Ardelaine : Une coopérative pas comme les autres
Publié le 27 Mai 2012
Faire revivre la filature de St Pierreville, fermée depuis les années 60, était un pari risqué : les études de marché assuraient qu’il n’y avait
plus de place pour les laines de pays, créer une entreprise dans un petit village situé à une heure de la première ville paraissait voué à l’échec et hors de la dimension industrielle, point de
salut !
Pourtant, une réflexion basée sur le moyen/long terme, la détermination d’une équipe solidaire et la conviction qu’on peut vivre et travailler autrement ont
eu raison de cette vision pessimiste. Après sept années de préparation, la SCOP Ardelaine a vu le jour en 1982.
Avec 1 salarié au départ, la SCOP a su franchir bien des obstacles et se développer étape par étape, en créant en moyenne un emploi par an. Elle a su concevoir
un projet diversifié reliant toutes les étapes de la filière dans une structure commune : tonte des moutons, cardage des laines, fabrication de matelas et articles de literie,
tricotage et confection de vêtements et commercialisation sur place, sur les foires, salons et magasins bio. En effet, elle s’est dès le départ appliquée à proscrire de ses procédés de
fabrication tout traitement chimique et à protéger l’environnement. La dimension culturelle a aussi pris une place importante avec la création de deux parcours
muséographiques qui vous présentent l’histoire de la laine.
Situer Ardelaine
St Pierreville est un petit village ardéchois à 500 mètres d'altitude entre la montagne ardéchoise et la vallée du Rhône. Le châtaignier y domine aux côtés de l'élevage de moutons et la production de petits fruits.
Depuis le XVe siècle le site était un moulin procurant farine et huile de noix aux habitants du village.
En 1846, le meunier construit un nouveau bâtiment qui abritera une filature de laines attenante au moulin puis ensuite il fait construire une seconde roue à augets pour faire tourner les machines.
La filature dans les années 60
Après la guerre de 40, la vie change et le développement de l'industrie et des fibres synthétiques ont raison de cette filature locale qui s'arrête dans les années 60.
En 1975, les fondateurs d'ardelaine la découvrent et la restaurent et depuis plus de 30 ans, le filature a reprit vie avec tout une énergie créatrice qui se développe dans son environnement.
Le savoir-faire ardelaine
Il se décline de la tonte aux produits finis au travers un parcours que voici :
- La tonte des moutons
La tonte a lieu de début mars à fin juin. Les tondeurs vont de ferme en ferme avec leur matériel. Ils tondent selon une méthode qui permet de « déshabiller » le mouton en 3 minutes environ, sans attacher l’animal. La tonte est un métier très physique qui demande beaucoup de dextérité et de patience.
- Le lavage des laines
Les toisons sont lavées pour les débarrasser du suint et des déchets organiques (elles perdent alors 55% de leur poids). Le lavage se fait à l’aide d’un savon biodégradable, dans notre unité de lavage. Les laines sont ensuite séchées et compactées dans des balles de 130 kg en attendant leur utilisation. Les eaux résiduelles du lavage sont retraitées dans une station d’épuration performante et les eaux de rinçage passent dans une station de phytoépuration.
- Le cardage
Avant tout usage, les laines doivent être démêlées. On appelle cette opération, le cardage : elle est réalisée en passant la laine dans des brosses plus ou moins fines. Le premier cardage, avec de grosses dents, prépare les laines pour les matelas. Le dernier cardage aligne les fibres pour réaliser un voile qui se superpose en constituant une « nappe de laine ». Cette nappe sera utilisée pour garnir les couettes et les oreillers. Ces opérations permettent aussi de dépoussiérer la laine et de la débarrasser des débris végétaux qu’elle peut encore renfermer.
- Le filage
La filature est actuellement en cours d’installation.
- L´atelier matelas
fabrication des bourrelets
Pour fabriquer un matelas, la laine est posée sur une toile de coton de manière à faire un « bâti » en répartissant la laine bien régulièrement sur toute la
surface. Une deuxième toile de coton est posée par dessus la laine et les deux toiles sont assemblées à l’aide d’une machine à coudre spéciale. C´est la seule opération faite avec une machine,
toutes les autres sont strictement manuelles.
Ensuite vient la pose des bouffettes qui permettent de maintenir la laine en place : une très grande aiguille suivie d’un fil est piquée à intervalles réguliers à
travers le matelas et au niveau de chaque "piqûre" un noeud autobloquant est serré. Une bouffette, sorte de "pompon", est insérée sous le fil de chaque côté du matelas pour que la pression ne
déchire pas le tissu.
Sur les matelas tradition, des « bourrelets » sont faits sur le côté en piquant une aiguille qui attrape un peu de laine tout le long du matelas.
- L'atelier menuiserie
C’est là que sont fabriqués les sommiers à lattes souples. Ils sont soit en bois apparent lazuré bio, soit recouverts de tissu assorti au matelas.
