare / Kolakalalo (de la naissance de la première petite-fille): peinture sur corps commence à comprendre tout simplement une fine couche de rocou, les femmes font face à des restrictions à la participation à des rituels.
Ihitariti / Ihitaloti: caractérisé par la présence de rides, moins d'utilisation de parures.
Rituel funéraire
Pour enterrer les morts, les enawené font une urne funéraire avec l'écorce de divers arbres de la forêt, façonnés dans un tube de la hauteur du défunt. Ce moment est marqué par les sanglots, les gémissements, les commentaires, des cris et des gestes, et accompagné par un mouvement constant de va et vient dans le village. Lorsque les cérémonies funéraires sont terminées, l'urne est placée dans une fosse profonde creusée à l'intérieur de la maison, précisément sous l'endroit où la personne décédée avait dormi dans son hamac. A côté de la personne décédée sont enterrés ses biens et / ou des objets d'usage personnel: machette colliers, coiffes, vêtements, arc et une flèche, hache, .... Les gens cessent également prononcer le nom de la personne.
Une fois que le défunt est enterré, il se retrouve face-à-face avec une araignée géante. Toute femme sans un tatouage du corps - l'insigne de l'initiation, les marques inscrites entre les seins et autour de son nombril - est immédiatement dévorée par l'araignée. Les hommes sont exemptés de cette inspection, de même les enfants des deux sexes. Mais le voyage n'est pas fini: une fois libre de l'araignée, le défunt a ensuite à traverser le plus grand des fleuves (pour certains l'Aripuanã et pour d'autres l'Amazone). La traversée se fait par l'intermédiaire d'un pont formé par un enchevêtrement de serpents de couleur, après lequel le défunt est immédiatement accueilli par le dakoti comme l'un des leurs et un festival a lieu dans la célébration.
Caroleone
Sources : survival, pib.socioambiantal.org, wikipédia, les photos des parures viennent du musée d’ethnographie de Genève
Mythe d'origine du peuple Enawenê-Nawê - coco Magnanville
Par http://veton.picq.fr - Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=10055069 Les Enawenê-nawê nous disent que les peuples ancestraux, dont ils sont les ...
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