Brésil : barrage de Belo monte,tragédie environnementale
Publié le 3 Septembre 2010
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www.correiocidadania.com.br/content/view/4157/55/
Traduction
: Bettina Balmer pour
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Tout est prêt pour qu’en janvier soit lancé l’appel d’offre de la centrale hydro-électrique qui
doit être construite sur le fleuve Xingu. Un des bijoux de la couronne du PAC (Programme
d’accélération de la croissance). Il manque à peine le permis environnemental de l’Ibama. Du
fait des pressions du Planalto pour que le feu vert soit donné avant, plusieurs experts de
l’Ibama ont posé leur démission.
Sting, le chanteur britannique, était au Xingu lors de la dernière semaine de novembre pour
appuyer le rejet de Belo Monte : «
je sais que les travaux ont un sens d’un point de vue
économique mais d’un point de vue écologique, il ne s’agit peut-être pas d’une bonne idée
»
a-t-il déclaré.
Les peuples indigènes du Xingu se plaignent de ne pas avoir été sollicités pour débattre de
Belo Monte avec le gouvernement. Le Brésil a signé la convention 169 de l’OIT, s’engageant
à obtenir l’approbation préalable des indigènes avant de prendre des mesures qui les touchent.
Selon des spécialistes, la construction de Belo Monte impliquera que ¾ de la région, connue
comme la Grande Boucle du Xingu, souffrira de manière drastique de manque d’eau, de perte
de biodiversité (qui est là, l’une des plus importantes au monde) et d’effets sur la population
locale, dus à la réduction de la nappe phréatique, des niveaux et du débit d’eau dans cette
partie du fleuve.
Les images du satellite identifient la Grande Boucle : le fleuve Xingu va vers le Nord, en
direction de l’Amazonie et, brusquement, fait une boucle de pratiquement 200 km, donnant
l’impression de retourner vers le Sud. Ensuite, reprend son cours vers le Nord, fermant
pratiquement un anneau complet. C’est un des plus beaux tracés fluviaux de notre planète.
Il est prévu, dans la Grande Boucle du Xingu, la construction de 3 barrages de béton de
plusieurs canaux et de 5 retenues d’eau, inondant les secteurs qui abritent, aujourd’hui,
agriculture, élevage et d’innombrables cours d’eau fournissant la population locale. Il est
prévu de retirer autant de terre que pour la construction du canal de Panama !
Des spécialistes indiquent que l’oeuvre est techniquement non rentable, étant donné que la
capacité installée prévisionnelle de 11 233 MW sera seulement disponible durant 3 ou 4 mois
de l’année. Le gain d’énergie, d’à peine 4 462 MW – 1/3 du total – rend le projet non rentable
financièrement.
S’il se construit, plus de 25 000 habitants de Altamira, Transamazônica seront obligés de
déménager, condamnés à une pauvreté encore plus importante.
C’est le contribuable brésilien qui payera, au travers du financement de la BNDES et de la
participation des états, une bonne partie des coûts de cette entreprise aux effets dévastateurs.
Des entreprises comme Chesf, Eletronorte, Furnas et Eletrosul, pourront répondre ensemble
ou séparément à l’appel d’offre pour la construction de Belo Monte. Ainsi, le contribuable
financera le bénéfice immédiat des entreprises, et le bénéficie à long terme des entreprises
minières qui oeuvrent en Amazonie, les grandes bénéficiaires de Belo Monte. En faillite, la
nation brésilienne fera face aux coûts environnementaux.
Lula a accordé, cette année, deux audiences à l’évêque de Xingu, Don Erwin Kräutler à qui il
a promis que Belo Monte «
ne sera pas imposée avec un couteau sous la gorge ». Dans une
lettre au Président, l’évêque a souligné qu’avec la construction de l’usine Belo Monte, c’est
une absurdité technique d’assurer la puissance prévue par le projet. La puissance convoitée
par les techniciens d’Eletrobrás sera atteinte uniquement si 3 autres usines sont construites en
amont du fleuve (Altamira, Pombal et São Félix). Dans ce cas, les grands réservoirs
atteindront d’autres territoires indigènes délimités et homologués, et des secteurs de
conservation environnementale. Celui qui vit de la pêche et de l’agriculture perdra sa base de
subsistance. La population qui sera atteinte a été sous-estimée, et les entreprises et la BNDES
ne savent pas combien ils vont débourser pour amenuiser l’impact social. Néanmoins, qui a
déjà vu une de ces sociétés se laisser guider par un esprit altruiste, solidaire des pauvres et,
ensuite, se perfectionnant dans la promotion de travaux pour atténuer la misère des familles
atteintes ?
La région de la Grande Boucle du Xingu sera pratiquement asséchée par la construction de
l’usine. Comme dans le cas de la cascade de Sete Quedas suite à la construction de l’usine
d’Itaipu, Belo Monte va modifier 100 km d’une succession de cascades, rus et canaux
naturels.
Les travaux vont attirer un flux migratoire sur l’itinéraire d’Altamira, Vitória de Xingu, Brasil
Novo, Anapu et Senador José Porfírio. Ces communes ne disposent pas de l’infrastructure
nécessaire, et n’ont pas d’écoles et hôpitaux suffisants pour accueillir tant de gens.
Le projet promet d’assurer une qualité de vie à peine pour celui qui travaille aux travaux de la
construction de l’usine. La population restante, cinq fois plus importante, restera dans la
misère, exposée à la criminalité et agressée dans l’antre du trafic de drogue et de la
prostitution.
Combien vont coûter les travaux ? Le Président d’Eletrobrás lui-même parle d’une fourchette
de 1000 à 3000 USD par kW installé, ce qui signifie un total de 33 Mrds USD ou 60 Mrds de
Réaux pour une usine qui restera stoppée plusieurs mois par an.
Le tarif de l’énergie électrique restera extrêmement élevé. Ce qui est pire, c’est que le Trésor
National sera obligé de subventionner l’énergie générée. Dans ce cas, seront pénalisés, une
fois de plus, la citoyenne et le citoyen brésilien.
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: Correio da Cidadania
- 18 décembre 2009 –
Raoni, leader indigène, affirme qu’en 2007, en recevant la Médaille du Mérite Culturel des
mains du président Lula, celui-ci a promis de ne jamais signer la construction du barrage de
Belo Monte, dans le Xingu (Para).
Frei Betto