Arizona Grand canyon : Indiens havasupai contre mines d'uranium
Publié le 27 Décembre 2012
Depuis des années déjà, les grandes compagnies minières, en particulier la compagnie Canadienne Denison Mines (mais aussi AREVA et d’autres), cherchent à obtenir l’autorisation d’ouvrir des mines d’uranium aux abords du Grand Canyon du Colorado, un site classé, une région en principe protégée, et surtout le territoire de plusieurs Tribus Autochtones.
La compagnie canadienne DENISON MINES a entrepris au mépris des lois et du moratoire décidé par le gouvernement des EU l’extraction d’uranium sur la bordure nord du grand canyon.
Sous la pression des groupes de défense de l’environnement, le secrétaire américain de l’intérieur avait appelé au à un moratoire de deux ans pour les nouvelles demandes d’extraction concernant une zone tampon d’un millions d’acres autour du parc national du grand canyon.
Concessions minières dont l'uranium est l'intérêt
Le grand canyon est la patrie ancestrale des nations havasupai et hualapai. Les deux nations ont interdit l’extraction d’uranium sur leurs réserves mais l’US forest service et le bureau of land management peuvent accorder des milliers de permis d’extraction.
Avec l’augmentation récente du prix de l’uranium et l’impulsion donnée à la politique nucléaire, près de 8000 nouveaux permis menacent le nord de l’Arizona. L’uranium extrait dans le sud- ouest des EU est acheté en priorité par la France (areva) et la Corée pour alimenter l’énergie nucléaire.
“Si la mine empoisonne notre eau, ce sera la fin de mon peuple.”
Carletta Tilousi, membre du Conseil Tribal Havasupai
Depuis plus de 25 ans, les compagnies internationales ont agressivement cherché à s’emparer de l’uranium dans le Grand Canyon (du Colorado – NdT). Les citoyens de l’Arizona doivent être informés des dangers et des effets définitifs sur la santé causés par l’exploitation des mines d’uranium. Cette activité a par le passé affecté directement la santé des Tribus Indiennes locales vivant dans et autour de la région du Grand Canyon. Par exemple, on a diagnostiqué dans beaucoup de familles Navajo de nombreuses formes de cancer causées par les mines d’uranium abandonnées un peu partout dans la Réserve Navajo.
De plus, la Tribu Havasupai a combattu depuis des années contre le projet d’ouvrir au bord du Grand Canyon des mines d’uranium situées juste au dessus de leurs sources d’eau et près de la montagne sacrée Red Butte. La Tribu a appris a connaître les effets de la contamination irréversible que l’exploitation de mines d’uranium peut causer à l’Havasu Creek.
Les compagnies minières se proposent de transporter l’uranium en passant directement par le territoire où résident nos communautés dans le Nord de l’Arizona.
Multinationale canadienne
Secteur : spécialiste de l’extraction d’uranium, producteur d’uranium intermédiaire, producteur de vanadium
Siège : Toronto (Ontario)
Société détenue à 17 % par korea electric power corporation (KEPCO)
Mine de WHITE MESA ( Utah)
Filiale de Denison mines détenue à 100 %
Denison prévoit une extraction de 335 tonnes de minerai sur la mine « Arizona 1 » qui est programmée pour fonctionner 4 jours par semaine.
Le minerai dangereux sera transporté par camion sur plus de 300 miles à travers des villes et des communautés jusqu’à l’usine de la compagnie White mesa située près de Blanding (Utah).
L’uranium, en savoir plus (un tout petit peu +)
L'uranite, ou pechblende, est le minerai d'uranium le plus commun.
Minerai d'uranium
L’uranium est la base de l’énergie nucléaire. L’extraction fait partie du cycle du combustible nucléaire et entre dans la chaîne de la fabrication d’une bombe à l’uranium enrichi.
Il est relativement répandu dans l’écorce terrestre dans des terrains granitiques ou sédimentaires. Sa concentration dans ces roches est de l’ordre de 3 grammes/tonne. L’uranium naturel est aussi présent dans l’eau, on trouve 3mg d’uranium par mètre cube d’eau de mer, mille fois moins que dans les roches.
Le minerai naturel d’uranium est le pechblende qui peut apparaitre sous filons métallifères.
Fluctuation des prix
Le prix de l'uranium a progressivement augmenté depuis 2001 pour atteindre un pic à 135 $ en juin 2007. Ce pic s'explique par la diminution des stocks, la faible augmentation de production, et par des événements ponctuels tels que l'inondation de la mine de Cigar Lake au Canada et l'incendie de la mine Olympic Dam en Australie.
L'uranium est redescendu à 46,50 $ en août 2010. En janvier 2011, il se situait à environ 63 $. Il est à prévoir une tendance à la hausse en raison de l'épuisement des stocks militaires prévu vers 2015.
La prospection
Elle utilise les outils géologiques classiques mais également des techniques de prospection radiologique dont l(outil de détection de la radioactivité qui est la caractéristique de l’uranium se fait avec un compteur geiger mais les mesures qui demandent plus de précisions se font avec un compteur à scintillation.
