Après le procès de deux jeunes antifascistes à Limoges
Publié le 20 Juillet 2012
TRIBUNE LIBRE
Je suis indigné, outragé et déconcerté par le procès inique auquel j'ai assisté ce jeudi 12 juillet 2012. Au dessus des lois et de la bienséance, un policier non en service peut, dans notre beau et paisible limousin, terre de résistance, se promener avec un tee-shirt arborant les insignes indécents et horrifiants (pour celui qui les connaît) de la tristement célèbre Waffen SS (la Wolfsangel et la Totenkopf), dont la deuxième division Das Reich du général Lammerding (mort dans son lit sans être jugé), commit les crimes de guerre d'une sauvagerie extrême à Tulle et à Oradour. Ces insignes reconnus par deux jeunes militants antifascistes vigilants ont été les éléments déclencheurs d'une vaine discussion, qui provoquèrent le geste de trop : une gifle, seul élément jugé par le TGI, 1 mois de prison avec sursis ainsi que 600 euros d'amende à partager pour les deux prévenus.
De cette altercation qui, au départ se voulait pédagogique, et devant les réponses évasives, narquoises et le
négationnisme de cet individu, face à l'Histoire rappelée par ces deux jeunes gens, en mémoire de tous ceux qui sont tombés pour que nous puissions vivre libres et en paix, leur patience, leur
émotion devant l'affront, n'ont pas tenu. Gifle contre provocation infamante, la justice a choisi l'iniquité.
Le port d'insignes nazis et l'apologie des crimes contre l'humanité (la Das Reich ayant été condamnée pour
crime de guerre aux procès de Bordeaux et de Nuremberg) sont pourtant réprimandés et interdits par l'article du code pénal R-645-1 et les articles 23 et 24 de la loi de 1881.
Mais pour le tribunal, les martyrs d'Oradour, les pendus de Tulle, les insignes nazis, ce n'est pas le sujet, c'est «hors sujet !»... et de surenchérir à l’adresse des deux prévenus : «vous n'êtes pas mandaté pour faire la justice vous-même». Certes, mais alors, qui est mandaté pour faire respecter la loi et la justice, quand celui qui est prévu pour cela (le plaignant, agent de police de son métier), commet une telle ignominie, condamnant du même coup ceux qui se sont sentis offensés ? Peut-être auraient-ils dû appeler la police ? A votre avis, cela aurait-il marché ? J'en doute. L'indifférence et la passivité de notre époque ne permettent-elles pas de telles exactions ? Monsieur Valls, Ministre de l'Intérieur serait bien inspiré de faire recadrer et respecter l'éthique et la déontologie de certains éléments jetant le discrédit sur sa police.
En 1940 -certains diront «c'est du passé»-, les loups (très prisés par notre plaignant), les loups sont entrés dans Paris et dans toute la France et l'ont meurtri. Ce sont des jeunes gens comme nos prévenus, à l'image de Guy Moquet, Pierre Georges «Colonel Fabien» et bien d'autres qui ont sauvé, au péril de leurs vies, l'honneur du pays. A vous qui lirez cette page, de juger, car nous venons de prendre une belle gifle.
Jean-Jacques Rougier, membre des amis de l’ANCAC (Association Nationale des Cheminots Anciens Combattants)
Mercredi 18 Juillet 2012
Source : Forum des lecteurs de L'ECHO