- L´atelier couettes
C´est dans cet atelier que nous fabriquons les couettes, mais aussi les oreillers et les surmatelas. Une nappe de laine est insérée dans un tissu de coton biologique. Pour maintenir la laine dans les couettes, des bouffettes sont posées comme sur les matelas. Cette opération est manuelle. Les opérations de couture se font avec des machines à coudre et le matelassage avec une « sauterelle », machine qui peut déplacer sa tête à la demande.
- L´atelier de tricotage
Dans cet atelier, le fil de laine est tricoté. Le tricotage se fait sur des machines à commande numérique qui réalisent des mailles de grosseurs différentes et produisent du métrage de tricot.
- L´atelier vêtements
Turbulette( la ligne bébé est vraiment très jolie !)
C´est dans cet atelier que les métrages de tricot sont ensuite coupé puis cousu pour réaliser les vêtements. Les collections sont créées par l’équipe avec parfois l’appui d´autres professionnels du textile.

- Les ateliers de maintenance
Ils regroupent la mécanique et les métiers du bâtiment (électricité, maçonnerie,…), indispensables dans notre entreprise particulièrement éloignée des grands centres !
- La commercialisation des produits:
Elle se fait de quatre façons différentes :
- dans notre boutique, sur le lieu de la fabrique,
- avec le catalogue de vente par correspondance
- en ligne, sur Internet
- sur les salons et certains magasins de produits naturels (bio) dans toute la France et en Belgique. Cette commercialisation à l’extérieur de
l’entreprise demande une grande mobilisation de l’équipe ; la vente fait partie des activités qui font appel à la polyvalence.
L'éthique ardelaine
- Le respect de l'environnement tout au long de la filière
- Léconomie sociale et solidaire, moteur du développement local en territoire
- Une organisation interne basée sur la coopérative
-- La transmission des savoir-faire aux générations futures
- Des prix justes pour une économie solidaire et équitable
L´échelle de salaires* est de 1,2. Si l´entreprise fait des bénéfices, ceux-ci sont répartis ainsi :
- 45% mis en réserve, pour la sécurité et la pérennité de l’entreprise,
- 45% distribués aux salariés (participation),
- 10% attribués aux associés (dividendes).
* écart entre les salaires minimum et maximum au sein de l´entreprise
Ardelaine c'est aussi :
1.Une boutique à St Pierreville
2.Des animations-vente dans les foires, les salons et magasins bio
3. En Ardèche, présence sur le marché bio d'Aubenas
4.Un musée vivant : Du mouton au pull
5.Un restaurant : La cerise sur l'agneau
Ouvert depuis l'été 2010, le restaurant offre des spécialités culinaires ardéchoises agrémentées de plantes sauvages er de savoureuses épices. Produits de saison issus des fermes locales et majoritairement biologiques (label AB ou nature et progrès).
Exemples de matières premières : agneau de pays, truite de l'Ardèche, plats végétariens, fromages d'Ardèche, yaourts de brebis, tartes aux châtaignes......
6.Un café-librairie
En 2010, notre petite buvette d’été s’est transformée en un grand espace d’accueil ouvert également hors saison. On y trouve un café-librairie, un espace enfant et
une salle de formation.
La librairie regroupe des ouvrages liés aux thématiques d’Ardelaine : le mouton et la laine bien sûr, mais aussi l’économie sociale et solidaire,
le patrimoine, l’Ardèche, l’alimentaire, les jardins, les loisirs créatifs, les questions de société…
Mon coup de coeur gastronome
Lors de notre visite à Ardelaine, nous sommes allés manger une petite glace au café-librairie et sommes tombés sous le charme du lieu, de l'accueil chaleureux et des glaces aux parfums originaux et subtils.
C'est vrai que le jour de notre visite, le temps était plus à la consommation de chocolat chaud et de crêpes et nos amis avaient décidé de nous faire gôuter les délicieuses glaces et sorbets.
Alors, nous avons testé pour vous les parfums suivants :
- châtaigne/marron confit
- caramel au beurre salé
- orange sanguine
- chocolat noir
- myrtille
Et une glace qui m'a tapé dans l'oeil et que nous avons goûté de concert offerte gracieusement par notre hôtesse :
Glace au fromage de chèvre.....bêê !!
Et bien, moi, j'ai aimé
En espérant vous avoir fait découvrir un magnifique projet de coopérative qui vit grâce à des passionnés et des personnes qui aiment leur métier et savent profiter de la qualité d'un travail permettant la satisfaction du travail accompli du début à la fin, en espérant vous avoir donné envie d'aller voir sur place toutes les expériences liées à la laine, à la gastronomie de terroir, à la coopérative ouvrière, je vous remercie de votre intérêt pour ardelaine.
Caroleone
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