L’extraction
L’extraction n’est rentable que dans des dépôts qui contiennent des concentrations d’au moins 1000g/tonne (0.1%). D’où les énormes quantités de déchets radioactifs et les masses volumineuses de boues acides.
A l’exception de quelques dépôts à haut degré à Saskatchewan au Canada, les degrés de minerais sont inférieurs et de grandes quantités de minerai doivent être extraites pour obtenir de l’uranium.
Pour extraire l’uranium, de très grands volumes d’eau sont nécessaires et celle-ci contaminée ensuite est évacuée des mines et déchargée dans les rivières et les lacs, se répandant dans l’environnement.
Un danger pour l’environnement et les habitants lors des fuites des décharges de déchets. Ces fuites constituent des risques de pollution pour les nappes phréatiques et les cours d’eau, les habitants peuvent être exposés aux substances toxiques telles que l’arsenic se trouvant dans l’eau et les poisons.
Deux techniques d’extraction
- l'exploitation en galerie souterraine : le minerai est atteint grâce à des galeries à l'instar des mines de charbon. En 1990, 55 % de la production mondiale provenait de mines souterraines, mais cette technique a diminué de façon spectaculaire pour ne représenter plus que 33 % en 1999 et 28 % en 2010 avec 15 095 tonnes extraites.
- l'exploitation à ciel ouvert : l'uranium est extrait après décapage de la partie de la roche qui le recouvre. 13 541 tonnes ont été extraites en 2010 selon cette technique, soit 25 % de l'uranium extrait cette année dans le monde.
Les faibles concentrations en uranium des minerais extraits rendent son transport économiquement non rentable, et imposent un traitement de concentration sur place. Le concentré de yellowcake est préparé aux abords de la mine par de nombreuses méthodes d'extraction et de raffinage, dépendant du type de minerai. On extrait typiquement d'une tonne de ce minerai environ 500 g de yellowcake.
Le minerai est tout d'abord réduit mécaniquement en une poudre fine par concassage, en le faisant passer à travers une série de concasseurs et de tamis.
Il est ensuite traité par diverses opérations chimiques dans des bains concentrés d'acide, de base, ou de peroxyde, afin de dégager l'uranium par dissolution.
Les gardiens havasupai avec la montagne Red butte au fond
Retrouvez leur page sur cocomagnanville ICI
Les havasupai ne se laissent pas faire ( et les autres nations non plus)
- Années 80 : Un grand mouvement de résistance acharnée s’est développé près du grand canyon, mouvement galvanisé par les tribus havasupai, hopi, diné (navajo) et hualapai et par le groupe Flagstaff canyon under siege. Des assemblées cumulant prières et résistance se sont tenues une fois par an durant toute la décennie 80.
- 1989 : Un groupe du nom d »Arizona 5 » fut chargé d’éco-actions avec entre autre le sabotage des lignes électriques de la mine d’uranium du grand canyon. Des compagnies dont Denison ont été contraintes de fermer partiellement grâce à cette résistance puis ensuite à cause de la chute des prix de l’uranium.
- 2006 : Le sommet mondial autochtone de l’uranium s’est tenu en territoire diné : des organisations communautaires tels l’Eastern navajo diné contre l’extraction d’uranium (ENDAUM) ont rejoint des participants originaires d’Australie, d’Inde, d’Afrique, des îles pacifiques et d’Amérique du nord pour publier une déclaration commune exigeant « une interdiction mondiale en territoire autochtone de l’extraction, du traitement et de l’enrichissement de l’uranium, de son usage comme combustible, des tests et déploiements d’armes et du déversement de déchets nucléaires ».
- Juillet 2009 : La Nation Havasupai, en collaboration avec le Sierra Club, le centre de Diversité Biologique et le Grand Canyon Trust, ont sponsorisé cette assemblée pour stopper l’exploitation minière d’uranium à Red Butte, du 23 au 26 juillet 2009. Les aînés Supai ont offert leur témoignage pour les rapports officiels américains dans leur langue Havasupai (Pai) et en anglais.
Danseurs hopis et aztèques lors de la cérémonie
- Rex Tilousi, ancien chef de la communauté du conseil tribal se bat depuis plus de 20 ans, épaulé par sa nièce juriste Carletta Tilousi pour empêcher l’exploitation des mines d’uranium sur leurs terres sacrées et dans leur région .
Leurs paroles
« Le Grand Canyon représente un trésor national, qui accueille 5 million de personnes chaque année pour explorer et être inspiré par sa beauté. Pour les Havasuw `Baaja, qui vivent dans la région depuis plusieurs centaines d’années, il est sacré. En tant que “Gardiens du Grand Canyon“, nous objectons énergiquement à l’exploitation des mines d’uranium ici. C’est une menace pour la santé de notre environnement et de notre tribu, notre économie basée sur le tourisme, et notre religion.»
