Amazonie : la présidente du Brésil met son véto sur la déforestation

Publié le 31 Mai 2012

A un mois du sommet sur le développement durable Rio+20, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a mis vendredi 25 mai un veto partiel à une loi controversée réclamée par le puissant secteur agricole mais qui, selon les écologistes, risquait de provoquer une vague de déforestation en Amazonie.

La présidente de la République a décidé de mettre plusieurs vetos au projet de loi sur le code forestier”, a dit l’avocat général de l’Etat, Luis Inacio Adams lors d’une conférence de presse.
La ministre de l’Environnement, Izabella Teixeira, a expliqué que le gouvernement refusait d’amnistier ceux qui avaient déboisé illégalement dans le passé, voulait préserver les petits propriétaires, obliger les fermiers à reboiser et ne pas réduire les zones protégées en Amazonie, la plus grande forêt tropicale au monde considérée comme le poumon vert de la planète.

Les dispositions les plus controversées de la nouvelle loi portaient sur l’amnistie des auteurs de coupes forestières illégales et l’autorisation pour les fermiers de s’installer dans les zones défrichées avant juillet 2008.
L’annonce du veto partiel de Dilma Rousseff a été accueillie avec scepticisme par les défenseurs de l’environnement qui demandaient à la présidente de refuser l’ensemble du texte. “La société brésilienne et du monde entier voient un pays qui continue à jouer avec l’avenir de ses forêts”, a dit la responsable du World Wildlife Fund (WWF) pour le Brésil, Maria Cecilia Wey de Brito.


Nous avons accueilli avec préoccupation l’annonce du veto partiel parce qu’il nous semble que la plus grande partie des points les plus dangereux pour l’environnement ont été maintenus, a assuré de son côté le responsable de l’Institut socio-environnemental

(ISA) Raul do Vale.

Protéger l’environnement et produire des aliments

La loi réformant le code forestier de 1965 a été approuvée par le Congrès il y a un mois après des années de bataille avec les écologistes. Selon une étude de l’université de Brasilia, la nouvelle loi pouvait augmenter de 47% la déforestation d’ici à 2020.

Le nouveau code était particulièrement embarrassant pour le Brésil à un mois du sommet Rio+20 sur le développement durable qui réunira plus de 100 chefs d’Etat et de gouvernement, alors que le pays sud-américain se veut exemplaire en matière de préservation de l’environnement et de lutte contre la déforestation.

Dilma Rousseff a mis 12 vetos et procédé à 31 modifications qui entreront rapidement en vigueur mais devront ensuite être approuvés par le Congrès, ce qui laisse présager une nouvelle passe d’armes parlementaire.
Le texte modifié conserve l’obligation de maintenir intacts jusqu'à 80% des forêts dans les grandes propriétés en Amazonie et 35% dans les zones de savane. Mais il accepte plus de flexibilité pour les petites propriétés qui représentent le quart des terres agricoles du pays.

Le code forestier expose le dilemme du Brésil: d’un côté, un géant agricole, parfois qualifié de “ferme du monde”, où les terres cultivées représentent quatre fois la superficie de la France, et de l’autre, un pays qui a réduit la déforestation de 27 000 km2 en 2004 à un peu plus de 6 000 km2 en 2011.


Après le veto présidentiel, “le code forestier ne sera pas celui des écologistes ni des ruralistes (le lobby agricole), ce sera le code de ceux qui ont du bon sens”, a affirmé le ministre de l’Agriculture Jorge Alberto Mendes Ribeiro qui a assuré que le Brésil continuera à être “un des pays qui produit et exporte le plus au monde” tout en préservant l’environnement.
afp

 

icra international

 

 

 

Rédigé par caroleone

Publié dans #ABYA YALA, #Brésil, #PACHAMAMA, #La forêt

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A
<br /> Bonjour Caro,<br /> <br /> <br /> J'ai reçu un courriel ce matin qui annonçait que Dilma n'avait rien fait pour protéger la forêt amazonienne, ni surtout ses habitants. Comme ce courriel se doublait d'un appel de fonds de la part<br /> d'une organisation que je ne nommerai pas, parce que si parce que je suis convaincue de la sincérité de la majorité de ces militants de base -tiens un cas de figure bien connu - et respecte leur<br /> travail, par contre je n'ai aucune confiance dans la direction de cette association. J'ai souvent trouver des tentatives de propagandes qui visaient très clairement à déstabiliser le gouvernement<br /> Roussef (et autregouvernements d'espoir de l'Amérique latine... pour ce qui concerne  les exations en Colombie ou auMexique... faut cherchernettement plus) en l'attaquant sur des questions<br /> d'écologie (encore un cas de figure récurrent).<br /> <br /> <br /> Si j'ai des critiques à formuler elles sont bien de cet ordre... mais de là à savoir s'il s'agit d'une méconnaissance des questions d'environnment ? De la nécessité de sortir une population d'une<br /> misère massive en mettant l'environnement au second plan ? D'une simple arnaque qui vise à confisquer certaines ressources concentrées dans les mains de l'état ? Pas toujours évident de<br /> discerner... surtout aund on sait à quel point se multiplie une propagante virulante et mensongère<br /> <br /> <br /> J'espère que cet article qui donne une version plus optimiste le fait avec raison. (A suivre...)<br />
C
<br /> <br /> Bonjour Anne,<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je vois bien de qui tu parles et si j'ai mis ce communiqué de l'ICRA, c'est bien parce qu'il me semble assez juste par rapport à ce que ces derniers font parfois !<br /> <br /> <br /> On peut quand même s'autoriser à penser que Dilma n'est pas complètement insensible aux problèmes environnementaux !<br /> <br /> <br /> C'est à mon avis impossible et même si je sais parfaitement qu'elle a été élue avec l'appui des lobbies industriels, je veux croire qu'elle essaiera de donner quelques coups de reins et coups de<br /> pieds dans la fourmilière.<br /> <br /> <br /> Je ne serais jamais extrêmement sévère envers les gouvernants de gauche du Brésil contrairement à tous leurs opposants parce que le pari de ce pays est celui qui à mes yeux est le plus compliqué<br /> au monde : offrir à des millions de pauvres de quoi se nourrir, se loger, avoir une vie décente ne peut forcément pas se réaliser en conjuguant une politique écologique et de préservation du<br /> patrimoine, c'est évident.<br /> <br /> <br /> Par contre, je suis beaucoup plus directe quand il s'agit comme à propos de certains barrages en Amazonie de fournir de l'énergie ou des alliages aux pays du nord, et c'est bien là le problème.<br /> Si encore le Brésil se contentait de prélever ce qu'il a besoin de ses ressources pour son seul peuple, je serais plus tranquille mais les énormes ressources de ce pays, tout le monde les<br /> convoite.<br /> <br /> <br /> Alors, certes, il y a de quoi s'inquiéter mais aussi de quoi profiter de certaines bonnes nouvelles, qui nous semblent sincères.<br /> <br /> <br /> A bientôt Anne et de gros bisous<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> caroleone<br /> <br /> <br /> <br />