«Comme je l’ai dit au Congrès récemment, si notre eau est polluée, nous ne pourrions pas déménager à Phoenix ou même ailleurs et continuer à survivre en tant que Tribu Havasupai. Nous sommes le Grand Canyon. (…)
Plus important encore, Red Butte, où l’entreprise Denison a l’intension de rouvrir une mine, est un site traditionnel
sacré pour les Havasuw `Baaja. Située dans la forêt nationale de Kaibab, Red Butte est connu sous le nom de Wii'i Gdwiisa, qui signife “la montagne du poing serré“ (clenched-fist mountain).
Comme Rex Tilousi le dit, longtemps leader Havasupai, “Red Butte est les poumons de notre Grand Mère Canyon“.
Mon peuple a utilisé durant des siècles ces régions propres à la religion traditionnelle Havasupai. Au lieu de permettre la destruction de notre trésor national, nous demandons au gouvernement fédéral de travailler avec la tribu Havasupai pour protéger Red Butte et les terres avoisinantes du Grand Canyon contre toutes activités minières futures.
Cette merveille naturelle est irremplaçable et exige notre action commune et notre assistance pour ceux qui vivent aujourd’hui, et ceux qui ne sont pas encore nés.»
Matthew Putesoy, ancien vice-chairman de la Tribu Havasupai et membre des Gardiens.
Red Butte
Altitude 2232 mètres
Situé dans la forêt nationale de Kaibab dans le Coconino (Arizona)
Pour les havasupai il est « wii’i gdwiisa », la montagne qui serre le poing, un lieu sacré
Red butte
Conséquences de l’extraction d’uranium sur la santé
- L’uranium est un élément radioactif qui présente déjà à l’état naturel un risque pour l’homme et l’environnement, l’uranium rejette en permanence du radon, un gaz radioactif rare qui est responsable chaque année de cancers du poumon. Le radon est donc, après le tabagisme, la plus importante cause de cancer du poumon. chez les Indiens Navajo du sud-ouest des États-Unis, 500 à 600 ouvriers qui travaillaient dans les mines d’uranium sont morts du cancer du poumon entre 1950 et 1990, principalement à cause du radon.
- Quand on extrait de l’uranium pour obtenir du combustible nucléaire, ces dangers pour l’homme et l’environnement sont multipliés. Car le minerai d’uranium est moulu très finement et traité avec des acides et des solutions alcalines. Ces déchets contiennent des produits chimiques agressifs utilisés pour le traitement du minerai, si bien que les rivières, nappes phréatiques et sols sont contaminés par de l’acide sulfurique, du mercure ou de l’arsenic.
- Les cas de leucémie sont aussi plus nombreux dans les populations autochtones vivant à proximité des mines d’uranium, de même que les fausses couches et les malformations.
- L'uranium est aussi reprotoxique via notamment un effet délétère sur les organes reproducteurs ; soit du fait de sa radioactivité, soit du fait de sa chimiotoxicité, et peut-être des deux.
Conséquences sur l’environnement
Le Colorado
Le forage de matières radioactives contamine les nappes phréatiques qui s’écoulent dans le Colorado et les sources sacrées qui alimentent les peuples autochtones de la région.
Les eaux de surface peuvent pénétrer par des trous de forage ou des puits de mine et empoisonner les sources souterraines.
Le Colorado prend sa source dans les montagnes rocheuses et il étale ses méandres sur 1450 miles jusqu’au golfe de Californie. Ce fleuve est considéré comme sacré par 34 nations autochtones, il procure de l’eau potable pour près de 27 millions de personnes dans 7 états du sud-ouest des Etats-Unis.
Une mine d'uranium en exploitation produit de nombreux déchets :
- rejets liquides : l'eau d'exhaure créée par les forages et l'évacuation d'eaux de ruissellement à l'intérieur de la mine peut être plus ou moins bien traitée avant rejet
- déchets solides : les boues et les précipités en provenance du traitement des effluents liquides.
- des stériles : les roches extraites qui ne contiennent que très peu d'uranium et qui, par conséquent ne sont pas traitées. La quantité des stériles de mines d'uranium atteint des centaines de millions de tonnes. Si les stériles ne sont pas bien couverts et situés, ils rejettent du radon et des poussières radioactives dans l'air et par infiltration d'eau de pluie des matières toxiques et radioactives passent dans les eaux souterraines et superficielles.
- des minerais pauvres : les minerais dont la teneur en uranium se situe entre 0,03 et 0,8 % environ. Ils ne sont pas toujours traités. Les stocks posent les mêmes problèmes que les stériles, aggravés par la teneur supérieure en uranium.
Ces déchets exposent l'environnement à la radioactivité des radioisotopes, qui peuvent entraîner une contamination radioactive des humains, de la faune et de la flore.
Caroleone
Sources : Klee Benally pour le GITPA, motherearth.org, chrisPlautre, wikipédia, greenpeace, le site de Ka Ren